L'audacieux Monsieur Swift

Voici un roman très très malin dont il est difficile de s'extraire. Très malin car il met en scène un personnage que l'on a l'impression d'avoir déjà croisé sans parvenir à savoir où, jusqu'à ce que la lumière se fasse et que le parallèle saute aux yeux. Cet audacieux Monsieur Swift rappelle le talentueux Monsieur Ripley de Patricia Highsmith puis de Plein soleil. Un usurpateur, un profiteur, un voleur de vies... sauf que nous sommes ici dans le milieu de l'édition, que Maurice Swift est prêt à tout pour devenir un écrivain célèbre ce qui permet à l'auteur de mettre au point un petit jeu très efficace pour ausculter la question de la propriété littéraire, et savoir si "nos histoires nous appartiennent, ou pas ?"

Premier point fort de ce roman, sa construction. En choisissant le focus sur quelques scènes à des périodes différentes de la vie de Maurice Swift, de plus racontées par plusieurs protagonistes dont parfois le héros lui-même, l'auteur mêle le lecteur à son jeu en lui servant une suite d'histoires qui pourraient être autant de nouvelles écrites par Swift, sa femme ou l'un de ses étudiants. A travers ces histoires, la personnalité de Maurice s'affirme, allant toujours plus loin dans la manipulation et le mensonge, même lorsque le lecteur se dit que non, tout de même, il ne va pas aller jusque-là... Eh bien si. Car il tient à son rôle, à son image. Il n'est pas dévoré par la passion de l'écriture, ce qu'il veut, c'est ce qui va avec, la célébrité, l'admiration, les dédicaces, les prix. le succès de son premier roman a été phénoménal autant par l'histoire qu'il a racontée que par le scandale qu'il a provoqué pour celui dont il a trahi la confiance en la racontant ; Maurice n'a pourtant fait qu'appliquer l'un des conseils que son mentor lui avait donnés sans soupçonner que cela le mènerait à sa perte : " (...) Il y a des histoires partout. Pensez à ce château. Pensez aux gens qui le visitent. Pensez à nous, deux quasi-étrangers en train de se parler. Votre écriture est exceptionnelle et elle ne fera que s'améliorer avec le temps. Ce sont les histoires sur lesquelles vous devez vous concentrer. Quand vous en trouvez une, quand vous en entendez une, appropriez-vous cette histoire et vous aurez le monde à vos pieds".

Autre point fort, ce personnage au sujet duquel l'auteur ne s'interdit rien, absolument rien. Ce qui permet de maintenir le lecteur en éveil jusqu'à la dernière ligne. Entre temps, on aura fait le tour de la question de l'inspiration, du plagiat, de la propriété intellectuelle tout en suivant les yeux écarquillés les étapes franchies par ce héros sans aucun scrupule, dont le charme agit autant sur les hommes que sur les femmes et qui sait parfaitement s'en servir. Comment naissent les histoires ? A partir de quel matériau les construisons-nous ? le livre lui-même, avec ses "emprunts" délibérés et assumés à Ripley fait partie de la démonstration. Tout ceci est parfaitement orchestré pour un résultat totalement addictif. Chapeau !
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A la fin des années 1980, à Berlin, Maurice Swift fait la rencontre d'Erich Ackerman, un écrivain renommé qui fait une tournée à travers le monde pour la sortie de son dernier roman. Maurice est jeune, extrêmement séduisant et n'a qu'un seul objectif, devenir un romancier célèbre. Il va profiter des sentiments d'Erich à son égard pour se servir de lui et écrire son premier roman.

Sans aucun état d'âme, Maurice Swift est prêt à tout pour parvenir à ses fins, guidé uniquement par son ambition obsessionnelle.

Au travers de différents narrateurs, chaque partie du roman nous fait découvrir les moments charnières de la vie et de la carrière de notre héros. Son ascension et les personnes qu'il broie sur sa route sans aucun scrupule.

Je crois n'avoir jamais rencontré de personnage aussi détestable durant une lecture. Maurice Swift est un protagoniste à la fois fascinant et cruel, manipulateur et impitoyable. Un profond sentiment d'aversion m'a envahi au fil des pages.

