AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,67

sur 573 notes
Il était temps que je lise ce classique . Je n,ai pas été déçue. C'est une oeuvre très originale, le titre porte bien son nom . Au travers d'un long voyage en train Paris-Rome un homme change du tout au tout , ses pensées s'égarent, il réfléchit à ce que sera sa vie avec sa maitresse. Il s'aperçoit que ce n'est pas ce qu'il pensait. Il reviendra donc avec sa femme.
Commenter  J’apprécie          00
J'essaie ce livre sur la recommandation d'un ami à qui j'ai recommandé en échange La Jalousie, de Robbe-Grillet. Entre les deux, franchement, je préfère le deuxième. La lecture de La
Modification est très longue et très fatigante. Je vais m'accrocher, mais je ne peux pas
dire que ce soit un plaisir. Je me sens plutôt face à un exercice de style, que je respecte.
Mais finalement ces exercices de style qu'on appelle « nouveau roman » (comme il y a eu ensuite les nouveaux philosophes, les nouveaux pauvres…) n'ont pas essaimé ; c'est bien le signe qu'ils étaient des exercices de style.

Quatre jours plus tard…
Jamais je n'ai progressé aussi lentement dans une lecture, ni éprouvé autant de fatigue à lire. Et pourtant la lecture n'en est pas désagréable. J'en ai lu pour environ une heure et demie au début puis trente minutes de la fin. Je picorerai probablement entre les deux dans les jours et années qui viennent.
La fin est très bien. Sans doute ai-je raté la progression de «votre » pensée qui amène justement à la modification en question…

J'avais, dans le genre, eu beaucoup moins de mal à lire La jalousie, de Robbe-Grillet.

Encore quelques jours plus tard :
Ce livre est fascinant. j'y reviens pour relire quelques pages au hasard, elles sont toutes de la même qualité. J'ajoute une étoile à mon évaluation précédente.
Commenter  J’apprécie          36
Voila un livre que je considère comme un monument de la littérature française. Je l'avais lu jeune homme et j'en avais gardé en mémoire les 2 premières lignes ( moi qui ai une si mauvaise mémoire...) car dans ces 2 lignes transparaissent le Vous de l'écriture et le soin du détail qui va marqué les 280 pages. Tout se passera dans cette tête ( le Vous) et dans ce compartiment et en 12heures tout changera. L'écriture est tellement originale, l'histoire tellement banale dans un sens mais si belle ( ou déprimante....cela dépend) , le rythme minutieusement orchestré ( longueur des phrases, des chapitres, les 3 temps de l'histoire)....et biensûr le fait que La modification soit un icône du nouveau roman ....Un grand moment de lecture ....vous l'avez compris....je recommande
Commenter  J’apprécie          143
[Un billet deterre, qui date de 2016. Par paresse je n'y ai rien change.]

J'ai appris sa mort par la television et je me suis dit que son oeuvre valait surement une lecturequiem. J'ai opte pour le livre le plus facile a trouver, qu'on dit etre son –ou un de ses- chef-d'oeuvre.
De prime abord il m'a decontenance avec son vouvoiement, que j'ai pris pour un gimmick, le genre de petite astuce qui ne laisse presager rien de serieux. L'accumulation de details a commence a me fatiguer et je me suis demande si je n'allais pas abandonner cette lecture. Puis je me suis fait prendre aux vas-et-viens de l'histoire, aux balancements saccades du roman, et j'etais dans le train, tout le voyage de Paris a Rome, en troisieme classe. Avec en tete beaucoup d'autres allers et retours, de Paris a Rome, de Rome a Paris. Avec ce petit bourgeois a la quarantaine triste qui est mis en scene par Michel Butor dans La Modification.


