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sur 571 notes
Le fait de considérer avec Michel Butor que chaque mot écrit est une victoire contre la mort présente un danger: celui de transformer l'écriture en une gigantesque excavatrice. Il a creusé un gouffre. Nous sommes au bord. Maintenant il suffit pour de faire attention à ne pas tomber dedans.
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N°1866– Avril 2024.

La modification – Michel Butor – Les Éditions de Minuit.
Prix Renaudot1957.

Je poursuis ma redécouverte du « Nouveau Roman ».
Même si vous n'avez connu que le TGV, imaginez ce qu'étaient les trains dans les années 50, lents, bercés par le claquement régulier et entêtant des boggies, rythmés par les sonneries plaintives des différents passages à niveaux.... Mettez-vous à la place de cet homme, la cinquantaine, parisien, père de famille qui prend le train pour Rome comme il le fait souvent. Vous n'aurez pas de mal puisqu'il s'agit de vous comme l'a décidé l'auteur qui vous fait, à l'occasion, endosser l'identité de Léon Delmont. C'est le parti pris de ce roman. Officiellement c'est un voyage professionnel mais en réalité vous allez rejoindre Cécile, votre maîtresse romaine qui ne s'y attend pas et lui annoncer que vous allez vivre ensemble à Paris, que vous avez tout organisé pour elle, que vous allez quitter votre femme, votre vie bourgeoise et déprimante. Et puis son image, son corps, sa jeunesse se confondent avec Rome, cette ville éternelle que vous aimez tant et Paris est aussi la cité de l'amour. Ce sera pour vous une nouvelle jeunesse ! Démon de midi, peur de vieillir... Peut-être ?
Le voyage s'étire le long des gares et vous décrivez mollement les passagers de ce compartiment et vous imaginez les retrouvailles romaines tout en explorant vos souvenirs, votre rencontre avec Cécile, vos amours, vos projets même si les images de votre mariage avec Henriette, votre femme, reviennent elles aussi. le train est depuis son invention un lieu privilégié dans la vie de chacun et donc dans la vôtre. Ici le long trajet vous invite à la rencontre d'inconnus à qui votre imagination ou votre ennui vous invitent à prêter un morceau de vie mais surtout vous force, malgré vous, à réfléchir sur votre vie passée, sur cette démarche que vous voulez définitive en vous posant des questions intimes. Vous êtes donc quelqu'un d'un peu perdu qui s'interroge, comme obnubilé par cet avertissement en italien qu'on voyait à l'époque dans les compartiments « e pericoloso sporgersi »(il est dangereux de se pencher au dehors) et c'est pourtant ce que vous vous apprêtez à faire. Pourtant la logique, la peur de l'avenir ou le découragement , le renoncement s'imposent avec la perte de vos illusions… En outre, je ne suis pas sûr que le livre que vous allez écrire pour compenser ce vide servira à quelque chose.
C'est un roman lent, sans action avec, vers la fin des phrases démesurées qui traduisent peut-être votre désarroi mais ne facilitent pas la lecture. J'ai assez voyagé en train dans ma jeunesse, y compris en 3° classe, pour apprécier le décor. Sur le principe de transformer le lecteur en personnage principal, je ne suis pas contre, même si cela m'a toujours paru artificiel . Certes l'univers du roman s'inspire de toute façon de la réalité et nous sommes, un jour ou l'autre, susceptibles de connaître de telles circonstances. Alors pourquoi pas puisque c'est aussi une tentative d'évolution de cet art. J'avoue que, dans ma scolarité déjà bien lointaine, j'ai été mal sensibilisé à ce « nouveau roman » par un professeur trop classique et donc imperméable à la nouveauté. Bien des années après je relis ces textes mais je dois dire que je n'en suis pas davantage convaincu, non par l'analyse des sentiments qui me paraît pertinente mais par le parti-pris d'écriture. Je suis peut-être passé à côté de quelque chose ?


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Michel Butor est connu du grand public comme auteur de "La modification" Prix Renaudot général 1957.
Il m'a littéralement embarquée dans ce roman d'une grande originalité. Quel voyage !
Il peut s'en passer des choses dans un train.

