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sur 61 notes
À Paris-Montreuil, à l'automne 2016 - 2017, une jeune femme sort d'un long séjour en hôpital psychiatrique en n'ayant plus aucun souvenir ni des trois derniers mois, ni des trois dernières années de sa vie. Pendant un mois, elle est chez elle sans ouvrir la bouche et reste couchée. Elle ne sort de sa torpeur que lorsque K, qui serait un ami d'enfance et dont le prénom se révèlera être Camille, 33 ans, vient lui donner à manger et s'occuper un peu d'elle. Celui-ci a un fils de 4 ans, Aurélien. Elle va peu à peu réapprendre l'usage de la parole et devoir enquêter pour essayer de repeupler sa mémoire, ceci avec l'aide de K.
C'est le long cheminement que va accomplir cette jeune personne pour tenter de retrouver la mémoire, de savoir qui elle est, que Louise Browaeys dont La dislocation est le premier roman, nous narre.
Pour cela, elle va tenter diverses voies. Elle veut tout d'abord redécouvrir le sexe et rencontrera alors Béatrice et Jean-François et se rappellera avoir aimé des femmes.
Si Béatrice a tenté à sa manière de l'aider, c'est Wadji, employé dans un magasin de bricolage le révélateur. "Si quelqu'un m'a remise en mouvement à cette époque-là et a presque réussi à m'aider à découvrir ce que j'avais à découvrir, c'est Wadji."
Elle passe par des périodes d'abattement et de peur intense, n'arrivant pas, même avec l'usage des mots à décrire ce qui se passe au fond d'elle, et des périodes de rémission plutôt dans l'excès contraire. L'auteure définit d'ailleurs en ces termes la dislocation : « On parle de dislocation lorsque coexistent des hallucinations, un langage délirant et hermétique, des conduites incohérentes, une humeur dépressive ou euphorique, une désorganisation de la pensée, une perturbation des affects. »
Pour conjurer cette peur, pour vivre, elle sort de plus en plus et se rendra même jusqu'à St Brieuc.
Tout au long du roman, je suis restée suspendue à cette quête, quasi vaine pendant de longues périodes, des pièces manquantes de sa mémoire. Une angoisse sourde accompagne la lecture de ce récit dans lequel sont mises en parallèle, très souvent la femme et la Terre, le féminisme et l'écologie.
Le dérèglement climatique avec la fonte des calottes glaciaires et la disparition de certaines espèces animales étant une source d'angoisse, n'est-il pas plus ou moins compréhensible que certains aient envie de fuir cette terrible réalité à laquelle nous sommes déjà plus ou moins confrontés et de se réfugier dans une sorte d'amnésie permettant de se soustraire à ce stress permanent ?
Plus qu'un roman de fiction, La dislocation est une réflexion philosophique poussée où se côtoient à la fois la noirceur et la lumière, un roman qui amène à s'interroger et à réfléchir sérieusement sur l'avenir de la planète et notre mode de vie.
La dislocation est un livre qui mériterait, du moins en ce qui me concerne, une deuxième lecture pour en saisir toute la teneur et en profiter pleinement. En tout cas un livre qui ne laisse pas indifférent.
Je remercie Babelio et les éditions Harper Collins / Traversée pour cette belle découverte de la rentrée littéraire !