Mise en scene est un mot cle de mon impression de lecture. Tout se passe dans un train, et c'est comme si dix cameras differentes etaient braquees a l'interieur, nous donnant tous les details des couloirs, des compartiments, des sieges, des fenetres, et bien sur des voyageurs, leurs habits, leurs attitudes, leurs mouvements. Tous ces personnages secondaires parlent, mais le lecteur ne les entend pas. Leurs portraits (j'allais dire leur image), leurs gestes, sont tres nets, mais leurs raisons de se remuer et d'agir, leurs possibles destinations et destinees ne nous parviennent qu'a travers le philtre du personnage principal, qui s'imagine et invente leur passé, leur futur immediat, leurs possibles vies. Eux aussi ne sont que le décor ou se deroule le drame interieur de ce personnage: un quarantenaire parisien, directeur de la succursale francaise d'une firme italienne, faisant donc des sauts periodiques a Rome, ou il a une amante. Il a decide de rompre avec sa terne vie, c.a.d. avec sa femme qui le meprise (c'est du moins ce qu'il ressent ou s'imagine), ses enfants qu'il ne comprend pas et qui ne le comprennent pas mieux. D'abandonner les facilites falotes de sa grise routine, de ramener son amante a Paris pour vivre avec elle une nouvelle jeunesse. Il prend donc – cette fois ci en maquillant son voyage, en se cachant de ses employeurs – le train de Rome pour la surprendre et lui annoncer sa decision.
Mais voila, le trajet est long.


Pendant ce long trajet vont lui passer par la tete des details, decousus, de ses rencontres avec son amante, de ses deambulations a Rome, de son travail a Paris, de ses habitudes familiales, de ses rapports avec sa femme, melant passé present et futur. Et c'est en ressassant ses souvenirs et sa decision qu'il arrive, en fin de voyage, a la modifier. Je ne devoile rien qui ne soit dans le titre, et si je devoile cela n'a aucune importance. L'interet du livre de Butor, sa grandeur, n'est pas dans le suspense mais dans la reproduction, a l'infinitesimale, du processus mental qui amene la modification.


Je sais bien que ce livre est apparente au "Nouveau Roman". Par contre je ne sais pas tres bien ce qu'a ete, ou ce qu'a voulu faire ce "nouveau roman" si ce n'est abandonner, detruire ou deconstruire tout ce qui a trait a l'intrigue ou au personnage. Mais ici il y a bien une intrigue, il y a bien une action –pas seulement mentale – qui se deroule en un espace-temps determine, il y a bien un personnage, auquel on peut s'attacher bien qu'il soit falot; avec lequel on peut meme arriver a s'identifier (nous ne sommes pas tous des hommes et des femmes forts et surs de nous, et nous avons tous passé, ou nous passerons tous, une sorte de crise de la quarantaine), meme si on ne se sent pas directement concernes par le "vous" qu'emploie Butor en decrivant son personnage.
Si le "nouveau roman" a voulu se differencier des classiques, si La Modification s'est voulue oeuvre de cette ecole, le temps, espiegle et inattendu comme toujours, leur a fait un beau pied de nez. Ce livre est aujourd'hui un classique. Un classique par son ecriture, un classique par son personnage. Et comme tous les classiques, a lire et a relire.
Commenter  J’apprécie          6214
Je me doute qu'au moment de sa publication, en 1957, le fait d'avoir un narrateur s'exprimant à la deuxième personne du singulier, qui raconte par cet intermédiaire inventif la vie et les pensées d'un homme qui prend le train à Paris pour se rendre à Rome afin d'y retrouver sa maîtresse, c'était quelque chose.

