Et que dire du féminin ? Oh ! le féminin, quel rôle immense il joue chez le peuple canadien, évidemment le peuple le plus galant de l'univers ! Non seulement il nous empoigne par les fibres les plus intimes de notre être, mais il nous empoigne encore par la langue dans presque tout ce que nous disons, et par les doigts à chaque mot que nous écrivons.
Nous sommes infestés par l'anglicisme ; l'anglicisme nous déborde, nous inonde, nous défigure et nous dénature. Ce qui pis est, c'est que nous ne
nous en doutons pas la moitié du temps, et pis encore, c'est que nous refusons même, dans l'occasion, de reconnaître ces anglicismes, quand ils nous sont signalés. Nous sommes tellement habitués au mélange des deux langues, française et anglaise, que nous ne faisons plus de différence et que nous ne reconnaissons plus le caractère, la nature propre de chacune d'elles.
Il faut porter à son pays un dévouement intense comme l'est le mien pour entreprendre cette campagne qui, après tout, ne me rapportera que des récriminations, des protestations, peut-être même des invectives, et, à coup sûr, de l'ingratitude ; mais j'ai appris dans le cours d'une carrière, qui compte déjà par quelques états de service, à ne jamais me laisser détourner d'un but à atteindre, quand ce but est légitime, louable, et mérite les efforts que l'on fait pour l'atteindre.
Les journaux, les traductions, les pratiques légales ont été les trois grands ennemis de notre langue ; ils l'ont corrompue, ils l'ont rendue méconnaissable.