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Qu'il me soit tout d'abord permis de remercier chaleureusement l'équipe de Babelio et les éditions Harper Collins pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une " masse critique privilégiée " .
Me voici donc au " pied du mur " pour vous parler de cette " dislocation " qui nous appelle et nous interpelle du début à la fin , car , autant vous prévenir tout de suite , chers amies et amis , on ne va pas , dans ce roman , faire un voyage au " royaume enchanté " ....Remarquez , avec la sécheresse, l'épuisement des ressources de la planète et l'arrivée de cette inquiétante Covid19 , le pays " des merveilles " , plus personne n'y croit vraiment .Bon , revenons au fait . Elle sort d'un établissement psychiatrique où on l'a " gravée " de comprimés et , considérant que sa santé mentale le permettait , on l'a rendue à la vie , "recrachée" dans le monde alors que tous les pans de son passé lui sont oubliés. Nouveau départ ? Sans doute , mais bien peu d'appuis autour d'elle , un mystérieux ami , K , qui lui apporte une aide discrète, très pris qu'il est par l'éducation de son fils Aurélien, une infirmière, un employé d'une grande surface de bricolage ....mais c'est seule qu'Elle va cheminer dans un monde bien peu accueillant . Se réapproprier le présent et surtout le passé, ce passé qui , toujours , conditionne ce que nous sommes .
Ce roman , c'est , me semble-t-il , la recherche d'une identité perdue dans un monde en pleine déliquescence , un cri du coeur , un cri de peur , un appel à la raison afin d'éviter que nous ne soyions emportés, balayés , condamnés pour ne pas avoir suffisamment écouté , protégé, respecté la mère nourricière.
Mon beau- père, homme sage s'il en fut , se demandait perpétuellement ce que penseraient des défunts revenant sur terre vingt ou trente ans après leur décès .Grande question . Une part de cette interrogation philosophique me semble trouver réponse dans " l'histoire " de la narratrice ....
C'est un roman qui , malgré le sérieux du sujet et l'ambiance qu'il dégage, se lit facilement , l'auteure usant souvent avec justesse de sa plume pour " s'envoler et s'indigner " ou " au contraire " , se résigner ou " donner à voir " . Plus qu'un roman qui se voudrait didactique , c'est un roman qui nous donne des clés pour réfléchir et nous placer face à nos responsabilités de " passagers temporaires d'un vaisseau qui coule ", lentement , mais sûrement, en tout cas , et de plus en plus vite .Un roman qui met " mal à l'aise ", volontairement .Salutairement ? CQFD .
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On suit l'histoire de l'héroïne, une jeune femme dont on connaîtra le nom bien plus tard, sur une courte période, à Paris pendant l'hiver 2016-2017, puis en Bretagne sur trois mois également pour revenir à Paris. Trois saisons en gros, …

Elle vient de sortir de l'hôpital psychiatrique, où elle a testé antidépresseurs, anxiolytiques, neuroleptiques, sismothérapie (cela fait moins grave qu'électro-choc et plus proche de la Terre) en ayant perdu complètement la mémoire, avec une haine pour les psys, lesquels pensent qu'il ne faut pas l'aider, elle doit retrouver toute seule .

Camille, qu'elle appelle souvent K. car elle ne sait pas qui il est, mais parfois par son prénom, essaie de l'aider comme il peut, tout en respectant la consigne. Il n'est pas non plus très bien dans sa peau ni sa tête, il essaie d'adapter un roman de Louis Guilloux « le sang noir » en BD, mais l'inspiration n'est pas vraiment là. Est-il pas lui-aussi en quête de quelque chose ?

On va suivre l'héroïne dans sa quête d'identité, qui la conduit souvent à tutoyer la ligne, à se mettre en danger, flirter même avec le danger , car elle se lance dans des rencontres improbables, des expériences sexuelles compliquées, pour retrouver au moins une identité corporelle, à défaut de savoir qui elle est. Une résilience est-elle possible quand il reste à peine quelques flashes, des cauchemars , des mots qui résonnent étrangement parfois, vrai ou pseudo-souvenirs ?

« le mot poison m'avait électrifiée. Comme s'il état le sens de ma vie, que je découvrais enfin. Comme s'il me permettait de soulever un grand voile. le mot poison longea à toute allure ma colonne vertébrale. J'entendis alors comme en songe la voix d'un homme me dire : votre destin est d'empoisonner l'eau potable publique.. »

Elle est attachante quand elle s'accroche à son carnet pour noter des mots, leur sens, leurs synonymes, comme une trame à laquelle s'accrocher, s'ancrer un peu plus dans la réalité.

