AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,08

sur 468 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En matière de polars, il y a les auteurs dont nous achetons tous les livres, dont nous suivons avec fébrilité les publications annoncées et qui font déborder nos étagères, nos PAL et nos pense-bêtes. A l'opposé, il y a les auteurs dont les livres, depuis des années, nous font comme un clin d'oeil appuyé depuis les étals de nos librairies préférées, et pour lesquels, à chaque fois, nous nous disons à nouveau « ce sera pour une autre fois, soyons raisonnable, j'ai de toute façon dans ma PAL de quoi lire jusqu'en 2020 à raison de 40 livres par an (faites le calcul, c'est mon cas hélas) ».

Jusqu'à une date récente, James Lee Burke faisait partie des auteurs de la seconde catégorie.

Mais dans le cas présent, le grand type qui me faisait de l'oeil depuis sa couverture (si j'ose dire), avec sa silhouette dézingandé, déganzingué… désarticulée et nonchalante, avait tout de Tommy Lee Jones, le front soucieux, le sourcil préoccupé, la grimace révélant un certain accablement devant tant de malheurs en ce bas monde, mais aussi l'éclat de son étoile de shérif-adjoint fixée au ceinturon, permettant d'identifier à coup sûr le célèbre Dave Robicheaux en train d'émerger de la brume électrique des bayous louisianais.

Une seule couverture pour deux Lee, me voilà dans de beaux draps, me dis-je, et dans un titre qui de plus parle de Confédérés, on peut aussi imaginer le général Lee tapi en embuscade. C'est donc une coalition De Lee ligués qui entraîna ma décision d'acheter le livre, et tant qu'à lire du Lee Burke, autant commencer par le plus connu.

Ce bon vieux Dave irait bien refaire un tour du côté du delta de l'Atchafalaya, non pas pour revoir son premier amour qui lui donnait rendez-vous sous le chêne… mais pour tirer au clair une vieille affaire de lynchage d'un Noir dont on aurait retrouvé le cadavre momifié (sous les chaînes). Il ne voudrait pas refaire le chemin à l'envers, et pourtant, taraudé par un sentiment de culpabilité pour n'avoir pas osé dénoncer un crime dont il a peut-être été le témoin dans son enfance, il n'aura de cesse de recueillir les témoignages sur ce drame que tout le monde souhaite oublier.

En parallèle, Dave enquête sur un tueur en série dont l'identité demeure mystérieuse, se lie d'amitié avec un encombrant mais attachant couple d'acteurs hollywoodiens portés sur la bouteille, venus tourner dans la région un film sur la guerre de Sécession, est au petit soin avec sa famille proche, une sorte d'inventaire à la Prévert comportant une fille adoptive et un raton laveur, et s'amuse à jouer au chat et à la souris avec une grosse pointure de la mafia locale, son ami d'enfance Julie Balboni, fréquentation pas très fréquentable, soupçonné de tous les mauvais coups et assez bizarrement producteur du film en cours de tournage dans les bayous.

Tout cela suffirait amplement, après mixage des scènes extérieur nuit et intérieur jour, des travellings sur les bayous, les rues poussiéreuses et les façades des bars à jazz de New Iberia, à générer une excellente ambiance de polar, mais Burke ajoute à cela encore deux touches personnelles.

La première est la touche poétique décrivant le climat particulier de la Louisiane : l'humidité saturée, le frémissement « électrique » de l'air, le grondement du tonnerre, l'éclat des éclairs, les pluies torrentielles… qui annoncent et soulignent les effets tragiques et n'épargnent aucun des personnages, condamnés à ruisseler (au choix, de pluie, de sueur ou de larmes).

La seconde est le recours au surnaturel, que l'on peut regretter mais qui donne incontestablement au roman une tonalité poétique, un supplément d'âme, un caractère unique, un sentiment d'irréalité, un frisson d'inquiétude et de peur indicible, ok j'arrête là, avec l'apparition (sans autre témoin que l'ami Robicheaux) d'un officier sudiste accompagné de sa troupe, le général John Bell Hood, mort et enterré depuis longtemps, qui semble jouer le rôle de la conscience de Dave. Hallucination ? Personnage imaginaire ? Ou fantôme existant bel et bien en dehors des pensées de Dave Robicheaux et visible seulement par lui, comme les morts surgissant brusquement devant Cole Sear, le gamin médium de 6ème Sens ?

Quelques indices corroborent le caractère fantastique de ces apparitions, mais les éléments les plus bizarres peuvent toujours s'accommoder d'une explication rationnelle, même tordue, en cherchant du côté de l'autosuggestion. le choix du genre littéraire est donc à mon avis laissé au lecteur.

