AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,82

sur 115 notes
5
9 avis
4
7 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre possède la beauté éteinte du malheur.
L'écriture est maîtrisée, sobre, au service d'un récit qui n'est pas sans rappeler certaines pages d' Eugène le Roy, Alphonse Daudet, Emile Zola ou François Mauriac.... pour n'en citer que quelques-uns
L'écriture du malheur, dans sa hideuse simplicité nimbée d'une effroyable fatalité... C'est le manège de la méchanceté, de l'égoïsme et de la bêtise qui tourne et tourne encore. C'est la ronde de la médisance, des bassesses et des ignominies du terroir: Rien à envier, parfois, aux red necks d'Erskine Caldwell!
Il y a tout de même quelques lumières ténues, dans cette grisaille bien foncée: Marie, l'enfant-narratrice avec Rose la vachette aveugle et Benoît le canard... Et puis le grand-père, tout de même, et Louis le petit frère-rayon d'un soleil rare et vite éteint.
Génie la folle, est un livre tellement triste et pourtant plein d'une vie retenue au fond du regard éteint de Génie. Génie au mutisme et au courage têtus... Génie qui rejoint Emma, Tess et Pomme dans mon album des femmes de la fiction littéraire qui me marquent à jamais.
Merci, Inès Cagnati qui n'êtes plus.
Commenter  J’apprécie          643
« Petite Marie, je parle de toi
Parce qu'avec ta petite voix
Tes petites manies, tu as versé sur ma vie
Des milliers de roses... »

Ô Petite Marie, toi qui courais sans cesse derrière celle qu'on appelait Génie la folle, ta mère. Toi qui attendais sans cesse qu'elle revienne de ses longs travaux des champs, éreintée, fourbue, épuisée par tant de méchancetés dispensées par les villageois et rejetée par sa propre mère. Toi qui espérais un mot d'amour, souvent traduit par un « ne reste pas dans mes jambes ». Toi qui rêvais de l'emmener loin au pays où les vignes touchent le ciel. Toi qui aurais tant voulu voir ses yeux autrement que couleur de larmes. Toi qui aimais tant poser ton visage dans son cou et te serrer contre elle, comme les rares fois où elle te laissait faire...
Ô Petite Marie, j'aurais tant aimé que la vie te sourit. Que ta mère Eugénie puisse dénouer son coeur et t'exprimer tout l'amour qu'elle te portait sans jamais y arriver.

Génie, devenue la folle aux dires des braves gens, parce qu'elle ne voulait plus parler après le viol subi à l'âge de dix-sept ans. Se taire était sa défense : avouer le nom de son violeur l'aurait obligée à l'épouser.
Et cette grand-mère, odieuse, qui aurait préféré faire enfermer sa fille pour effacer la faute. Une famille si respectable entachée par cette inconduite ! Car la faute bien sûr est celle d'Eugénie.

Inès Cagnati fait parler la petite Marie à la première personne. Cette petite fille raconte l'immense amour qui la rattache à sa mère, à la peur de la perdre. Les incessantes répétitions renforcent ce sentiment d'angoisse. le récit est à hauteur d'enfant, Marie raconte sa vie comme elle la ressent, le vocabulaire y est simple et les descriptions mêlent réalités et rêves de petite fille. Certains passages sont d'une poésie époustouflante malgré le contexte plus que morose. Une histoire émouvante et triste, mais des personnages extrêmement attachants. Et je remercie Symphonie pour cette très belle découverte :0)
Commenter  J’apprécie          423
Ce roman, véritable poème en prose est d'une tristesse absolue. Pas une page, pas un moment pour racheter l'autre, du destin tragique de Génie la folle au travers du regard de sa fille née d'un viol qui provoqua le bannissement, au fond du jardin, d'Eugénie, fille de bonne famille, qui dès lors va se transformer en esclave volontaire de tous ceux et celles qui la connaissent, connaissent son histoire, son malheur et ne tendent pas la main.

Génie la folle expie et sa fille subit. Génie la folle se meurtrit et sa fille rejetée, mal aimée, adore cette mère qui ne lui donne rien, cette enfant désirant tant apparaître aux yeux de sa mère, comme quelque chose, un fardeau, mieux une récompense, un objet d'amour.

Poétique, l'écriture est répétitive, psalmodique même et d'une noirceur désespérante mais aussi d'une puissance folle. On aimerait alors tant serrer ces deux êtres dans ses bras !
Commenter  J’apprécie          150
Quelle claque !
Un roman qui à la puissance "Des souris et des hommes" écrit avec le génie de la sobriété pour raconter l'injustice et la cruauté. La prose singulière est la marque incontestable d'un grand écrivain.
C'est une histoire tragique dont on ne sort pas indemne et le récit avec ses répétitions lourdes de sens créé une intimité avec les personnages avec lesquels on partage la fatalité de la souffrance et la résignation à un funeste destin.
Un regret, ma découverte trop tardive de cet auteur.
Commenter  J’apprécie          140
Marie suis inlassablement sa mère, d'une ferme à l'autre, sur des chemins de terre où elle peine, de ses petites jambes à garder le rythme. A peine croit-elle la rejoindre, que celle-ci reprend sa route en lui disant : "Ne reste pas dans mes jambes".

