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sur 533 notes
Ecotopia a un côté fascinant. En effet, à sa lecture, il est difficile de concevoir que l'auteur l'a écrit il y a près de 50 ans, alors que l'écologie et le développement durable était encore des notions émergentes, franchement marginales. Et pourtant, Ernest Callenbach a une vision déjà très globale du problème... Et des solutions ! Ses approches de l'urbanisme, de la mobilité, de la gestion des ressources naturelles sont assez époustouflantes et inspirantes.

En revanche, on ne peut pas dire qu'Ecotopia soit un roman très fluide et, à vrai dire, j'ai trouvé que le style littéraire tout comme l'arc narratif était pauvre, pour ne pas dire raté. Et c'est dommage, car l'idée de départ est séduisante : envoyer un pur produit américain, franchement hostile, en reportage en Ecotopia, cette "dictature écologiste" en racontant ce qu'il voit à la fois par ses articles et par ses écrits personnels promettait de belles choses. J' aurais ainsi aimé voir beaucoup plus comment l'homme changeait et le journaliste lui, s'évertuait à conserver son regard externe. Mais on sent bien trop, dans l'écriture du personnage principal, qu'Ernest Callenbach est un grand convaincu. Et lorsqu'il essaie d'être critique au travers de son personnage envers l'Ecotopia, on sent bien que ce n'est qu'une manière déguisée de la mettre en valeur, souvent en exagérant les travers de la société américaine.

Finalement, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup à apprendre de ce livre, et que les idées de l'auteur était assez fascinantes, mais le manque de subtilité général (je passe d'ailleurs sur la fixation sexuelle omniprésente du livre) le desservait.
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Ce livre se compose de moyens de communication : le premier étale les articles de William Weston, journaliste américain qui a été admis au sein d'Ecotopia, ce pays (trois états côté ouest Californie/Oregon/Washington) qui a fait sécession avec les USA et qui prône une économie, une vie et une constitution plus adaptée à la nature, à la valeur de chaque individu, à une égalité totale entre les hommes et les femmes, et un respect mutuel.
Quand il débarque, lui le journaliste aguerri, il est plein de préjugés sur le pays qui, vu de l'autre côté de la frontière, est retourné au moyen-âge.
Le second moyen est le journal de bord, intime, dudit journaliste qui étale sa vie quotidienne, ses rencontres, ses discussions, ses réflexions sur sa vie aux Etats-Unis, ses problèmes de couple, etc.
Petit à petit, il évolue dans sa vision d'Ecotopia, grandement grâce/à cause de Marissa, femme libre, attirante, sans prise de tête, libertine et ancrée dans ses besoins, loin du schéma qu'il connaît depuis son enfance.
A travers ses yeux, on découvre le pays, les conditions de vie, de développement économique, sociétal, les lois égalitaires, la présidente, les différentes autorités locales, la démocratie participative, la liberté des moeurs afin que chacun soit libre de vivre comme il l'entend, et ce côté un peu nature(aliste) de chaque écotopien/nne.
Alors oui, au fil du récit, on s'amuse beaucoup d'une telle société, des interrogations de William, de sa jalousie, de ses comparaisons, des éclairages plus ou moins partiaux sur Ecotopia, et sur le fait que tout n'est pas plus vert ailleurs et encore moins parfait…
Pourtant, ce texte publié en 1975, trouve de nombreux échos avec nos sociétés actuelles, nos problèmes climatiques, nos examens de conscience politique et notre avenir en tant que civilisation.
Etonnamment, on se plaît à piquer çà et là quelques bonnes idées, même utopiques pour la plupart, sauf à remettre tout à plat (une bonne guerre ?).
Roman agréable à lire pour réfléchir (ou pas), pour comprendre (ou pas), que toute nation prépare le futur des générations futures (et pas la suivante, malheureusement).
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Le présent roman est paru en 1975.

Il nous parle d'Ecotopia, ce nouveau pays, né une vingtaine d'années en arrière, réunissant trois états de la côte ouest des Etats-Unis : la Californie, l'Orégon et Washington. La sécession a eu lieu et désormais, Ecotopia s'affirme et se construit dans un souci de respect fondamental de l'écologie et du bien-être de chaque citoyen.