Ce roman fait voyager dans un univers particulier, sur fond de dérèglement climatique, très anxiogène, avec une jeune dont on apprend tardivement le nom, et dont le psychisme part en vrille. On comprend très vite qu'il s'est passé quelque chose de grave, car pas de famille, une violence permanente, avec des passages à l'acte (crever des pneus par exemple) et une soif de vengeance…

On se laisse prendre à ce récit, on a envie de savoir, de comprendre ce qui a pu se passer autrefois, démêler un peu en tout cas ? J'ai eu parfois l'impression, que Louise Browaeys nous questionnait sur l'identité, la nature de notre planète Terre, autant en danger que l'héroïne. Ce roman n'est pas à prendre au premier ni même au second degré, cela va beaucoup plus loin dans la réflexion…

Il me reste en refermant le livre, une sorte de malaise, et une interrogation : jusqu'où peut conduire la peur de dérèglement climatique, la montée des océans, la disparition de certaines espèces, l'obsession d'une nourriture saine, la crainte du nucléaire ou encore de l'intelligence artificielle ? Doit-on s'enfouir dans un blockhaus ?

J'aime beaucoup le terme « dislocation » qui pourrait très bien être rajouté au vocabulaire de la psychiatrie, car il est très évocateur et moins rébarbatif que d'autres nom de pathologies et l'auteure la définit ainsi…

On parle de dislocation lorsque coexistent des hallucinations, un langage délirant et hermétique, des conduites incohérentes, une humeur dépressive ou euphorique, une désorganisation de la pensée, une perturbation des affects…

… dans le cas de ces femmes, la dislocation psychique semble intervenir lorsqu'elles identifient entièrement leur vie et leur destin à ceux de la Terre.

Si l'avenir de la planète tourne à l'obsession, et à l'anxiété permanente, il vaut peut-être mieux s'abstenir, mais ce serait dommage, car l'écriture est belle… Je l'ai terminé depuis une semaine, déjà, mais je continue à réfléchir sur les messages de l'auteure.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Harper-Collins Traversée qui m'ont permis de découvrir en avant-première ce roman (le premier ) et son auteure qui a publié surtout des essais, écologie, permaculture…

#LaDislocation #NetGalleyFrance
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Voilà un livre qui m'aura fait passer par toutes les couleurs.

J'ai dévoré tout le début, totalement sous le charme de l'écriture, très introspective, mystérieuse, suivant pas à pas la pensée d'une femme qui cherche la sienne, justement, parce qu'elle a perdu la mémoire et peine à la retrouver. J'ai adoré le style, vraiment.

Mais je reste très perplexe sur le fond.

Tout le début de l'histoire est assez étrange, mais je me suis laissée porter et si tout le livre avait été à l'image de ces pages, j'y aurais totalement adhéré et je serais en train de vous parler de révélation. J'avais envie que la narratrice retrouve sa mémoire petit à petit, et tant pis si elle la retrouvait moins vite que le lecteur, qui devine beaucoup de choses avant elle : cela n'empêchait pas de l'accompagner pas à pas dans la compréhension de ce qui lui est arrivé.

Et puis très curieusement, le rythme s'accélère vers le milieu, lorsque ce n'est plus la narratrice qui retrouve ses souvenirs au gré des rêveries, des rencontres et des expériences, mais lorsqu'on lui raconte tout d'un coup. Presque tout. Pour autant, ça ne lui fait pas recouvrer exactement toute sa mémoire, mais évidemment, cela change le cours du livre.

A partir de là, des souvenirs lui reviennent un peu plus vite, mais cette fois, à grand renfort de flashs qui s'imposent brutalement (artificiellement...) au fur et à mesure que le livre tire à sa fin et qu'il faut donc coûte que coûte que certaines révélations soient faites (j'ai fini par le ressentir comme ça : comme des trucs de narration). Je dois dire qu'à partir de là, j'ai de moins en moins accroché, d'autant plus que le livre finit par changer du tout au tout en se concentrant sur ce qui s'est passé pour la génération précédente (difficile d'en dire plus).