Inès Cagnati utilise le "je" et se met dans la peau de cette petite fille qui souffre de voir sa mère, que tout le monde appelle "Génie la folle", s'échiner aux travaux des champs, ne jamais se plaindre, ne parler à personne et garder toujours un regard lointain et vide.

Comme une complainte l'auteur dit et redit la peur de la petite de voir sa mère la laisser, ne pas revenir, mais toujours la mère revient et même si la seule chose qu'elle dise soit "couche-toi", le coeur de Marie "devient fou".


"Enfin, le soir venait. Je rentrais à la course. J'attendais son retour dans le chemin, assise sous l'églantier aux branches retombantes. Dès que j'entendais son pas, je me dressais, le coeur four. Arrivée près de moi, elle disait :
- Rentre à la maison.
et je rentrais derrière elle, avec Rose.
Je voulais toujours lui dire que j'étais là à l'attendre, que j'étais si contente, si contente qu'elle soit revenue ce soir encore, que moi je l'aimais. Mais elle avait le visage plein de silence."


Mieux que n'importe quel traité Inès Cagnati nous parle de la condition féminine, de la place qui lui est réservée dans une société patriarcale où la maternité est souvent un moyen de la dominer et de la posséder, où la révolte contre cet ordre se paie par la mise à l'écart et où la "folie" vaut mieux que le déshonneur d'une famille.
Lien : https://meslecturesintantane..
Commenter  J’apprécie          81
Non, malgré le titre, ce roman ne parle pas d'une démence au sens médical du terme, quoique, d'une certaine façon, si l'on considère que le malheur est une maladie, oui, Génie est folle, et avec elle la plupart des personnages de ce livre terrible, bouleversant, un livre qui, littéralement, vous prend aux tripes.
Inès Cagnati (1937-2007) nous a laissé seulement trois romans et un recueil de nouvelles, ["Le Jour de congé", (1973), "Génie la folle" (1976), "Mosé ou le Lézard qui pleurait" (1979), "Les Pipistrelles" (1989)], mais cette oeuvre, si modeste qu'elle soit, mérite d'être connue, d'abord par la qualité d'écriture de l'autrice, qui est remarquable (l'écriture, mais je pense qu'Inès devait l'être aussi), et ensuite, et surtout, par la puissance d'émotion qu'elle fait naître, avec une sensibilité extrême, d'où émergent une tendresse immense et une grande pitié pour ses personnages sur lesquels s'acharne le malheur.
L'histoire de "Génie la Folle" se passe dans le sud-ouest de la France, il n'y a pas si longtemps. Les émigrés italiens qui ont fui l'Italie de Mussolini, se sont implantés en grand nombre dans le Sud-Ouest, entre Garonne et Pyrénées. Pour la plupart ouvriers agricoles, ils ont mené une vie de misère auprès de fermiers qui les considéraient à peu près comme des esclaves (je peux en témoigner, plusieurs membres de ma famille ont connu ça en arrivant en France dans les années 30). C'est dans ce milieu qu'a grandi Inès, et ce milieu rude et cruel qu'elle dépeint dans "Génie la Folle". Marie est une petite fille, qui n'a pas de père, seulement une mère, rejetée par tous (pensez donc elle a été violée, cette traînée, elle l'a bien cherché), on l'appelle Génie la Folle. Pas folle zinzin, bonne pour le cabanon, mais bizarre, enfermée dans un mutisme farouche, n'ouvrant la bouche que pour donner brièvement de sèches consignes : "Lève-toi", "va te coucher". Et pourtant Marie lui voue un amour immodéré, comme si le malheur opérait des connexions, comme ça, entre les êtres. Mais elle est comme ça, Marie, avec son grand-père, avec la vache, avec le canard, avec son ami Pierre. Avec sa mère, elle tombe sur un mur, mais elle attend, elle attend qu'un jour une porte s'ouvre, c'est sûr un jour Génie la Folle retrouvera le sourire... Mais il n'y a pas que dans la Grèce d'autrefois que la machine infernale du malheur met en branle ses mécaniques terribles...
"Génie la Folle" est un roman pathétique qui décrit l'amour d'une petite fille pour sa mère qui, traumatisée, ne sait pas y répondre. Avec une infinie pudeur, mettant en vis-à-vis l'innocence de l'enfant et la méchanceté, la malignité, la cruauté extrême du monde qui l'entoure, Inès Cagnati écrit un roman d'une grande intensité et d'une grande force, faisant le portrait de deux femmes, la mère et la fille, que vous n'êtes pas prêts (ou prêtes) d'oublier.
Je n'ai pas lu le recueil de nouvelles ("Les pipistrelles"), mais je vous recommande les deux autres romans ("Le jour de congé" et "Mosé le lézard qui pleurait"), de la même veine, et preuve d'un réel talent littéraire (disponibles chez Folio)
