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3,8

sur 122 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Malheureusement, je crois être passée à côté de mon premier Larry Brown. Je m'attendais avec cette atmosphère noire et pesante de deux vétérans du Viêt-Nam marqués physiquement, à être tenue en haleine mais je n'ai pas été entraînée, tourner les pages au plus vite n'était pas essentiel.
Braiden est cloué sur un lit depuis 22 ans. Il a perdu ses bras, ses jambes mais a la capacité d'échanger régulièrement avec Jésus. Walter quant à lui, est défiguré, passionné de lecture et de cinéma bavard avec un penchant pour la bière généreusement procurée par une infirmière à Braiden qui ne peut la boire seule.
J'ai aimé l'écriture. J'ai eu plaisir à lire cette histoire d'amitié un peu forcée par les circonstances. J'ai apprécié le huis clos et surtout les deux protagonistes. Ce roman avait tout pour me plaire, des personnages torturés qui racontent assez ouvertement leur vie, l'injustice, une histoire d'amitié éditée par Gallmeister mais je suis incapable de dire ce qui m'a manqué précisément. Si ca a été une lecture agréable, je n'ai juste pas été touchée malgré tout cela.

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Larry Brown va vous faire voir la guerre du Vietnam comme vous ne l'avez sans doute jamais vue. Mais ce n'est pas un énième roman sur cette guerre qui a traumatisé l'Amérique, loin de là.
Ici, nous faisons la connaissance de deux hommes détruits dans leur chair et dans leur cerveau.
Le premier est noir, il a été amputé des deux bras et des deux jambes. Homme tronc cloué sur un lit d'hôpital depuis 22 ans, il n'a plus guerre d'espoir en son avenir. Il va raconter sa jeunesse dans les champs de coton, une vie simple. Il va surtout écouter son voisin de lit.
Celui-ci est blanc et a été défiguré. Très instable psychiquement, il va raconter de façon chaotique sa jeunesse sans un père, en prison pour meurtre, sa rencontre avec Beth qu'il ne cesse d'attendre.
Larry Brown nous offre deux personnages aux antipodes d'un Chris Kyle dans le roman American Sniper. On est très loin ici du héro patriotique, symbole de l'Amérique toute puissante.
Braiden et Walter n'ont pas voulu de cette incorporation faite à coup de tirages au sort. Ils ne voulaient tuer personne mais encore moins se faire tuer.
Ça fait quelque chose de tuer quelqu'un. Je parle pas d'un chien. Quelqu'un. Une personne, qui parle comme toi, qui mange comme toi, qui a une cervelle comme toi. Une âme comme toi. Et chacun a une façon différente de l'assumer. Parce que c'est pas facile à assumer. C'est un truc que t'oublies pas. Quand t'appuies sur la détente, t'appuies pour l'éternité. C'est pas comme larguer une bombe, quand t'es haut dans le ciel et que tu vois pas ce que ça fait en bas, même si tu sais que ça fait des dégâts.
Tu regardes quelqu'un dans les yeux, puis tu le tues, t'oublies pas ces yeux là. T'oublies pas que t'es la dernière chose qu'il a vue.
Braiden est un noir américain et dans les années 60, la ségrégation existe encore. Walter est un blanc très loin des gosses de riches des beaux cartiers. On sent encore dans les paroles de Walter cette différence faite au nom d'une couleur de peau.
L'auteur aborde aussi ce qu'il est advenu de ces soldats revenus mutilés et entassés dans des hôpitaux militaires, certains attendant juste que la mort les libère. C'est le cas de Braiden qui n'a d'autre moyen d'oublier que de se réfugier dans ses rêves d'Afrique et de chasse au lion. Walter, lui, perd la raison et se soigne à coup d'alcool et de shit.
Ils se sentent seuls et abandonnés à leur sort.
Le monde est trop grand. Les gens ne savent pas ce que font les autres. Comment tu veux te tenir au courant de tout ce qui se passe ? Y a trop de choses, et trop de gens. Tout ce que tu peux connaitre du monde, c'est la petite place riquiqui que tu occupes.
Ce roman est si empli de messages et de phrases qui nous touchent qu'on voudrait faire de chaque ligne une citation.
L'auteur réussi à ne pas nous faire sombrer dans la compassion. Il nous informe, nous montre une autre vérité, celle qui est restée cachée.
Comment ne pas penser à ces images de vétérans vivants dans la rue parce que leur si grand pays n'avait rien à leur offrir quand ils sont rentrés.
Il est clair que l'opposition à cette guerre est très forte dans ce roman, tout comme la mobilisation l'avait été à l'époque.
On ressent encore plus l'inutilité de cette guerre, mais existe-t-il une seule guerre qui ait été utile ?
Oubliez toute les fables qu'on vous a contées à coups de Rambo et autres américains tout puissants et découvrez un autre point de vue, qui, sans aucun doute, élargira le vôtre.