Après le merveilleux Les fureurs invisibles du coeur, John Boyne nous prouve une nouvelle fois qu'il est un remarquable conteur et nous transporte avec talent dans le monde de l'écriture et de l'édition. Les personnages sont complexes, l'intrigue brillante et les dialogues font mouches.

Une lecture qui m'a tour à tour passionnée, stupéfaite et glacée. Un page-turner d'une grande efficacité. Un roman sombre et captivant doté d'un personnage principal diabolique vraiment inoubliable.
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Maurice Swift a une ambition, et pas n'importe laquelle : il veut devenir un grand écrivain. Seul bémol : il n'a aucune imagination ! Toutefois, il excelle à raconter les histoires des autres...

L'occasion de réaliser son rêve se présente en la personne de l'écrivain Erich Ackermann, rencontré à Berlin dans les années 80. Ce grand écrivain en fera son assistant... et le regrettera très rapidement ! Et ce n'est que le premier échelon qu'il gravit, d'autres feront les frais de son ambition sans limite.

John Boyne dresse ici le portrait d'un homme prêt à tout, je dis bien à tout, pour réussir.

Encore un grand roman de John Boyne dont le talent ne semble pas se tarir au fil de ses romans.

Comment parvenir à ses fins et ce, quels que soient les moyens, pour devenir grand écrivain, quand on a du style et d'imagination, pas un brin ? Ou puiser l'inspiration ?
Problème majeur pour le pernicieux Mr Swift, en quête de matière pour écrire un best-seller ( tant qu' à faire !) Usant de son charme indiscutable, il ne reculera devant rien, pour servir ses desseins.

Adolescent déjà, il sut tirer son épingle du jeu en "pompant" quelques éléments de la vie de son petit ami, en échange de quelques câlineries, plus par intérêt que par envie.
Plus tard, il n'hésitera pas à exploiter un lourd secret partagé au creux de l'oreiller. Erich Ackerman en a fait les frais, sa carrière bousillée.
Autre occasion qui s'offrit à lui, quitte à éliminer celle qui se trouve en travers de son chemin: subtiliser un manuscrit. Comble de l'ignominie !

Boyne signe ici le portrait d'un individu cynique, calculateur, manipulateur, profiteur, que j'ai suivi parfois avec ennui ( passage avec Gore Vidal) mais majoritairement avec plaisir. Retournement de situation, "retour de bâton", rebond ! On peut dire, au bout du compte, que l'auteur, contrairement à son personnage, ne manque pas d'imagination !
Roman quand même moins séduisant que Les fureurs invisibles du coeur !

Maurice Swift n'a qu'un rêve, une ambition devrais-je dire, devenir un écrivain célèbre. La plume, la qualité littéraire il l'a. En revanche ses textes manquent d'histoire intéressantes, d'une âme pour les guider. Qu'importe, Maurice est prêt à tout pour réussir. Et pour cela, il va devenir un maître en manipulation afin de parvenir à ses fins.

Il va très vite comprendre que sa beauté étonnante lui permettra d'ouvrir les portes des plus grands, de l'introduire auprès de gens qui lui donneront la possibilité d'être publié.Il commencera par se lier d'amitié avec un écrivain célèbre qui va lui raconter l'histoire de sa jeunesse, des secrets enfouis et inavouables. Maurice va reprendre ces confidences et en faire un roman au succès fou, peu importe le mal qu'il infligera à son ami de l'époque, dépossédé de son statut et du respect qu'il avait bâti pendant toute sa vie.


L'histoire se répètera malheureusement, avec un Maurice qui ne parvient pas à créer, alors il vole. Il dépossède tous ceux qui l'approche de leurs oeuvres en se les appropriant. Je ne peux vous révéler exactement quoi ni comment, mais plus nous avançons, plus l'horreur dont est capable Swift nous choque. Je l'ai déjà dit, il est prêt à TOUT.