Le personnage principal est un homme marié, habitant 15, place de Panthéon à Paris avec sa femme Henriette et ses quatre enfants. Il est responsable commercial chez Scabelli, une entreprise de machines à écrire et doit se déplacer régulièrement en Italie.
Il prend le train à Paris-Lyon pour Rome-Termini mais cette fois ce n'est pas pour un déplacement professionnel, il a décidé de rejoindre Cécile sa maîtresse pour lui annoncer qu'il va quitter sa femme et vivre avec elle à Paris, comme elle le désire.
Deux femmes, deux villes et l'histoire d'un homme qui a peur de vieillir.
Cécile c'est la jeunesse, le changement comme ces paysages qui défilent à travers la vitre du train. Mais il y a aussi beaucoup de tunnels qui se succèdent.
Le temps du voyage, l'homme va être pris dans des lacis de réflexions et de souvenirs, voire de cauchemars. Tout dans le train va provoquer des remuements intérieurs : les passagers comme ce jeune couple qu'il a envie de nommer Agnès et Pierre, le Wagon restaurant où il a rencontré Cécile ou le tapis de fer chauffant qu'il regarde au sol comme pour concentrer sa pensée.

Avec une grande fluidité on change de lieux et d'époques au gré de ses souvenirs.
Il se rappelle son voyage à Rome avec Henriette en hiver pour leur voyage de noce et celui à Paris avec Cécile qui est redevenue semblable aux autres femmes dans cette ville qui n'est pas celle des empereurs et des dieux. Parce qu'à Rome la beauté de Cécile est parée de la gloire romaine qu'elle sait réfléchir.
Le ciel qui l'éclairait va s'obscurcir progressivement ce qui justifie "La modification" du projet d'un homme qui avait l'intention de changer de vie.

La construction est vraiment originale avec des changements spacio-temporels au sein même de très longues phrases mais c'est surtout l'utilisation de la deuxième personne du pluriel pour désigner le personnage principal qui est surprenante. Je n'ai jamais lu ça mais ce Vous m'a subjuguée.

J'ai donc beaucoup aimé ce roman qui montre le rôle que peut jouer une ville comme Rome dans la vie d'un homme vivant à Paris. L'intérêt qu'il lui porte est lié à la distance entre les deux villes comme celle qu'il souhaite finalement garder avec Cécile.
Et puis il y a ce roman acheté à la gare qu'il ne lira pas mais dont l'existence va inspirer sa création littéraire.


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La modification est le premier livre que je lis de Michel Butor , auteur phare du Nouveau roman, et c'est une vraie découverte.
Tout d'abord, ce livre est écrit à la deuxième personne du pluriel. Cela désarçonne légèrement au début du roman, introduit une certaine distance, interroge sur qui parle, mais très vite l'effet s'estompe et ne gêne en rien la lecture.
Indépendamment de cet effet de style, il m'a fallu un certain temps pour bien entrer dans le livre.
Au départ, la situation paraît simple et les descriptions des détails du voyage en train qu'entreprend Léon Delmont pour rejoindre sa maîtresse Cécile à Rome bien stériles, mais progressivement nous sommes happés par le tangage du train, ses mouvements de balancier, et l'histoire s'avère beaucoup plus complexe que prévu, car il ne s'agit pas d'un simple aller Paris-Rome, des trajets se superposant, dans un sens et dans l'autre, les trains se croisant quelque fois. Léon, dont le travail dans le commerce de machines à écrire italiennes le conduit régulièrement au siège de l'entreprise à Rome, voyage souvent seul dans les trains de nuit qui relient les deux capitales, mais il est parfois accompagné de Cécile, ou d'Henriette sa femme, car nous apprenons qu'il y a fait son voyage de noces.
Léon prend quelques jours de congés, incognito, afin d'annoncer à Cécile qu'il a décidé, bien qu'on puisse s'interroger sur le terme de décision, de quitter Henriette, de vivre avec elle, et de la faire venir à Paris, où il lui a trouvé un travail et une possibilité de logement. Notons au passage, la dépendance des femmes à l'égard du personnage principal.
Voilà pour l'intrigue, bien mince au demeurant.
Et pourtant, pendant le temps du périple entre Paris et Rome, une tempête se lève sous le crâne de Léon, et ce qui lui paraissait parfaitement limpide au moment de monter dans le train, ne le sera plus à l'arrivée à la gare de Termini, d'où le titre La modification. Butor procède à une analyse minutieuse du sentiment amoureux, de ses composantes internes et externes, de son évolution en fonction du contexte.
Le tour de force de Michel Butor est de venir enchâsser la trajectoire de son histoire d'amour dans le voyage en train, sorte d'espace-temps, qui prend lui-même, de par son traitement formel, une dimension cosmique et poétique. Nous sommes encapsulés dans le compartiment où des voyageurs mutiques entrent et sortent, se lèvent pour fumer une cigarette, se renouvellent au gré du trajet. Léon projette sur eux ses rêveries, ses fantasmes, les affuble de prénoms inventés. Les corps sont en mouvement, suivant les soubresauts du wagon, dans un jeu de lumières et de reflets traversant les vitres. Les gares défilent vers l'Italie, puis en sens inverse. Des éléments quasi surnaturels surgissent comme la grille métallique du chauffage au sol dont les composants se déforment progressivement. Bientôt les rêves et les cauchemars de Léon viennent percuter la réalité et perturber la fin du parcours.
Une pointe de nostalgie vient agrémenter la lecture, à l'évocation des voitures de chemin de fer de cette époque, les filets sur lesquels on suspendait les bagages, les photos de sites touristiques en noir et blanc au dessus des sièges, "e pericoloso sporgesi"...
Enfin, je citerais l'un des "personnages" principaux du roman, la ville de Rome, sublimée, idéalisée, que Léon sillonne en long, en large, en visitant tous les sites, les églises, monuments, temples, fontaines, nourrissant à son égard une fascination, la comparant et la mettant en parallèle avec Paris.
Des zigzags dans le temps et l'espace, des circonvolutions dans les strates de la mémoire et de l'Histoire, un roman, déconcertant, subtil, à la composition sophistiquée.



