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À regarder la couverture, la collection, le titre, on s'attend à un énième roman de terroir, à l'intrigue facile, au style monotone, aux personnages convenus. Pourtant, dès les premières lignes, l'auteur nous plonge en pleine Terreur, au coeur d'une foule dense de badauds, mus par de bas instincts et venus assister à l'exécution massive de nobles dans ce qu'on a surnommé la "baignoire de Nantes".

D'entrée de jeu, la plume de l'auteur, incroyablement ciselée, emporte le lecteur par une écriture volontairement désuète et ampoulée, se plaisant à distiller de nombreux termes surannés et à accumuler les figures de style à la limite de la préciosité. Pourtant, au fil des pages, ce style vivifiant et original au départ devient pesant, artificiel, amphigourique, et flirte carrément, parfois, avec la cuistrerie. Autant dire que ce qui intriguait le lecteur dans les premières pages devient prodigieusement agaçant à mesure que l'histoire progresse et que l'auteur nous perd dans des phrases excessivement alambiquées et au lexique nébuleux.

À cette écriture très travaillée s'ajoute un formidable travail de documentation de la part de l'auteur, qui rend à merveille l'atmosphère nantaise en cette fin de XVIIIe siècle, même si l'on peut déplorer le fait que l'arrière-plan historique ne serve finalement que de prétexte à une histoire de vengeance relativement banale et attendue : on en apprend bien peu, trop peu, sur les noyades de Nantes, la Terreur, le tristement célèbre Carrier (à peine évoqué)...

De plus, l'intrigue est relativement banale, les dialogues ne servent parfois à rien, et l'auteur semble avoir un goût certain pour le deus ex machina et les hasards providentiels, tant certains rebondissements paraissent faciles, sans parler du dénouement, tiré par les cheveux et très elliptique, comme pour mieux laisser planer le mystère et nous faire espérer une suite à ce roman qui penche un peu trop vers le conte de fées pour être honnête.

Enfin, le traitement des personnages est assez inégal : l'héroïne est paradoxalement assez peu attachante, et son comportement pas toujours sensé. Parmi les personnages secondaires, certains sont presque caricaturaux (la maquerelle repentie, le fils indigne, la prostituée au grand coeur...) et d'autres sont à peine ébauchés, comme Préville, qui reste finalement un être bien opaque dont on peine à saisir le caractère.

Retrouvez cette critique plus détaillée en cliquant sur le lien ci-dessous !

Ouvrage reçu dans le cadre de l'opération "Masse Critique". Merci à Babelio et aux éditions Presses de la Cité.
Lien : http://ars-legendi.over-blog..
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Très belle plume que celle de Nathalie de Broc, telle qu'on n'en rencontre plus guère à l'heure où la facilité agit aussi dans le monde de la littérature, où l'on a l'impression que, plus c'est facile à lire, mieux ça se vend. Ici, le style est exigeant, les figures de style sont employées avec bonheur et le lecteur s'immerge dans un vocabulaire varié bien digne de notre belle langue française.

Quelle déception, donc, que le fond ne soit pas à la hauteur de la forme ! La même exigence, la même minutie auraient dû y être employées. Dans ce récit lapidaire - quatre ans dans le texte (p. 72: "quatre années dans les rues), mais deux et demi seulement si l'on compare les dates des première et deuxième parties (décembre 1793 ; fin août 1796) - une jeune fille veut venger la mort de ses parents, et commence pour elle toute une série d'événements fortuits... Mais des gamins des rues jusqu'à la mère maquerelle puis au bourreau finalement pas si méchant que cela, une fâcheuse impression de déjà vu accompagne le lecteur. Rien de bien original, certes. On y prendrait cependant plaisir s'il ne s'y ajoutait pas mal de facilités dommageables. Ainsi, le bourreau du début connaît Madame Flavie, dont le méchant fils (celui-là l'est vraiment !) s'acoquine avec Awa, l'une des complices de rue de l'héroïne... Nantes est-elle une ville si petite ? Les personnages étaient pourtant sympathiques, même s'ils frôlaient par instant le cliché sociologique et littéraire (la maquerelle repentie, le mauvais fils, le sauveur caché sous le masque de l'assassin...).

