J'avais de grandes attentes pour ce livre qui semblait réunir une période historique (la Première Guerre Mondiale) et une culture (amérindienne) qui m'intéressent grandement, voire me fascinent .
le chemin des âmes est allé bien au-delà. Je ne savais pas dans quoi je m'embarquais.
Dès les premières lignes, la narration m'a happé, serpentant lentement même s'il se passe toujours quelque chose, dense, immersive, créant un véritable envoûtement. Je me suis retrouve plongé dedans, corps et âme. Dans la boue des tranchées ou sur le canoë glissant le long d'une rivière dans la forêt canadienne, à quelques jours de la première ville.
Cette narration alternée est faite avec intelligence, laissant à chacun sa voix, laissant à chacun de l'espace pour se raconter, ces voix chargées d'un lourd passif, qu'on découvre au fur et à mesure.
Les personnages principaux, qu'il s'agisse de Niska, Xavier, ou même Elijah, sont fouillés, creusés dans leur intériorité jusqu'à la moelle, si bien qu'à la fin, tels des windigos, nous savons le goût qu'ils ont. Celui de personnages denses, travaillés, crédibles, touchants, et profondément humains.
Les personnages secondaires arrivent également à prendre vie en seulement quelques lignes, certains immédiatement sympathiques, d'autres détestables, mais tous ayant ce reflet de l'humanité.
L'écriture se révèle travaillée mais fluide, intense, profondément immersive, fouillant avec justesse les tréfonds de l'âme humaine et les liens d'amitié complexes, approfondis, creusés entre Xavier et Elijah, qui se nouent et dénouent, se raccommodent et se déchirent au fil du temps.
On a également l'impression de voir un peu toutes les situations possibles de la Première Guerre Mondiale, très bien dépeinte, on est dans les tranchées avec eux sous le bombardement incessant, embusqués à attendre toute la journée sans bouger jusqu'à ce que la cible se dévoile et qu'une balle l'emporte, on est là pendant les assauts hors des tranchées, ou à l'arrière au repos. Mais on reste toujours centré, collé à l'humain.
De même qu'on découvre avec fascination les pans de vie et de culture d'une tribu cree sur le déclin, entre chasse et survie dans le froid des forêts canadiennes, presque reclus mais avec l'homme blanc toujours présent et jamais assez loin, et les rituels et le chamanisme omniprésents et à l'importance capitale.
Mais n'oubliez pas, méfiez-vous des windigos, qu'on retrouve dans les vastes et hivernales forêts canadiennes aussi bien que sur les champs de bataille dévastés de France.
A chaque instant, le récit se fait immersif, prenant, saisissant. Les bons esprits ont été convoqués sur cette histoire qui résonne encore en moi.
Le chemin des âmes porte bien son nom. Autant pour son vrai sens que pour le cheminement que fait l'âme du lecteur aux côtés de ces personnages. Même maintenant, ceux-ci et ce qu'ils ont vécu m'habitent encore.
Parler d'un coup de coeur serait un euphémisme. Qu'il soit du mois ou de l'année. Un des meilleurs livres que j'ai pu lire de ma vie, point.