AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 207 notes
5
6 avis
4
10 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pendant la révolution russe, à Kiev, l'hetman Pavlo Skoropadsky, un général de l'armée impériale, est au pouvoir à la suite d'un coup d'état. Il résiste aux nationalistes ukrainiens commandés par Petliouria et a autorisé l'occupation allemande de la ville afin de repousser l'invasion bolchévique.

Dans cette ville où affluent tous ceux qui fuient devant l'Armée rouge, les deux frères Alexis et Nicolas Tourbine vivent paisiblement, jusqu'au moment où, pour être fidèles au tsar Nicolas II et défendre le gouvernement provisoire mis en place par la Douma après l'abdication de celui-ci, ils rejoindront l'Armée blanche contre-révolutionnaire.

La Garde Blanche raconte la fin de l'Ukraine tsariste, mêlant l'histoire de la famille Tourbine, proche de celle de Mikhaïl Boulgakov, né à Kiev et médecin comme Alexis, à celle de la guerre civile russe de 1917. Un texte remarquable qui, publié dans une revue avant de devenir une pièce de théâtre, interdite puis autorisée par Staline, devra attendre les années soixante-dix pour être édité dans son intégralité en Union soviétique.

Commenter  J’apprécie          420
Ce roman est un voyage en 1918, en plein centre d'une révolution asymétrique, d'une situation incompréhensible, à travers de jeunes personnages pleins de bravoure, si réels, car inspirés de Boulgakov lui-même.
L'auteur sait à l'avance que de" l'herbe verte poussera sur la neige tâchée de sang"et plus personne ne se souviendra du passé s'il n'est pas raconté avec intelligence.
Certains passages peuvent être sujets aux réflexions quand aux contraintes du régime soviétique, mais il est probable que leur absence aurait pu mettre en péril l'existence même du récit, chacun est amené à comprendre le sens caché des choses.
A lire absolument!
Commenter  J’apprécie          130
Un siècle se meurt alors qu'un autre se crée.

Les convictions des uns asservissent celles des autres, de ces mouvements d'hommes, des révolutions éclatent.

La capitale de la petite Rus' s'affole, les rues retentissent des peurs et éclats de tous.

Les rues deviennent stratégiques, les portes tremblent, les façades se ferment et les pas retentissent à l'écho des armes.
Le Dniepr s'écoulent et les pages se noircissent avec le talent habituel de son auteur.

