AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,45

sur 160 notes
Pour que nos clients soient de bons soldats aux ordres de la grande distribution, encore faut-il qu'ils soient éduqués de la bonne manière. C'est-à-dire qu'ils ne doivent pas pouvoir se poser les bonnes questions.
Dans son ouvrage "La fabrique du Crétin", Jean-Paul Brighelli, en dehors de son analyse de l'éducation scolaire, expose de façon brillante de quelle façon l'avènement concomitant de l'ultra-libéralisme et du libertarisme post-soixante-huitard a habilement décervelé ce que l'économiste de la pensée dominante appelle le "consommacteur" : "il s'agissait, cette fois, de formater l'individu dont l'économie moderne avait, paraît-il, besoin : un être sans passé, sans histoire, sans bases. Un epsilon polyvalent, comme aurait dit Huxley, susceptible de passer, sans protester, de CDD en intérim et en ANPE. Un crétin, taillable et corvéable à merci, au nez duquel on agiterait le chiffon rouge des trois millions de chômeurs qui, peu ou prou, sont nécessaires à la parfaite obéissance des travailleurs intérimaires.
Tiraillée entre utopistes et opportunistes, l'école avait bien peu de chance de s'en sortir. le système a produit ce qui lui était nécessaire : une main-d'oeuvre bon marché, mise en concurrence avec un sous-prolétariat exotique (est-européen, dans la version plus purement CEE du projet), formée à une tâche précise, et surtout, débarrassée de la culture globale qui lui permettait, jadis, d'analyser le système, de se représenter dans ce système - et, in fine, de le critiquer".

Bien sur, ce monsieur Brighelli est décrié par une bonne partie de ses collègues enseignants : les syndicats n'aiment pas quand le loup entre dans la bergerie. Les bien pensants de l'Education Nationale aiment brûler les sorciers qui sortent du cadre !

Notre "prof" ne nous en voudra pas si nous citons Guy de Maupassant : "Notre grand tourment dans l'existence vient de ce que nous sommes éternellement seuls et tous nos efforts, tous nos actes ne tendent qu'à fuir cette solitude". In Solitude
Commenter  J’apprécie          80
J'ai un assez mauvais souvenir de cet essai de Jean-Paul Brighelli au titre provocateur : « La fabrique du crétin » avec en sous-titré « La mort programmée de l'école », publié en 2005.
Certes, le système éducatif français à bien des défauts mais il a quand même permis d'élever le niveau de qualification de la population. Il est vrai qu'il reproduit les inégalités sociales et laisse sur le carreau encore beaucoup trop de jeunes.
Cela étant, l'approche critique Jean-Paul Brighelli ne m'a vraiment rien apporté. Il n'y a aucune réflexion permettant l'amélioration de la situation mais du venin craché sur un système dont il est issu.
Ce livre ne m'a pas semblé très sérieux : constats récurrents sur la baisse du niveau et l'éloge du certif' sous forme de rengaine d'un professeur à l'ancienne.
Je pense qu'il a voulu rendre des comptes mais l'aigreur n'est pas une façon d'avancer.
Commenter  J’apprécie          70
Consternant cet état de notre école. Je suis formateur pour adulte en comptabilité et je constate tous les jours les carences de mes "apprenants", méconnaissance de la règle de 3, du calcul des pourcentages, sans parler de l'orthographe. Ce livre retrace bien les errements de l'école et le nivellement par le bas, je pense aussi que les profs sont également responsables, notamment en raison de l'immobilisme dont font preuves ces professionnels de la pédagogie.
Un livre bien déprimant et qui malheureusement n'est pas prêt d'être obsolète.
Commenter  J’apprécie          70

Voici un livre compte rendu, grave. de part le sujet traité (l'état du système d'enseignement en France), et du fait des conclusions qui en sont tirées.

En revanche, le ton est ironique, voir humoristique. Normal, lorsque le constat est monstrueux jusqu'au paroxysme, il ne reste que l'humour pour pouvoir l'exprimer.

L'auteur, un prof avec plus de 30 ans d'expérience dans l'enseignement en France (je dis en France et pas français) nous parle de la catastrophe qui s'est abattue sur le système depuis les 30 dernières années.
Et je dis ; comme par hasard, juste après la chute du système communiste en ex URSS. Donc juste après le dernier rempart contre la dernière ligne droite de la mondialisation.

Les états ne représentent plus aucun danger les uns pour les autres.
À quoi bon à ce moment là éduquer tout un peuple pour faire concurrence à la progéniture des élites de la gouvernance mondiale.
Vous avez déjà vu un fils de haut responsable politique ou économique au chômage, vous ?
Pourquoi se tireraient-ils des balles sur leurs chaussures faites sur mesure ?

