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4,01

sur 970 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'orange mécanique est un film que j'aime bien. J'avais bien accroché pendant ma période ado rebelle. Aujourd'hui je l'aime toujours autant, mais j'ai cessé de le regarder en boucle.

À l'époque, j'ai foncé sur ce livre avec beaucoup de curiosité. Je pensais que la langue bizarre du film avait était inventée par ce bon Stan. Que nenni ! C'est bien l'auteur qui a inventé une langue rien que pour nos héros, en en mélangeant 2. Je me souviens que c'était laborieux et que ça avait fortement ralenti ma lecture, au point de mettre plusieurs semaines à lire ces 214 pages. Le nadsat, c'est compliqué. Autant dire que j'allais vers cette relecture à reculons. Je pense que ces 10 bonnes années entre ces lectures m'ont permis d'acquérir un peu de sagesse. Ça a été une surprise de constater que passées les premières pages, et passées les premières lignes à chaque fois que je reprenais le livre, je n'y faisais plus attention. Comme lorsque je lis un livre en anglais, je me concentre sur le contexte et le sens général plutôt que de m'attacher au sens précis de chaque mot.

Aujourd'hui, je comprends mieux l'oeuvre (du moins, je pense). Je comprends que c'est une dystopie, et que c'est une histoire inventée (même si le monde actuel ne tourne pas beaucoup plus rond que celui inventé par Burgess). Ça explique aussi les fringues bizarres (celles qui ont fait une partie du succès du film ne figurent pas dans le livre). Et surtout, ça met de la distance entre le lecteur et la violence décrite. Je comprends aussi que ça parle de choix. Le choix d'être bon ou mauvais opposé au fait de forcer un être humain a être bon.

L'amour de ce héros pour la musique classique et ce bon vieux Ludwig van soi-même m'a beaucoup touchée. Le fait qu'on l'utilise contre lui aussi. J'ai fini par éprouver de l'empathie pour cet humain qui n'en porte que le nom. C'est un monstre et pourtant, je souffrais pour lui. Est-ce que ça veut dire que moi-même je suis humaine ?
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Même si le livre commence à dater il reste très intéressant dans sa dimension sociale (la banlieue, la violence sociétale) et philosophique (l'humain et sa possible liberté de choix, thème cher à Burgess, entre bien et mal dans Orange mécanique).
Le roman reste moderne et lisible dans le sens où il n'est d'anticipation que dans le domaine sociétal, restant factuel pour le reste, la montée de la violence gratuite et juvénile étant pregnante et devenue un thème majeur depuis lors.
L'humour intrinsèque et le cynisme d'Alex, se posant régulièrement en victime, donnent le ton particulier du livre qui n'est jamais un pensum manichéen et moralisateur à l'écriture lourde.
Par rapport à l'écriture justement, qui fait la spécificité de l'oeuvre, la surexploitation de l'argot complètement inventé (d'inspiration slave) rend la lecture un peu cahotique au début et renvoie toutes les deux lignes les premières pages au glossaire, puis l'on s'y habitue vite et le texte devient compréhensible sans plus hacher celle-ci (choisir une version avec le glossaire...).
Le roman est bien fait, et le film qu'en a tiré Kubrick est à la fois fidèle et plus complet à mon avis, plus machiavélique ; les deux sont à connaître.
Une oeuvre majeure, à la rédaction particulière et instantanément reconnaissable, avec l'humour distancié de Burgess, qui s'impose comme un auteur important du siècle dernier.
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La violence devenue esthétique, sans but, gratuite…pour la beauté du geste !
L'orange mécanique, paru en 1962, est un roman visionnaire si l'on considère l'état de nos sociétés occidentales, lesquelles ont normalisé ladite violence, considérée comme une fatalité avec laquelle il faut composer.
Alex, le « héros » du livre, débride ainsi tous ses instincts, se joue des règles de vie en communauté, parle, avec ses drougies, sa langue propre – le Nadsat – pour creuser encore sa différence.
A cette violence répond celle, institutionnelle, de l'Etat, pour qui peu importent les moyens, seul le résultat compte.
Alors Alex est-il plus ou moins coupable que la société, capable à son tour de violences inouïes et surtout de générer des êtres tels que lui ? Si Burgess nous incite à ce questionnement, je m'y refuse car l'homme est doué de raison, donc de libre-arbitre. Quels que soient les cahots du « chemin de notre vie » (Dante), nous avons le choix de succomber à nos pulsions ou de les juguler.
Aussi, la rédemption d'Alex me semble une excuse trop facile, et je préfère de loin le parti-pris de Kubrick dans son adaptation au cinéma : Alex ne peut changer car – et c'est peut-être insupportable à entendre pour beaucoup – il aime sincèrement nuire.
Il n'en reste pas moins que le texte de Burgess est assez dérangeant et d'une grande maîtrise pour mériter le nom d'oeuvre littéraire majeure.
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Dans ma quête de lecture des classiques littéraires, je réalise que de nombreux textes ont été adaptés au cinéma. Et ma passion pour les films, rejoignant celle pour les livres, il s'avère que j'en ai vu beaucoup avant de les avoir lu.