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Comment produire une critique impartiale d'une oeuvre si ambitieuse ? La Modification tente une révolution complète de l'art du roman en plaquant sur une intrigue apparemment très simple un tel luxe de raffinements narratifs que le lecteur, au départ cueilli par l'usage de la deuxième personne (qui a fait la célébrité du roman ) et le réalisme apparent de la situation proposée, finit par éprouver une forme de vertige kafkaïen, alors que ce roman ne parle de rien, d'absolument rien si ce n'est, dans une certaine mesure, de nos lâchetés et de nos insuffisances émotionnelles...
Le narrateur, un cadre quadragénaire dirigeant la filiale française d'une firme italienne de machines à écrire, se rend de Paris à Rome en train, non pour la réunion mensuelle à laquelle il a l'habitude d'assister, mais pour y rencontrer sa maîtresse et lui proposer de venir partager sa vie à Paris. le roman se déroule tout entier dans le compartiment, par extraordinaire de troisième classe, où s'installe le fugueur, où vont et viennent d'autres passagers qui ne parleront jamais - et seront donc réduits à l'état de spectres, ou peut-être d'un public muet des réflexions du narrateur, dans l'esprit duquel ce voyage se superpose à d'autres, de Paris à Rome, de Rome à Paris, effectués seul, en compagnie de sa femme et de sa maîtresse.
Le plus impressionnant je crois est le rythme de ce roman qu'il faudrait lire je pense, idéalement, dans un train Paris-Rome car je suis intimement persuadé que les 21 heures de trajet décrites, une fois ôtées les pauses correspondant aux repas et à un sommeil inconfortable et agité, correspondent au temps de lecture nécessaire de ce roman à l'écriture incroyablement dense, qui requiert du lecteur une attention de tous les instants. L'écriture agitée, accélérée ou freinée, allant et revenant, semble parfaitement imiter le mouvement à la fois régulier et chaotique du train, et accompagner le délire progressant du passager qui, enchaîné à sa place, isolé de tout être connu, ne peut que se réfugier dans une contemplation qui risque de le rendre fou.
Seulement voilà, sommes-nous, lecteurs, capables de suivre le narrateur imaginé par Butor dans ce voyage dans lequel il nous emmène ? Peut-être pas, car si nous sommes restés aussi lâches et inconséquents que lui, nous ne disposons peut-être plus de la même faculté d'introspection. Et ce narrateur, commercial excessivement cultivé, friand des rues d'une Rome étrangère, où il court après les vieilles pierres et où nous ne trouverions peut-être plus que les mêmes Starbucks et Fnac qu'à Paris, nous semble l'ambassadeur d'un monde oublié - pour peu qu'il ait jamais existé. Quelle impression curieuse de ne pas se sentir tout à fait à la hauteur d'un livre, alors qu'il semble que le livre ait été écrit, très spécifiquement, pour nous embarquer, nous assimiler au narrateur ! Il va de soi que je le relirai, oh, pas tout de suite, tous les dix ans peut-être.
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Pour "La Modification", Michel Butor prend un pari narratif audacieux. le narrateur s'adresse au lecteur à la deuxième personne du pluriel pendant tout le roman. Ce ne sera ni le "je" de l'autofiction, ni le "il" détaché et impersonnel d'un narrateur omniscient, mais le "vous" qui s'adresse au lecteur comme si ce dernier était le personnage du roman. C'est assez perturbant au début mais on s'habitue vite à être interpellé par le narrateur. On vit ce que vit le personnage à l'instant dans le train.
Sauf que dans ce train qui vous mène à Rome, vous n'avez de cesse de vous interroger sur votre vie et sur vos choix. Vous allez retrouver votre maîtresse à Rome, comme toujours pour de courts séjours, en laissant votre épouse et vos enfants à Paris. Cette situation vous convient, vous aimez Rome, vous aimez votre maîtresse. Oui mais à Rome. Or cette dernière souhaite venir vivre à Paris. C'est là que cela se complique pour vous.
Toute le récit se passe dans le train Paris-Rome avec des allers et retours dans le temps, dans cette relation compliquée que le personnage principal entretient avec les deux femmes de sa vie. Ce roman est une expérience et malgré quelques longueurs (comme dans tout long trajet ferroviaire), c'est un roman indispensable à lire pour son parti pris intéressant.
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Après quelques tours de roue dans un compartiment et l'interrogation devant tous ces détails futiles ou inutiles, j'ai adhéré et terminé peu après, franchement admirative!