Ce roman est haletant. Plus on le lit, plus nous sommes happé par lui, digne d'un thriller qui nous obsède. En définitive Swift est un genre de Narcisse, mais pas vis-à-vis de son physique, mais de son être en lui-même. Il DOIT être un écrivain célèbre, car il est fait pour ça, il ne peut pas être inférieur à la grandeur qui lui revient. Son manque d'empathie et de conscience nous laisse entrevoir un pur sociopathe qui n'a que faire des autres puisqu'il est hors du commun des mortels qui le côtoient. Les autres ne sont là que pour le mettre en lumière, lui dire à quel point il est un grand auteur et que le monde se souviendra de lui bien après son trépas. C'est glaçant, prenant, magnifiquement bien écrit, et j'imagine un poil réaliste.
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En 1988 (un an avant la chute du mur) Erich Ackermann (un écrivain allemand installé en Angleterre) rencontre à l'hôtel Savoy de Berlin, lors d'un déplacement professionnel (à l'aube de ses soixante-six ans) un jeune barman – anglais également – du nom de Maurice Swift. Homosexuel refoulé, le vieil écrivain succombe devant la beauté du jeune homme ambitieux, qui rêve depuis son enfance d'une extraordinaire carrière dans le monde littéraire. Avec honnêteté, Erich Ackermann lui reconnaîtra un style et une écriture de bonne qualité mais une imagination totalement dépourvue d'intérêt – don pourtant indispensable dans la profession … Cette attirance pour la « beauté du diable » va lui coûter fort cher …

L'auteur nous livre – encore une fois – une merveilleuse intrigue (sa plus aboutie à mon goût !) au cours de laquelle il analyse sans concessions la nature vraie d'une poignée d'écrivains (Ackermann, Dash, Edith et d'autres …) qui ont eu le malheur de croiser la route de son principal protagoniste : Maurice Swift – personnage qu'on n'a pas du tout envie de considérer comme un « héros » – Un style affirmé, un récit formidablement bien construit, une histoire terriblement révoltante et indéniablement réussie ! Un roman choral qui nous fait vibrer pendant cinq cents pages et un immense regret de devoir le refermer à la dernière ligne … John Boyne nous prouve qu'il est sans conteste un très grand écrivain de la littérature irlandaise contemporaine ! C'est un très gros coup de coeur en ce qui me concerne !

« Tout le monde a des secrets. Nous avons tous dans notre passé des choses que nous n'aimerions pas voir exposées au grand jour. Et c'est là que tu trouveras ton histoire… »
Énoncée par un célèbre romancier vieillissant , voilà une phrase qui n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd et que le jeune et beau Maurice Swift va s'empresser de mettre en pratique ! Il a en effet un problème, Maurice : il veut à tout prix devenir un écrivain célèbre, reconnu et riche mais son écriture est assez commune et surtout il n'a aucune imagination et ses nouvelles n'ont donc pas grand intérêt …Par contre, en soutirant jour après jour les secrets de jeunesse du vieil écrivain , il publie un premier roman très remarqué . Pour que son rêve perdure et pour se voir attribuer le prestigieux Prix dont il rêve, il lui faut trouver d'autres sources d'inspiration (ou de plagiat ?)

Portrait d'un ambitieux sans aucun scrupule, cynique et amoral, qui joue de ses charmes pour obtenir ce qu'il veut et poursuivre son ascension.
C'est aussi une plongée dans le petit monde des lettres, écrivains, éditeurs, critiques …tout le monde en prend un peu pour son grade . La réflexion sur la création, l'inspiration, mais aussi le plagiat, l'imposture et la propriété intellectuelle est intéressante .

Alternant le récit du cynique Maurice, et celui de ses « proies », le roman se lit facilement et on a envie de savoir jusqu'où va le mener cette ambition démesurée. Petit bémol pour la fin que j'ai trouvée un peu longuette …

Un roman finalement d'actualité en ces temps de rentrée littéraire et de course aux prix !

''L'audacieux Monsieur Swift ''est le troisième livre de John Boyne
que je lis .
Je n'ai trouvé aucun personnage attachant ... surtout pas le héros !
Le beau Maurice Swift est un homme cynique , arriviste ,
dénué de scrupules , prêt à tout pour devenir un écrivain célèbre et reconnu .
Comme il a du mal à trouver de bonnes idées et intrigues , il n'hésite pas
à recourir au plagiat pour atteindre le succès professionnel et littéraire .
John Boyne nous raconte la vie de cet homme à différentes périodes , grâce au récit de plusieurs personnages .
Un bon livre mais qui ne m'a pas emporté comme l'avait fait
si merveilleusement ''Les fureurs invisibles du coeur '' .