Que dire d'un livre, dont on a déjà vu l'adaptation cinématographique ? Que l'on a préféré le texte, Que malgré le travail remarquable de Stanley Kubrick, l'écrit est meilleur ? Certes, on pourrait ne dire que cela tant c'est vrai pour ce roman !

Ce roman est un véritable coup de poing. C'est une brique que l'on lance dans la mare et qui éclabousse tout sur son passage. Ce roman comme le film va donner une vision ultra violente dans un monde futuriste où cette violence est devenue omniprésente. Sur ce point, le film a bien conservé cette idée, de violence, de jouissance, de liberté sans limites où tout peut être possible, même ce qui est le plus dégradant pour l'homme.

Mais retournons au livre, puisque c'est de lui qu'il s'agit aujourd'hui. Dans cette histoire, c'est Alex que l'on va suivre, mais ici il a 14 ans. Bien trop jeune pour amener toute cette violence qui va le précéder. Dans ce monde futuriste, où la violence est devenue commune, notre jeune protagoniste va nous dresser son parcours entre viole, torture et autre méfaits qui semble lui procurer la plus grande joie.

L'auteur nous livre un texte où la violence et normal : elle ne semble pas liée à la moralité. D'ailleurs ça tombe bien, puisque Alex n'en a aucune. le bien et le mal ne font aucune différence pour lui, seul son plaisir compte. Mais ce qui est impressionnant c'est le travail de l'auteur. Pour appuyer son propos il a inventé un langage parlé par les « jeunes ». La violence des actes est donc directement répercutée par le « parlé » inventé ici. Tout nous est créé pour en faire un monde où la violence à tout recouvert.

Les premières pages sont donc déroutantes, car il faut s'habituer à ce langage. Mais très vite cela rajoute à la violence des maux. Une violence dans les actes et dans la parole. Un roman qui nous montre un futur qui fait frémir. L'ultra violence qui s'impose dans ce roman nous plonge dans un avenir qui semble si proche. Une porte ouverte terrifiante qui pourrait nous plonger dans un monde sans foi ni loi. Notre société résonne dans ces pages, toute notre vie se ressent et nous plonge dans l'horreur.
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Dans un futur proche, Alex et ses drougs sont adeptes d'ultra-violence. Ils terrorisent les habitants à coups de battes et de bien d'autres choses. Mais un plan est mis en place afin de “détruire” le mal et la violence chez les individus, et Alex en sera le cobaye.

J'ai été assez circonspecte dès le début du livre. En effet, on est introduit directement dans le récit avec une langue inventée par l'auteur : le Nadsat. Un mélange de plusieurs langues qui crée un argot propre aux jeunes de cette dystopie. Une entrée en matière assez perturbante dès le début qui instaure dès lors un détachement par rapport à l'histoire et aux personnages. À force de “pratiquer” et de lire cet argot, on l'intègre et la lecture est moins fastidieuse. Ce qui est intéressant dans le choix de créer cet argot, c'est qu'elle met un voile sur les actions atroces d'Alex et ses comparses. Les violences sont décrites avec cet argot, les rendant plus faciles à supporter et créant une frontière entre nous et ces actes. Cet argot, uniquement utilisé par la jeunesse ou par des individus malfamés, permet aussi d'appuyer la rupture entre la jeunesse violente et sans-souci et le monde adulte avec des responsabilités et ayant d'autres priorités au-devant de l'avenir.