Commenter  J’apprécie          70
j'ai relu ce roman d'Inès Cagnati avec grand plaisir. J'ai cependant été, à nouveau bouleversée par la vie de cette femme, Eugénie, fille d'une famille de notables qui, malheureusement a été violée à dix-sept ans, et a eu une petite fille, Marie, la narratrice. Les grands-parents ont chassé leur fille qui vit, dans une masure, en bordure de l'immense propriété de ses parents, juste à l'orée de la forêt.
Marie adore sa mère. Cette dernière, pour subvenir à leurs besoins, devient domestique agricole. Chaque jour, elle va de ferme en ferme et fait tous les gros travaux que les uns ou les autres exigent. elle est taillable et corvéable à merci. Elle est exploitée et peu rémunérée; Elle ne demande rien, elle subit. Marie se rend de temps en temps chez ses grands-parents, en cachette de sa mère. La grand-mère ne la supporte pas. le grand-père, grand blessé de la guerre, lui donne quelques friandises, des noisettes, des fruits....
Marie a la hantise d'être abandonnée par celle qu'elle chérit. Tous les jours, lorsqu'elle n'est pas à ses côtés, elle guette, avec angoisse son retour. Marie demande même à sa mère d'exiger une génisse en paiements de ses travaux. Un fermier accèdera à sa volonté et lui donnera une " velle " : celle-ci est aveugle. Marie L éduquera et la conduira sur les chemins afin de la nourrir.La viue est très dure pour ses deux êtres et Eugénie, dite Génie la folle, ne craint pas sa peine. Pendant que ses "employeurs" se repose, elle doit accomplir tous les gros travaux : fenaisons, moissons, repiquage du maïs, vendanges, entretien des jardins... C'est une véritable esclave du milieu agricoles. Jamais un mot gentil, jamais un geste d'amitié, jamais, d'encouragements ou de simples remerciements de la part de ces fermiers qui profitent de la situation de la jeune femme.
Marie poursuivra ses études, à La Rochelle, loin de sa mère. Elle ne la rejoindra que lors des vacances de Noël, Pâques et les grandes vacances. Génie trouvera-t-elle le bonheur près d'un fermier qui va l'embaucher ?
Lu dès sa parution, ce roman m'avait subjuguée. J'ai retrouvé la plume alerte d'Inès Cagnati. Les répétitions scandent son récit. J'imagine sans peine une petite femme, toute menue, mais très tonique, vive, alerte, qui sans cesse parcourt la campagne à la recherche de travaux à faire, chez les uns ou chez les autres; derrière cette femme, une petite fille qui court, afin d'être toujours à proximité de sa mère. Marie a besoin de calins. Cette enfant n'a pas été désirée et sa mère, alors âgée de dix-sept ans a eu une lourde responsabilité sur les épaules. ? Je vais relire Jour de congé, autre roman d'Inès Cagnati et autant que je me souvienne, aussi noir que celui-ci. Si vous trouvez l'un ou l'autre de cette auteure, n'hesitez pas.
Lien : https://lucette.dutour@orang..
Commenter  J’apprécie          74
Joli livre....livre triste...
Du début à la fin il est triste. C'est l'histoire de Marie, une petite fille qui court après le bonheur comme elle court après sa mère à longueur de journée. Sa mère, bien injustement surnommée Génie la folle.
Marie court court mais ne fait qu'effleurer le bonheur. Elle le perçoit, tend le doigt vers lui, et quand soudain elle est près de le toucher, c'est lui qui s'en va en courant. Comme si elle n'y avait pas droit. Et pourtant! Qu'elle est attachante cette enfant!
Ce livre est poignant, quand on le quitte on ne peut s'empêcher de penser à Marie, on désire savoir, connaître la suite, on a hâte de reprendre notre lecture afin de découvrir si enfin le rose va venir teinter un peu la vie de cette petite tellement noire.
Une belle découverte.
Commenter  J’apprécie          20
Parce qu'elle a déshonoré sa famille , elle vit en recluse dans une masure avec sa petite fille.
Elle survit en travaillant dans les fermes souvent pour un morceau de pain ou moins.
Maris sa petite fille la suit ou l 'attend toujours avec la peur de la perdre.


J'ai beaucoup aimé ce livre , le travail dans les champs , la dureté de la vie.
Que de souvenirs sont remontés à travers Marie.
La méchanceté des gens étaient déjà d'actualité
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (255) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3667 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}