L'heure des femmes c'est celle de
Menie Gregoire qui tous les jours sur RTL anime une émission où elle donne la parole à ses auditrices. En cette année 1967 où les femmes n'ont encore que très peu voix au chapitre, le procédé est révolutionnaire et malgré son succès fulgurant Ménie ne se fera pas que des amis. Pour Mireille et sa soeur Suzanne, cette émission sera une bouffée d'oxygène qui les amènera à prendre en main leur destin. Et pour Esther qui découvre la vie de Menie 50 ans plus tard, ce sera aussi une prise de conscience de tout ce qui a changé (ou pas) dans la condition féminine.
J'ai choisi
L'heure des femmes pour son sujet, n'ayant que peu entendu parler de
Menie Grégoire, que je connais de nom, sans plus, et aussi pour son auteure,
Adèle Bréau dont j'avais adoré
La cour des grandes, une lecture légère mais tellement vraie et pleine d'humour et de peps. Malheureusement il faut avouer que je me suis copieusement ennuyée en lisant ce roman : c'est affreusement lent et sur un sujet qui aurait pu, aurait dû être inspirant, j'ai trouvé ce livre particulièrement fade. L'auteure entremêle 3 histoires, celle de Menie, épouse d'un diplomate et politicien, femme de la bourgeoisie parisienne que rien ne prédestinait à devenir une célébrité radiophonique, celle de Mireille et Suzanne, 2 soeurs symboles du manque total de liberté dans lequel vivaient encore les femmes des années 60 et enfin celle d'Esther, notre contemporaine, qui malgré tous les progrès accomplis souffre elle aussi des violences faites aux femmes. Rien n'est franchement passionnant dans ces 3 destins, surtout qu'on voit venir de très loin les divers rebondissements, l'auteure soulignant à l'envie chaque petit détail au point que j'avais deviné dès les premiers chapitres où tout cela allait nous mener. Chaque femme devient ainsi un symbole et le support de la démonstration faite par l'auteure ce qui empêche le lecteur d'y croire vraiment et de s'attacher (sans parler du suspens inexistant).
Alors que reste-t-il de ce roman qui a bien failli me tomber des mains plusieurs fois tant il ronronnait sans fait marquant de page en page ? J'y ai trouvé un intérêt purement historique, l'auteure reconstituant avec succès la vie des femmes, que ce soit celles de la campagne ou celles plus urbaines ou aisées, dans ces années 60 finissantes. Cette partie est plutôt intéressante, même si on a déjà lu beaucoup sur les combats des femmes pour le droit à l'avortement, à la contraception, la conquête de leurs libertés, on vit ici de l'intérieur ce que signifiait être une femme en 1967. Et quand comme moi on est devenue adulte bien après cette période, il est difficile de ne pas être révoltée par tout ce qui paraissait aller de soi et faire partie de la normalité, les grossesses à répétition, la soumission totale au mari, les difficultés à exercer un travail, etc, etc.
Adèle Bréau nous replonge dans cette époque et pour le coup ses descriptions sonnent juste et sont passionnantes avec de nombreux petits détails nous faisant réaliser à quel point la lutte fut difficile pour conquérir petit à petit quelques libertés.
Une lecture finalement plutôt mitigée pour moi, j'ai été heureuse de découvrir l'attachant personnage de Menie dont le portrait est bien rendu par
Adèle Bréau, sa petite fille, mais je suis clairement restée sur ma faim pour ce qui est de l'intrigue et du plaisir de lecture. Peut-être l'auteure était-elle trop proche de son sujet et trop impliquée pour arriver à le transcender et à en faire une vraie histoire ?