La femme qui l’avait fait vibrer en aimait un autre. La lutte pour la liberté, à laquelle ses compagnons se vouaient, ne parvenait plus à allumer la passion dans son âme lasse et glacée. Il semblait qu’il n’ait plus aucune raison d’exister, il ne lui restait plus qu’à compter les jours le séparant de son trépas.
Patriotisme… Ce mot, qui avait brûlé dans son âme durant quelques années, lui semblait à présent vide de sens. Pire, il avait parfois l’impression de n’avoir jamais compris ce que signifiait vraiment la nécessité de tout sacrifier sur l’autel de la révolution.
Il n’avait ni femme ni enfant pour réchauffer son pauvre cœur ni foyer où déposer son lourd fardeau. La solitude, qu’il avait naguère acceptée comme un juste châtiment, ravageait son âme et viciait l’air qu’il respirait.
Si seulement quelqu’un pouvait lui prouver que son existence ici avait un prix, qu’il n’avait pas vécu en vain, que les graines qu’il avait semées sur son chemin germeraient un jour… Mais c’était demander l’impossible.
Un homme qui avait tout perdu ne craignait même plus la mort.