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Deux oeuvres littéraires majeures portent le titre de métamorphoses. Il y a celles d'Ovide et celle de Kafka. Les premières regroupent les récits de métamorphoses de la mythologie grecque. Pour les punir, parfois pour les sauver, des dieux métamorphosent des humains en animal ou en végétal. Dans la seconde, un homme se réveille un matin métamorphosé en cafard. C'est le début d'une histoire incroyable, prétexte à une critique sociale. Camille Brunel nous propose à son tour une singulière histoire de métamorphoses.

Un matin, une jeune femme aperçoit dans son jardin, un étrange oiseau. de longues pattes, un corps élancé, un cou gracile, un long bec et la face rouge. Intriguée elle poste une photo sur les réseaux sociaux et quelques heures plus tard, la réponse : c'est une grue Antigone. Que fait-elle là ? Comment est-elle arrivée ici ? Nul ne le sait. L'histoire pourrait n'être qu'une anecdote surprenante, si d'autres animaux n'apparaissaient pas là où ils n'auraient pas dû être. Et tandis que des animaux apparaissent, des humains disparaissent…

Je ne l'ai pas présenté ici, mais j'ai participé sur Instagramm au jeu de l'Avent littéraire. A chaque jour, une catégorie et un titre. J'ai eu envie de citer ce livre de Camille Brunel à plusieurs reprises. J'aurais pu le citer pour « le livre qui a fait particulièrement écho en moi », « le livre le plus engagé », « le livre le plus déstabilisant » ou « le livre le plus poétique ». Mais c'est finalement pour la catégorie « le livre qui m'a inspiré des émotions extrêmes » que j'ai choisi de le citer.

Des émotions extrêmes, c'est exactement ça. Il y a eu l'émerveillement à imaginer des animaux libres et vivants au milieu des humains, la réjouissance à l'idée d'une nature qui reprend ses droits, l'éblouissement devant la beauté de l'écriture. Mais progressivement, l'inquiétude s'est installée. Les frontières entre humanité et animalité sont balayées, les sociétés et les relations humaines sont bouleversées par des transformations chaque jour plus nombreuses et parfois tragiques. On bascule progressivement dans un récit apocalyptique tendu et effrayant, mais toujours porté par cette écriture sublime qui donne aux descriptions les plus terribles une beauté tragique, voire parfois un comique tragique. Et lorsque l'angoisse est à son comble, l'auteur a la bonté de nous offrir une scène finale, d'une poésie et d'une sérénité bouleversantes.

Lorsque l'on parle des émotions et de l'intelligence animale, on est parfois accusé d'anthropomorphisme. Alors Camille Brunel prend le contrepied et décide de transformer les humains en animaux, pour nous inciter à réfléchir aux rapports que nous entretenons avec eux. Si l'être humain accorde aux animaux le statut d'être vivant, il leur refuse celui d'être. Asservi à l'espèce humaine, source de nourriture, de compagnie ou de distraction, l'animal est une bête, dont la vie ne vaut pas grand-chose si ce n'est celle que les humains veulent bien lui accorder.