Comme d'habitude, j'ai gardé ma casquette de lectrice basique, garantie sans études de lettres, et puisqu'à la fin, grâce à 'Le réalisme mythologique' écrit par Michel Leiris (qui décortique et révèle l'histoire, donc passionnant mais à lire après) j'ai réalisé que j'avais compris 90% du roman, ça va. wikipedia est aussi fort bien, mais raconte tout.

L'histoire? Un parisien quarantenaire, marié, père de quatre enfants, directeur de la succursale française d'une firme italienne de machines à écrire, se rend à Rome par le train de nuit. Comme souvent, puisque cela rentre dans ses attributions. Sauf que là il voyage en troisième classe ( le l3 juin 1956 la SNCF mettra fin à cette catégorie) au lieu de la plus confortable première classe. A cela une raison : il paie son billet, voyage à l'insu de son employeur, et ne se rend à Rome que pour annoncer à Cécile, sa maîtresse franco italienne depuis un bout de temps, que leur vie va changer.

Sa vie familiale est pleine de lassitude et d'habitudes, sa femme est bien sûr au courant de ce voyage là, et se doute que Cécile, qu'elle a déjà rencontrée, est la maîtresse de son mari.

Voilà donc notre héros dans le compartiment! "Vous avez mis le pied gauche sur la rainure de cuivre, et de votre épaule droite vous essayez en vain de pousser un peu plus le panneau coulissant." Hé oui, la narration est en "vous", le lecteur s'identifie sans doute, de nos jours cela paraît sans doute moins original. Michel Leiris : "il suffit de quelques brefs coups d'oeil jetés sur les lignes imprimées tandis que vous maniez le coupe papier pour que vous vous sentiez en présence d'une invitation, sinon d'une sommation." Tiens oui, j'aurais pu écrire mon billet avec ce "vous", mais peu importe, cette idée de coupe papier me réjouit. Ainsi que tous ces détails années 50, les photos de paysages dans le compartiment, le contrôleur cognant à la vitre avec son poinçon, etc.

Description des compagnons de voyage, que Léon (oui, il s'appelle Léon) finira par nommer à sa guise, dont il imaginera la vie, compagnons changeant au cours du voyage, les italiens présents de plus en plus. Description des paysages, souvenirs, pensées.

Récit du voyage au présent.

Mais va s'intercaler un récit au futur où il imagine ce qui va se passer.

Et puis, tant qu'à faire, un récit au passé, puisque ce n'est pas le premier sur cette ligne. Oh que non, le lecteur découvre les différentes strates du voyage Paris-Rome (et retour). Et même plusieurs voyages dans le passé...

Comment ça, on va s'y perdre? Mais non, l'auteur a bien mis en place des détails qui indiquent dans quel voyage on est. Très très fort.

Petit à petit on apprend comment Léon et Cécile se sont rencontrés, leur vie à Rome quand Léon s'y trouve. Rome, on le sent, est un vrai personnage du livre, la Rome de l'antiquité, la Rome de la Renaissance. Rome va jouer un rôle dans l'histoire et son évolution (je ne spoile pas).