A l'heure de la reprise des relations diplomatiques entre Ecotopia et les Etats-Unis, ces derniers dépêchent un journaliste, William Weston, pour observer les moeurs et tous les aspects de la société écotopienne.

L'auteur construit son roman à partir de l'ensemble des articles écrits par William, envoyés quotidiennement au Times-Post, au milieu desquels s'intercalent des passages, au jour le jour, de son journal intime sur une période de 7 semaines.

C'est passionnant. Tous les aspects sont abordés : de l'économie à la politique, … de la scolarisation à la création de la famille élargie et de la vie en communauté en passant par la liberté sexuelle, … de la légalisation du cannabisme à une autre forme de médecine et de vie à l'hôpital, … du recyclage et de la gestion des déchets à la gestion des énergies et des forêts … de la journée de travail de 20h aux activités sportives et intellectuelles, …. à tous les aspects du passage à une société écologique.

Cela demande au lecteur de la persévérance car les descriptions et argumentations sont nombreuses.
Les passages tirés du journal intimes romancent cette description quasi sociologique. Notre journaliste, très sceptique et bourré de préjugés, va peu à peu évoluer dans sa façon d'être et de penser.

J'ai beaucoup aimé ce roman et la société décrite à tel point que je regrette qu'un tel endroit n'existe pas, j'aurai bien pris un billet aller simple…

Je vous invite vivement à découvrir cette utopie écologique.



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On ne prend jamais assez de temps pour remercier certains éditeurs français, pour leur capacité à aller piocher dans la littérature américaine des décennies passées afin d'en extraire un grand roman peu connu, voire oublié du lectorat francophone et le (re)traduire et le (re)publier.

C'est le cas de l'éditeur Rue de l'échiquier qui, grâce à une traduction de Brice Mathieussent, a exhumé Ecotopia des limbes d'outre-Atlantique, 40 ans après sa première édition (chez Stock), relayé par Gallimard en format poche dans la collection Folio SF.

Quand j'utilise le terme limbes, c'est vraiment une formule de style car le roman d'Ernest Callenbach est extrêmement célèbre aux US. Vendu à plus d'un million d'exemplaires à sa sortie, en 1975, il reste aujourd'hui le plus parfait exemple de roman utopique écologique.

Ernest Callenbach était un partisan de la simplicité volontaire, un mode de vie consistant à réduire volontairement sa consommation en l'ajustant à ses besoins réels.

Ecotopia décrit, de manière exceptionnellement précise et élaborée, le fonctionnement d'un état et la vie de ses habitants appliquant dans ses moindres détails cette "philosophie". Une sorte d'utopie écologiste, donc, proche des mouvements actuels prônant la décroissance et le respect de la nature.

Mais réduire le roman à une projection écologiste serait vraiment réductrice, car c'est tout un écosystème économique et une remise en question complète de nos paradigmes sociétaux que décrit l'auteur, avec un brio indéniable.

Contrairement à ce que l'on pourrait craindre, le roman, écrit peu après la grande vague de remise en question de la consommation post 68, n'a pas vieilli d'un pouce.

Au contraire : les développements imaginés par Callenbach se révèlent, tout au long d'une lecture passionnante, d'une stupéfiante modernité !