Lecture en demi-teintes, donc, mais qui m'aura donné le plaisir de découvrir la plume de Nathalie de Broc. Je veux croire que celui-ci n'est pas le meilleur de ses romans et m'aventurerais peut-être un de ces jours à ouvrir La Tresse de Jeanne ou La Sorcière de Locronan.
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Le résumé est alléchant, c'est bien pour cela que j'avais jeté mon dévolu sur ce livre lors de la Masse Critique... Malheureusement pour moi, la lecture n'est pas totalement été au niveau de mes espérances.

Autant le dire toute de suite, je ne l'ai pas encore terminé. Mais le délai pour Masse Critique étant dépassé, je vous livre tout de même mes impressions sur ce que j'ai lu pour le moment.

Le début a été très laborieux. J'ai vraiment eu du mal à suivre l'intrigue, parce qu'on passe du coq à l'âne et surtout parce que les phrases sont extrêmement longues. Ce qui fait que la plupart du temps, j'oublie le début de la phrase, je ne sais plus de quoi on parle et je suis obligée (si je veux comprendre) de relire le paragraphe. Ces phrases à rallonge sont donc extrêmement déplaisantes et ont été un frein à ma lecture.

Ensuite, j'ai trouvé que sur les 100 premières pages, l'action stagne. Il se passe des choses, attention, mais pas assez à mon goût. Là où j'en suis (un peu plus de la moitié), il me semble que l'action va (enfin) démarrer... mais je peux me tromper.

Le contexte choisi - l'après révolution française - est intéressant bien qu'assez peu développé. On se concentre surtout sur l'envie de vengeance de Lucile. Toutefois, certaines scènes nous permettent d'observer la société telle qu'elle est organisée lors de cette période.

Pour conclure, j'ai envie de dire qu'il faut laisser sa chance à ce roman. J'étais à deux doigts de l'abandonner, mais j'ai persévéré... et il semble que cela va payer puisque l'action devient plus intéressante une fois la moitié dépassée. Cependant, les phrases trop longues sont vraiment un problème pour moi.
Je reviendrais donc donner mon ressenti final une fois l'ouvrage terminé.
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Avec son nouveau livre, Nathalie de Broc a su me captiver et me donner l'envie d'en savoir toujours plus. Cependant, ce roman historique aurait peut-être mérité de mettre davantage en avant le contexte des noyades de Nantes sous la Terreur en nous offrant plus de détails et d'explications. de même qu'une cinquantaine de pages en plus n'aurait pas été de trop pour développer davantage certaines scènes ainsi que certains personnages. La fin est ouverte. C'est à nous d'imaginer un final heureux ou au contraire dramatique. L'intrigue est dans l'ensemble bien menée. Par contre le style ne m'a pas toujours paru très fluide. J'ai buté sur certains mots car l'auteure utilise un vocabulaire particulier qui nous plonge dans la fin du XVIIIe siècle dont elle nous distille pas mal de détails de la vie quotidienne.

Cette histoire nous présente une initiation à la vie. En effet, Lucile doit assumer une véritable quête afin de venger ses parents. Notre héroïne grandit et ceci pas seulement physiquement mais aussi moralement. Son point de vue sur la situation évolue. Elle est d'abord habitée par une vengeance dévastatrice pour se transformer finalement en une certaine sagesse. Certains personnages secondaires ne sont pas assez développer à mon goût. Par exemple, j'aurais beaucoup aimé en savoir davantage sur Louison, jeune fille que rencontre Lucile lors de son errance. Elle est très attachante mais finalement nous savons très peu de choses sur elle alors que l'auteure nous suggère un passé intéressant sans en dire davantage.

