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3,8

sur 122 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Braiden Chaney n'a plus ni bras ni jambes.
Walter James lui, n'a plus de visage.
Ils ont tous deux été mutilés au Vietnam.
L'un est noir, l'autre blanc.

22 ans plus tard, ils se retrouvent dans la chambre d'un hôpital pour vétérans, dans le Mississipi.

Au fil d'une très longue nuit, ils se racontent ce qu'ils étaient, ce qu'ils sont devenus et surtout, ce qu'ils attendent l'un de l'autre.
En une nuit, tout est dit sur la guerre (seul lien entre ces 2 hommes que tout oppose) et ce qu'elle fait subir aux soldats.
En une nuit, tout est dit sur la souffrance, sur la mort et la compassion.

Un roman d'une dureté que l'on peine à imaginer.
Comme c'est L. Brown qui l'écrit, s'y glissent quelques doux éclats de lumière et de rire.
Cela reste néanmoins hard core, à briser le coeur.
Il n'y pas d'autre roman anti-militariste...
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Après les bouleversants The Free (2014) de Willy Vlautin (en français La ballade de Leroy) et En attendant Eden (2019) d'Elliot Ackerman, il me fallait absolument lire Sale boulot (1997) de Larry Brown.

Larry Brown (1951-2004) est l'auteur de six romans, deux recueils de nouvelles, une autobiographie et un essai. Sale boulot (1997), son premier roman, est un plaidoyer fort et poignant contre l'absurdité et la folie de la guerre.

« Y en a plein qu'ont rien de cassé physiquement. C'est dans leur tête que c'est cassé. »

Sale boulot est un huis-clos poignant, une plongée dans l'intimité d'une chambre d'hôpital militaire du sud des Etats-Unis. C'est dans cet espace confiné chargé de souffrances et de désespoir que deux vétérans de la guerre du Vietnam vont, le temps d'une nuit, s'apprivoiser, se raconter et se libérer.

Vingt-deux ans. Cela fait vingt-deux ans que Braiden Chaney végète dans cet hôpital du Mississipi. Cloué à jamais sur un lit depuis que la guerre l'a privé de ses quatre membres, il passe ses journées dans la plus grande solitude, les yeux rivés sur la télévision; régulièrement, il discute avec Jésus ou s'évade en pensées dans une lointaine contrée où il chasse le lion avec ses ancêtres africains. Quant à Walter James, un redneck du Mississipi, il souffre de graves crises d'amnésie depuis qu'une roquette lui a arraché le visage. Depuis, il carbure à l'alcool et à l'herbe.

Une nuit suffira à ces deux âmes écorchées pour se confier, à tour de rôle, sur leur vie d'avant, pour dire celle d'aujourd'hui, leurs souffrances et leurs rêves brisés, pour évoquer en filigrane la guerre qui en les laissant en vie, les a condamnés à mort. Une nuit pour évoquer cette mort tant désirée et la délivrance qui ne vient pas.

Avec beaucoup de sensibilité et sans jamais céder au misérabilisme, Larry Brown évoque divers traumatismes, aborde la question des inégalités sociales et du racisme, revient sur les ravages de la guerre, les séquelles physiques mais aussi psychologiques des vétérans puisque « quand t'appuies sur la détente, t'appuies pour l'éternité ».

Roman brut à l'image de ses deux narrateurs issus de milieux sociaux défavorisés, Sale boulot va droit à l'essentiel et ne s'embarrasse d'aucune fioriture. Une écriture simple, un langage familier et un ton qui sonne très juste. Un roman fort et d'une profonde humanité.


Lien : https://livrescapades.com/20..
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Impossible de ne pas penser à "Johnny s'en va-t-en guerre" de Dalton Trumbo ( cité dans le livre)) en découvrant ces deux anciens soldats, l'un privé de ses membres, l'autre de son visage.
S'in ne s'agit pas de la même guerre, il s'agit des mêmes ravages.
La guerre de 14-18 avait laissé Johnny amputé et mutilé avec ses seuls rêves pour accompagner sa lente agonie.
C'est autour de ses rêves africains que le lecteur fait la connaissance de Braiden, immobilisé dans son lit d'hôpital depuis 22 ans, victime de la guerre du Vietnam. Et c'est aussi la pratique des flash-back qui est utilisée pour faire le bilan des pertes qu'un jeune homme subira après la guerre : une famille, une fiancée, un avenir.
On peut noter d'autres points communs avec l'oeuvre de Trumbo : celui de l'acharnement thérapeutique lorsque l'on laisse un homme végéter sans le moindre espoir et bien sûr celui du désir de mourir, alors que personne ne veut faire le " sale boulot".
On retrouve également le personnage de l'infirmière voluptueuse qui prodigue un réconfort érotique aux blessés dont elle s'occupe.