Dans cet essai l'auteur va bien au-delà d'une critique sur le système éducatif. Il nous dit une vérité toute simple : le monde est une compétition truquée dans lequel les meilleurs ne passent pas toujours la ligne d'arrivée en tête, bien au contraire.
Ce n'est ni nouveau ni original.
Il suffit d'observer l'état de la planète pour s'en convaincre.

Je comprends également, que dans un monde de crétins, l'intelligence représente un terrible danger, et pour ceux qui en font preuve, et pour ceux qui lui font face.

La solution ?
À vous de trouver !

Toutefois, pour ceux que l'intelligence n'effraie pas, il est un livre qui ne devrait pas les décevoir.
Commenter  J’apprécie          70
Plus que jamais d'actualité, cet ouvrage explique très bien comment, de réforme en réforme, on a déconstruit (pour ne pas dire détruit) tout le système scolaire.
Actuellement, on ferme des classes pour surcharger les autres. On ferme des postes d'enseignants pour faire faire des heure supp' aux autres ou les remplacer par des vacataires non formés et mal payés, au final pour faire des économies. On remplace des heures de matières fondamentales de l'ancien programme par des heures de n'importe quoi sous couvert de noms ronflants... La liste serait longue...
Commenter  J’apprécie          60
Je viens de remettre la main sur ce pamphlet, lu peu après sa parution (en 2005). Pour faire la critique d’un tel brûlot, j’aurais intérêt à être prudent. En effet, la France est l’un des seuls pays où un climat de guerre civile règne dès qu’on discute d’éducation et a fortiori de pédagogie. J.-P. Brighelli pose la question: l’Education Nationale évolue-t-elle dans le bon sens ? Sa réponse est nette et brutale: c’est non, mille fois non ! Pour lui, c’est une catastrophe, qui est même organisée systématiquement. Selon lui, l’origine de ce gigantesque fiasco est double:
- d’une part, l’influence des didacticiens, réformateurs auto-proclamés de la pédagogie, complètement coupés des réalités et orchestrant un laxisme croissant dans les écoles et lycées, pour aboutir à une dégringolade du "niveau" des élèves;
- d’autre part, la volonté des néo-libéraux de former des futurs salariés dont le cerveau est resté presque "inculte" et qui seront complètement à la merci des patrons, utilisables et jetables.
Donc: une analyse "de droite" et une analyse "de gauche" en parallèle. Mais, dans la suite du livre, c’est manifestement la première analyse qui joue le rôle dominant. L’auteur dénonce le nivellement par le bas dans les établissements scolaires. Il a beau jeu de souligner que l’objectif des 80 % de réussite au bac est une foutaise, et surtout une illusion: les bacheliers d’aujourd’hui n’en savent pas beaucoup plus que les BEPC d’autrefois. Diplômés au-delà du bac, ils ne trouvent pas les emplois qui devraient correspondent à leur niveau universitaire (théorique).
Maintenant, il est temps de me mouiller. J’ose avouer que je suis largement d’accord, sur le fond, avec J.-P. Brighelli. Non, il n’est pas vrai qu’un élève puisse découvrir par lui-même la plupart des choses; il a nécessairement des choses à apprendre de la part de ses professeurs (ce qui suppose des efforts qu’on devrait encourager, voire exiger). De même, il n’est pas vrai qu’une position grossièrement exprimée (en philo, par exemple) vaille un raisonnement argumenté. Je pourrais donner d’autres avis personnels allant exactement dans le même sens, mais ce n’est pas le lieu.
Pour résumer la pensée de l’auteur (qui, donc, rejoint largement la mienne): une tête bien faite, ce serait bien en théorie. Mais, en pratique, il arrive souvent que les têtes soient vides (ou presque vides) en raison du fiasco des nouvelles directives pédagogiques.
Ceci étant écrit, il faut bien avouer que J.-P. Brighelli est véhément, voire très agressif dans ses propos. Certains profs ne tolèrent pas le ton de ce livre et se sentent attaqués personnellement sur un sujet qui leur tient vraiment à cœur. Je les comprends. Cependant, ils doivent se dire que les véritables têtes de turc de l'auteur sont les officiels du ministère et les didacticiens farfelus et trop influents.
Commenter  J’apprécie          50
Le Mammouth va mal. le Mammouth va très mal. Tout le monde le sait. Profs, parents, hommes politiques... et personne ne fait rien. D'après Brighelli, prof lui-même dans un collège de zone, puis dans un lycée et enfin en classe prépa, pur produit de l'ascenceur social (actuellement en panne) et de sensibilité de gauche, cette catastrophe a été programmée depuis le début des années 70. Il date même le début de la décadence à l'année 1975. le capitalisme triomphant aurait eu besoin d'ilôtes, inculturés, crétins patentés mais parfaitement adaptés à la société de consommation et surtout aux emplois non-qualifiés qui , d'après lui, seraient le seul débouché pour les nouvelles générations. A l'issue des "évènements de Mai 68", du côté du pouvoir "de droite", il fallait trouver quelque chose pour que cela ne se reproduise jamais, donc définitivement couper à la basse classe tout accès à la vraie culture tout en gardant quelques ilots type Henri IV ou Louis le Grand pour que la nomenklatura continue à se perpétuer et à prospérer ( l'histoire des "héritiers" chers à Mérieux).