J'émets un avis plutôt positif sur ce livre. Il m'a franchement intéressé et tenu en haleine. J'ai aimé suivre la quête de l'héroïne. Cependant avec le recul il me laisse comme un goût de trop peu dans l'immersion historique et le manque de détails.
Lien : http://danslemanoirauxlivres..
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Je tenais à remercier Babelio ainsi que les éditions Presses de la Cité pour ce partenariat, car si j'étais curieuse au premier contact, me voici enthousiaste une fois la lecture finie. Ce roman est une terrifiante découverte, relatant un sombre passage de la Terreur « les mariages républicains ».

Historiquement, je ne peux rien reprocher au roman, c'est fouillé, précis et très documenté ; et là où j'applaudis l'auteure, c'est qu'elle parvient à nous fondre dans l'ambiance cruelle de la Terreur, dans le quotidien des Nantais de cette époque avec justesse et précision sans nous servir une dissertation pédagogique. Tout est d'une grande fluidité et d'une force émotionnelle prenante. J'ai vraiment eu l'impression de voir la ville, de revoir des lieux connus comme le théâtre Graslin, d'en apprendre plus sur cette ville de Nantes – je la côtoie sans vraiment la cerner, revenir ainsi sur son Histoire la rend plus intéressante. Vous vivez L Histoire à travers une histoire très captivante, celle de Lucile.

Le résumé nous la présente, le récit a pour but de conter la vie de Lucile depuis le mariage républicain où elle aura vu sa famille se noyer dans la Loire et ses biens confisqués. Perdue, totalement seule et ignorée, elle se doit de survivre, de n'importe quelle façon. C'est un récit initiatique, notre héroïne était bien haut quand elle descend de son cocon, elle va affronter la faim, le froid, elle va en vivre des aventures. Un beau voyage à Nantes qui la conduira dans les coins les plus dangereux, à gagner sa vie en volant, elle va faire des rencontres changeant son destin. L'intrigue est loin d'être un fleuve tranquille, nous sommes avec Lucile, nous sommes attachés à elle et impossible de la laisser, il faut qu'on en sache plus, toujours plus. Dès le début, j'ai été happée par le récit et j'ai eu bien dû mal à le lâcher, je voulais connaître la suite, savoir ce qui allait survenir.

Car il faut avouer que la plume de l'auteure est très jolie. le style est sincère, prenant, on s'y laisse prendre et c'est bien dur de devoir se rendre compte que l'on a fini le roman... je l'ai dévoré en quelques jours tant il m'a captivée. Les descriptions nous content des lieux, des personnages, des émotions, des actions avec simplicité et soin, on se sent vraiment très proche des décors, des sentiments de Lucile ou des autres. Les répliques sont justes, elles correspondent au tempérament des protagonistes mis en avant, on se régale devant le mordant de la jeune fille.

J'ai peut-être ressenti quelques longueurs, mais c'est réellement léger à côté de l'effet addictif qu'entraîne cette lecture. Autre petit point grinçant, la fin, très ouverte. Personnellement, elle est classe, j'avoue, c'est une très bonne fin, seulement, ma curiosité fut tellement piquée à vif que j'aurais souhaité quelques renseignements supplémentaires, un chapitre de plus... J'admets que je ne voulais pas abandonner de suite ces personnages.

Parce que ces protagonistes, ils sont très humains, et surprenants. Certains ont été une sacrée surprise une fois les révélations finales obtenues et j'étais bien loin de me douter de leurs véritables intentions. On ne peut qu'aimer Lucile, sa soif de vivre, sa volonté, sa personnalité, son histoire, c'est une héroïne très attachante et qui ne cesse de grandir au fil de ses aventures. Les autres protagonistes ont chacun un rôle à jouer dans l'intrigue, mais aussi auprès du personnage principal. Petit Jean, Carrier – qui lui est un homme ayant réellement existé, Madame Flavie, Awa, le chevalier de Préville... Ils sont tous fascinants, ils ont leurs qualités et leurs défauts, j'ai mes petits chouchous comme Louison, d'autres sont devenus mes favoris grâce à leurs actions. Ils ne nous laissent pas indifférents.