Comment peut-on donc être un livre aussi enthousiasmant sur la forme, et aussi étrange sur le fond ? Commencer en m'envoûtant aussi fortement et terminer en perdant aussi radicalement mon adhésion ? Ce n'est pas la première fois que je me pose ce genre de question au sujet d'un livre, mais là, j'aurais tellement adoré adorer ce que racontait cette femme qui réussissait toujours à m'embarquer dans son esprit en perdition : quel dommage...

Merci à la Masse Critique privilégiée de Babelio, qui m'a permis de découvrir le livre, et aux éditions HarperCollins France.
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Imaginez que vous vous réveillez d'un long cauchemar et que vous ne sachiez plus qui vous êtes, d'où vous venez et que vous n'ayez plus aucun souvenir de votre passé.

*
Difficile de se mettre à la place de cette jeune femme vidée de sa mémoire, mais sa situation m'a interpellée. Je me suis posée de nombreuses questions.
Quelles épreuves ont marqué sa vie ? Comment acceptez cette immense perte ? Comment ne pas ressentir de la colère, de la frustration, de la peur, une profonde solitude ? A qui faire confiance ? Comment reprendre le cours de sa vie ? Comment faire pour sortir de cette folie ?
De toutes ces interrogations, il en ressort une envie de connaître son passé et de suivre son parcours vers la guérison.

*
De retour chez elle, avec l'aide précieuse de son ami K, la jeune femme va suivre le chemin tortueux et confus que prend sa mémoire pour retrouver ses souvenirs.
Le processus de guérison est complexe et long, sa mémoire étant comme un puzzle géant à reconstituer, les pièces devant s'imbriquer correctement, une à une, pour révéler l'image dans son entier, non déformée.
Des rencontres, des mots qui résonnent étrangement dans son esprit, vont l'aider à rassembler les morceaux éparpillés de sa vie et combler ce vide.

*
Mais cette histoire n'est au fond qu'un prétexte pour nous amener à réfléchir sur la vie, sur notre planète et son devenir, et sur les rapports homme femme.
C'est un roman très féministe qui interpelle le lecteur sur l'oppression que subissent les femmes au quotidien. Cette idée va plus loin car l'auteure fait le parallèle entre la femme et la nature. Toutes deux sont reliées entre elles par un lien invisible. Toutes deux meurent à petit feu à force d'être maltraitées, dominées, incomprises.
Les questions écologiques, environnementales et sociétales prennent à mon avis trop de place dans le roman et casse le rythme de l'intrigue. Les messages véhiculés sont intéressants et amènent le lecteur à réfléchir sur notre futur, même si tous ne m'ont pas convaincu.

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Le choix de la narration est très certainement voulu, mais il m'a déroutée et gênée. En effet, nous sommes dans la tête de cette femme malade, et malheureusement, je n'ai pas ressenti de l'empathie pour cette femme que j'ai trouvé sincère mais vulgaire et égoïste. Elle est tellement centrée sur elle-même qu'elle en oublie que les autres ont des sentiments.

*
De part sa formation en agronomie et en écologie, Louise Browaeys nous interroge sur notre quotidien, sur les diverses nuisances qui polluent notre vie, sur la nature que nous dominons, soumettons et exploitons à outrance. Des idées assez pessimistes sur le devenir de la Terre. Prémonitoires ? Je ne l'espère pas.
Je me suis interrogée sur le thème de dislocation, et l'auteure y répond au tout début du roman et nous éclairant sur les différents sens de ce mot. Ce terme prend tout son sens tout au long du roman.

*
Même si pour moi, ce roman n'a pas été un coup de coeur, j'espère que ma critique vous aura donné envie de lire ce roman et je remercie au passage les éditions Harper Collins pour leur envoi et l'auteure pour ses convictions, ses idées qui nous interrogent et sa démarche écologique que je défends.
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Terre et mère, même combat

Agronome et ayant publié de nombreux ouvrages sur l'écologie, Louise Browaeys se lance dans le roman. Et nous met en garde en retraçant la destinée de Gaïa. Est-ce le roman d'une renaissance ou d'un cataclysme? Peut-être l'un et l'autre.

