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sur 32297 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« La brûlure du soleil gagnait mes joues et j'ai senti des gouttes de sueur s'amasser dans mes sourcils. C'était le même soleil que le jour où j'avais enterré maman et, comme alors, le front surtout me faisait mal et toutes ses veines battaient ensemble sous la peau. À cause de cette brûlure que je ne pouvais plus supporter, j'ai fait un mouvement en avant. Je savais que c'était stupide, que je ne me débarrasserais pas du soleil en me déplaçant d'un pas. Mais j'ai fait un pas, un seul pas en avant. Et cette fois, sans se soulever, l'Arabe a tiré son couteau qu'il m'a présenté dans le soleil. La lumière a giclé sur l'acier et c'était comme une longue lame étincelante qui m'atteignait au front."

La citation est longue mais elle permet de souligner l'une des qualités majeures de ce roman : la finesse des descriptions. L'étranger de Camus possède en effet un style d'une simplicité révolutionnaire. Il faut dire que l'auteur a le sens formule : les phrases sont simples et concises, les images sont efficaces et la narration bien rythmée. Bref, avant même l'histoire, l'étranger de Camus mérite d'être lu ne serait-ce que pour ce style d'une précision chirurgicale.

Mais le style ne fait pas le livre à lui tout-seul et il est ici au service d'un propos bien défini. Inscrit dans le cycle de l'absurde au côté du Malentendu et du Mythe de Sisyphe, l'étranger est en réalité une fiction au service de la philosophie de l'absurde. Camus y présente l'histoire de Meursault, personnage absurde. Cela signifie qu'il est amoral, honnête et, sans dire heureux, au moins éloigné du malheur. Meursault ne pleure pas sa mère morte parce qu'il n'est pas triste par exemple et ne voit pas pourquoi il suivrait ces conventions. Il ne se tourne pas vers la foi lorsqu'il en aurait besoin également. Il reste honnête avec lui-même. Sa situation a beau être désespérée, ce n'est pas une raison pour lui de se tourner vers Dieu.

Ainsi, l'étranger de Camus se lis comme un exemple philosophique, comme une illustration possible de la philosophie de l'absurde. On peut reprocher beaucoup de choses à Meursault, mais certainement pas son honnêteté. D'ailleurs, s'il est absurde, la société (les juges, les religieux, son entourage) l'apparaît tout autant. Et c'est finalement l'une des forces de ce livre que de mettre en parallèle le personnage extrême de Meursault et les institutions prétendument "normales" de nos sociétés.
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Un livre qu'on ne présente plus, donc je ne le présenterai pas.
C'est court et c'est fort. Avec peu de mots, Albert Camus parvient à décrire de lieux, des personnages et des sentiments de manière claire et précise. "L'étranger" dépeint une situation absurde avec des phrases très simples. Franchement, cette économie de mots qui ne rate jamais sa cible me laisse pantois. Pas un classique pour rien.
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J'aurais pu passer à côté de ce livre. En fait je l'ai lu quand je devais avoir 13 ou 14 ans au collège, mais il est évidemment je n'avais rien compris, je n'avais probablement pas aimé, je pensais ne jamais remettre le nez dessus ! Et puis régulièrement en ce moment, dans des livres de philosophie, on me site Camus, et j'arrivai à penser de plus en plus que ce serait quelqu'un que j'apprécierais. J'ai bien fait de me replonger dans l'Etranger !

Le narrateur, Meursault, est en effet plus qu'étrange ! Un drôle de gars on dirait, taiseux, qui ne cherche pas forcément à faire plaisir aux autres, qui a assez peu d'attente, et qui semble être content de beaucoup de choses.

On a vraiment l'impression d'être dans sa tête c'est très étrange pour le coup !

Le destin l'emmène d'une mauvaise fréquentation à un meurtre, et on suit son procès dans la seconde partie. La mécanique est lancée, on ne saura plus l'arrêter.

De belles descriptions de la plage et du ciel en Algérie.

Et en relisant le début, si connu : "Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas", je me rends compte que tout le roman est là !