En conclusion, voici un très beau roman, une belle excursion dans la Terreur à Nantes, extrêmement bien documenté, soigné et précis dans les informations historiques. La plume de Nathalie de Broc nous emmène au coeur de la ville, de son mode de vie, de son économie et de son rapport à la flotte maritime, des émotions, de l'action, des changements vécus par Lucile. C'est juste, fin et très agréable à lire, rapide tellement c'est addictif, on est tenu en haleine par la vie de cette jeune héroïne courageuse et déterminée, car elle ne tient que sur un fil. J'ai été très enthousiaste durant ma lecture, prise dans le récit sans jamais m'arrêter, de ce fait, je remercie vivement les éditions Presses de la Cité ainsi que Babelio pour ce partenariat. Une très belle découverte !
Lien : http://la-citadelle-des-livr..
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C'est ce que j'aime avec ces opérations "Masse critique", partenariat entre Babelio et les maisons d'édition (en l'occurrence ici, Presses de la cité) : découvrir auteurs et histoires beaucoup moins mis sous les feux de la rampe, surtout en cette période de rentrée littéraire, où tous les projecteurs sont braqués sur les courses aux pris littéraires...
Je viens de refermer "Et toujours ces ombres sur le fleuve..." et je dois dire que j'ai passé un agréable moment à suivre les aventures de la vaillante Lucile au destin si chahuté. Certainement parce que l'auteur montre un réel souci de documentation historique au point de faire parfaitement revivre cette terrible période de la Terreur et le chaos qui s'en est suivi pendant des années. Certes, ce n'est pas le premier livre qui prend pour contexte la Révolution Française, loin de là, mais son ancrage à Nantes, ville portuaire et donc largement ouverte sur le monde lui confère un angle de vue intéressant (en tout cas pour la parisienne que je suis...). Grâce à cette toile de fond qui aiguise l'intérêt du lecteur, le sens du romanesque de l'auteur peut s'épanouir. C'est la deuxième chose que j'ai appréciée car je ne vous cache pas que, à la lecture de la quatrième de couverture j'avais un peu peur d'une histoire mièvre, à l'eau de rose... Vite rassurée par la plume de l'auteur, suffisamment alerte et précise pour éviter cet écueil... L'intrigue est bien ficelée, ça marche. On s'attache à Lucile et même si on devine un happy end final, l'auteur a suffisamment de finesse pour suggérer et laisser libre cours à l'imagination de ses lecteurs . Au final, cela donne un roman d'aventures "à l'ancienne", digne des romans de cap et d'épée (toutes proportions gardées) avec du suspens, du drame, de l'amitié, de la vengeance et bien sûr... de l'amour. Avec en plus, un petit récapitulatif historique pas inutile sur cette période encore marquée par le commerce des esclaves, les grandes conquêtes maritimes (Surcouf, le fameux corsaire fait même une apparition), le colonialisme et bien sûr l'instabilité politique.
Franchement, une lecture très sympa, à la qualité appréciable.
Lien : http://www.motspourmots.fr
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Un livre sur fond historique comme je les aime bien que l'on apprenne rien sur cette période.
Ce roman nous raconte l'histoire d'une gamine qui voit mourir ses parents dans la Loire ,elle reconnaît le meurtrier.
Après une adolescence bien tumultueuse elle retrouvera le meurtrier qui curieusement l'aidera .
Bien que paru aux éditions terre de France ce roman n'a rien à voir avec les histoires de terroir habituel.
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Nathalie de Broc habite Quimper depuis une quinzaine d'années. Journaliste indépendante, elle a collaboré à RFO, France Inter et France 3 Ouest, avant d'être depuis septembre 2012 animatrice d'une émission hebdomadaire «de Bric et de Broc», sur France Bleu Breizh Izel, où elle reçoit les confidences des grands noms bretons, écrivains, artistes ou chefs d'entreprises. Depuis le Patriarche du Bélon, son premier roman paru en 2004, elle a publié sept autres romans, tous parus aux éditions Presses de la Cité. Nathalie de Broc a également reçu le Prix de l'association des Ecrivains Bretons pour son roman La tête en arrière paru aux éditions Diabase.