La narratrice, après des mois d'hôpital, émerge à nouveau. Si sa mémoire et ses sensations sont encore défaillantes, elle peut s'appuyer sur les visites régulières de Camille, qu'elle appelle K, et qui serait un ami d'enfance. Ce graphiste, qui délaisse un peu son projet de BD pour s'occuper de la jeune femme, l'emmène avec son fils Aurélien faire des promenades dans le Parc Montsouris où la nature vit au ralenti en cet hiver 2016-2017. Peu à peu, elle réapprend à vivre, à parler, à avoir des sensations, même si elle pense qu'il est encore trop tôt pour des relations sexuelles. Elle aimerait aussi se rapprocher de cette nature qu'elle sent menacée. À l'aide de carnets qu'elle remplit consciencieusement, elle se réapproprie les mots, le langage. Avec les livres, elle essaie de se reconstruire une histoire.
Vient alors le moment de s'ouvrir aux autres. Elle choisit pour cela de passer par un site de rencontres qui lui permet de faire la connaissance de Béatrice et Jean-François, un couple échangiste avec lequel elle va se persuader que la mécanique fonctionne toujours. Évoquant son expérience avec Léonora, son infirmière devenue une amie, elle constatera qu'elle préfère Béatrice à Jean-François. Mais c'est alors qu'elle rencontre Wajdi dans un magasin de bricolage. Avec ce bel algérien, elle aura une brève liaison, avant que son amant ne décide de rentrer au pays.
Elle retrouve alors K qui comprend que le moment est venu de lui révéler le secret de ses origines et de leur histoire commune.
D'abord incrédule, elle va peu à peu comprendre que son travail d'exploration personnelle ne fait que commencer. Est-ce parce que K essaie d'adapter en BD son roman «Le soleil noir» qu'elle éprouve l'envie de partir sur les traces de Louis Guilloux? À Saint-Brieuc, elle veut surtout prendre du recul avant de constater que le voyage «amène à adopter un point de vue nouveau sur les sujets que l'on croyait avoir classés. La distance, ajoutée à l'isolement, fait travailler l'imagination.»
Louise Browaeys a construit son roman comme une quête intérieure, semant des indices au fil des chapitres. Tout comme sa narratrice, le lecteur va petit à petit prendre conscience que les «dérèglements» dont elle est victime sont ceux de notre planète et que son salut passera par une réappropriation de son environnement. Oui, c'est bien Gaïa, la terre-mère, qu'il faut sauver.



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Déambulation chaotique, déstabilisante, dans les pensées confuses, perturbées, incertaines, d'une jeune femme d'une trentaine d'années.
Elle est amnésique suite vraisemblablement à un traumatisme psychologique intense ayant nécessité une hospitalisation.
L'auteure nous convoque donc dans ce cerveau nébuleux qui doit tenter de repêcher ses souvenirs perdus. « Dans le fond, ce que j'aimerais, c'est simplement repeupler une mémoire vierge. » Celle qui s'adresse à nous a même perdu son prénom. Selon les médecins qu'elle exècre, sa recherche d'elle-même doit être le fruit de ses propres efforts. Elle tente de repeupler ce néant en commençant par une réappropriation de mots dont le sens lui échappe et qu'elle note alors dans un carnet.
De nouveau chez elle, sa seule visite est celle de K, un ami dit-il, patient, méticuleux, spécialiste de la cuisson des raviolis et écraseur de moustiques : premier point d'alarme écologique. D'autres, insérés subtilement au fil de l'eau, tomberont comme des masses sur l'aveuglement et le déni de notre espèce face à un état des lieux plus que préoccupant de notre planète.
Petit à petit, des idées qui s'éveillent dans sa tête l'affolent. Des bruits, des images, des mots font violemment ressurgir des sensations angoissantes. Des ressentiments, un besoin de vengeance l'envahissent mais contre qui, contre quoi ?