[Lire la suite de ma critique sur mon site le Tourne Page]
Lien : https://www.letournepage.com..
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Ecotopia est un livre écrit en 1975 par Ernest Callenbach, le rédacteur en chef d'une célèbre revue de cinéma, et récemment republié en France par les éditions Rue de l'échiquier. Son thème ? Comment vit-on en Ecotopia, un pays qui a décidé de mettre l'écologie au coeur de ses principes? A l'heure où l'on parle de plus en plus de la nécessité d'un développement soutenable, ce livre, pourtant paru il y a plus de quarante ans, reste d'une grande actualité.
Vingt ans après la sécession de plusieurs Etats américains (l'Oregon, une part de la Californie et l'état de Washington) pour créer un nouvel Etat basé sur l'écologie, le journaliste new-yorkais William Weston est autorisé à rentrer en Ecotopia, pour enquêter sur ce nouveau pays.
Les notes prises par Weston et les articles qu'il rédige pour le Times-post constituent le récit. le carnet de bord personnel du journaliste a le mérite de montrer le changement progressif de William Weston vis-à-vis de la société écotopienne (d'abord ironique, il est peu à peu acquis aux principes du nouvel système) ; ce carnet devient de plus en plus différent de la version plus policée qu'il destine aux lecteurs américains.
Qu'est-ce que ce nouvel Etat et quels sont ses principes ? Au fil des pages, le lecteur découvre l'ensemble des mesures qui ont été mises en place depuis 1974, l'année de la sécession. le recours aux transports en commun et vélos gratuits, le recyclage, la végétalisation des villes, la semaine de vingt heures, la production d'énergies renouvelables avec un fort accent sur le côté local… Un fonctionnement en rupture avec la pratique du voisin Etats-Unien.
On est quelque peu stupéfait car on se dit que les solutions qui sont prônées aujourd'hui pour freiner le réchauffement climatique sont toujours les mêmes qu'évoquées il y a plusieurs dizaines d'années. Cela peut paraître exaspérant. On y parle par exemple d' « une économie domestique fondée sur l'état d'équilibre : tous les déchets alimentaires, les eaux usées et les ordures devaient être transformés en engrais organiques destinés aux terres cultivables, où ils entreraient à nouveau dans le cycle de production. » du bon sens en fait…
Est-ce pour autant une société utopique et harmonieuse ? Non, les diverses personnages du livre l'avouent, des défis sont toujours à relever. de plus, c'est une société qui tend à se fragmenter, et des jeux de guerre rituels sont même inventés pour canaliser l'agressivité et le besoin de compétition. Ce que je trouve intéressant, c'est que le progrès technique reste présent (l'usage de la visioconférence est très largement répandu), mais il est jugé et développé seulement s'il apporte une valeur ajoutée environnementale.
L'intrigue retranscrite essentiellement dans les carnets personnels du journaliste est d'un intérêt relatif. Il tombe amoureux d'une écotopienne et se trouve peu à peu intégré à cette société. le principal atout du livre reste cette vision d'un monde qu'on souhaite durable et les impact sur la société ; elle prévaut également sur les qualités littéraires du livre au sens strict.

Lien : https://etsionbouquinait.com..
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Je continue ma tournée des romans utopiques en essayant d'éviter les dystopies autant que possible. La lecture d'Ecotopia s'inscrit dans cette logique.

La lecture de ce roman m'a profondément perturbé. La raison principale est que lorsque j'ai entamé sa lecture, je pensais qu'il s'agissait d'un livre très récent et je me suis dit qu'il était bien écrit, très au courant des problèmes environnementaux et sociaux actuels et de ce qu'on pourrait faire pour y remédier. Bref, un livre permettant de se familiariser avec l'écosocialisme et donc très au fait des enjeux environnementaux actuels.

Lorsque j'ai découvert qu'il avait été écrit en 1975 - 5 ans avant ma naissance - , j'ai été pris de vertige:

- soit il s'agit d'un livre d'anticipation où Callenbach prévoit 50 ans à l'avance ce qui se produit, et dans ce cas, ce livre est un vrai chef d'oeuvre d'anticipation qui dépasse d'autres bien plus connus.

- soit tout était déjà su il y a 50 ans (au moins en Amérique), on savait déjà ce qu'on faisait mal et ce qu'il fallait rectifier et on savait déjà comment et on a rien fait... Et je sens alors grandir en moi une profonde et sourde colère dévastatrice contre cette génération qui nous a précédé (le fameux baby-boom) et qui aura décidément bien dégradé égoïstement le monde, en connaissance de cause et sans réagir !

Face à mes élèves -je suis professeur de SVT-, j'ai sans cesse lorsque j'aborde le développement durable, le discours selon lequel nos activités humaines ont dégradé l'environnement mais que notre prise de conscience est très récente, qu'on ne peut pas en vouloir à nos parents parce qu'ils ne savaient pas... mais qu'eux, enfants des années 2000 n'auront plus cette excuse, parce qu'ils auront appris les conséquences de nos actions.

Et un roman me révèle que je suis dans l'erreur depuis tant de temps: Que si, ils savaient et non ils n'ont rien fait...

Génération égoïste...

Et on nous envahit de discours sur la maltraitance des personnes âgées, sur l'égoïsme des jeunes envers les vieux... Ne serait-on pas en train d'inverser les victimes et les coupables ?