Je le relirai avec plaisir, car j'ai senti beaucoup de profondeur, et on se retrouvera lui et moi, c'est sûr ! :)
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Nous sommes en Algérie, dans les années 40.
Meursault narrateur de sa propre histoire apparait comme un homme détaché de tout, étranger à la vie.
C'est avec un détachement total qu'il apprend la mort de sa mère et qu'il fait juste un aller-retour sur la journée pour assister à ses obsèques.
A la surprise de tous, il ne souhaite pas même la voir une dernière fois.
Meursault nous apparait même antipathique.
Il se contente de traverser la vie
Oui, mais voilà pour son malheur Raymond l'un de ses amis a un différend avec un Arabe frère de son ex-maitresse.
Lors d'un dimanche entre amis sur la plage, Meursault subtilise à Raymond le revolver que ce dernier avait pris pour se défendre contre cet homme qui le poursuit.
Meursault toujours le revolver dans sa poche retournera seul à l'endroit où Raymond et lui venaient de rencontrer l'Arabe.
Devant le couteau que ce dernier exhibe, il va tirer une première fois, puis trois autres fois.
C'est toujours dans une indifférence totale, que Meursault vivra son incarcération tout comme son procès.
Procès qui ne sera pas celui d'un geste mais de la vie d'un homme qui sera disséquée par le Procureur et le Juge.
Un grand classique de la littérature, que j'avais lu dans mes années lycée, mais que j'ai relu avec un autre regard.
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La première chronique de cette année 2020 sera donc consacrée à "L'étranger" d'Albert Camus (Gallimard, 1957, 186 p.). La première édition date de 1942, dans la collection « Blanche » de chez Gallimard et fait 159 pages. le nombre de pages changent un peu en fonction de l'édition. Toutefois, ce n'enlève rien à la rapidité de lecture (environ 4 heures dans mon cas).

C'est ma première lecture de ce roman et j'écris cette chronique peut-être en manquant de recul. J'en ai lu des analyses, sur Internet, bien plus profonde que celle qui va suivre. Néanmoins, il s'agit de mes réactions et j'avais à coeur de les partager, car cette histoire m'a marqué.

Au départ, je n'avais pas envie de le lire, pensant que cela allait me miner mon moral, pas forcément bon en ce moment. Sur ce point, c'est évident que l'histoire est triste d'une certaine façon.

Ce qui me frappe c'est que les événements sont connus par le lecture qui en lit simplement un résumé. L'intérêt du roman est donc ailleurs. En effet, ce livre est court, et toute son interprétation me semble reposer justement sur les événements de l'histoire et notamment sur ceux de la deuxième partie.

La quatrième de couverture est justement intrigante, car elle est extraite de la deuxième partie du livre et mentionne le fait que le héros aurait la tête tranchée sur une place publique. Pourquoi donc en arrive t-on là ? C'est à cette question que tente de répondre la première partie du livre. Mais y a-t-il vraiment une réponse possible ?

Je connaissais donc la fin du livre. Je peux dire, après coup, que connaître la fin ne change pas spécialement l'impression provoquée par la lecture. Cela n'enlève rien à la découverte et provoque sans doute les mêmes questionnements. J'avais lu des extraits dans le cadre scolaire, il y a déjà plus de dix ans. Je ne me rappelais pas de tous les détails, bien sûr, et mon impression fût bizarre en refermant le livre.

Meursault, le anti-héros du livre, apparaît tout à la fois sensible et insensible, indifférent et concerné par les événements qu'il provoque ou même dont il est la victime indirecte (notamment lors du procès)... Est-il aussi naïf qu'il le paraît ? Finalement être capable de comprendre sa personnalité est compliqué et je suppose que Camus le fait exprès.

Le lecteur, à la fin du roman, reste mal à l'aise.‬ L'empathie que j'éprouve pour le anti-héros qu'est Meursault, est particulière. L'homme a tué. Mais il se fiche pas mal des convenances sociales et il lui importe peu d'avoir du regret pour son geste, comme il lui importe peu de se marier avec Marie ou d'être copain avec Raymond...

