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4,25

sur 632 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Oiseau est un grand homme, un chef de guerre digne et respecté au sein de la communauté des Hurons. C'est aussi un homme au coeur brisé depuis que son épouse et ses deux filles ont été torturées et tuées par les Iroquois voici déjà plusieurs années. Pour apaiser son chagrin, il part chaque mois accompagné de son fidèle ami Renard tailler des sillons sanglants dans les rangs de leurs ennemis ancestraux. Lors d'une de ces expéditions, il fait la capture d'une jeune Iroquoise, Chute-de-neige, qu'il ramène à son village après avoir massacré les siens. Il souhaite l'adopter mais la jeune fille est ardente et sauvage, peut-être même un peu folle, prête à tout pour faire payer à son ravisseur la mort de ses parents.

Et là ne s'arrêtent pas les ennuis d'Oiseau puisqu'il doit accueillir sous son toit un « Corbeau », le jésuite Christophe venu tout droit de France pour apporter la parole divine au Nouveau Monde. le « Corbeau » est un homme étrange, un peu ridicule avec sa barbe épaisse, ses habitudes bizarres et sa façon de baragouiner comme un petit enfant, mais c'est aussi – Oiseau le devine obscurément – un homme dangereux. Oiseau est un homme triste, mais un homme lucide. Il le sait, il le sent dans les vents tourbillonnants des prairies, dans l'arôme des forêts et dans l'odeur fraiche des premières neiges hivernales : son monde est sur le point de changer.

Il y a des romans dont on sent dès les premières pages qu'ils relèvent du chef d'oeuvre, une tension s'installe dès les premières lignes, un petit quelque chose qui vous fait battre le coeur plus vite et ne vous lâche pas avant la toute fin du récit. « Dans le grand cercle du monde » en fait partie. A travers les yeux de trois personnages – le guerrier, la captive et le jésuite – il nous fait partager le quotidien d'un village huron, rythmé par les cultures, les chasses et les escarmouches avec les tribus voisines. Ces trois protagonistes s'avèrent aussi intéressants et attachants les uns que les autres, Oiseau avec sa dignité et son sens aigu de la justice, Chute-de-neige avec son courage et Christophe « Corbeau » avec sa générosité désintéressée. Ce dernier rebute un peu au premier abord, tant son point de vue sur le monde semble étriqué, mais il a fini par me toucher malgré tout car ses bonnes intentions sont évidentes bien que souvent malavisées. Il entraîne dans son sillage souffrances et destructions pour le peuple huron, tout en mettant à cette oeuvre de dévastation une candeur désarmante et une bravoure digne de respect.

« Dans le cercle du monde » est un roman sombre puisqu'il se déroule à une époque charnière où les grandes épidémies apportées par l'homme blanc dévastent les populations indiennes et où le fragile équilibre entre les tribus est rompu par l'arrivée des armes à feu, les guerres de clans se transformant petit à petit en guerres d'extermination. Il ne décrit pas non plus les indiens sous un jour angélique, la brutalité des scènes de tortures opposant un contrepoint sanglant à la violence de la colonisation. Pourtant, ce n'est pas un roman totalement désespéré. Si l'incompréhension et la méfiance dominent les relations entre les protagonistes, celles-ci ne sont pas exemptes de curiosité et un respect réticent finit par s'installer entre les sauvages et les jésuites. Malgré la barbarie des uns et l'aveuglement des autres, on entrevoit un autre monde, un monde où les plus faibles ne seraient pas inéluctablement détruits par les plus forts et où les deux populations auraient une chance de prospérer en harmonie. Monde idéal et, par conséquent, monde impossible… Mais ça ne fait pas de mal d'espérer, hein ?

A la fois poétique et cruel, magnifique et dévastateur, « Dans le cercle du monde » est un roman d'une rare puissance, un fabuleux voyage dans le passé qui ne devrait laisser personne indifférent. Je recommande très chaleureusement !
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Guerres et tortures autochtones au bord des Grands Lacs au 17e siècle.
Oubliez le mythe du bon « sauvage » bienveillant, il sera question de vengeance, d'embuscades et de tortures raffinées.