Lorsque j'ai refermé ce roman, j'étais dans le train pour Paris, en route pour la rencontre organisée par l'équipe des 68 premières fois. Rencontre où était invité Camille Brunel. J'ai eu l'occasion de lui parler quelques minutes, mais je n'aurais pas su lui dire à quel point la lecture de son livre m'avait bouleversée, bousculée, métamorphosée peut-être… Plusieurs mois après, les émotions sont toujours aussi fortes. Entre émerveillement et terreur… et espoir qu'un jour, l'équilibre soit rétabli, sans en arriver à une disparition de l'espèce humaine.
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Dans la lignée de Rhinocéros de Ionesco, de la Métamorphose de Kafka et surtout De Lautréamont, Les Métamorphoses de Brunel nous plonge dans un monde inquiétant, ou chacun, a priori sans raison apparente se transforme risque de se métamorphoser en animal, grue, ours, fauve... Ce livre interroge notre rapport au monde animal de manière inquiétante, où l'absurde, invraisemblable, suscitent souvent des sensations de malaise. A lire si vous avez le coeur bien accroché et surtout jusqu'à la fin pour découvrir une chute surprenante et savoureuse!
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Entre fable et anticipation, cette fiction bizarre et quelque peu échevelée (bien qu'il y soit pas mal question de poils et de plumes) propose une sorte de synthèse apocalyptique de nos impasses anthropocènes. On y retrouve bien une Pandémie (avec un grand P car suprême et au summum de l'absurde) sur fond d'apothéose du Féminin et de vacuité numérique. Devant le déni écologique réitéré, la sauvagerie a le dernier mot. Miroir, malaise... et capitulation ?
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Une drôle d'épidémie se répand dans le monde, les hommes se métamorphosent en animaux (poissons, oiseaux, insectes, mammifères, n'importe lequel).

C'est une idée originale et qui sert la cause animale d'une manière peu banale.

L'auteur débute son roman en se focalisant sur une famille, celle d'Isis, une jeune femme végane hyperconnectée amoureuse de son chat qu'elle veut empêcher de chasser (un poil caricatural, non ?) et il nous abreuve de noms et de liens familiaux qui nous perdent immédiatement. J'ai dû tout reprendre et dresser l'arbre généalogique de la famille pour comprendre de qui on parlait à chaque prénom évoqué. Ça a commencé à me refroidir.

Et puis les métamorphoses ont débuté, se sont multipliées, certaines décrites avec talent. La société vit un retour à la nature, ce qui n'est pas sans poser quelques questions. Assiste-t-on à une revanche de la nature sur l'homme ? Doit-on tuer les animaux qui sont, en fait, d'anciens humains. Et de quel droit épargnerions-nous les uns au détriment des autres ? Peut-on écraser sa mère d'un coup de chaussure ? Les animaux sont des êtres vivants qu'il convient donc de respecter, mais quand ils pullulent et dépècent et tuent, que doit-on faire ?

Certes, l'écriture est belle, la fin est plutôt bien trouvée, on termine sur une très belle scène, très esthétique. Mais, j'ai trouvé le démarrage trop long, et le traitement du sujet un peu léger (quand on a lu L'aveuglement de Saramago, qui décortique les réactions des uns et des autres, on reste un peu sur sa faim avec ce roman-là).

Un roman fantastique mâtiné d'écologie qui ne m'a pas vraiment conquise.
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L'histoire débute au beau milieu d'un repas de famille. Dîner tumultueux entre les carnivores et les végétariens. Isis et sa chatte Dinah sont au coeur du débat et s'agacent de ne pas être entendues ni écoutées. Quelques jours plus tard, le monde s'affole. Une pandémie sévit. Les êtres humains se transforment en animaux toutes espèces confondues. Impossible d'en connaître l'origine mais le règne animal semble prendre l'ascendant. Il devient d'ailleurs difficile de faire la différence entre l'animal « de naissance » et l'homme devenu animal. C'est la débandade offrant d'ailleurs quelques scènes plutôt comiques. Un homme écrase volontairement une araignée. Son père réplique : « mais non !!!! Tu viens de tuer ta mère ». Au milieu de cette folie, Isis essaie tant bien que mal de s'en sortir et de protéger ses deux nièces. Les membres de sa famille se transforment les uns après les autres. Camille Brunel y glisse également les réseaux sociaux, rare lien qui unit les êtres entre eux. Réseaux pris d'assaut pour partager les vidéos et photos de transformation puis petit à petit délaissés. Il n'y a plus personne au bout du clic ! Un roman complètement fou et délirant qui laisse entrevoir une pointe d'actualité avec ce que nous vivons en ce moment
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Par les yeux fascinés d'une jeune femme vegan et de sa chatte Dinah, le lecteur découvre une fable apocalyptique : les humains se transforment en animaux, des plus inoffensifs au plus féroces.
Plusieurs hypothèses tentent de répondre à cette épidémie.
- Les animaux sauvages envahissent les villes pour survivre.
- Un virus ( transporté par un animal) est en circulation ou une expérience sur les animaux a mal tourné.
- La nature se venge et touche essentiellement les hommes qui sont prédateurs par nature.
Pour Isis, la perspective de devenir un animal apparaît plutôt séduisante, mais petit à petit, l'auteur rend ces métamorphoses totalement anxiogènes, notamment lors d'une séquence qui relate un accouchement.
Isis et sa compagne imaginent alors l'émergence de gynecees où régnerait la "femina sapiens".
Mais Camille Brunel balaie toutes ces hypothèses, avec un humour grinçant.
La nature reprend ses droits. Définitivement.
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Un grand merci à Babélio et à Alma éditions pour l'envoi de ce livre, dans le cadre de « masse critique » de septembre. Et merci pour la carte postale (rebaptisée « grue Antigone ») que j'ai trouvée très chouette, une petite attention supplémentaire que j'ai beaucoup appréciée, merci !

