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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ces Récits racontent avec humour et autodérision les débuts d'un jeune médecin, envoyé en 1917 dans un petit hôpital de campagne de la Croix-Rouge, à Mourievo, province de Smolensk.

Un lieu où il va pratiquer, sans aucune expérience et livré à lui-même ou presque, toute la médecine (amputation, accouchements ou soins aux syphilitiques), se déplaçant dans la boue et le froid pour consulter ses malades, au plus profond d'une Russie arriérée, superstitieuse et fataliste.

On retrouve ce médecin dans Morphine, le second texte. Il s'est épanoui car il a quitté son hôpital reculé pour un autre en ville, mais une lettre de son successeur, devenu toxicomane, va le ramener indirectement à son point de départ. Un récit, sous la forme d'un journal intime, plus dramatique mais d'une puissance et d'une ampleur supérieures à celles du premier sujet.

Dans ces écrits, dont on ne peut oublier le caractère largement autobiographique, la vision de Mikhaïl Boulgakov d'une Russie parfois grotesque ou pathétique est, comme toujours avec lui, passionnante.


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C'est toujours avec intérêt, et parfois avec jubilation, que j'ai découvert ces "Récits d'un jeune médecin", suivis dans mon édition de "Morphine" et d'un troisième texte sur la médecine de guerre.

J'ai lu dans une critique que les "Récits" manquaient par moments de ressort dans la narration. C'est vrai. Pour autant, ils ne manquent pas de réalisme, de finesse, d'autodérision ou de pittoresque ! Car c'est son propre vécu de tout jeune médecin dans un dispensaire isolé que raconte ici le tout jeune écrivain Boulgakov.

Et il ne nous cache rien : de sa première amputation faite en guignant en douce le manuel (puisqu'il n'a personne pour l'aiguiller, étant le seul médecin sur place !), à ses rodomontades passagères d'avoir su résoudre tous les cas difficiles (jusqu'à ce qu'il soit paralysé devant un innocent abcès !), il raconte ses doutes, ses difficultés, ses moments de ridicule ou de panache dans de courts textes.

Au passage, nous en apprenons beaucoup sur la fin de la Russie tsariste : la vie dans les campagnes reculées, les méthodes de soin pour les accouchements, les blessures ou la terrifiante syphilis, les superstitions, l'organisation de la médecine...

Le deuxième opus, "Morphine", m'a encore plus séduite, peut-être parce que l'écriture et la narration en sont plus travaillées. Le héros des "Récits" a désormais quitté son hôpital paumé pour rejoindre un grand hôpital d'une grande ville, où il vit beaucoup plus sereinement. Jusqu'à ce qu'il reçoive un courrier inquiétant de son remplaçant... Il découvre alors, et nous avec, l'univers qui a donné son titre à ce texte. C'est dérangeant, mais encore plus passionnant !

J'ai moins aimé le texte qui clôture le volume et évoque l'horreur de la médecine de guerre, car il m'a semblé abscons et un peu vain. Cela dit, pas étonnant après une telle expérience que Boulgakov se soit détourné de la médecine pour se consacrer à l'écriture. Et tant mieux pour nous, car il fait ça avec brio !

Challenge Petits plaisirs 26/xx
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Années 20: Russie de la jeune révolution communiste.

Se désignant lui même comme un Esculape au sort funeste, un jeune médecin tout juste diplômé arrive en hiver 1917 dans son affectation rurale pour prendre en charge un hôpital.

Il a peu de temps pour être mort de peur à l'idée de son incompétence de terrain: sa première patiente nécessite une amputation!
Suivront des accouchements à risque, des avortements, des trachéotomies, des pleurésies purulentes, des brisures de membres...avec déplacements de nuit en tempêtes de neige sur des chemins impraticables. Et un véritable combat contre la syphilis, aux symptômes peu connus par la population, maladie discrètement ramenée du front.

"Châtiment des pères punis pour leur ignorance, elle retombait sur les enfants aux nez en forme de selles cosaques."

Son épuisement augmente avec sa réputation...il découvre la roublardise paysanne, l'obscurantisme campagnard des moujiks et leurs croyances d'un autre âge. Médicalement il en voit de toutes les couleurs, entre enthousiasme et découragement, et en une année c'est un apprentissage de son métier extrêmement formateur.

L'édition de poche sortie en 2014 est complétée par deux autres récits:
Morphine: récit autobiographique de la descente aux enfers d'un médecin morphinomane.
Les aventures singulières d'un docteur: sorte de journal de bord d'un médecin militaire pendant la guerre civile.

Et toujours chez Boulgakov, une écriture riche, vivante, imprégnée de la mélancolie de l'âme slave, un talent de conteur entre drame et grotesque.

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Comment faites vous pour être aussi serein ? Vous êtes si jeune et si savant … Vous me rappelez ce cher Léopold ! Comme il était beau dans son costume marron. Il était le meilleur, connu dans toute la région. La campagne ne venait que pour le voir. Quel dommage qu'il soit parti dans cette grande ville qu'est Moscou … Mais heureusement vous êtes là mon cher Mihaïlovitch, vous êtes son remplaçant légitime, et il est vrai que vous aussi vous faites du bon boulot ! J'aurais tellement aimé être comme vous, toujours garder la tête froide dans les situations qui ne s'y prêtent pas du tout.