Oubliez aussi le bon Huron et le méchant Iroquois de l'« Histoire du Canada ». Comme le dit un des guerriers : « Nous ap­par­te­nons à cette terre. Nous par­lons des langues si­mi­laires, nous culti­vons les mêmes plantes et nous chas­sons le même gi­bier. Pour­tant, nous sommes en­ne­mis et nous cher­chons mu­tuel­le­ment à nous dé­truire. »

Un roman à trois voix, qui présente les événements selon trois points de vue différents :
– La voix d'Oiseau, guerrier Huron, dont le peuple sédentaire vit dans de gros villages et cultive « les trois soeurs » : le maïs, la courge et les haricots.
– Les réflexions de Christophe, un Jésuite venu évangéliser et convertir les Indiens, plein de foi, même s'il sait qu'il sert aussi à faciliter le commerce des fourrures qui permettra à certains Français de s'enrichir.

– Les mots de Chutes-de-Neige, jeune iroquoise capturée par les guerriers Hurons et que Oiseau a décidé d'adopter pour remplacer sa famille massacrée dans une escarmouche précédente.

Un roman dans un contexte historique, même si les personnages sont des créatures romanesques. On y trouve la vie quotidienne, les traditions, les croyances et les amours, mais aussi les malheurs lorsqu'ils sont décimés par la maladie, ainsi que l'horreur des massacres et de la torture.

Un livre intéressant par son point de vue différent sur les Autochtones du début de la Nouvelle-France.

Un roman très dur aussi, et plutôt navrant. Je n'y peux rien mais les guerres me désolent. Pourquoi le cercle de la vengeance ne s'arrête-t-il que lorsque l'ennemi est anéanti?
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J'ai A-DO-RE !! Quelle beauté, quel voyage !!! j'ai été transporté par cette fresque et ces trois destins si différents.

J'aime depuis toujours l'univers des indiens d'Amérique et j'ai déjà lu pas mal de livres sur le sujet mais j'ai quand même beaucoup appris à la lecture de ce magnifique roman.

Les conflits entre les Hurons et les Iroquois sont bien transcrits on comprend aussi que la venue de l'homme blanc n'est pas la seule raison de leur déclin. On assiste impuissant à l'évangélisation des indiens par les jésuites, leur faisant perdre les fondements mêmes de leur culture.

Il y a toute une palette de sentiments contradictoires dans ce roman palpitant où se mêlent la méfiance et l'entre-aide, la guerre et la paix, l'espoir et le désespoir, la haine et l'amour…. C'est totalement dépaysant, c'est fort et émouvant .

L'auteur ne prend pas partie pour l'un des camps, il n'est pas moralisateur laissant à chacun de prendre ou pas partie. L'écriture est magnifique, chaque virgule, chaque mot à sa place, tout est emplit de poésie.

C'est vraiment deux mondes différents qui se heurtent, ne se comprennent pas et s'affrontent et c'est très bien décrit. J'ai aimé découvrir les différents rites des indiens.

Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, certes le livre est épais mais c'est tellement passionnant , tellement bien écrit et tellement intéressant que finalement je l'ai lu assez vite.

VERDICT

A lire pour connaître un peu plus l'histoire des hurons et des iroquois et pour s'imprégner de l'écriture sincère et puissante de l'auteur qui continue de nous émerveiller.

C'est aussi un beau livre à offrir.
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C'est un beau roman, c'est une belle histoire, une fresque, un voyage qui vous prend aux tripes.

Je ne me lasse pas de lire des aventures sur les Amérindiens et Joseph Boyden fait partie de ces auteurs qui vous amènent dans des territoires méconnus et vous font regretter ses temps anciens.

Les personnages sont attachants, ce livre est raconté par trois individus avec trois points de vue différents.
Ce qui nous permet de ne pas prendre parti pour les uns ou les autres.
Mais plus tôt de comprendre et ainsi subir leurs péripéties, d'admirer leur courage et d'endurer leur souffrance.

Extrait :

Nous menons tous nos propres guerres, des guerres pour lesquelles nous serons jugés. Certaines, nous les menons dans les forêts proches de chez nous, d'autres dans des jungles lointaines ou dans de distants déserts brûlants. Nous menons tous nos propres guerres, aussi vaut-il peut-être mieux ne pas juger, car il est rare que nous sachions pourquoi nous nous battons avec autant de sauvagerie.