De multiples indices, donnés pour certains dès le début du roman, sont autant de clés du passé de la narratrice qui ouvriront des portes laissant déferler les raisons de son déséquilibre.
L'auteure part du dérèglement du corps même de la narratrice avec son amnésie, ses règles ininterrompues, ses remontées acides pour les confondre avec le dérèglement climatique. C'est un roman qui exploite les rejets de l'asservissement de la femme, l'utopie des uns, le défaitisme des autres, l'héritage d'une Terre devenue nauséabonde pour nos enfants, le traumatisme d'une éducation hors norme... Angoisse, vengeance, haine, renoncement, névrose… quelle attitude adopter face à des constations écologiques alarmantes ? Comment réussir à vivre dans un monde insensible sans perdre la raison ?

L'approche est très étrange, parfois exigeante, glissant vers des considérations psychologiques voire même philosophiques que j'ai eu du mal à percevoir en totalité. En ce qui concerne la sexualité de la jeune femme, les passages trop détaillés sont crus et finissent par détonner dans ce roman qui présente tout de même une belle construction très travaillée. le marasme psychologique de la narratrice est prégnant, oppressant, et l'auteure a parfaitement su lui donner toutes les notes de désespoir.

Comme une dislocation, ce roman est douloureux. Je pense que chacun y trouvera sûrement des messages différents. C'est une lecture marquante, inhabituelle, pour laquelle je ne peux émettre un avis tranché.
Merci aux éditions Harper Collins et à Babelio pour la découverte de ce roman percutant.
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"La dislocation" est un roman sur la femme et l'environnement. Une lecture dite écoféministe abordant la recherche de soi, de sa mémoire, de son identité.

Une femme sort de l'hôpital après avoir été hospitalisée en psychiatrie durant plusieurs mois, un an, on ne sait pas trop. La notion du temps a disparu. Son quotidien tournait autour des médicaments, des médecins et des psychiatres. Elle faisait ce qu'on lui disait.
Aujourd'hui, elle sort. Elle est libre. Mais sa mémoire s'est effacée. Comment retrouver ses marques ? Comment se ré-approprier sa vie ? Il faut maintenant ré-apprendre à vivre, à être maître de ses décisions, mais il faut aussi retrouver les sensations simples de la vie courante, a parole, réfléchir, lire.

Elle n'est pas seule. K est là. C'est comme ça qu'elle l'appelle Il se prénomme Camille. Il a toujours été là. Accompagné de son petit garçon, il s'assure que tout va bien. Il va l'aider chaque jour un peu plus. Il va lui parler, lui raconter son passé, qui elle est.

Elle, a besoin de partir. de regagner sa liberté. Une sexualité. Elle rencontre alors Wajdi avec qui elle trouve du réconfort, de la tendresse et du désir. Puis, elle part, direction la Bretagne sur les traces de son passé, de son enfance, celui de ses parents et de ses souvenirs.

Le livre est écrit à la première personne. La femme se raconte, explique son ressenti, ses sensations, ses craintes et ses envies.
Puis, on en vient à l'écologie, à l'environnement, aux effets de la pollution et du rôle de la femme sur terre.
"La dislocation" est une quête de soi. Un récit empreint d'humanité.

Un livre que je n'aurais sûrement pas acheté, n'ayant pas l'habitude de lire ces thèmes. Par contre, je suis très contente de l'avoir reçu et de l'avoir lu. Je suis sortie de ma zone de confort et j'en ai été agréablement surprise.
Une lecture originale à découvrir ! Je remercie Babelio et les éditons Harper Collins pour cette lecture.