Alors j'avoue que c'est un livre que l'on lit plutôt facilement, mais qui, lorsqu'on l'a terminé, questionne beaucoup…
Au départ, c'est l'histoire d'Isis, une végane qui vit seule avec sa chatte Dinah qu'elle bichonne et qu'elle traite comme sa fille. Isis est une hyperconnectée et ne manque pas une occasion de commenter ses journées sur les réseaux. Un jour, dans son jardin, apparaît une « grue ». Incident un peu bizarre qu'elle va s'empresser de transmettre sur internet et de commenter.
Puis, Isis va à un baptême, elle devient marraine. On nous présente donc sa famille, pendant un repas où les retrouvailles sont l'occasion de questionner sur la vie d'Isis, le fait qu'elle soit végane, qu'elle prenne Dinah pour sa fille alors que ce n'est qu'un chat, etc. Tout à l'air plutôt normal, comme dans un vrai repas de famille. Les tensions sont palpables, mais tout se passe bien.
Et là, lorsque l'oncle de la famille disparaît à la fin de la journée, on se rend compte que c'est le début d'une série de disparitions humaines qui sont, en fait, des métamorphoses d'humains en animaux.



L'auteur s'amuse aussi avec les mythologies : Isis, Antigone, gynécée, Mayas, … N'étant pas une spécialiste, il y a certainement plein de clins d'oeil que je n'ai pas repérés ! Mais j'avoue que le titre m'a tout de suite fait pensé aux « métamorphoses d'ovide ». Naissances, renaissances, c'est peut-être aussi un peu le thème de ce livre, en tout cas, je pense qu'on peut l'aborder ainsi.

J'ai eu du mal à me faire aux différents points de vue : parfois, c'est Isis qui donne son point de vue, parfois un narrateur… Et j'avoue que ça m'a laissée perplexe car je n'ai pas vu pourquoi il était nécessaire d'opérer ce changement, peut-être pour un changement de regard sur un monde en transformation ?

J'ai beaucoup aimé les questionnement sur « alors, il est devenu quoi ? », « alors, tu veux devenir quel animal ? ». Sur le moment, on se pose les même questions, et avec le recul, on se demande vraiment si ces questions sont pertinentes dans la situation, si on serait prêt à se poser les mêmes questions si on devait se transformer en animal...

Et puis, c'est au final, tout un questionnement sur notre monde, et sur la cause animale, sans jamais vraiment citer ce mot. C'est notre vie humaine qui est transformée en vie animale. Cela permet de poser une réflexion sur la liberté des animaux, sur le rapport des humains et des animaux (comment les humains perçoivent les animaux et comment les animaux nous perçoivent). Et j'ai trouvé cela réussi, même s'il est, je pense, nécessaire de laisser le livre "agir" après lecture.