Bretonne de coeur, les romans de Nathalie de Broc dépeignent toujours la forte identité de sa région de prédilection mais dans Et toujours ces ombres sur le fleuve..., son nouveau roman à paraître le 18 septembre prochain aux éditions Presses de la Cité, l'auteure s'intéresse plus particulièrement à un épisode de la Terreur qui s'est déroulé à Nantes, durant l'hiver 1793.

«On veut voir. Même si le spectacle est devenu routinier : la «baignoire de la République» ne désemplit plus depuis un mois. Après les prêtres réfractaires, les nonnes, embraqués sur des gabarres, la Thérèse, la Gloire, la Marie-Emilie, aux sabord intentionnellement percés et qui couleront consciencieusement dans les tourbillons du «fleuve révolutionnaire», s'ajoute tout ce qui pourra vider les cachots, les hôpitaux gavés de réfugiés vendéens, de faux brigands, de vrais condamnés, de malades du typhus dont Carrier ne sait que faire et apprécierait de ne laisser aucune trace comptable. La convention lui ayant donné pour consigne de déméphitiser la ville, il s'y emploie à tour de bras avec une scrupuleuse conscience dépourvue de tout état d'âme. Pas le temps.»

Avec la rigueur et la justesse de l'historien, Nathalie de Broc raconte, avec force détails, l'horreur des «mariages républicains», d'atroces noyades collectives qui ont été perpétrées à Nantes entre novembre 1793 et février 1794. Sur ordre de Jean-Baptiste Carrier, le lecteur ébahi apprend comment des milliers de prisonniers, hommes, femmes, enfants, vieillards ou prêtres réfractaires, tous suspects aux yeux de la République, ont été condamnés à mourir noyés, attachés deux par deux et précipités dans la Loire. Parmi les condamnés, la famille de Lucile...

«Des bras empoignent Clotilde de Neyrac, lui arrachent ses vêtements sous les vociférations émoustillées des premiers rangs qui ne détesteraient pas voir la dame encore belle subir les derniers outrages. Les sbires de Carrier rient du bon tour à la ci-devant comtesse et à son comte d'époux dépouillé de ses effets, qui se tient aussi dignement que le lui permet la situation, la main sur le bas de son ventre. Sa perruque, naguère poudrée à frimas, est posée sur une pique, loque de cheveux emmêlés et déjà jaunis.»

Jamais alors la petite fille de douze ans n'oubliera ce qu'elle vient de voir. Jamais elle ne parviendra à effacer le souvenirs des siens, jetés nus dans le fleuve en ce jour de décembre 1793. Pas plus qu'elle n'oubliera celui qu'elle tient pour responsable du destin funeste de ses parents et de son frère. Désormais, Lucile n'a plus qu'un seul but, retrouver le Chevalier de Préville et assouvir sa vengeance...

Quel incroyable destin que celui de Lucile ! de son enfance confortable et insouciante à la Grande Gibraye, il ne reste plus rien ! Abandonnée des siens et de tous, Lucile n'a plus désormais que le pavé pour dormir. La petite orpheline doit non seulement assurer sa pitance mais surtout, éviter les nombreux dangers du port de Nantes. Et c'est une ville en proie à bien tourmentes que décrit ici Nathalie de Broc ! Entre menaces de guerre civile, épidémies et difficultés alimentaires, il ne fait décidément pas bon traîner dans le quartier de la Fosse. Pourtant, c'est parmi cette faune louche, capable des pires bassesses, au sein de la sinistre maison La Toucques que Lucile trouvera refuge...

Nathalie de Broc a un tel talent de conteuse, un tel sens du romanesque qu'il est impossible de ne pas se passionner pour l'histoire tristement injuste de cette petite orpheline ! Lucile est une héroïne si courageuse, si déterminée qu'on ne fait qu'une bouchée de ce roman qui prend pour point de départ un des épisodes les plus sombres et des plus barbares de la Terreur ! le procédé, radical et expéditif, de ces noyades collectives fait tout simplement froid dans le dos !

Et toujours ces ombres sur le fleuve... est un roman parfaitement documenté. Divertissant, irréprochable tant d'un point de vue stylistique que de la véracité des faits historiques abordés, c'est un roman captivant, à conseiller à tous les amateurs de fictions historiques.
Lien : http://histoiredusoir.canalb..
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N°800 – Septembre 2014.