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Désirez-vous connaître la dure vie des tribus indiennes du Canada après l'arrivée des barbus blancs ? Souhaitez-vous aussi savoir les souffrances endurées par les "corbeaux" venus les évangéliser ? Ce livre est pour vous.
Trois voix différentes nous racontent leur histoire : Oiseau, un chef de guerre Huron (Wendat dans sa langue d'origine), Chute de Neige, une jeune captive Iroquoise dont il fera sa fille et Christophe, un jésuite français.
Je me suis attachée à ces trois personnages, très différents et cependant si semblables dans leur humanité ; ils ont aussi un caractère bien trempé, chacun à leur façon.
Attention ! Certains passages violents peuvent choquer les âmes sensibles, pourtant ils relatent des faits ressemblant à la réalité des guerres tribales. Les tortures infligées à leurs prisonniers étaient pour leurs ennemis des "caresses", une manière des les honorer en quelque sorte.
Le courage est la plus grande des vertus, pour les Indiens comme pour ceux qui tentent de les convertir à leur foi.
Je penserai longtemps encore à cette histoire émouvante.
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Dans ce troisième opus, au XVIIème siècle, au Canada, Jospeh Boyden nous fait vivre les derniers moments du peuple des Hurons, à travers les voix de Christophe « Corbeau », désigné ainsi par les hurons, jésuite venu de France pour embrigader ces sauvages, d'Oiseau, chef des Hurons et de sa fille adoptive, Chutes-de-Neige. Nous allons suivre la vie de ces personnages et à travers eux, la vie des peuples indiens. C'est sauvage, violent, puissant, courageux, plein d'amour. Comme à chaque fois avec Boyden. J'ai hâte de lire la suite de son oeuvre. Mais le Chemin des âmes reste mon préféré.
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DANS LE GRAND CERCLE DU MONDE de JOSEPH BOYDEN
Lui est un Corbeau, un jésuite en soutane noire, il porte dans ses bras une iroquoise transie de froid. Il rit intérieurement du sermon du Père Supérieur qui l'avait prévenu des manigances de Satan au Canada, visiblement il ne savait pas ce qu'était le froid, mortel, souvent, il pense se laisser mourir. Devant il y a Oiseau, le chef Huron et ses guerriers, ils courent. Derrière lui, les chiens, pas loin et les Iroquois aux dents étincelantes et aux visages peints, hachettes et couteaux en mains. Il sait très bien les tortures qui l'attendent s'ils le rejoignent bien qu'il ne les ai jamais rencontrés. Oiseau et son second, Renard sont des Wendats. Oiseau a perdu sa femme, il rêve de vengeance et veut tuer des Haudesonees à raison de 100 pour 1 Huron. de son côté la fille qui est avec Corbeau, Chutes de Neige, une Seneca, une Onondawaga des Iroquois, veut retrouver les frères de son père mort en suivant les traces de ses meurtriers. Corbeau et Chutes de Neige vont rejoindre Oiseau et s'installer dans leur camp, dans une maison longue où vivent de nombreuses familles. La vie va donc s'organiser, chaque groupe ayant ses propres objectifs. Corbeau veut convertir les Hurons. Chutes de Neige veut se venger des Hurons et Oiseau veut se venger des Haudesonees, des iroquois.
Au coeur du Canada en plein 17 ème siècle, trois voix racontent et composent un récit sous forme de kaléidoscope. Jésuites iroquois et Hurons vivent dans la méfiance, la vie est précaire, on cherche des alliances incertaines avec les hollandais les français ou les anglais, et les guerres tribales font rage. L'expérience des Jésuites est particulièrement poignante.
Encore un très grand livre de Joseph BOYDEN après son Chemin des Âmes et les Saisons de la Solitude sans oublier son recueil de nouvelles Là Haut Vers le Nord.
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Le temps file, ce chef d'oeuvre à mon sens laisse une empreinte forte à travers une histoire cruelle et si poignante, que même si la lecture remonte à un bon mois déjà, j'ai encore bien présent à l'esprit les trois personnages principaux qui mène la danse. Leur personnalité riche et complexe, qui se cherche et se défend de l'autre par ses propres convictions.
Oiseau, chef de guerre huron, avec un sens aiguisé, qui à la venue des étrangers perçoit la fin de son monde mais qui continue à lutter.
Une jeune captive iroquoise capturée après un raid des hurons en représailles qui peu à peu trouve sa place.
Le révérend Christophe, missionnaire envoyé afin de convertir les sauvages au christianisme. Les indiens le surnomme le corbeau.
La guerre entre la tribu des Hurons et des Iroquois est particulièrement crue où chaque coup doit être rendu.
C'est toujours fascinant de pénétrer dans la vie quotidienne de ce monde disparu qui nous apprends à sa manière que l'humanité n'a pas le moins du monde changé, entre les guerres de territoire, la domination, et l'appartenance à une société, une famille, un clan.
L'auteur possède le talent rare de nous transporter dans son histoire grâce à une écriture forte, qui nous livre tour à tour le monologue de nos trois personnages principaux et nous permet de vivre dans leur regard intérieur, de leurs émotions et leur vision du monde.
Un chef d'oeuvre de littérature contemporaine à ne pas manquer.