J'ai vraiment apprécié ce roman à partir du moment où est introduite l'idée de plan pour ramener les délinquants vers le bien. S'entame une vraie réflexion autour du bien, du mal et du libre-arbitre. Sommes-nous humains grâce à notre libre-arbitre ? Doit-on forcer les gens aux biens et ne pas leur permettre de choisir ? L'homme est au final constitué de violence et cette violence est choisie par lui-même. le choix est primordial dans la construction d'un homme et de son humanité, que ces choix soient bons ou mauvais. Quand on enlève cette possibilité de choix, on rend l'homme « mécanique », d'où le titre. Alex incarne parfaitement cette idée du début à la fin. Ces thèmes et ces réflexions ont été le point culminant de ma lecture et de mon appréciation pour celle-ci, et j'ai compris pourquoi ce livre est souvent érigé comme monument contemporain !

Pour conclure, j'ai eu du mal à m'aventurer dans le récit, freiné par cet argot que je ne connaissais pas, par la personnalité et les actions d'Alex. Néanmoins, plus le récit avançait, et que les réflexions se plaçaient, plus j'ai aimé ce roman et que j'ai compris son ampleur et son importance dans la littérature contemporaine. À la fois par l'originalité de son écriture, mais également de ses thèmes et de son histoire.
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Un holocauste dévastateur assumé jusqu'à l'ivresse par une jeunesse débridée, méprisant la récurrence d'une éthique basée uniquement sur les apparences.

Le côté obscur de l'individu se libère en se valorisant dans le vandalisme spontané, l'ivresse des coups et la possession des corps.

Un nouveau monde s'ouvre, se possède et se détruit sans pitié en s'acharnant sur des entités opportunistes, sans envergures, dépendantes d'intérieurs froids et luxueux, parsemés de toiles et de bibelots décadents défendus bec et ongles contre l'assaillant.

L'opus dénonce de manière austère et euphorique toutes formes d'aliénations débordantes ou récupératrices qu'elles soient délinquantes, policières, juridiques, psychiatriques ou religieuses.

Une entreprise de démolition s'acharnant sur le voyou laminé sans pitié par un système adepte du cobaye sous électrodes et du magistrat machiavélique.

Le dégénéré en réinsertion, anéanti par la force des images qu'il visualise vomit la violence qu'il a fait subir à ses contemporains.
On soigne le mal par le mal.

Une osmose en miroir entre voyous et psychanalystes employant les mêmes règles de sauvagerie ou de recadrage.

Détruire ou soigner. La particule et son antiparticule, deux modèles opposés mais s'acharnant sur leur environnement avec la même force.
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Lu il y a déjà quelques années mais j'en garde un excellent souvenir, souvenir sublimé par le film de Kubrick.
C'est ultra-violent mais il y a plus que ça, malgré une ambiance pas franchement réjouissante le roman est parsemé d'un humour ravageur. Par contre l'écriture en nadsat (un argot anglo-russe inventé par l'auteur et parlé par Alex et ses sbires) est un peu déconcertante mais on s'y habitue.
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Moi qui adore les films de Stanley Kubrick, je n'avais pas trop aimé le film « La mécanique orange ». C'était bien sûr un beau film, Kubrick n'était pas capable d'en faire un qui ne serait pas bon. Mais pourtant, quelque chose semblait clocher. La succession des scènes, la façon dont l'histoire est racontée… ça ne m'a pas vraiment emballé.
J'ai lu le livre après, et je le trouve vraiment meilleur. J'aime le style, y compris le langage que parle Alex avec les membres du gang (j'ai lu le livre en anglais). Par contre, c'était parfois très violent, heureusement qu'il y avait un humour qui a fait que j'ai pu continuer. Ce n'est pas le genre de livre que je lirais régulièrement, trop violent pour moi.
Le scénario est aussi beaucoup mieux décrit que dans le film, dans le livre tout collait bien.


Même les thèmes sont beaucoup mieux exposés dans le livre. Il y a l'agression gratuite, les psychopathes, les gangs, ce qui est une critique de la société, et qui reste hélas très actuel (qui devient chaque jour plus actuel avec le problème de surpopulation). Il y a aussi le conditionnement comme thérapie, qui est un thème intéressant à étudier. C'est pourquoi ce vingt-et-unième chapitre est très intéressant. Faut-il l'ajouter ou pas ?
Pour autant que je sache, ces méthodes ne fonctionnent que quand le sujet le veut lui-même. Et peut-être aussi lorsque leur traumatisme n'est pas assez grand. Les hypnotiseurs savent bien qu'ils ne peuvent pas hypnotiser quelqu'un si cette personne ne le veut pas. Une avocate aux États-Unis, experte en violeurs et tueurs en série affirme que les vrais durs de durs ne peuvent changer ou être changés. Toutefois, si on peut aider les autres, cela mérite l'étude.


