Un sujet particulièrement intéressant pour tous ceux qui se refusent à jouer le jeu du capitalisme, de ses hiérarchies absurdes et de ses logiques concurrentielles destructives des relations humaines. L'enjeu est de taille et son étude mériterait plus que cette suite de textes qui demeurent trop souvent à la périphérie du problème malgré leurs bonnes intentions manifestes. En ce temps où le capitalisme en est de plus en plus réduit à des logiques totalitaires et n'hésite plus à mettre au rencart des pans entiers de populations condamnés à toujours plus de précarité, déserter ne suffit plus. Il est indispensable dans le même mouvement d'ouvrir des perspectives de dépassement de cette machine à broyer les vies qu'est la présente organisation sociale - qui n'a d'ailleurs plus rien de social. Nous sommes nombreux à ne plus vouloir de ce monde là et à refuser autant que cela nous est possible d'y prendre place. Mais la question qui est désormais ouverte et prioritaire, c'est d'envisager pleinement le monde où nous pourrions justement prendre place et qui pourrait enfin faire sens pour le plus grand nombre. Les idées ne manquent pas, il nous faut encore la volonté de les mettre en oeuvre, en mouvement.
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Il est inévitable que certaines personnes aient plus de connaissances ou d'expérience. Tout le monde ne débarque pas dans un groupe avec le même bagage. Prôner l'égalité ne signifie pas que tout le monde est identique. La question est plutôt de ne pas occulter l'existence de ces asymétries, de ne pas en tirer profit à titre personnel et surtout de parvenir à partager avec les autres le meilleur de ses capacités.
Le pédagogue antiautoritaire britannique A. S. Neill, fondateur de l’école de Summerhill, a dit un jour : « Je serais vraiment très déçu si un élève de notre école devenait un jour Premier ministre. J’aurais l’impression d’avoir échoué. » Mais à l’opposé, je me rappelle un reportage sur des jardins d’enfants autonomes à Berlin des années 1970 et qui retrouvait des protagonistes une ou deux décennies après. Peu d’enfants ayant fréquenté ces lieux avaient suivi la voie de leurs parents. Certain-e-s soulignaient même que les compétences qui y étaient transmises (esprit critique, indépendance, capacité d’organisation...) les avaient aidés dans leur carrière professionnelle, notamment un type qui était devenu cadre dans une banque, ou quelque chose du genre. Alors, je ne sais pas... s’il y avait une réponse toute faite, on la connaîtrait depuis longtemps.
Si nous voulons rester utiles à notre cause, celle des opprimés et des vaincus, sachons donc ne pas sortir des rangs. À aucun prix ne nous séparons de nos camarades, même sous prétexte de les servir. Que tout homme d’honneur fasse grève dès qu’il s’agit pour lui de titres, de pouvoir, de délégation qui le place au-dessus des autres et lui donne une part d’irresponsabilité. Élisée Reclus
La question est plutôt de ne pas occulter l’existence de ces asymétries [de connaissances ou d’expériences], de ne pas en tirer profit à titre personnel et surtout de parvenir à partager avec les autres le meilleur de ses capacités.
Le refus de parvenir du prolétaire capable de parvenir n’a de sens que doublé par la volonté de parvenir du prolétariat.