N'ayant pas (encore) vu le film de Bertrand Tavernier, je ne m'aventurerai pas à suggérer des comparaisons oiseuses entre le film et le livre, et encore moins à provoquer des débats pour savoir lequel, du roman ou de son adaptation, est le plus réussi des deux. La bande annonce est visible sur Babelio (merci qui ?) et elle est suffisante pour donner une idée du « climat » présent dans le film comme dans le livre.

Ce qui est sûr en revanche, c'est que cette première lecture donne envie de connaître un peu plus les romans de James Lee Burke et son personnage Dave Robicheaux, le plus célèbre shérif-adjoint de New Iberia, Louisiane. C'est tellement vrai que je me demande désormais si James Lee Burke ne devrait pas figurer parmi les auteurs de la première catégorie définie en début de cette critique.
Commenter  J’apprécie          453
C'est le 6ème volet de la série Dave Robicheaux de James Lee Burke. Comme dans les autres tomes de cette série, l'auteur nous entraîne en dans les bayous de Louisiane près de la ville de New Ibéria.
Dans ce récit le personnage principal, Dave Robicheaux, inspecteur de police qui travaille pour le shériff local mènent deux enquêtes en parallèles; l'une officielle: le meurtre de plusieurs jeunes prostituées; et l'autre officieuse, révélant une partie toujours aussi trouble de cet Etat des Etats Unis: la découverte des ossements d'un noir assassiné vingt ans plus tôt sous les yeux de notre héros alors adolescent.
S'ensuit une enquête approfondie qui permet à l'auteur de décrire la misère humaine des bas fonds. Elle lui permets aussi de développer son héros en le sondant habilement en profondeur. le climat des bayous de Louisiane : troublant, chaud et humide doublé d'une certaine violence latente amène beaucoup de noirceur au récit. On plonge volontiers dans ce climat qui vous accapare et vous happent. J'avais beaucoup de mal à lâcher ce livre.
Le rythme de l'intrigue peut paraître nonchalant et lent mais il permet un développement d'un univers riche et travaillé. Il permet, également de développer des personnages attachants, intriguant qui contribuent fortement à rendre ce récit fortement attractif.
Il est difficile de s'arrêter tant les deux intrigues s'enchaînent et s'emmêlent au fur et à mesure avec fluidité et simplicité. Car sous un abord complexe, ce récit est, en réalité, d'une sobriété littéraire allant jusqu'à une narration épurée des plus agréable. Seule la fin est un peu trop prévisible et m'a laissé sur ma faim.
L'atmosphère décrite par James Lee Burke est addictive et donne envie de poursuivre cette série que je ne peux que vous recommander.
Commenter  J’apprécie          352
Je n'ai pas vu le film de Bertrand Tavernier portant le même nom que ce livre, mais j'avoue qu'imaginer Dave Robicheaux sous les traits de Tommy Lee Jones n'est pas un exercice trop difficile .
Cependant, j'avoue que l'ancienne couverture des Editions Rivages Noir était plus intéressante , d'autant plus qu'à l'époque le titre n'était pas tronqué : Dans la brume électrique avec les soldats confédérés, ça le fait beaucoup plus je trouve, non ?
Et voilà, j'ai retrouvé avec le même plaisir Dave Robicheaux et son petit monde dans les bayous de Louisiane. James Lee Burke a l'art et la manière de raconter une histoire , policière certes, mais aussi de restituer une ambiance avec un tel art qu'on se plonge dans la moiteur des marais de la Louisiane. J'avoue que j'adore me plonger dans cette ambiance et à chaque lecture je me dis que le jour où j'aurais l'occasion d'aller aux États Unis je choisirai pour commencer la Louisiane. L'auteur a même réussi à me donner envie de gouter aux spécialités culinaires de cet État.
Dave Robicheaux enquete sur un meurtre d'une jeune fille commis de manière atroce. En parallèle, un film se tourne à New Iberia et notre adjoint de shérif préféré va être amené à côtoyer certaines personnes mêlées au tournage. Entre un caïd de la mafia qui s'incruste dans le paysage, la réapparition d'un cadavre vieux de trente cinq ans, une agente du FBI très opiniâtre , et un curieux général confédéré , Robicheaux va devoir s'accrocher pour arriver au bout de son enquête. le titre entier de ce livre prendra toute sa mesure vers la moitié du roman.....
De plus, continuer à suivre l'évolution de l'entourage de Robicheaux est tellement agréable. Mention spéciale pour la petite Alafair et son raton laveur Tripod...