Beaucoup de points communs donc dans ces deux romans anti-militaristes, mais peu importe !!!
Si le fait de multiplier les textes pacifistes pouvait empêcher les conflits, nous serions tous gagnants.
Et ces deux oeuvres meritent amplement d'être lues.
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Je n'ai pas eu besoin d'arriver au bout de "Sale boulot" pour savoir qu'il s'agirait d'une de mes lectures marquantes de l'année. A quoi ça tient, cette capacité qu'ont certains textes à nous happer, à nous étreindre, à provoquer ces remous au creux de l'estomac ?
On a là un décor on ne peut plus minimaliste : la chambre d'un hôpital militaire dont on saura seulement qu'il se situe quelque part dans le sud des Etats-Unis. Une chambre qui compte deux lits, accueillant les principaux personnages de cette histoire posée sur l'unique nuit qui les réunit.

Privilège de l'ancienneté, présentons d'abord celui qui traîne ses guêtres ici depuis plus longtemps, quoique traîner ses guêtres est une expression inappropriée, voire cruelle : Braiden Chaney, amputé de ses quatre membres, est cloué dans son lit depuis vingt-deux ans. Pour supporter cette non-vie, il s'évade et se met en scène dans des fantasmagories africaines où il renoue avec les mythes de ses ancêtres, et entretient avec Jésus d'infinis et familiers débats exprimant la torturante obsession d'en finir, enfin.

Walter James vient quant à lui d'arriver, ignorant comme le lecteur où exactement. Son visage qu'une vieille dévastation rend monstrueux est pour l'heure à moitié recouvert de bandages, suite à un probable accident dont il a tout oublié, puisqu'il s'est produit au cours d'une de ces subites pertes de conscience que son expérience au Vietnam, en sus de sa défiguration, lui a laissées. Et puis il y a la honte aussi, le poids de ce regard que les autres -son frère, sa mère- n'osent pas porter sur sa face détruite. Alors il vit reclus dans sa chambre, y assouvissant sa passion encyclopédique pour le cinéma, ne sortant que la nuit, en catimini, pour refaire le plein de bières.

Ce sont des êtres que l'on relègue, dans des mouroirs médicalisés ou de manière plus subtile en les laissant s'exclure eux-mêmes d'une société dont ils ne répondent plus aux normes.

Au cours de ce face-à-face nocturne, leurs points communs -vétérans du Vietnam, ils sont tous deux issus de milieux très modestes- installent une cordialité immédiate, une ébauche de fraternité qui incite à l'épanchement, surtout pour Walter, qui trouve enfin une oreille où déverser, en vrac, les épisodes qui ont marqués son enfance, le marasme de sa vie présente et surtout, l'espoir que vient de faire naître sa rencontre inespérée et la relation entamée avec une jeune femme, Beth.

Braiden écoute, fournit la bière et l'herbe, apprivoise, en quelque sorte, son voisin de chambrée, dont il espère le geste qui mettra fin à son calvaire. Il doit se montrer habile et persuasif, car il sait son temps compté : dès demain, Walter rentre chez lui.

Je récapitule : quatre murs, deux hommes, une nuit. Et pourtant…

… pourtant Larry Brown fait de ce huis-clos le théâtre d'une tragédie à la fois existentielle et intime, qu'il fait résonner en nous avec une intensité particulièrement poignante. Son autre tour de force est de le faire avec patience et subtilité, reconstruisant morceau après morceau le parcours de ces hommes détruits, exprimant leurs traumatismes et leur détresse avec une pudeur elliptique, comme pour atténuer la force de leurs plaintes que le passage du temps aurait rendu moins légitimes. le lecteur ne bénéficie toutefois d'aucune trêve, porté par l'oralité et la dynamique que confère au texte la logorrhée de Walter et les plus rares interventions de Braiden, dans une langue réaliste et populaire, sans que soient jamais trahies ni leur sensibilité, ni leur singularité.

La guerre est à peine évoquée et pourtant omniprésente, la condamnation à la solitude et à une interminable souffrance de ces hommes se faisant le criant témoignage de son absurdité et de sa barbarie.

Voilà. Ça vous prend aux tripes. Ça vous laisse avec un sentiment de tristesse et d'admiration mêlés.

Un grand roman.


Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Deux anciens du Vietnam se retrouvent dans une chambre d'hôpital, vingt ans après la guerre. L'un est noir, amputé de ses jambes et de ses bras (la référence au personnage de Dalton Trumbo est revendiqué et assumé). Il végète depuis toutes ces années sur un lit d'hôpital, attendant la fin qui ne vient pas. L'autre, un blanc, vient d'être hospitalisé sans se souvenir de la raison. Il a reçu des shrapnel dans le cerveau et est sujet régulièrement à des absences, des évanouissements. La nuit s'annonce longue pour les deux hommes. Peu à peu, les souvenirs remontent, l'atrocité de la guerre qu'ils ont connu, la pauvreté et le racisme qui les ont amenés à être enrôlés dans ce bourbier, leur vie ou plus exactement leur survie d'après. Walter James, l'homme blanc, comprend très vite que Braiden Chaney veut lui demander un « service ». Un service impossible aux yeux du vétéran. Deux hommes au bout du rouleau, dans une longue nuit au fin fond d'un hôpital militaire au sud des États-Unis, deux hommes donc pour dénoncer l'absurdité de la guerre en général et la guerre du Vietnam en particulier, où de nombreux soldats américains n'ont toujours pas compris exactement pourquoi ils se battaient là-bas… Un roman âpre, sans concessions, qui sans être le meilleur de Larry Brown (lire "Joe" ou "Fay", sublimes), n'en est pas moins puissant.
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Je voulais découvrir Larry Brown, un des auteurs fétiches de ma mère et également lire un roman sur la guerre du Viet Nam. Alors ma mère pour mon anniversaire c'est dit que c'était une bonne idée de m'offrir Sale Boulot, roman de Larry Brown sur deux vétérans de la guerre du Viet Nam qui ont été mutilés là bas.

Ce roman assez court, 202 pages, se passe en une nuit, une nuit où Braiden Chaney revenu de la guerre sans jambe ni bras, qui est alité depuis 22 ans dans un hôpital militaire et Walter James, qui n'a plus de visage et des troubles au cerveau, vont se raconter leur vie d'avant, leur vie pendant la guerre et leur vie d'après.

Larry Brown nous raconte la vie de deux types, un blanc et un noir mais qui ont en commun en plus d'avoir été mutilés à la guerre, d'avoir eu une vie plutôt misérable et qui pensaient que s'engager dans l'armée les sauverait de cette misère. Mais au final, en plus d'avoir perdu leur corps ils sont aussi perdu un peu de leur âme là bas et ils mènent dorénavant une vie encore plus triste qu'avant cette putain de guerre comme dirait Rambo !

J'ai beaucoup aimé la construction du roman, on change régulièrement de narrateur et de temporalité mais on ne s'y perd pas, on reconnaît très rapidement avec qui et quand on est. Et pour ça Larry Brown est vraiment très fort. Il est également très fort pour prendre le lecteur aux tripes sans virer dans le larmoyant.
Et le final, mon dieu le final ! Je l'ai lu 2 fois !

Sale boulot est un superbe roman noir sur le fait que la guerre détruit les hommes physiquement mais pas que. Je vous le conseille vivement !

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Ce Sale boulot m'a interpellée : va-t-on vraiment passer l'intégralité du bouquin avec deux rescapés du Vietnam, un mec défiguré et un mec sans jambe, ni bras, dans une chambre d'hôpital qui se racontent leurs regrets et souffrance après cette foutue guerre ?
Plan A : Youpi, ça va être génial !! Sortez les cotillons, les boules à facettes, on va se faire les abdos avec quelques fous-rires.
Plan B : claustrophobie à l'horizon, pathos et atermoiements.
Plan C : nouvelle version de Rambo, avec Adrienne qui a changé de nom, des hélicos et une bande son qui rappelle un peu la musique du Pont de la rivière Kwai.

Mais c'est sans compter le talent de Larry Brown, qui parvient à nous faire voyager dans les 2 cerveaux des gars. Leurs vies rêvées, leurs vies regrettées.
La guerre a bousillé leur existence. Mais ils vivent ce drame avec une résignation presque sereine. L'un s'évade dans ses rêveries éveillées, l'autre a fait de la nuit sa protection contre le regard des autres.
C'est leur seul moyen de se sentir libre, de conserver leur humanité, malgré leurs blessures physiques et morales. Alors on a la décence de ne pas les plaindre. Juste envie de crier "putain de guerre" pour évacuer la tension, la frustration de ces deux êtres brisés.