Comment raconter une histoire? Ce n'est pas un problème pour lui. Il écrit merveilleusement bien. Non, lui, ce qui lui manque, ce sont les idées. Alors, il va les chercher chez les autres, chez ceux qui en ont à la pelle, chez les vrais écrivains.
Trajectoire hallucinante d'un homme qui se rêvait romancier adulé.
L'audacieux Monsieur Swift ou La naissance d'un écrivain-psychopathe.

Quelques pages m'ont été nécessaires pour mettre dans le bain de l'écriture particulière de John Boyle. Une fois l'histoire lancée (et moi avec), j'ai suivi avec l'intérêt les méandres des amours fous de cet écrivain non-auteur, plus obsédé par la recherche des idées que par la vie de ses semblables, jusqu'à en oublier que le talent et l'inspiration à écrire se trouvent principalement dans la vraie vie. Obsédé jusqu'au point de commettre les pires atrocités pour un moment de gloire éphémère.
Non sans rappeler le talentueux Mr Ripley ou même le portrait de Dorian Gray.
Auteurs, méfiez-vous des oreilles auxquelles vous conteriez vos histoires avant d'avoir apposé le mot fin et votre nom à celles-ci, dans une enveloppe dûment cachetée.

"Dans un hôtel berlinois, un jeune serveur rencontre par hasard un romancier célèbre qui se confie à lui et lui permet de devenir l'auteur qu'il a toujours rêvé d'être. Quelques années plus tard, Maurice s'est enfin fait un nom, il a besoin de nouvelles sources d'inspiration. Peu importe où il trouve ses histoires, à qui elles appartiennent, tant qu'elles contribuent à son ascension vers les sommets.
Des histoires qui le rendront célèbre, mais qui le conduiront aussi à mentir, emprunter, voler. Ou pire encore, qui sait ?"

J'ai découvert John Boyne il y a quelques années avec son roman jeunesse The Boy in the Striped Pyjamas (Le garçon en pyjama rayé en VF). Plus récemment, j'avais été emballé par The Heart's Invisible Furies, le magnifique récit de la vie d'un homosexuel irlandais, de son enfance jusqu'à la fin de sa vie. J'ai lu ce roman il y a un an environ et je m'étais dit que je surveillerai les prochaines publications de cet auteur talentueux.

Au début de l'année, j'ai appris la sortie prévue cet été de son nouveau roman A Ladder to the Sky, dont le synopsis m'a tout de suite donné envie de le lire :

A psychological drama of cat and mouse, A Ladder to the Sky shows how easy it is to achieve the world if you are prepared to sacrifice your soul.

If you look hard enough, you can find stories pretty much anywhere. They don't even have to be your own. Or so would-be writer Maurice Swift decides very early on in his career.

A chance encounter in a Berlin hotel with celebrated novelist Erich Ackermann gives him an opportunity to ingratiate himself with someone more powerful than him. For Erich is lonely, and he has a story to tell. Whether or not he should do so is another matter entirely.

Once Maurice has made his name, he sets off in pursuit of other people's stories. He doesn't care where he finds them – or to whom they belong – as long as they help him rise to the top.

Stories will make him famous but they will also make him beg, borrow and steal. They may even make him do worse.

J'aime généralement beaucoup les livres qui parlent d'écriture et du métier d'écrivain. C'est le cas de ce roman et John Boyne le fait ici avec un talent incroyable. Je ne vais pas raconter ici l'intrigue du roman, il faut vraiment le découvrir au fur et à mesure de la lecture et se laisser emporter par ce récit captivant. John Boyne prouve à nouveau avec ce roman qu'il est un conteur remarquable, un véritable storyteller comme disent les anglo-saxons. J'ai été pris par ce roman du début à la fin, je l'ai commencé au début du week-end et je l'ai terminé cet après-midi après l'avoir dévoré, ce qui est toujours un bon signe pour un livre de près de 400 pages.

Je dois dire que j'ai beaucoup de mal à en parler ici, hormis pour dire que j'ai adoré ce roman qui nous présente un protagoniste antipathique mais qu'on prend plaisir à suivre dans ses aventures d'écrivain sans scrupules. C'est un livre très réussi sur l'écriture, sur la créativité, sur le monde littéraire et sur l'âme humaine et ses zones d'ombre.

Je vous recommande vraiment la lecture de ce roman si vous aimez les livres sur l'écriture et les écrivains, et en particulier si vous avez écrire vous-même.