3.5/5 en réalité
Commenter  J’apprécie          321
Atmosphère envoûtante, chaude et moite ; on s'attend à tout instant à se retrouver nez à nez avec un crocodile surgissant d'un bayou ! J'ai adoré cette ambiance du Sud, lente et oppressante... le film est en tous points conforme et le suspense à la hauteur du lyrisme de l'auteur. Un très bon polar !
Commenter  J’apprécie          260
La couverture est ici la nouvelle , avec Tommy Lee Jones, mais j'aimais beaucoup la première. Ces soldats en noir et blanc, une touche de couleur ça et là, et cette sensation d'étrangeté.
J'aime les polars, les héros récurrents et la Louisiane. Et pourtant, je n'avais jamais lu James Lee Burke. Essentiellement à cause du problème de traduction , la langue parlée en Louisiane est très particulière et certains dialogues, traduits en français, rendent très mal. C'est le cas dans ce roman aussi, qu'il vaut sans doute mieux lire en anglais, mais ce n'est finalement pas très gênant sur la longueur.

L'histoire elle-même est déjà racontée, mais l'histoire , dans les polars, est souvent très vite oubliée .
Ce qui reste, c'est l'ambiance, les lieux, les temps, et les personnages. Tout est déjà dans le titre, la brume des bayous, l'électricité des phénomènes climatiques violents qui dévastent tout. Et ces soldats confédérés, dont Tavernier a supprimé l'évocation dans le titre de son adaptation, mais uniquement dans le titre, heureusement, car cette histoire de général fantôme, John Bell Hood , mort de la fièvre jaune en1879 à La Nouvelle Orléans, qui revient constamment rappeler qu'il faut s'efforcer de lutter contre les dérives de l'Histoire, est absolument fabuleuse. Restent un acteur fêlé qui découvre un noir lynché des années auparavant sous les yeux de Robicheaux, des mafieux en tous genres, un psychopathe qui tue des jeunes femmes, des odeurs d'humidité et de pourriture, et une nature qui ne pardonne pas grand chose.

Excellent livre noir.
Commenter  J’apprécie          250
Au diable l'intrigue policière! Dans la brume électrique est beaucoup plus que cela, et l'on en attendait pas moins du grand James Lee Burke : roman d'ambiance qui dit la moiteur et l'atmosphère saturée d'esprits du bayou mieux que personne, réflexion sur le continuum de l'histoire et son éternel recommencement, portrait finement esquissé à coups de visions, de feu et de fulgurances de tendresse d'un mâle blessé par les horreurs éternelles de ses semblables.
Un bijou!
Commenter  J’apprécie          210
Assurément, James Lee Burke est un auteur que je vais continuer de découvrir.
C'est le film de Bertrand Tavernier qui m'a amenée à cette lecture et quelle belle surprise!!!
Quel portrait attachant que celui de ce flic un peu brut de brut, désabusé et fataliste mais si empreint de ses expériences passées et de sa connaissance des autres. Si humain en mari aimant (et aimé...), en père de famille, en homme parfois trop prompt à réagir et victime de ses élans vers la justice et la vérité...
Caricatural ? Jamais!! car unique dans sa façon de voir son monde, de rêver sans vraiment le montrer ni surtout le vouloir, de s'acharner malgré tout et tous, malgré la lassitude et la dictature de la sagesse, la fatigue, les doutes...
Ses certitudes soudain ébranlées par des visions du passé troublantes, des mirages ou une réalité imposés par le besoin de trouver des réponses.
Lui et l'alcool, ses faiblesses mises à rude épreuve....
Son empathie pour l'autre qui transparaît dans chacun de ses actes, chacune de ses paroles. Mais aussi son intransigeance face au mal, aux mauvais, aux méchants, aux nuisibles, aux pervers...
Des dialogues dont on ne se lasse pas, le verbe précis, tranchant et soudain, alors que l'on ne s'y attend pas, un bout de poésie, posé là comme un cadeau, une clé pour ne pas céder à l'envie de fuir le rude, l'austère d'un pays si pluvieux...

Et puis, en toile de fond, la Louisiane, le Bayou et ses habitants, fantomatiques à force de s'étioler aux prises avec une nature capricieuse,
grise, pluvieuse, pas vraiment violente mais toujours menaçante... Toujours grondant et venteux, l'horizon ici s'abat tel un être gourmand de frissons, une cape brumeuse avide de peur et de l'inquiétude qu'elle génère... "Quand le ciel bas et lourd" m'est souvent revenu en mémoire à la lecture de ces pages pleines de tourments et de tempête, de rage et de colère contenues, de danger imminent mais si familier pour les habitants de cette région au ciel gris autant qu'envoutant...
Le fatalisme non comme une paresse mais comme une condition nécessaire à la survie de la raison et de l'âme....
C'est avec violence mais aussi une infinie tendresse que James Lee Burke dépeint un univers âpre autant que fascinant.