J'ai trouvé qu'il y avait une prouesse à parler des liens entre humains et animaux et de la cause animale en livrant ce récit apocalyptique.
Laissez-vous surprendre !
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"Les métamorphoses" ! Titre inspiré et inspirant, même avant d'en découvrir le quatrième de couverture, clin d'oeil à "La métamorphose" de Kafka ?


Une fois lu je peux dire que pour moi c'e n'est pas un clin d'oeil mais un hommage à Kafka, qui a sa propre identité et m'a transporté le temps de 200 pages pleines de réflexions sur la vie, sur l'humanité (ou l'inhumanité des hommes), sur la condition animale et la violence qui peut l'entourer comme les abattoirs ou la chasse, sur l'écologie, sur la consommation de viande, sur la famille, sur l'amour filial ou encore l'amour des animaux.


Entre roman apocalyptique mettant en scène une pandémie des plus originales et conte écologique et féerique à la plume précise, claire, presque académique, insufflée d'un zeste de modernité, une écriture parfaitement dosée.


Des personnages que l'on prend vraiment plaisir à suivre, des tournants inattendus, d'autres plus prévisibles mais qui nous donnent une véritable satisfaction, comme s'il ne pouvait en être autrement, et une fin des plus poétique.


Si un jour cette histoire se produit, je me dis que je souhaiterai
être un chat.


Je n'ai qu'une envie, découvrir le précédent roman de l'auteur "La guérilla des animaux".
Ce livre est un indispensable de cette rentrée littéraire 2020.
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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Le thème d'une transformation soudaine et très rapide des humains en animaux et insectes, surtout les hommes semble-t-il mais des femmes également, aurait pu développer un bon roman fantastique, mais il sert surtout à matraquer sans cesse féminisme, véganisme, lesbianisme, avec une mièvrerie plutôt agaçante de l'héroïne principale Isis, focalisée sur la relation sentimentale qu'elle croit vivre avec Dynah, sa chatte. Celle-ci lui donnera la preuve que la gamelle est son principal centre d'intérêt.

Par moments, le roman tente de devenir thriller, avec les affres de ces métamorphoses vécues par certains, ainsi qu'un peu d'aventure dans la rue pour Isis et deux fillettes, mais cela ne dure que quelques courtes pages.

C'est donc une assez lassante réflexion métaphysique qui mélange tout : machisme, féminisme, sexualité, réactions de l'enfant, de l'adulte et de l'animal, nature, écologie, l'ensemble faisant un petit pschitt.
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Merci à Babelio et aux éditions Alma pour cet envoi dans le cadre de l'opération Masse critique.
Les Métamorphoses m'ont beaucoup plu pour au moins deux choses essentielles:
- d'abord c'est bien écrit , contrairement à trop de romans d'anticipation qui compensent une forme aride par un déluge de technique, la plume de Camille Brunel est belle.
- Ensuite, ce jeune auteur "animaliste" a réussi a me sortir de ma zone de confort, à me forcer à changer de point de vue, à m'étonner, à me faire réfléchir sur nos rapports aux animaux et avec les animaux, sans être un brûlot dogmatique (sans quoi je l'aurais refermé aussi sec).
Les Métamorphoses racontent, du point de vue d'une végane, les conséquences d'une mystérieuses pandémie qui change les humains en animaux. Les conséquences mais aussi les éventuelles causes.
J'ai détesté Isis, le personnage principal, qui prétend adorer les animaux mais traite sa chatte en geôlière nazi qui prend plaisir à annihiler l'identité de sa prisonnière mais bon... vu le nombre croissant de végans et d'antispécistes dans nos sociétés, il va bien falloir débattre avec eux ainsi qu'avec les tenantes d'un féministe misandre.
Bref, c'était très intéressant.

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