ET TOUJOURS CES OMBRES SUR LE FLEUVE... – Nathalie de Broc – Presses de la cité.

Nous sommes en décembre 1793 à Nantes c'est à dire au plus fort de la Révolution. Pendant cette période, la haine du peuple accumulée pendant des siècles contre l'ancien régime et ses excès se déchaîne et on élimine les aristocrates et le membres du clergé comme, au cours de cette année on a guillotiné Louis XVI et Marie-Antoinette. Ici les exécutions supervisées par Carrier, consistent à jeter dans la Loire, rebaptisée « Fleuve révolutionnaire » ou « Baignoire de la République » tous ceux dont la Révolution souhaite se débarrasser, prêtres réfractaires, nonnes mais aussi pensionnaires des hôpitaux, réfugiés vendéens et bien sur « ci-devants ». On les lie deux par deux et on les noie. Parmi ces « condamnés » figurent le comte et la comtesse de Neyrac, leur fils Théo que la petite Lucile voit disparaître sous ses yeux, mais elle réussit à échapper à ce massacre. En ce jour qu'elle ne pourra jamais oublier, elle jure vengeance pour l'assassinat de sa famille et grave dans sa mémoire le visage du Chevalier de Préville, un traître qu'elle tient pour responsable. Lui faire payer son forfait sera le but de sa vie d'orpheline avec l'obsession de « ces ombres sur le fleuve ». Son destin bascule de l'enfance insouciante à la vie d'adulte solitaire, avec l'obligation de s'adapter au quotidien dans un milieu hostile, celui de la rue et de la population interlope du port, des incontournables lupanars. Nous la voyons évoluer et vivre avec ses espoirs, ses colères, ses doutes, ses découragements, ses résignations, ses abattements, ses incompréhensions, entre liberté et enfermement, espoirs et respect de son voeux intime qu'elle pourrait facilement oublier face au bonheur qui s'offre à elle. Dans cette entreprise elle trouvera des alliés inattendus. Les temps changent et le temps passe, la vengeance quelle porte en elle peut prendre d'autres visages, le monde de cette ville est petit, ses acteurs se croisent, se révèlent, réapparaissent, se rachètent, espèrent en l'avenir, bâtissent des fortunes entre corsaires, négriers et lucratif commerce outre-mer.

Nathalie de Broc se fait historienne jusque dans les moindres détails. Sous sa plume le lecteur attentif voyage dans cette ville de Nantes aussi bien pendant la tourmente de la Révolution qu'une fois la paix retrouvée. A travers les yeux de Lucille, elle détaille la mode vestimentaire, les coutumes, la nourriture, les habitudes des quartiers et des quais, évoque les beaux hôtels particuliers avec les arrivistes et les opportunistes qui maintenant les peuplent comme les bouges du quai de la Fosse et leur faune louche. Elle mêle les événements historiques qui secouent le pays au quotidien de cette cité portuaire, convoque Surcouf, ses hauts faits maritimes et sa volonté d'en découdre avec les Anglais. Elle décrit cette société humaine éternelle avec ses vices et ses perversités, sa volonté de cacher des apparences peu flatteuses mais pourtant révélatrices, capable de veuleries, de trahisons, d'avanies de mensonges pour un peu d'argent de considération ou de pouvoir. C'est pour elle l'occasion d'analyser la psychologie des personnages, leur réaction face au hasard, aux événements qui bouleversent les certitudes les plus établies avec, en contre-point, cette parole qu'on s'est donnée à soi-même et qu'on se doit de respecter jusqu'au bout.

C'est un livre agréablement écrit qui se lit facilement. L'auteure tient en haleine son lecteur jusqu'à la fin, ménageant suspens et rebondissements même si elle lui laisse le soin d'imaginer une fin qui lui convienne. Un bon moment de lecture en tout cas et une invitation à poursuivre la lecture de cette auteure.


©Hervé GAUTIER – Septembre 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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