Selon moi, ce roman dénonce avec subtilité l'absurdité de la peine de mort, mais plus largement l'absurdité dont est capable le genre humain. L'important n'est pas tant le crime, certes odieux, mais le procès d'un homme non conformiste, ne rentrant pas dans les cases morales des « autres » (les jurés, le juge, le procureur, le directeur d'asile). Car, paradoxalement, je trouve que le meurtre est laissé dans l'ombre lors du procès et le point de vue de la famille de l'Arabe n'est, non pas niée, mais n'est pas abordée. Cela aussi est dérangeant.

C'est finalement une histoire qui amène nécessairement à se poser des questions sur la justice, sur la place de la religion, sur les valeurs morales, sur l'amitié, sur les violences faites aux femmes, sur l'amour, sur l'absurdité, sur le conformisme, sur la compassion, mais aussi, plus surprenant sur la violence faite aux animaux... Bref, la liste est longue et je comprends mieux pourquoi cette histoire provoque tant d'interprétations, parfois différentes.

Dès lors, L'étranger est un titre à la fois compréhensible et énigmatique. L'étranger est-ce Meursault ? Par sa façon de penser, par son anticonformisme, il apparaît comme bizarre et étranger à la bonne morale des gens qui vont le juger. L'étranger est-ce l'Arabe ? Car l'Arabe n'a pas vraiment de nom et est finalement à la fois un personnage important et un personnage très secondaire.

J'avais un professeur à la fac qui était fan de Camus et je crois que je peux mieux percevoir pourquoi. Rien que le style de l'auteur est particulier. Il parvient à le mettre au service de son personnage de façon parfaite. D'où le malaise, car Camus fait entrer le lecteur dans la tête de Meursault, c'est-à-dire celle d'un meurtrier. Mais malgré tout, il n'est pas totalement repoussant et je me suis attaché à ce personnage.

Au final, c'est un roman qui m'a bien plus marqué que je ne l'attendais. Je suis mal à l'aise et remplie de questionnements sur le sens de cette histoire. Les interprétations sont nombreuses et de nombreux spécialistes de Camus affirment qu'ils n'ont toujours saisi totalement le sens de ce roman après pourtant l'avoir lu et relu et l'avoir étudié plusieurs années. Alors c'est normal qu'en une seule lecture j'en sois à la phase des questionnements...
Lien : http://le-cours-du-temps.ove..
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Totalement happée par le récit, je n'ai pu laisser ce livre qu'une fois la dernière page tournée.
Heureuse de n'avoir découvert cette pépite qu'aujourd'hui car, comme toujours, même si je relirai cette ouvrage, rien n'égale jamais le plaisir et la magie d'une première lecture.
Les sujets développés restent bien d'actualité (ce roman a été écrit en 1942) et le dernier paragraphe résonne comme une bombe. Sombre mais réaliste et actuel. Un coup de poing littéraire.
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J'ai entamé l'Étranger sans aucun a priori, sans même connaître l'histoire ni le contexte. Rien. le fameux incipit « Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être, hier je ne sais pas. » m'a aussitôt propulsée dans les pensées insignifiantes du narrateur, servies par une écriture blanche, sujet-verbe-complément, très simpliste mais diaboliquement percutante.

De premier abord, j'ai été déroutée par l'écriture, par le personnage, le vide intérieur que j'ai perçu, son attitude à l'enterrement de sa mère, la façon dont il subit sa vie, sans émotions ni passion. Jusqu'à l'événement qui bascule tout. « J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. »

À partir de ce revirement, le narrateur nous embarque dans une sorte de huis clos. À travers ses yeux, on subit les rouages de la justice et sa condamnation sans appel, non pas parce qu'il a tué un homme, mais parce qu'il n'a pas pleuré à l'enterrement de sa mère. Puis, vient le temps de la prison avec la résignation à son sort, l'acceptation de l'indifférence du monde et surtout la révélation de l'inéluctabilité de la mort. Magnifique.