Mais au final, ni le livre, ni le film n'avancent une vraie solution à l'agressivité de l'humanité, du cerveau humain dans son entièreté, ou n'essaie de l'aborder, et à cause de cela, le problème de notre conditionnement collectif n'est pas abordé en profondeur non plus. C'est sans doute cela qui me déçoit quand même dans le livre - sans une vraie profondeur, c'est un très beau livre. Sans plus, oui. Mais, très beau, c'est beaucoup, tout de même.
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Il faudrait être complètement bézoumni pour lire ce roman rempli de violence tzarrible dans lequel on ne peut plus se bidonsker à cause des milichiens.
Dès le début, il faut s'accrocher et pas seulement à cause du langage utilisé par Alex et ses drougs pour le moins déroutant et je dois l'avouer, qui rend la lecture loin d'être aisée. Mais cette écriture codée reste pourtant insuffisante pour masquer la violence inouïe qui transparaît dès les premières lignes.
Une violence qui semble malheureusement être devenue banale pour Alex notre « Humble Narrateur' qui « n'a pas 15 ans ». Une violence brute, aveugle, hors normes qu'il exerce avec les membres de sa bande qu'il appelle «ses drougs». Ensemble, il écume les rues et les maisons à la recherche de sensations fortes qu'ils exercent sous forme de rapines, de viols et de destructions. Mais lorsqu'une de leurs escapades tourne mal et qu'Alex est laissé par ses drougs, c'est en prison que le jeune homme se retrouve où il devra subir la violence quotidienne du monde carcéral.
Alors quand après deux ans d'enfer, on lui propose une porte de sortie, Alex s'empresse d'accepter. Devenu le cobaye d'une expérience gouvernementale destinée à ‘guérir la violence' par des méthodes s'assimilant à de la torture, à coups de films violents et de musique classique. Alex en sort complètement bouleversé et reconditionné. Il est devenu une « orange mécanique » comme le titre du roman de l'homme qu'il a violenté lors de ses nombreuses sorties meurtrières. Désormais sans repères et sans foyer, Alex se retrouve totalement démuni et devient la victime de son passé.
Roman dystopique d'Anthony Burgess dont on ne peut sortir qu'ébranlé par cette apologie de violence. Une violence inacceptable qui accompagne le lecteur du début à la fin et qui communique un véritable sentiment de malaise. Une violence ‘soignée' par une autre violence, celle qui prive Alex de la liberté de choisir.
Comme le dit si bien l'auteur : « Quiconque est incapable de choisir cesse d'être un homme. »
L'adaptation cinématographique de Stanley Kubrick date des années 70 et j'avoue ne pas être trop pressée de comparer le film au roman éponyme. Âmes sensibles, s'abstenir!
Lien : https://clubdelecture.tubize..
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Difficile de donner une note à un tel livre.
Il a manqué au départ de me tomber des mains. Les deux premiers chapitres environ, ne sont en effet que violence, enchaînement de bagarres et de viols décrits et commentés dans un langage tripatouillé à l'extrême. Même si l'on s'attend à la violence lorsque l'on connait le livre de réputation, même si le but est de présenter le personnage principal comme pourri en profondeur, c'est un peu long... le langage rend également l'amorce difficile. Il donne au départ l'impression d'une simple triche artificielle, plus encombrante qu'autre chose. On est d'autant plus frustré qu'évidement il s'agit là de traduction.
Et puis finalement peut être un peu conditionné, un peu intrigué, puis prit par ce langage tordu et bizarroïde on va au bout et d'ailleurs on se surprend à presque parler cette langue dans notre tête Ô mes frères.
Et ça vaut le coup, le livre est intelligent, sa façon de questionner la liberté, le bien, le mal et leur ambiguïté, la violence et son absence de remède assez géniale et dérangeante comme il faut.
ATTENTION
SPOIL
SPOIL
SPOIL
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Et si la violence peut bien sembler être un symptôme, un signe indécrottable d'une société suffisamment libre pour laisser le choix, même celui du mal, je trouve que la touche positive du final, la tentation de faire se ranger le petit Alex et de mettre tous ses méfaits sur le compte de la jeunesse ne convainc pas.

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