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EAN : 9780007523092
336 pages
William Collins (26/02/2015)
3/5   2 notes
Résumé :


La machine de pillage
Warlords, Tycoons, contrebandiers et le vol systématique des richesses de l'Afrique


Africa: the world’s poorest continent and, arguably, its richest. While accounting for just 2 percent of global GDP, it is home to 15 per cent of the planet’s crude oil, 40 per cent of its gold and 80 per cent of its platinum. A third of the earth’s mineral deposits lie beneath its soil. But far from being a salvatio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'Afrique, dit-on, va mieux. Tel n'est pas le constat dressé par Tom Burgis au terme du voyage auquel il nous convie dans un continent frappé par la malédiction des ressources naturelles (« resource curse »). L'Afrique subsaharienne possède 15 % des réserves mondiales de pétrole, 40 % des ressources en or, 80 % des ressources en platine ; elle ne représente pourtant que 2 % du PNB mondial. Ses richesses naturelles l'ont paradoxalement appauvrie. Cette causalité contrintuitive s'explique : l'exportation massive de matières premières entraîne la hausse de la monnaie et détériore la compétitivité du secteur manufacturier qui conduit à la désindustrialisation de l'économie, à la mono-spécialisation et accroit la vulnérabilité aux variations des cours internationaux. C'est la maladie hollandaise (« Dutch disease ») ainsi baptisée suite aux effets sur l'économie néerlandaise de la découverte d'immenses réserves de gaz naturel dans le nord du pays à la fin des années 50.
Cette surabondance de ressources naturelles a des effets politiques tout aussi malheureux. Leur vente génère une rente qui est captée par une minorité auto-suffisante. Cette manne lui évite de lever l'impôt, rompant du même coup le lien social entre gouvernants et gouvernés. L'exercice du pouvoir n'a plus pour but la satisfaction du plus grand nombre mais l'enrichissement des gouvernants. C'est la « politique du ventre » de Jean-François Bayard – qu'ignore Tom Burgis – ou la survie des obèses (« Survival of the fattest » – qu'il source. Cet accaparement des richesses explique que les pays frappés par la malédiction des ressources naturelles connaissent une croissance très inégalitaire. Leur PIB croît et leur PIB/habitant aussi ; mais la pauvreté ne recule pas.
La Guinée équatoriale incarne à la caricature ce biais (p. 212). le pétrole y représente 75 % de son PIB, 90 % des ressources publiques, 98 % des exportations. Son PIB/habitant a explosé, approchant les 30.000 $ le rapprochant du niveau de l'Espagne ou de la Nouvelle-Zélande. Pour autant, cette croissance est inégalement répartie. Tandis que le président Obiang (au pouvoir depuis 1979) et sa clique accaparent la rente pétrolière, le reste de la population survit dans la misère. le pays se classe au 136ème rang mondial de l'index du développement humain du PNUD, derrière le Guatemala où le PIB/habitant n'est que de 5.000 $. L'espérance de vie y est de 51 ans seulement, au même niveau qu'en Somalie.

Journaliste d'investigation au Financial Times, successivement basé à Johannesburg, à Lagos et aujourd'hui à Londres, Tom Burgis nous livre le fruit de ses enquêtes. D'Angola au Niger, en passant par la Zambie, la RDC et le Nigeria, la « machine à piller » a bien des ressorts. Elle n'est plus seulement occidentale, la Chine prenant désormais sa part dans le pillage systématique des ressources naturelles. Avec une ténacité obsessionnelle, Tom Burgis traque un de ces entrepreneurs chinois sans foi ni loi, Sam Pa, le mystérieux président de Queensway Group, un conglomérat aux investissements opaques. Les Africains ont aussi leur part de responsabilité que l'auteur dénonce en décrivant les différentes variantes de kleptocraties africaines : « cryptocratie » dans un Angola dominé par le culte du secret, « contractocratie » dans un Nigeria miné par les trafics d'intérêt ...
Au risque de nous perdre dans la description millimétrique de montages financiers d'une incroyable complexité, Tom Burgis donne de la chair à la malédiction des ressources et un visage aux capitaines d'industrie, seigneurs de la guerre et trafiquants qui en sont responsables.
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