Sur le simple constat de Camus que « dans notre société, tout homme qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère risque d'être condamné à mort », l'Étranger décrit la nudité de l'homme en face de l'absurde. Absurde, parce qu'irrationnel. Meursault, car c'est lui l'étranger, vit en-dehors des normes de la société : il refuse de mentir, ne veut pas se simplifier la vie. Il n'existe aucune logique, aucune rationalité à laquelle s'accrocher, dans son comportement. Et parce qu'il est irrationnel, différent, il est condamné.

Bim ! Quelle claque ! Une lecture qui amène à réfléchir, à questionner la société et ses « normes », et qui, dans un contexte d'occupation allemande et vichyssoise, offre un héros tragique afin d'aider les hommes à vaincre le destin. Un coup de coeur magistral.
Lien : http://brontedivine.com/2017..
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Encore un résumé succinct, qui ne dit rien de concret mais je ne pouvais pas mettre plus d'éléments sans dévoiler toute l'histoire. Et en plus, je viens de noter une autre coïncidence incroyable avec le livre précédent : il commence tous les deux par un enterrement !
Dès les premières lignes, nous sommes confrontés à un style d'écriture neutre, avec des phrases courtes, précises et très simples. Il s'agit pour l'auteur de décrire les faits et gestes de Meursault sans entrer dans l'analyse. Moi qui aime les longues phrases lyriques qui débordent de partout, j'étais décontenancé par ce style épuré mais je me suis vite habituée et je l'ai trouvé très beau à sa manière. Les phrases ressemblent à des petites gouttes qui s'écoulent doucement.
Nous suivons Meursault, un héros très atypique. Sans être un simple d'esprit, il se contente de ce qu'il a sans être tiraillé par l'ambition, il ne se pose pas de questions existentialistes sur l'amour, l'amitié ou la mort mais se satisfaisait pleinement d'une vie simple. Il accepte les faits bruts et ne s'embarrasse pas de pensées « parasites ». Son comportement est déroutant pour les gens de son entourage : pourquoi ne pleure-t-il pas à l'enterrement de sa mère ? Pourquoi est-il si indifférent et «étranger » au monde ? Et surtout, pourquoi a-t-il tué cet Arabe sur la plage ? On craint Meursault parce qu'il est différent, on le juge plus sur son comportement lors de l'enterrement de sa mère que sur son crime.
Je pense que comme tout lecteur, j'ai jugé Meursault selon mes propres standards : je l'ai trouvé peu sympathique, insensible et étrange. Mais à la fin du livre, je me suis dit que je n'avais aucun droit de porter un jugement de valeur sur lui. Il a le droit d'être ce qu'il est, de vivre sa vie et si ce crime paraît absurde, c'est que peut-être la vie elle-même l'est.
Ce livre nous pousse à nous questionner sur le droit à la différence d'abord, sur le sens même de la vie, sur la peine de mort aussi, sur l'impartialité de la justice humaine, sur ce qu'on entend par « normalité ». Il y a tellement de choses condensées dans ce petit ouvrage, tellement de subtilités qu'on en ressort avec un bouillonnement d'idées.
Je pense que ce livre est un vrai chef-d'oeuvre intemporel ! A lire au moins une fois dans sa vie !
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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L'étranger, tout le monde connaît ce texte, mais peu de personnes prennent le temps de le découvrir et de l'apprécier, et c'est à mon plus grand regret. J'ai adoré ce livre et c'est l'un des plus marquants que j'ai pu découvrir. Il est simple, doux, mais marquant. Il place dans une ambiance unique en son genre et il donne toujours envie d'en découvrir plus. Je me suis totalement attaché à cet homme qui ne fait qu'expliquer sa vie après le décès de sa mère, je voulais le comprendre et plus on lit, plus on y arrive, c'est avec une grande sincérité et un esprit comblé que je recommande ce magnifique texte.
Merci Albert Camus
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Un classique qu' on peut lire et relire : c'est un texte qui résistera toujours à l'interprétation. Comment comprendre ceci, ou cela.... Est-ce une tragédie sans dieu ? Que faire de ce narrateur indifférent, exaspérant, énigmatique mais sensible aux étoiles, qui ressent à la fin "la tendre indifférence du monde" ?
Même le titre résiste, titre qui a posé plus d'un problème aux traducteurs vers l'anglais !

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