Gallmeister est une maison d'édition que j'ai découverte grâce à une de mes bibliothécaires préférées. Et c'est devenu un de mes éditeurs préférés.
J'ai déjà testé chez eux Lonesome Dove, Dans la forêt, Sukkwan Island et My Absolute Darling.
Les romans sont ce que l'on appelle communément et vous excuserez j'espère mon anglicisme, très "nature writting". Avec des personnages un peu sauvages, différents qui vivent un peu (beaucoup) en marge et créent leurs propres règles, avec les difficultés que cela engendre à s'intégrer ou justement rester à l'écart de la société.

C'est frais, brut, comme une balade en pleine nature un jour d'hiver un peu venteux.
Alors j'avais du mal à faire le lien entre ce huis-clos dans une chambre d'hôpital et les grands espaces. Mais si : les grands espaces sont infinis dans les rêves.

Alors, faut-il le lire ? Oui. Je vais de ce pas ressortir ma jupe à fleurs et mon pendentif peace and love. Prochain roman ciblé chez cet éditeur : Délivrance de James Dickey.


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En une nuit, tout se dit. Ce n'est pas une amitié qui se tisse, mais une fraternité. de celles qui se trouvent et se construisent sur les débris de la guerre.
Deux hommes au corps et à l'esprit cassés, abîmés, se parlent. Une nuit. Ils ne se connaissent pas mais pourtant ils savent. Ils s'écoutent sans s'écouter, ils n'en ont pas vraiment besoin. Ils savent ce que la guerre leur a fait, ce qu'ils sont aujourd'hui.
Un roman à deux voix, deux voix qui se répondent sans question. Ils se disent. Chacun avec son bagage, chacun avec son langage. La souffrance, la vie d'avant, la vie d'après. Quand la guerre est finie mais que le combat continue. On n'en ressort pas indemne, jamais. Mais quand l'intérieur est aussi brisé que l'extérieur, que reste-t-il ?
Il n'y a pas de poésie, tout du moins pas comme on a l'habitude de la lire. Chacun s'exprime tel qu'il est. le texte est brut, à vif, écorché. Il ressemble à ces hommes. Il ressemble à ce qu'ils ont vécu. Au fur et à mesure des pages, on plonge dans leur enfer, celui de la ségrégation, de la pauvreté, du Vietnam, de l'après, quand l'enfer continue au delà de la zone de combat, qu'il colle à la peau, même 22 ans après. Finalement, la guerre, quand on l'a commencée, on ne s'en sort jamais.
On lit et on se dit qu'on aurait bien besoin d'une bière nous aussi. Et on écoute, assis au bord du lit. Une nuit. Deux vies.
Ça n'a pas été une lecture facile,mais elle m'a plue. Vraiment.
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« Pour papa qui savait ce que la guerre fait aux hommes »

Walter et Braiden, 2 vétérans de la guerre du vietnam, l'un est blanc et défiguré, l'autre noir et sans bras ni jambes. Ils se retrouvent 22 ans après la guerre dans un hôpital militaire.
La nuit sonne à la confidence. Les deux hommes racontent leur vie au front, et leur vie après le combats.
Ils leur faut peu de temps pour lier un lien que seul ceux qui ont vécu ce traumatisme au vietnam connaissent, que seul ceux qui ont affronté et donné la mort comprennent.

Sale boulot de Larry Brown nous mène sur les traces de la guerre du vietnam avec des confidences de deux protagonistes. L'histoire en soit est bonne mais parfois difficile à suivre.
Le livre est bon mais en version originale celui ci doit-être encore meilleur.
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Malheureusement, je crois être passée à côté de mon premier Larry Brown. Je m'attendais avec cette atmosphère noire et pesante de deux vétérans du Viêt-Nam marqués physiquement, à être tenue en haleine mais je n'ai pas été entraînée, tourner les pages au plus vite n'était pas essentiel.
Braiden est cloué sur un lit depuis 22 ans. Il a perdu ses bras, ses jambes mais a la capacité d'échanger régulièrement avec Jésus. Walter quant à lui, est défiguré, passionné de lecture et de cinéma bavard avec un penchant pour la bière généreusement procurée par une infirmière à Braiden qui ne peut la boire seule.
J'ai aimé l'écriture. J'ai eu plaisir à lire cette histoire d'amitié un peu forcée par les circonstances. J'ai apprécié le huis clos et surtout les deux protagonistes. Ce roman avait tout pour me plaire, des personnages torturés qui racontent assez ouvertement leur vie, l'injustice, une histoire d'amitié éditée par Gallmeister mais je suis incapable de dire ce qui m'a manqué précisément. Si ca a été une lecture agréable, je n'ai juste pas été touchée malgré tout cela.

Lien : https://www.babelio.com/monp..
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