La guerre de Sécession, rêve ou mirage, surgit là où l'on ne l'attend pas et donne au récit un côté magique, mystique, irréel mais toujours cohérent avec le reste du roman.

Vous l'avez compris, j'ai été complètement envoutée par le personnage d'une part, par le pays et même son climat, par la profondeur
du texte et bien sûr par l'intrigue qui tient en haleine de bout en bout.
Dave Robicheaux est à l'image du climat sombre des Bayoux : solide, inquiétant parfois, mais toujours généreux et surprenant...
Commenter  J’apprécie          170
Après avoir vu les carnets de voyage de François Busnel (La Grande Librairie of course!) dans le sud des États-Unis où il interviewait James Lee Burke, j'ai eu envie de lire Dans la Brume électrique. Bien-sûr j'avais déjà entendu parler de cet auteur plutôt prolifique mais n'avais jamais été réellement tentée jusqu'ici. Mal m'en avait pris car le livre est vraiment génial! Comment ne pas apprécier son héros récurrent, Dave Robicheaux, policier à New Ibéria Louisiane? le lecteur est transporté dans le bayou où alligators, pêcheurs de crevettes et autres soldats confédérés se trouvent pour cette histoire mêlant drame, trame policière et ésotérisme. le synopsis: le tournage d'un film sur la guerre de Sécession dont les producteurs sont des brutes véreuses de la mafia locale. En parallèle, le corps d'un homme noir, exécuté 35 ans auparavant, est retrouvé dans le bayou. Robicheaux veut mener l'enquête car il pense avoir été témoin de ce lynchage. Il ne trouve en face de lui que des personnes refusant de remuer le passé et lui mettant des bâtons dans les roues. Seuls deux hommes vont l'aider dans cette intrigue: une starlett alcoolique et un général confédéré... Vraiment un bon polar qui sent bon l'Amérique profonde. Une très bonne découverte pour moi que James Lee Burke.
Commenter  J’apprécie          150
SI LA LOUISIANE M'ÉTAIT CONTÉE.
James Lee Burke connaît bien la
Louisiane, son État d'adoption. Outre la trame du roman somme toute assez banale (drogue, crime de prostituées, policiers ripoux, kidnapping… la routine quoi !) mais qui accroche, c'est le cadre de l'action et l'ambiance qui donnent à ce roman toute sa saveur. Nous sommes immergés dans la pauvreté ambiante, la moiteur tropicale, les alertes cycloniques, les nuages de moustiques, les relents des bayous où veillent les « ‘gators », le chant des moqueurs. L'écriture est riche (j'ai appris des tas de mots) le style agréable et le texte pour une fois bien traduit.
« Des libellules vertes flottaient, suspendues au-dessus des typhas le long des berges du bayou ; un lépidostée au nez effilé, probablement blessé par l'hélice d'un bateau, tournoyait en larges cercles dans les eaux mortes, tandis qu' une meute de goujons le dévorait a même l'entaille rouge qu'il portait derrière les branchies ; une odeur de serpent mort, de boue âcre et de filaments de jacinthe pourrie soufflait sur le marais, portée par le vent brûlant. »
Nous retrouvons l'inspecteur Dave Robicheaux en prise avec le milieu (qui pénètre ici le monde du cinéma pour blanchir l'argent) et qui est sujet à visions (rêves ou parapsychologie ?) de la guerre de sécession. Allégorie qui suggère que le racisme n'est pas un problème complètement réglé ?
Un bon bouquin, qui nécessitera pour certains de persister au- delà des premières pages car l'écriture descriptive peut paraître pléthorique avant de tomber sous le charme.
Commenter  J’apprécie          110
Un très bon polar qui change de la tendance nordique actuelle. La moiteur de la Louisiane, le visage d'une autre Amérique confèrent à ce livre un charme particulier. Les différents protagonistes sont de vrais anti héros lents , mais je me suis laissée séduire. Il ne se passe pas grand chose de spectaculaire, l'intrigue est parfois dure à suivre, mais j'ai beaucoup aimé l'ambiance.
A déconseiller à ceux qui aiment l'action.
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (1088) Voir plus



Quiz Voir plus

James Lee Burke

James Lee Burke est né le 5 décembre 1936, mais où ?

Atlanta, Géorgie
Houston, Texas
Bâton-Rouge, Louisiane
Tallahassee, Floride

10 questions
60 lecteurs ont répondu
Thème : James Lee BurkeCréer un quiz sur ce livre

{* *}