Pourtant vous me sembliez parfois un peu frêle en arrivant au bloc très tôt le matin, mais à vrai dire, ça me semble logique qu'à une telle heure, vous ne soyez pas au meilleur de votre forme. Vous représentez l'excellence des médecins, le meilleur qu'on ait vu depuis ce cher Léopold Léopoldovitch, et je pense qu'après tout ce que l'équipe vous ait dit, vous le savez mieux que quiconque. Après toutes ces opérations effectuées et les maladies que vous avez soigné, je doute fort qu'il existe encore quelque chose qui puisse vous surprendre ! Après tout, vous avez vécu beaucoup d'évènements tragiques ou étranges, comme pour notre camarade Khoudov atteint de malaria, où l'on a vu son état s'empirer avec ces étranges rejets marrons causés par tous les sachets de kétamines qu'il a ingéré d'un seul coup. Heureusement que vous étiez là pour le sortir d'affaire !

Vous avez aussi vécu des jours très difficiles par le nombre de patients. Quand mangiez-vous ? Quand est-ce que vous avez pris du temps pour vous pour la dernière fois ? Ça se voit que vous prenez à coeur votre métier. Vous vous dévouez en temps que médecin quitte à y laisser la vie. C'est beau ce que vous faites mais vous devriez tout de même penser à vous. Après tout, si vous mourriez, qu'est-ce que l'on ferait sans vous dans notre hôpital ? Vous tirez les marrons du feu pour nos patients mais prenez soin de vous de temps en temps.

Cher camarade, Vladimir, vous avez beaucoup de qualités en tant que médecin et chirurgien. On pourrait réellement se demander ce qui serait capable de vous arrêter. Les hernies n'ont pas l'air de vous effrayer, les naissances, vous les maîtrisez, et vous avez même déjà réalisé différentes trachéotomies. Vos centaines d'opérations ont presque toutes réussies, et c'est un exploit ! Vous avez de nombreux mérites, vous qui arpentez les traces de Léopold, en cueillant les différents marrons qui frôlent vos chaussures. N'est-ce pas là l'âme d'un médecin ? Ne seriez-vous pas par simple hasard la représentation idéale du métier de médecin ? Sauver des vies avant de sauver la sienne, quel brave homme vous êtes Vladimir Mikhaïlovitch !
Lien : https://thesaurex.fr/2021/04..
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Découvrir Boulgakov avec ces nouvelles a été pour moi un grand plaisir.
Ces Récits composés dès 1919 pour n'être publiés qu'entre 1925 et 1926 dans des revues nous racontent les débuts d'un jeune médecin frais émoulu de l'université qui débarque dans un patelin perdu dans le gouvernement de Smolensk. On est en 1917, pas d'électricité, pas de médecin chef, seulement un feldscher( infirmier expérimenté) et deux sage-femmes.A lui du haut de ses 23 ans de se débrouiller!!!
Sur un ton sarcastique mais aussi très humain Boulgakov nous raconte ses propres débuts dans sa carrière de médecin, carrière qu'il a quittée en 1920 pour, de retour à Moscou, se consacrer à l'écriture et au théâtre.
Morphine nous raconte la spirale de la dépendance à la morphine vécue par Poliakof le médecin qui lui a succédé. Nous découvrons son calvaire à travers les pages d'un journal laissé à Bomgard , ce récit est époustouflant ! de là à dire que Boulgakov a vécu ces tourments ....
Quant aux aventures singulières d'un docteur, elles clôturent ce recueil et m'ont moins impressionnée que les deux premières nouvelles.
Une écriture dépourvue d'effet de manche ,une intemporalité liée à l'isolement fait qu'on ne sait pas exactement si on est encore sous le régime tsariste ou après la révolution.Une étude approfondie de la vie de ces petites gens de la campagne, de leur façon de vivre et de penser. Boulgakov est certes un auteur du début du XXème siècle mais il pourrait parfaitement faire partie des grands auteurs russes du XIXème .
Une très belle découverte pour moi et je compte bien continuer à explorer les pépites laissées par Boulgakov!
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Autobiographie parcellaire du grand Mikhaïl Boulgakov; écrivain et médecin de guerre (la grande), mort à 48 ans aux portes de la seconde guerre mondiale, il nous laisse quelques unes des pages les plus terribles mais aussi les plus polémiques des années post révolution russe
Un récit sur son engagement en tant que médecin mais aussi comme "libre penseur", ce qui lui vaudra d'être maltraité et censuré par le pouvoir en place.
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Beaucoup aimé ce petit Boulgakov(120pages).C'est son histoire qu'il nous raconte: sorti de l'université de médecine de Moscou,il est envoyé dans un hôpital de campagne totalement isolé ,dans la province de Smolensk. Il va nous faire part de ses doutes ,de ses angoisses,par anecdotes assez humoristiques ,il nous décrit sa première année d'exercice en tant que jeune médecin, il n'a que 24ans! J'ai beaucoup aimé , outre l'humour et son sens de l'observation,son amour de l'humain que l'on décèle à chaque chapitre.Un bon petit Boulgakov.A recommander ⭐⭐⭐⭐
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J'avais envie de lire ce livre depuis déjà plusieurs mois. Sous couvert d'un roman l'auteur nous livre son expérience personnelle dans les premiers mois de son installation comme médecin