Douleur...

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La réédition de ce livre a été mise en avant sur de nombreux sites environnementaux et les articles m'ont bien tenté. Savoir qu'Ernest Callenbach l'a écrit en 1975 m'a laissé un peu perplexe mais une utopie écologiste ne peut que me tenter.

J'ai été un peu surpris avec le contexte de l'histoire et la sécession de trois états américains pour créer un pays, Ecotopia, plus vertueux pour la planète.

Les idées d'Ernest Callenbach, certaines m'ayant semblé un peu trop utopiques, sont très novatrices au moment de la sortie du roman mais font sens aujourd'hui. Tous les thèmes majeurs sont abordés et permettent de comprendre comment fonctionne ce nouveau pays : économie, politique, éducation, santé, travail, vie en société.

La lecture du roman devrait être obligatoire dans les cabinets ministériels « écologique » et inspirer les dirigeants actuels de la planète.

Une lecture positive et encourageante nous montrant que le changement est possible si nous sommes capables de vivre en harmonie avec la nature.
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Un classique du récit utopique écrit en 1975, qui provoque plaisir, étonnement, beaucoup d'interrogations et qui trouve encore un réel écho de nos jours. Car l'Écotopia, ses trois états de la côte ouest des États-Unis réunis en un seul état aux nouvelles valeurs, ressemble à s'y méprendre à certaines communautés actuelles qui se mettent en place et revendique des idées qu'il ne faudrait pas manquer de défendre et d'instaurer si l'on ne souhaite pas se faire engloutir par notre propre croissance. Je me suis questionnée sur la faisabilité de certains aspects de cette société, j'ai souri face à des principes qui même pour une société écologique en feraient tiquer plus d'un. Écotopia semble le pays où l'expression individuelle et collective est exacerbée et pourtant je n'ai pu m'empêcher de ressentir parfois un certain malaise, comme si cette liberté pouvait sembler manipulée.
J'avais beaucoup entendu parler d'Écotopia et de sa nouvelle traduction chez rue de l'Échiquier, dont la nouvelle collection fiction entre imaginaire et sensibilité du vivant me plait énormément. Écotopia semble comme une prolongation des réflexions déjà proposées dans le meilleur des mondes ou Fahrenheit 451, où l'on retrouve des personnages aux émotions exacerbées, bousculés dans leurs habitudes, où les dystopies ou utopies envisagées sont finalement criantes de vérité à l'heure actuelle, où les héros me semblent à la fois passionnés mais aussi très froids, aux allures presque androïdes. Dans ce roman d'Ernest Callenbach, j'ai apprécié l'approche journalistique, mêlant journal intime du reporter et articles de presse, comme un réel documentaire sur cet état fictif, parfois excessif et pourtant si réaliste, pointant également l'écart entre le vécu, la réalité et ce qui sera finalement retranscrit dans les média. J'aimerais pouvoir le lire et le relire et analyser chaque précepte qui sous-tend ce nouvel état, à quel point sont-ils réalisables et réellement bénéfiques pour la population et la planète : que penser de la ségrégation raciale qui s'opère d'elle-même, des jeux de guerre, de la nonchalance exaltée, de l'absence de retenue et de pudeur. Force est de constater que dans un premier temps, les bases de ce nouvel état se sont fondées sur la réglementation et non sur le bon vouloir, parfois dans la douleur et l'inconfort, puis la population s'est habituée, accaparée ces nouvelles réglementations pour finalement s'épanouir. Que penser de la présidence de cet état, qui semble à la fois déconnectée du terrain, mais qui donne le sentiment de tout savoir, qui semble avoir laisser entière liberté à son peuple, mais dont le contrôle se fait subtilement ressentir. Ces sociétés qui laissent peu de place au moi sont souvent déstabilisantes et nous ressentons parfaitement le combat intérieur de William, entre manque de sa vie américaine classique, moments de plénitude écotopiens, d'un côté le confort et le superficiel, de l'autre un tout autre mode de vie et une réelle réappropriation de soi, de son corps et de ses émotions. Si vous avez aimé Huxley et Bradbury n'hésitez pas à poursuivre vos lectures avec Callenbach qui laisse entrevoir l'espoir qu'une autre société pourrait être possible.
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J'aurais adoré aimer ce livre, réunissant uchronie et écologie. Mais pour moi, dès les 100 premières pages, c'est l'ennui qui a dominé. Car si Ecotopia peut sembler visionnaire dans son propos, prédisant dès 1975 nombre d'avancées techniques ou de simplifications écologiques pour préserver la planète (façon décroissance), il est aussi terriblement daté côté style et construction.