Mais à la lecture de la modification cette semaine, je persiste et signe : je ne suis vraiment pas une adepte du Nouveau Roman. Les tentatives de déconstructions narratives romanesques sont bien là, intéressantes, mais le style qui les met en scène m'ennuie au plus haut point, autant que la vie de cet homme qui prend conscience de son existence, justement durant son trajet en train, interminable. Il n'y a rien qui dépasse, qui ressort, qui interpelle... à mon grand regret. Tant pis.
Commenter  J’apprécie          142
Alors vous arrivez au Trastevere...
Un voyage en train est l'occasion de parler d'un voyage précédent lors duquel on imaginait un voyage ultérieur qui aurait permis de rêver à une voyage antérieur...Vous voyez le genre, un roman-poupée russe fort complexe. Mais voilà, cette littérature un peu expérimentale distille un certain charme. Est-ce cette utilisation de la deuxième personne ? Ou bien plutôt ne serait-ce pas le charme spécifique des wagons couchettes, de la période considérée, ou bien plus sûrement encore de l'Italie, du Trastevere, de Rome ? Proust a, il y a déjà longtemps, évoqué le charme des noms de lieux qui charrient leur lot de représentations. J'ai été fort séduit par ce roman ( qui pourrait être, mais comparaison n'est pas raison, une sorte de pendant à Antonioni, au sens où ceux qui ont aimé l'Aventura pour l'Italie, son caractère destructuré, aimeront sans doute ?). Une interrogation demeure, si le livre s'était déroulé dans le train Paris-Limoge aurait-je été aussi séduit ?...
Un livre unique à la fois cérébral et charmant...
Commenter  J’apprécie          100
Week-end à Rome, ville ouverte à tous les possibles.

Je descends à l'instant de ce train, tout modifié ; le voyage riche d'une vingtaine d'heures et d'innombrables arrêts fut harassant ; mais pourquoi n'ai-je pas pris Alitalia ? J'aurais lu le livre en un couple d'heures.

Vous est un autre m'assène l'auteur, vous c'est moi, ainsi que nous tous qui achetons un billet en cette classe tous risques nous exposant ce faisant à un bilan d'incompétence de nos existences, de nos lâchetés, de nos arrangements et au "mépris" de l'autre, terme récurrent dans l'histoire, générant de mythologiques cauchemars.

Bref, ce fut un aller pas simple mais une échappatoire est proposée pour palier l'absence, accompagner le retour, les jours qui suivront et leur réel : ouvrir ou entreprendre l'écriture de ce livre intrigant qui ne quitta pas le voyageur mais dont il fit seulement usage de marque place.

Allez-y, ceux qui prendront ce train l'aimeront.
Commenter  J’apprécie          676
Votre vie ennuyeuse avec Henriette vous asphyxie et vous décidez de quitter Paris. Vous montez dans un train pour rejoindre votre amante, Cécile qui réside à Rome. Vous souhaitez l'emmener avec vous à Paris pour pouvoir vivre votre amour librement. Peu à peu la modification s'opère en vous et autour de vous.

Voici comment on pourrait résumer facilement l'intrigue, simple et où comme toute bonne oeuvre du nouveau roman se reconnaît, les pensées autour de l'histoire sont plus importantes. Et c'est le cas, les digressions de Léon Delmont sur le déterminisme de sa propre vie dans la dernière partie du roman sont très intéressantes et apportent beaucoup.

Le lecteur est peu accompagné. Nous avons un début in media res qui nous plonge dans les pensées du narrateur, duquel nous ne recevrons que peu de descriptions et dont lesquelles, une fois données seront rebutantes (pour moi bien sûr). On retrouve un personnage bien bourgeois qui pense par exemple que son compagnon de compartiment est forcément plus heureux que lui car il est plus pauvre et qu'il a choisi son métier. Il se plaint plusieurs fois du fait qu'il ne voyage pas en première classe et que ça bouleverse ses habitudes… Il n'a que peu de force de caractère et ne voit pas la vérité en face (même si c'est le propos du roman !). C'est mon manque de sympathie pour ce personnage qui est cause de ma mauvaise lecture.

L'élément le plus évident et que l'on ne peut pas laisser de côté, c'est la narration à la seconde personne du pluriel. VOUS. C'est assez déstabilisant les premières pages mais on s'y fait très vite. En général, l'originalité et la liberté du style me plaisent beaucoup. Si j'en parle dans un second temps, c'est que le vouvoiement vous force à vous identifier au personnage et que si vous ne l'appréciez pas, comme dans mon cas, ça peut être assez violent et dans le cas contraire il s'agit d'un coup réussi.