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Braiden Chaney n'a plus ni bras ni jambes.
Walter James lui, n'a plus de visage.
Ils ont tous deux été mutilés au Vietnam.
L'un est noir, l'autre blanc.

22 ans plus tard, ils se retrouvent dans la chambre d'un hôpital pour vétérans, dans le Mississipi.

Au fil d'une très longue nuit, ils se racontent ce qu'ils étaient, ce qu'ils sont devenus et surtout, ce qu'ils attendent l'un de l'autre.
En une nuit, tout est dit sur la guerre (seul lien entre ces 2 hommes que tout oppose) et ce qu'elle fait subir aux soldats.
En une nuit, tout est dit sur la souffrance, sur la mort et la compassion.

Un roman d'une dureté que l'on peine à imaginer.
Comme c'est L. Brown qui l'écrit, s'y glissent quelques doux éclats de lumière et de rire.
Cela reste néanmoins hard core, à briser le coeur.
Il n'y pas d'autre roman anti-militariste...
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Je n'ai pas eu besoin d'arriver au bout de "Sale boulot" pour savoir qu'il s'agirait d'une de mes lectures marquantes de l'année. A quoi ça tient, cette capacité qu'ont certains textes à nous happer, à nous étreindre, à provoquer ces remous au creux de l'estomac ?
On a là un décor on ne peut plus minimaliste : la chambre d'un hôpital militaire dont on saura seulement qu'il se situe quelque part dans le sud des Etats-Unis. Une chambre qui compte deux lits, accueillant les principaux personnages de cette histoire posée sur l'unique nuit qui les réunit.

Privilège de l'ancienneté, présentons d'abord celui qui traîne ses guêtres ici depuis plus longtemps, quoique traîner ses guêtres est une expression inappropriée, voire cruelle : Braiden Chaney, amputé de ses quatre membres, est cloué dans son lit depuis vingt-deux ans. Pour supporter cette non-vie, il s'évade et se met en scène dans des fantasmagories africaines où il renoue avec les mythes de ses ancêtres, et entretient avec Jésus d'infinis et familiers débats exprimant la torturante obsession d'en finir, enfin.

Walter James vient quant à lui d'arriver, ignorant comme le lecteur où exactement. Son visage qu'une vieille dévastation rend monstrueux est pour l'heure à moitié recouvert de bandages, suite à un probable accident dont il a tout oublié, puisqu'il s'est produit au cours d'une de ces subites pertes de conscience que son expérience au Vietnam, en sus de sa défiguration, lui a laissées. Et puis il y a la honte aussi, le poids de ce regard que les autres -son frère, sa mère- n'osent pas porter sur sa face détruite. Alors il vit reclus dans sa chambre, y assouvissant sa passion encyclopédique pour le cinéma, ne sortant que la nuit, en catimini, pour refaire le plein de bières.

Ce sont des êtres que l'on relègue, dans des mouroirs médicalisés ou de manière plus subtile en les laissant s'exclure eux-mêmes d'une société dont ils ne répondent plus aux normes.

Au cours de ce face-à-face nocturne, leurs points communs -vétérans du Vietnam, ils sont tous deux issus de milieux très modestes- installent une cordialité immédiate, une ébauche de fraternité qui incite à l'épanchement, surtout pour Walter, qui trouve enfin une oreille où déverser, en vrac, les épisodes qui ont marqués son enfance, le marasme de sa vie présente et surtout, l'espoir que vient de faire naître sa rencontre inespérée et la relation entamée avec une jeune femme, Beth.

Braiden écoute, fournit la bière et l'herbe, apprivoise, en quelque sorte, son voisin de chambrée, dont il espère le geste qui mettra fin à son calvaire. Il doit se montrer habile et persuasif, car il sait son temps compté : dès demain, Walter rentre chez lui.

Je récapitule : quatre murs, deux hommes, une nuit. Et pourtant…

… pourtant Larry Brown fait de ce huis-clos le théâtre d'une tragédie à la fois existentielle et intime, qu'il fait résonner en nous avec une intensité particulièrement poignante. Son autre tour de force est de le faire avec patience et subtilité, reconstruisant morceau après morceau le parcours de ces hommes détruits, exprimant leurs traumatismes et leur détresse avec une pudeur elliptique, comme pour atténuer la force de leurs plaintes que le passage du temps aurait rendu moins légitimes. le lecteur ne bénéficie toutefois d'aucune trêve, porté par l'oralité et la dynamique que confère au texte la logorrhée de Walter et les plus rares interventions de Braiden, dans une langue réaliste et populaire, sans que soient jamais trahies ni leur sensibilité, ni leur singularité.

La guerre est à peine évoquée et pourtant omniprésente, la condamnation à la solitude et à une interminable souffrance de ces hommes se faisant le criant témoignage de son absurdité et de sa barbarie.

Voilà. Ça vous prend aux tripes. Ça vous laisse avec un sentiment de tristesse et d'admiration mêlés.

Un grand roman.


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