Pierre Boxberger fait partie de ces auteurs discrets, néanmoins talentueux et prolifiques, qui méritent d'être découverts en dehors du tapage médiatique entretenu par le monde littéraire autour d'une poignée d'auteurs. En bon bourguignon qui se respecte, il nous a mijoté avec
Nancy par hasard, un petit plat à déguster sans états d'âme, auquel il apporte avec malice une note asiatique inattendue.
Ici cependant, les nourritures ne sont point terrestres, mais intellectuelles et artistiques. À travers le récit à la première personne de sa jeune héroïne, elle-même autrice de romans feel-good (dont on se doute qu'ils ne sont pas la lecture de chevet de l'auteur), il nous fait partager son admiration pour la peinture figurative et plus spécialement pour un peintre lorrain peu connu du XIXe siècle, Émile Friant. Il en profite pour nous distiller, mine de rien, son ressenti sur l'air du temps et le monde tel qu'il ne va plus. Au long d'un récit parallèle, mêlant habilement action et réflexions personnelles, nous découvrons le terrible drame vécu par l'écrivaine et sa manière bien particulière de tenter d'échapper à son passé traumatisant. En dire davantage, serait divulgacher.
Il faut se laisser porter par la prose ciselée et érudite de l'auteur, où l'humour surgit souvent là où on ne l'attendait pas. Arrivé à la dernière page de ce court roman, on se surprend à penser : « C'est déjà fini ? J'en aurais repris bien volontiers ! ».