Laissons maintenant Léon Delmont de côté pour nous intéresser au côté surréaliste du roman qui m'a beaucoup plu et même surprise car je ne m'y attendais pas du tout, ayant lu cette oeuvre dans un contexte scolaire, pour découvrir un peu plus le nouveau roman. Je m'imaginais un peu les deux courants aux antipodes. On a souvent les flâneries dans Paris et dans Rome, le hasard de leurs rencontres avec le passage du cinéma, le personnage de Cécile qui devient un symbole de Rome, le contrôleur de train qui devient Janus, le rêve, la lune, les illusions. Après m'être informée, j'ai appris que Michel BUTOR appréciait beaucoup le surréalisme et que ces premiers poèmes en étaient touchés. Je pense que je m'y pencherais dessus plus tard !
Commenter  J’apprécie          22
Une oeuvre déroutante, ce « vous », qui est-il ? le lecteur ou le personnage ? Si vous êtes prêt à déconstruire votre image du roman, lisez-le! Oeuvre du mouvement d'après-guerre nommé « le Nouveau Roman », ce roman participe à la fameuse « mort du personnage ».
Commenter  J’apprécie          10
Le directeur de la succursale parisienne d'une firme de machine à écrire, dont la maison-mère est à Rome, entreprend un trajet confidentiel en train, de la Gare de Lyon à Roma Termini, en troisième classe, afin d'annoncer à la femme avec laquelle il entretient une liaison, à la faveur de ses fréquents déplacements professionnels entre les deux capitales, qu'il a enfin décidé de sauter le pas : il va faciliter son installation à Paris où ils pourront enfin vivre leur romance sans entrave. En effet, notre cadre est las de sa vie bourgeoise, de devoir sauver les apparences avec une femme qu'il n'aime plus, et qui se doute probablement de tout, et des enfants, qui lui sont devenus étrangers. Cependant différentes circonstances vont influencer sa réflexion qui a présidé à cette décision qui semblait mûrement mûrie. À quarante-cinq ans, c'est un homme établi avec, quoiqu'il en ait, des attaches. le trajet par voie ferroviaire, inconfortable et très long, relève du périple. Ainsi la fatigue, le déficit de sommeil, l'agitation de ses songes minent quelque peu l'influx nerveux qui lui est nécessaire pour franchir le Rubicon. Puis les menus faits du trajet, les objets sur lesquels se pose son regard, entraînent des réminiscences de précédents trajets similaires entrepris avec sa maîtresse ou son épouse, de voyages dans le sens inverse, de séjours dans la Ville éternelle avec ses dernières, ou la venue de l'illégitime à Paris. N'oublions pas d'ajouter à tout cela la légendaire lâcheté masculine en ces matières. le roman est le récit de cette translation conduisant à une inflexion progressive aboutissant à la modification.

Le roman frappe d'abord par le parti pris assez inusité, bien qu'il me souvienne d'avoir vu le même procédé employé par Italo Calvino dans Si par une nuit d'hiver un voyageur, d'employer la deuxième personne du pluriel. Sous le vouvoiement qui pourrait passer pour l'expression d'une invitation polie, vous êtes impliqué irrémédiablement dans la décision d'une vie, c'est presque une compromission, c'est en tout cas un procédé habile, une manière imparable de vous faire poursuivre la lecture. La juxtaposition des épisodes dans leur diversité spatio-temporelle, les phrases de longueur très diverse, parfois courtes dans leur aspect factuel, d'autre fois d'une taille de plusieurs paragraphes, comme les strates de sédiment qui ont petit à petit exhausser le niveau des rues romaines obligeant le lecteur, à s'enfoncer dans celles-ci, comme les archéologues qui ont mis à jour les monuments du Forum romain, créent une alternance, rythmant la narration d'un banal trajet qui sans cela paraîtrait d'une décourageante monotonie. Au final, c'est un remarquable récit qui nous est proposé ici, une des oeuvres phares de ce qu'on a appelé le Nouveau Roman.
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (1668) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3724 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}