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Dans ce premier roman d'une intensité rare, Louise Browaeys nous dresse le portrait désabusé d'une femme qui a préféré tout oublier que de se confronter à la destruction continue de notre planète. Réaction extrême décrite comme une maladie purement féminine, la dislocation entraîne des femmes, allégories de notre Terre, qui refusent le rôle que la société leur a assigné : celui de mère nourricière qu'on peut piéter et dont on peut piller jusqu'aux dernières ressources. A travers ce conte fantasque mais terriblement réel, Louise Browaeys interroge notre rapport à l'écologie, notre inaction face aux catastrophes que nous vivons, notre construction sociale et notre capacité à y échapper.

Autour du personnage principal, cette femme à la mémoire percée, gravitent plusieurs protagonistes qui illustrent, chacun à leur manière, différentes réactions face à la crise écologique. K, totalement désabusé, a déjà abandonné d'avance, alors qu'il élève seul son fils dans ce monde finissant. Wajdi, au contraire, guette les signes pour tirer du positif de cette situation irrémédiable et trouver sa place, son rôle dans ce monde en transition. Emilie, elle, choisit la marginalité pour lutter à sa manière. Au final, se pose la question du rôle que nous devons jouer, chacun, face à l'urgence écologique, de l'attitude à adopter. Notre génération doit-elle continuer à se battre ou le combat est-il perdu d'avance ?

La dislocation explore une idée de plus en plus plébiscitée dans les médias : et si les femmes étaient plus soucieuses et inquiètes de l'écologie que les hommes ? Dans ce roman, c'est une femme conditionnée par son enfance atypique qui s'identifie à la Terre et ressent, au plus profond d'elle-même, la destruction en marche. Dans la réalité, ce sont des femmes politiques qui s'engagent de plus en plus en faveur de l'écologie et parviennent progressivement, à se faire élire à des postes-clés. Un thème d'actualité donc, traité dans un roman fascinant qui ne se contente pas de survoler les choses, mais bouscule, titille, inquiète, tout en soulevant habilement des questionnements profonds : une lecture indispensable pour penser le monde d'après.
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Après un séjour en hôpital psychiatrique, une femme va se retrouver chez elle et sans mémoire. Totalement perdue, elle peut pourtant compter sur Camille, surnommé K, qui lui viendra en aide. La jeune femme va peu à peu se reconstruire, en commençant notamment par les mots qu'elle note consciencieusement dans un carnet.

Quel roman déstabilisant et étrange. Si j'ai beaucoup aimé le début, j'avoue que vers la moitié du récit, j'ai été quelque peu déroutée par la direction prise par l'auteure. Lorsque l'on en apprend un peu plus sur les raisons du traumatisme de la narratrice, il m'a semblé que l'auteure s'enlisait.

Et pourtant, les thématiques sont passionnantes, puisque un grand parallélisme avec l'écologie et la nature sera fait tout au fil des pages. J'ai trouvé cela vraiment très intéressant à suivre. Là où je me suis retrouvée un peu perdue, c'est dans le flot de pensées intérieures de la protagoniste.

Elle va tenter à tout prix de se reconstruire, et pour cela, elle passera par diverses étapes qui la conduiront à se retrouver. Son parcours m'a beaucoup intéressée et j'ai ressenti beaucoup d'empathie pour cette jeune femme. J'aurais aimé plus d'aération dans le texte, les nombreux questionnements internes de la protagoniste ayant à maintes reprises freiné ma lecture.

La plume est percutante. Sous un style fort, j'ai souvent ressenti cette ambiance pesante qu'a voulu instaurer l'auteure. le roman est divisé en trois grandes parties, qui constituent chacune d'entre elles une saison pendant laquelle le lecteur suivra la jeune femme. J'ai trouvé très intéressant de suivre ainsi l'évolution de la protagoniste.

Un roman déroutant, abordant beaucoup de thématiques intéressantes. Si j'ai beaucoup aimé suivre l'évolution de la protagoniste, j'aurais apprécié avoir plus d'aération dans un texte parfois trop pesant, de par les nombreux questionnement internes de la jeune femme.
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