Dans ce bouquin, Brighelli ne nie pas l'influence des marxo-trotskos mais insiste surtout sur la convergence d'intérêt entre gauche et droite depuis si longtemps. Bien sûr, c'est un pamphlet avec les défauts inhérents au genre : prises de positions péremptoires , peu de chiffres, peu de preuves ou d'élements tangibles. le docteur Brighelli établit un diagnostic que tout le monde admet : l'école fabrique majoritairement des imbéciles incultes, sa mort est programmée et c'est voulu. Malheureusement si on peut lui faire confiance, car après tout, il ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes, on est beaucoup moins convaincu par les remèdes susceptibles d'enrayer le mal : retour aux examens véritables ( même à l'entrée en 6ème), notes non bidonnées, abandon définitif des méthodes de lecture globale ou semi-globale, mise en place de groupes de niveau et retour à un réel transfert des connaissances. L'instruction et non l'éducation qui est en fait du ressort des parents...

Tout cela est bel et bon, mais ce genre de livres pullule depuis plus de 20 ans. ( Maschino avec son "Voulez-vous vraiment des enfants idiots fut même un des précurseurs sur le créneau) et rien ne change sinon en pire... Donc si l'on admet la cohérence d'intérêt en apparence contre nature entre les gaullos et les gauchos, il est bien évident qu'un renversement de vapeur ne pourra jamais venir de ces gens-là... Brighelli termine son livre sur une considération mi-chèvre mi-chou. On sent qu'il ne croit pas vraiment à une résurrection du Mammouth. D'autant plus que le mal est totalement irréversible avec l'arrivée en masse de jeunes enseignants n'ayant eux-mêmes bénéficié que de cette formation de crétin... D'autant plus que la tendance néo-libérale et la pression des familles amènera de plus en plus à chercher des parades "privées" et à l'implosion d'un système à bout de souffle...
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
Commenter  J’apprécie          50
Un énième rapport de l'état catastrophique de nos écoles... Qui restera, comme tout les autres, sans réponse, sans aucun doute. Pourtant, les appels à l'aide sont nombreux et de nombreuses solutions ont été avancées, alors pourquoi aucune action n'est entreprise ?
Commenter  J’apprécie          40
Ce livre est assez désespérant parce qu'on ne peut pas décrier que tout est faux... les analyses qui tendent à prouver que l'école publique ne sert qu'à renforcer les inégalités de classes (sociales) et que le niveau de compétences et connaissances des enfants baisse d'année en année sont un point de vue même s'il y a des contre-exemples...
Commenter  J’apprécie          40
La fabrique du crétin /J.P.Brighelli
Un excellent ouvrage qui démontre bien « qu'une civilisation a l'éducation qu'elle mérite et oeuvre globalement à se la fabriquer », et que « le néo-libéralisme a rétabli la misère ; il était logique que parallèlement il réhabilitât l'ignorance. » Et en définitive « nous avions pour les enfants l'ambition de la réussite - on gère aujourd'hui leurs carences. » A lire absolument cet état des lieux sans concession de notre école : un constat consternant. Et que ceux qui n'ont mis qu'une étoile à ce livre extrêmement intéressant, ouvrent leurs yeux.


Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (468) Voir plus



Quiz Voir plus

Et s'il faut commencer par les coups de pied au cul

Dans un film de Jim Jarmush, un tout jeune couple d'adolescents se demande : Y a-t-il encore des anarchistes à -------- à part nous ? Peu de chances. Où çà exactement ?

Paterson
Livingston
Harrison
New York

10 questions
23 lecteurs ont répondu
Thèmes : anarchie , éducation , cinéma americain , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..