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Décidément, Joseph Boyden ne déçoit pas. Après le chemin des âmes et Les saisons de la solitude, un nouveau grand roman.
Changement de décor: arrivée des Jésuites chez les Indiens, au Canada.
Le récit de déroule selon trois narrations parallèles: un chef de tribu, Oiseau, un jésuite et une prisonnière, Chutes de Neige. C'est un roman violent, à la fois par les descriptions des tortures infligées pendant les guerres tribales, et par les affrontements de deux mondes incompatibles: les Indiens et leur culture incompréhensible pour les missionnaires, les missionnaires et leur religion étrange. La maladie et la guerre déciment les tribus, les jésuites tentent de convertir à tout-va . Enfer pavé de bonnes intentions, cruauté hélas universelle, dénouement effroyable: un choc et un livre qui ne s'oubliera pas.
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Il y a comme l'ADN de « Mission » le formidable film de Roland Joffé avec Robert de Niro et Jeremy Irons au coeur du dernier ouvrage de Joseph Boyden « Dans le grand cercle du monde ». L'histoire n'a bien sûr pas le même cadre géographique (l'Amérique latine des Indiens Guaranis pour le premier, le Canada français et les Hurons pour le second) ou temporel (le XVIIIème siècle pour « Mission » et le XVIIème siècle pour Boyden) mais l'on y retrouve le rôle des Jésuites en mission d'évangélisation des peuples Amérindiens ainsi que la même sensibilité, le même souffle épique dans les deux oeuvres. On y croise Samuel Champlain (1567-1635) à Québec et l'on découvre avec un immense plaisir la vie des hurons sur leurs terres, leurs coutumes, leurs traditions, leur façon bien à eux d'être au temps, d'être au monde dans cette première moitié du XVIIème siècle. On y trouve également (et Boyden le reconnaît à la fin de son ouvrage) une source d'inspiration très proche des « Écrits en Huronie » de Jean de Brébeuf (1593-1649) (chroniqué il y a quelques années sur ce blog), missionnaire Jésuite qui vécu auprès des Hurons jusqu'à sa mise à mort atroce (brûlé vif) par les ennemis ancestraux de ces derniers les Iroquois (alliés des Anglais). C'est un monde à la complexité saisissante qui se joue devant nos yeux. Capables des pires cruautés et tortures comme d'un amour envers la nature confondant, les Amérindiens sont vus ici non sous le jour du bon ou du mauvais sauvage, mais sous le jour du regard que pouvait porter l'un sur l'autre les missionnaires et soldats Français Blancs et les Indiens. L'histoire des trois personnages principaux (un Jésuite, un chef guerrier Huron et une jeune fille Iroquoise de naissance) forme une fresque a peu d'égal. le style comme à chaque fois chez Boyden est sublime, les rebondissements sont présents dans une atmosphère crépusculaire qui sied parfaitement à ce roman. On assiste à la chute d'un monde sous nos yeux. Boyden démêle avec un talent sidérant les écheveaux de ce combat perdu d'avance. La fin dont je ne vous dévoilerais bien entendu pas la teneur est d'une rare acuité quant aux enjeux soulevés à cette période en Nouvelle France. J'ai aimé passionnément ce livre qui est, et le mot n'est ici pas galvaudé, un immense roman au dépaysement garanti et à la violence assumée. Je vous le recommande chaudement.
Lien : https://thedude524.com/2008/..
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