Rien ne m'a donc fasciné dans ce récit du point de vue d'un journaliste américain qui part visiter des villes de 3 états sécessionistes ayant décidé de faire de la préservation de la Terre leur priorité politique. le journaliste William Weston est peu attachant, et le récit alterne entre son journal et les articles qu'il envoie à son média. Tout ça est d'un classicisme terrible, plat et redondant, d'autant que la majeure partie du texte se borne à des descriptions de la vie et des innovations dans ces États.

Bref, je ne conseille pas ce livre, qui a été pour moi une perte de temps, malgré les idées plutôt positives qu'il véhicule.
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Publié en 1975, Ecotopia bénéficie d'une réédition récente en VF. C'est, à mes yeux, un classique SF à ajouter à côté de 1984 de George Orwell et du Meilleur des Mondes de Huxley. Seule différence, à l'inverse de ces deux derniers, Ecotopia dépeint une société qui veut tendre vers un idéal écologique.
L'idée du roman, c'est que 3 Etats américains ont fait sécession pour instaurer Ecotopia, une contrée entièrement basée sur les concepts écologiques. Un journaliste américain est envoyé en reportage, vingt ans plus tard, pour découvrir ce que sont devenus ces Etats. Entre son carnet intime et ses articles, nous découvrons le principe d'un pays entièrement basé sur l'écologie.
Ce qui est intéressant dans cet ouvrage, c'est qu'il rappelle qu'une réelle politique écologique ne peut pas s'instaurer sans sortir de la logique capitaliste (sans pour autant sombrer dans le communisme). Ainsi, outre les énergies durables, le recyclage, les produits locaux que l'on connaît déjà, Ecotopia a instauré la semaine de travail de vingt heures, supprimé les rapports patrons/salariés (les travailleurs discutent de leurs conditions de travail, décident des modifications etc), et même au niveau du corps décisionnaire du gouvernement, leurs bureaux et biens ne diffèrent pas de ceux du citoyen lambda (qui peut réagir en direct aux informations télévisées et donner son avis en direct quant aux décisions gouvernementales). Voilà qui fait réfléchir !
Le roman souffre en revanche de son âge - écrit dans les années 70, cela se voit entre la légalisation de la drogue et la sexualité débridée. L'autre bémol, c'est que, certes, le narrateur est un Américain moyen bourré de préjugés (pour lui il est impensable de faire le tri de ses déchets ou de ne pas pouvoir choisir entre 15 couleurs différentes d'un produit donné), mais on sent trop le fait que l'auteur est un homme blanc hétéro. Sérieusement, les biais sexistes et même racistes et validistes de l'auteur sont très visibles - le passage de l'infirmière qui couche avec le patient pour 'l'aider à guérir" m'a clairement fait penser à un mauvais scénario d'ouvrage porno ! Par ailleurs, malgré un début qui paraissait montrer une société égalitaire (une femme présidente, l'éducation des enfants partagée réellement entre hommes et femmes), j'ai vite déchanté quand le principal sport national est indiqué comme réservé aux hommes parce que ceux-ci ont (selon l'auteur) davantage besoin de compétition alors que les femmes préfèrent la sphère pensante et soignante (stéréotypes de genre, bonjour). Je parlais aussi de biais racistes, parce que la question des populations non blanches m'a paru mal abordée (mais n'étant pas concernée, je n'analyserai pas davantage). Quant au validisme, il m'apparaît parce que nulle part, je n'ai vu apparaître la question du handicap et que les infrastructures détaillées ne me paraissaient pas adaptées à des citoyens invalides.
En résumé, Ecotopia vaut surtout pour son côté préoccupé avant l'heure par l'environnement et par son lien entre écologie et refonte profonde de la société. Malheureusement, il reste marqué par son époque comme par les biais de son auteur.
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