Car il y a une histoire, subtilement racontée par bribes, un dévoilement vers la fin, et une 'pirouette' qui permet de considérer le roman autrement. Pfou!

A lire, donc, et à relire sûrement (car je pense avoir passé certains détails, par exemple cette histoire de grand Veneur, j'ai compris mais pas fait attention à son démarrage dans le roman - hé oui, les détails comptent!).
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Ça se passe à une époque où il existait encore de trains de nuit, où les trains étaient à l'heure (on pouvait se fier au Chaix pour les horaires), où on pouvait fumer dans les trains et où il y existait encore des troisièmes classes… Cependant, l'histoire est intemporelle puisqu'il s'agit de l'histoire d'un homme qui trompe sa femme et part rejoindre sa maîtresse. Une histoire banale somme toute mais traitée de façon originale et très contemporaine, en ce sens que la narration est loin d'être chronologique puisque on voyage dans les pensées du protagoniste avec tous les méandres que cela peut comporter: on fait donc des allers-retours dans le temps et dans l'espace, passant du voyage réel (Paris-Rome en troisième classe la nuit) à d'autres voyages sur le même trajet, ou sur celui du retour, en une autre classe, avec lui seulement ou accompagné de sa femme ou encore de sa maîtresse. Bref, on s'y perd un peu et je dois avouer que, si l'écriture détaillée du paysage, des voyageurs, du compartiment, de la lumière etc, a pu me séduire au début du roman, j'ai souvent survolé les descriptions en me demandant si, finalement, on en viendrait aux faits. Je reconnais donc l'habileté de l'auteur et sa culture, son écriture originale mais, malgré tout, j'ai trouvé la lecture plutôt fastidieuse et j'avais hâte de finir ce roman pour passer à autre chose. La parcimonie avec laquelle j'ai attribué les étoiles reflète cette ambivalence. C'est finalement à moi en tant que lectrice de ce roman que je donne trois étoiles pour ma persévérance en dépit de mes bâillements, plus une demi pour l'avoir finalement terminé.
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Roman que j'ai trouvé peu agréable puisque j'ai du le lire dans le cadre du cours de français lorsque j'étais au lycée. J'avais peu de clés pour comprendre et peu d'appétence pour ce type d'écriture.
Ceci dit, c'est évidemment un texte remarquable, il y a peu de textes qui décrivent aussi bien un monologue intérieur qui va amener à prendre une décision radicale.
L'homme contemporain a peu d'occasion de se retrouver face à lui même et, plus aujourd'hui qu'il y a 50 ans, a les moyens d'éviter de se confronter à soi. C'est une confrontation remarquable traitée avec brio. J'aimerais lire la même histoire, orchestrée autour d'une retraite ou d'un moment d"introspection guidée. C'est peut être une démarche à réinventer. Que changerions nous? Changerions nous?
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Ce livre est un véritable objet littéraire non identifié. Audace de parler à la seconde personne du pluriel, en embarquant le lecteur comme partenaire d'un voyage. Capacité à décrire un voyage en train entre Paris et Rome en en remarquant les détails les plus prosaïques. Tourments d'un homme ordinaire, face à une situation à peu près ordinaire (vais-je quitter ma femme pour vivre avec mon amante?), décrits avec une minutie d'horloger.
Il y a le personnage principal, ce voyageur. Face à lui, dans un compartiment de chemin de fer, d'autres voyageurs, dont il imaginera la vie, observera chaque accessoire, relèvera chaque geste, ceci sans qu'un parole ne soit échangée durant 20 heures. (Le train aussi est un des personnages du livre). Il y a la femme du personnage, mère de famille résignée, à Paris. Et la maîtresse, jeune veuve, à Rome. Et Rome: la ville italienne, destination du voyage, est aussi présentée comme un personnage du livre.
Tout est construit de façon extrêmement simple apparemment, mais derrière cette simplicité se cache un énorme travail: tant de détails, tant de symboles aussi (il doit nous en échapper beaucoup...), résultat de la construction d'une oeuvre littéraire exceptionnelle et unique.
Nous oublierons vite que MIchel Butor appartenait à ce groupe hétéroclite et bancal d'écrivains du "nouveau roman", qui a produit un certain nombre de livres-catastrophe (voir le Moderato Cantabile de Duras). Cette "Modification", heureusement, ce n'est pas un "nouveau roman". C'est un livre nouveau, original, fort, unique.
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