Nommé à tout juste 24 ans au fin fond d'une campagne russe, Vladimir Mikhaïlovitch Bomgard se voit confier un hôpital pendant qu'à Moscou éclate la Révolution.
Des débuts affolants : loin de tout, une population en proie à la pauvreté, à l'absence de médicaments, à une hygiène plus que précaire et par dessus tout victime des superstitions les plus arriérées.
Vladimir est terrorisé, diplômé depuis quelques mois, autant dire tout à fait novice, il redoute les accouchements, les amputations, l'impossibilité d'en référer à un collègue, bref tout pour faire des cauchemars.
Sa première intervention se finit bien et lui donne le courage de poursuivre malgré la fatigue, l'obscurantisme de la population, les moujiks finissent par lui accorder leur confiance, et parfois c'est plus de cent personnes qu'il examine dans la journée.

Les déplacements l'hiver sont dignes de Tolstoï et sa tempête de neige, il doit lutter sans cesse tout en continuant à apprendre et la nuit venue il compulse fiévreusement ses manuels.
C'est un récit autobiographiques, il n'y a pas à s'y tromper, Boulgakov garde un souvenir vif de ses débuts dans les années 1916, il situe d'ailleurs les récits près de Smolensk où il a exercé.
On trouve dans ces nouvelles un réalisme total mais déjà la plume de Boulgakov est à l'oeuvre, il manie la dérision avec habileté permettant au lecteur de ne pas trop reculer devant des scènes parfois très violentes, certaines scènes s'apparentent à la tragi-comédie et on le sent proche du moujik qui bientôt prendra les armes.

891381ffa2ad5f6662ac54808b63d379.jpgCes récits sont pris sur le vif et traduisent une certaine empathie de Boulgakov avec le peuple russe mais qui sait aussi approcher la réalité de la toxicomanie de façon tout à fait étonnante.
J'ai aimé ce court livre qui ne peut que donner envie de se plonger dans les deux livres importants de Boulgakov : le maître et marguerite et La Garde blanche.
Pour tous les amateurs de littérature russe.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Ce recueil comprend trois textes de Boulgakov, tous alimentés par les expériences de l'auteur :

1 - Récits d'un jeune médecin
Un médecin tout juste diplômé se voit affecté dans un hôpital de province. Il raconte dans ses récits sa solitude dans cette campagne perdue où les tempêtes de neige vous coupent du monde, les doutes d'un débutant privé d'avis de médecins plus expérimentés face aux cas en tout genre qui se présentent au dispensaire, la grande charge de travail qui en résulte mais aussii des anecdotes sur les patients ou maladies de ce milieu rural.

2 - Morphine
Ce même médecin publie quelques années plus tard le carnet de son remplaçant. Son collègue y décrit le début de sa dépendance à la morphine, ses affres, sa lente chute qui ne trouvera qu'une issue, le suicide.

3 - Les aventures singulières d'un docteur
Fragments de vie d'un jeune médecin mobilisé dans l'armée au cours de la guerre civile. Certains passages font penser à la "garde blanche". le héros se trouve pris dans des situations inextricables dont il s'échappera par l'exil.

Ces textes rédigés dans les années 20 sont d'une très grande qualité. Ils sont plus réalistes que les oeuvres les plus célèbres de l'auteur, pleines de satire et de fantastique.

A lire absolument si vous appréciez les classiques russes !
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La saveur et l'effroi de l'exercice solitaire dans un village de la Russie profonde en septembre 1917, avant qu'arrive la marée de la révolution d'octobre. Fatalisme paysan, superstition, respect du médecin dans la misère. de la part de ce dernier, angoisse de l'inexpérience : terreur des accouchements compliqués, et bien sûr plus grande terreur des mères. Les peurs de la première garde restent vivantes pour ceux qui en ont l'expérience. En fin de livre, « Morphine », confession que Boulgakov attribue à son successeur : « Première minute : sensation d'un attouchement dans le cou. Cette sensation se transforme en chaleur puis s'étend. À la deuxième minute, une onde glacée vous déferle au creux du ventre, à la suite de quoi vous vient une extraordinaire lucidité d'esprit accompagnée d'une véritable explosion de vos capacités de travail. Absolument toutes les sensations désagréables s'évanouissent. C'est le point culminant où se manifeste la force spirituelle de l'homme. Et si je n'étais pas corrompu par ma formation médicale, je dirais que l'homme ne saurait travailler normalement qu'après une piqûre de morphine » (p 121). L'apologie tourne à la fébrilité, la tristesse, la honte, et se termine par le suicide de son alter ego.
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