A découvrir avec intérêt et curiosité.
Commenter  J’apprécie          90
Fin 1918, à Kiev, en Ukraine. La première guerre mondiale vient juste de s'achever. L'ensemble de la famille Tourbine, les deux frères, la soeur et le beau-frère sont enfin réunit chez eux, et n'aspirent qu'à une seule chose : vivre paisiblement. Mais, C'est sans compter sur la guerre civile qui gronde déjà aux portes de la ville. Seuls les régiments allemands encore présents à Kiev empêchent les anarchistes, les bolcheviks et leurs partisans d'entrer dans la ville. Cependant, l'Allemagne perd la guerre et les soldats allemands s'en vont.Dès le début du livre on sait que l'histoire sera tragique et le combat de la garde blanche, perdu d'avance. Mais finalement il y a très peu de descriptifs de combats car, il y en a eu très peu. Dès le départ des troupes allemandes, le gouverneur de la ville s'enfuit, très vite imité par tout son état-major. Les rats quittent le navire à une vitesse hallucinante. Il ne reste plus que quelques irréductibles courageux pour défendre la ville. Bien-sûr, ils ne feront pas le poids longtemps. Boulgakov décrit bien la lâcheté des responsables politiques et militaires de Kiev. Grâce à son grand talent, l'auteur a su faire transpirer à chaque page la tension, la lourdeur, de l'atmosphère de cette époque. Jusqu'à la fin du livre on se demande ce qu'il va arriver à la famille Tourbine et surtout comment, tant la situation politique est confuse. J'ai quelque fois eu du mal à m'y retrouver. Qui est qui, qui fait quoi et pourquoi, sont des questions on ne peut plus complexes, à Kiev, en 1918.
Commenter  J’apprécie          80
Dans ce roman Boulgakov fait revivre Kiev dans les mois qui ont précédé son occupation par l'armée rouge.. C'est l'époque confuse où après l'écroulement du régime tsariste, premier bouleversement, on se bat les armes à la main pour le pouvoir. Après le premier traité de Brest-Litovsk signé avec les nationalistes et socialistes ukrainiens , l'armée allemande occupe le pays et a mis à sa tête un homme fort, Skoropadsky, qui prend le titre d'Hetman , c'est à dire de chef.( avril 18) le peuple de Kiev en est rassuré . Mais l'armée des nationalistes-socialistes de Petlioura n'est pas loin . Après la défaite de l'Allemagne ,autre écroulement, les Allemands et leur créature d'Hetman quittent le pays et l'armée de Petlioura occupe Kiev le 14 Décembre 18, avant d'en être chassée début févier suivant par les bolcheviques .
Ces grands bouleversements sont évoqués à travers le vécu de jeunes gens , les Tourbine, enfants d'un intellectuel décédé et qui viennent de perdre leur mère, autre craquement de leur histoire Ce sont 2 frères, l'aîné 27 ans , un vénérologue ancien officier démobilisé, le cadet 17 ans étudiant et leur soeur, de 24 ans mariée à un officier balte partisan de l'Hetman Elle est le pilier de la fratrie et maintient les traditions distinguées de la famille ( vraisemblablement d'origine russe ). A ce groupe se joignent 2 amis qui sont des étudiants engagés dans l'armée de l'Hetman et dans celle d'un prince russe. Ces jeunes gens, «éjectés des rouages de la vie par la guerre et la révolution» sont des partisans du régime tsariste, maudissent l'abdication du tsar et son assassinat et haïssent Kerinski et Petlioura. Ils de rêvent de former une armée russe à Kiev de façon à être «séparés de Moscou par un véritable rideau de fer» l'empêchant d'attraper «la peste moscovite». Ces jeunes gens sont magnifiques de vitalité, de puissance verbale, de virilité et quand ils ovationnent le tsar défunt et chantent sa gloire on est ému par la force de leur dialogue. Cependant ces jeunes gens sympathiques sont en réalité objectivement faibles et pitoyables et on tremble pour eux au cours de leurs aventures guerrières et de leur pérégrination dans la ville.
La ville est en soi un des thèmes majeurs du roman. L'auteur la décrit magnifiquement et nous fait sentir, par des notations rapides et des propos cueillis dans la foule, le caractère extravagant , insensé de la vie qu'on y mène. Les gens n'ont aucune information sur la situation du pays ils sont ballottés par les rumeurs. L'un des jeunes amis des Tourbine, un officier, ignore même qui sont les troupes qu'il combat. C'est l'atmosphère des fins de l'histoire qui est rendue. le peuple essaie de survivre dans un monde qui s'écroule , qu'il s'agisse des riches émigrés qui fuient les bolcheviques, de la marchande de lait qui augmente son prix tous les matins, des boutiquier restés ouverts pendant qu'on se bat à l'autre bout de la ville, des gamins qui jouent au bruit du canon et surtout de ce peuple qui cherche à savoir, s'en prend parfois aux juifs, et conserve une certaine gouaille faite d'acceptation fataliste et de curiosité, peut être pour conjurer sa peur du lendemain.
Au milieu des graves événements qui se préparent Boulgakov n'a pu résister au plaisir de nous étonner et de nous amuser par des gags, tant il est vrai que dans les situations tragiques se glissent parfois des scènes cocasses.Voila des femmes russes qui «ressemblent à des mottes de beurre», un bureau de recrutement de l'armée tenu par un colonel installé dans le petit magasin «Au chic parisien» tenu par madame Anjou. Et beau morceau que ce discours à teneur bolchevique que tient un petit farceur au cours d'une manifestation de Petlioura. L'orateur est perché sur le socle de la statue équestre d'une icône du nationalisme ukrainien , et la foule l'applaudit sans réaliser immédiatement qu'il tient un discours communiste.
Mais le roman a aussi une dimension tragique . C'est celle de la guerre où l'on voit le meilleur ( des colonels refusant d'envoyer au combat leurs jeunes recrues inexpérimentées) et le pire ( des assassinats de civils désarmés), la guerre concrètement décrite par l'empilement des corps congelés dans la morgue de Kiev.Dans la hiérarchie militaire le roman stigmatise les grands chefs. On ne les voit jamais. Ils téléphonent et ce sont ces coups de téléphone qui envoient au combat et souvent à la mort. Ces grands chefs et le chef suprême qu'est l'Hetman sont décrits comme des fantoches car ils s'enfuient à l'arrivée de l'armée de Petlioura, de même que celle-ci s'enfuira quelques semaines plus tard à l'arrivée de l'armée rouge.
Que pense Boulgakov de tout cela? Ces forces qui font l'histoire dans le temps qui passe et qui causent tant de souffrances , pourquoi ne pas les corriger? Tel est à mon sens le message de la dernière phrase de ce livre et des réflexions qu'il inspire dans le con texte des guerres d'Ukraine et de Palestine.
Commenter  J’apprécie          30
Un roman sublime et une écriture virtuose font de ce roman une oeuvre majeure de la littérature. Au préalable, avoir une compréhension historique paraît cependant indispensable pour ne pas perdre le fil d'une histoire qui en raconte d'autres - avec des bons en avant et de brutaux retours en arrière qui peuvent désarçonner. Sans parti pris idéologique, l'auteur nous transporte au plus près des vices, du ridicule et des vertus des personnages.
Le roman offre un certain éclairage sur l'Ukraine, alors que la guerre est de retour en Europe depuis 2022. L'identité ukrainienne, la place et le rôle de l'Ukraine dans la vaste Eurasie russophone.

Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (587) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *}