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sur 31839 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
L'étranger de Camus… en le voyant dans le top des livres les plus lus chez les membres de Babelio, je me suis dit « Tiens, il me semble l'avoir lu ». Mais aucun souvenir ne me revenait quant à l'histoire… En fouillant plus dans ma mémoire, je me suis rappelée avoir dû le lire pour le cours de français et qu'il m'en restait une impression d'ennui. Une autre chose m'est revenue : mon professeur avait parlé de l'importance du thème de la chaleur et du soleil dans ce roman. Et voilà, tout ce qui subsistait de ma lecture.
Je me suis donc attelée à le relire et surprise, j'ai trouvé tellement plus dans ce roman. le style concis de Camus révèle que point n'est besoin de phrases à rallonge pour dire d'une écriture qu'elle est belle. La personnalité de Meursault est ordinaire et exceptionnelle à la fois. Cette condamnation de l'hypocrisie générale vis-à-vis de ceux qui osent dire tout haut ce que l'on ne veut avouer,... Oui, ce roman m'a beaucoup plus interpellée que quand j'avais seize ans.
Ce constat m'a confortée dans le fait que certaines lectures ne doivent pas se faire trop tôt au risque d'en perdre quelque chose ou de ne rien en gagner.
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Parmi les sempiternelles sollicitations de la rentrée littéraire, je me suis dit comme ça qu'une oeuvre classique ne pouvait que réjouir mon esprit de contradiction assumé.

Hélas, j'aurais tant aimé aimer cet Etranger.
Car si j'ai pu savourer l'étonnante virtuosité de Camus à exprimer l'isolement affectif de son personnage, je n'ai eu que peu de plaisir à parcourir sa prose, fut elle délibérément sèche et distanciée.

Quant à l'intention de ce récit et aux thèmes qui y sont abordés, je ne suis pas sûre de les avoir saisis. Subjectivité de l'émotionnel ? Perversité des conventions sociales ? Absurdité du système judiciaire ? La relative brièveté de l'oeuvre (alliée à mon incurable paresse) ne m'a pas aidée à approfondir.

Finalement il est où le nouveau Musso ? (que j'arrête de réfléchir)


Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
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« L'étranger » est un livre qui se lit vite. Trop vite d'ailleurs, car pour une fois, ce n'est pas l'histoire qui nous ape mais bel et bien le portrait singulier que l'auteur nous dresse de son personnage principal.

Oui disons le tout de suite : Meursault est un antihéros auquel nous ne souhaitons pas nous identifier pourtant il nous attire. le génie de Camus est d'avoir donné vie à un personnage si complexe et paradoxal qu'il en devient captivant.

Meursault est un jeune homme célibataire, employé sans ambition, qui préfère mettre sa mère dans un hospice plutôt que de prendre soin d'elle. Il est peu sociable et n'a pas ou peu de contacts avec les gens, en dehors de Celeste un restaurateur du quartier et homme plein de vie (l'opposé de Meursault d'une certaine manière) ainsi que la belle Marie, une de ces connaissances pour laquelle il n'éprouve rien de plus que de l'attirance physique. Il y a aussi et surtout Raymond, l'un des voisins de notre personnage principal, qui aura une emprise sur lui et le manipulera tout en lui faisant croire qu'il est son ami.

Ce qui retient notre attention c'est que Meursault se désintéresse de tout. Il fait car il faut faire. Réglé comme un automate, machine qui ne se pose pas de questions et n'éprouve aucun sentiment. Il semble être spectateur de son histoire comme piégé dans une vie qui au final est empreinte d'un fatalisme certain. L'image qu'il nous donne est celle d'un type déshumanisé, froid, passif et donc au final un homme imprévisible et dangereux. J'ajouterai qu'il apparait sans coeur plusieurs fois dans le récit. Et c'est son comportement de marginal et ses actes en décalage avec la société qui vont sceller sa destinée.
Nous en venons donc à avoir de la peine pour lui.

On se demande au fond qu'elle est son histoire ? Comment un homme peut se mettre en péril ainsi en regardant sa vie aller à la dérive, la laissant lui échapper dangereusement, entrainée par un courant qui n'aura d'autre fatalité que de l'emmener impassiblement vers le fracas.
Pas de réponse.

Autre sujet de frustration : l'Arabe.
Qui est-il ? Pourquoi ni l'auteur, ni le narrateur ne lui donne une identité ? Quel est son parcours de vie et pourquoi est-il si absent du récit alors qu'il en est un personnage central ?
Si on peut dire que Meursault est étranger à sa propre vie, l'arabe lui devient étranger à sa propre histoire.

Un peu déçus par ce que la plupart qualifient de chef-d'oeuvre, et c'est fort de nos interrogations, que ma femme et moi nous tournons vers le roman de Kamel Daoud dans l'espoir de satisfaire tout ou partie de notre curiosité.
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Relecture. La dernière fois que je l'ai lu, j'étais ado et n'en avais gardé malheureusement pas grand chose en mémoire. Il était temps que je relise ce classique de la littérature française, et j'ai eu le plaisir pour cela de le redécouvrir en compagnie de Srafina.

Et bien, ce fut une lecture qui questionne et interpelle…
C'est que le personnage de Meursault a de quoi laisser perplexe.

On le découvre alors qu'il apprend la mort de sa mère. Insensible, il subit l'enterrement. Puis il rencontre Marie, ils sortent plusieurs fois ensemble. Quand elle lui demande au bout de quelques temps s'il est amoureux, il ne le pense pas, mais ce n'est pas important pour lui et ne s'oppose pas non plus à l'idée d'un mariage. Une promotion professionnelle ? Pas intéressé… et c'est sans compter sur sa totale impassibilité face aux actes violents de ses voisins de palier.

Peut-on imaginer une personne qui ait si peu d'émotions et autant d'indifférence à la vie qui l'entoure ? Difficile à cerner que ce Meursault, à comprendre sa façon de penser et ses réactions bien qu'il soit le narrateur. Je comprends cependant le choix du titre, Meursault l'incarne bien.

Alors quand il commet un crime, bien évidemment, il n'y a personne pour éprouver de l'empathie à son égard. Même pour le lecteur, c'est difficile. On le verra davantage jugé et condamné pour son apathie que pour son acte criminel.

Au final, oui, j'ai trouvé cette lecture intéressante, servie par une écriture sobre de Camus, à l'image du narrateur. Mais ce ne fut pas pour autant le grand enthousiasme que j'attendais, vue la réputation de ce roman. Suis-je passée à côté ? Sans doute… il m'a manqué quelque chose pour être totalement convaincue.

Il n'empêche que je compte lire d'autres ouvrages de Camus, le récent documentaire réalisé à son sujet me donne envie de le découvrir davantage.
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Etranger à lui-même, étranger au monde...La philosophie de l'Absurde, que Camus développera dans d'autres livres plus largement, est déjà présente, à travers ce personnage de Meursault, qui ne mourra pas sot, justement, car il comprendra, après sa colère contre l'aumonier venu le voir en prison, que son indifférence au monde est aussi celle, en retour, du monde envers lui." Comme si cette grande colère m'avait purgé du mal, vidé d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde."

" Aujourd'hui, maman est morte." Une phrase neutre, sans affect, qui, à elle seule, résume l'histoire sans histoires de Meursault, que les circonstances rendront pourtant meurtrier.Il invoquera le soleil, ce dur soleil de la plage, à Alger, pour expliquer son geste fou et mécanique à la fois." Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur."

J'ai aimé l'aspect original, dérangeant de ce livre mais la neutralité , la presque inhumanité de Meursault finit par exaspérer. Son détachement fait froid dans le dos.Et le livre sonne trop comme une illustration sèche d'une théorie contestable.

Face à lui, la justice représente les êtres humains qui tentent de donner une rationalité à un univers lui-même irrationnel...Effrayantes pensées...
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Aujourd'hui, j'ai lu l'Etranger. Ou peut-être hier, je ne sais plus. Je vous fais un petit topo des faits et du style afin de vous expliquer mon point de vue.


L'Etranger, c'est Meursault. Aujourd'hui, sa mère est morte. Ou peut-être hier, il ne sais pas. Il l'a placée en maison car il n'avait personne pour la garder lorsqu'il était au travail. Et aussi parce qu'ils n'avaient plus rien à se dire. A l'enterrement, les nouveaux amis de feu sa vieille mère pleurent plus que lui. Que voulez-vous, les parents partent avant nous, c'est la vie. Et « ils n'avaient plus rien à se dire », avec sa mère.
Tout de suite après, il rencontre une ancienne collègue. Son deuil tout neuf ne l'empêche pas de passer du bon temps avec elle, elle tombe amoureuse et lui demande s'il voudrait se marier avec elle. Si tu veux, lui répond-il. Mais tu m'aimes ? s'enquiert-elle. Non, lui est-il répondu (je sais, ça fait plaisir).
Quand il retourne au travail, son patron lui propose un super poste à Paris ; n'est-il pas super content de ce nouveau départ ? Il ne sait pas. Non, pas spécialement, mais « ça n'a pas d'importance », il veut bien y aller si on l'y envoie.


Et puis dans son immeuble, un voisin se lie d'amitié avec lui, lui demande un service, qu'il lui rend puisqu'il n'y avait pas de raison de ne pas lui rendre. Alors on est copain ? Si tu veux. (Non, ne demandez pas s'il en a envie lui-même, on va pas s'en sortir).
Sur une plage, l'ennemi de son nouvel ami, les menace, armé d'un couteau. Deux contre deux. Son nouvel ami lui prête une arme. La première anicroche tourne en agression avortée ; tout le monde s'égaye et vaque, la journée continue. Mais au détour d'une balade en solitaire, Meursault retombe sur l'ennemi, seul avec son couteau. La chaleur, l'adrénaline, un mouvement de l'autre, le stress des derniers jours, un moment de panique ? de rage - ou qu'en sais-je : Meursault tire. Puis tire encore. Quatre fois de plus.


Pourquoi ? Il ne sait pas. Une réponse qui aura du mal à satisfaire la justice.


*****

Bon. J'ai un peu de mal avec ce livre, même si je comprends l'idée.


Premièrement, le style : du fait, rien que du fait. Et une suite de faits, d'actes du quotidien mis bout à bout, c'est très froid. On ne s'embarrasse pas de sentiments ni de pensées à démêler. C’est même tellement poussé à l’extrême que ça en paraît parfois artificiel.


J'ai lu avec intérêt les explications de l'auteur sur ce qu'il voulait faire ressortir de son roman. Il aurait voulu faire de Meursault une sorte d'emblème de la vérité, qui dit ce qu’il pense sans se soucier du qu’en dira-t-on : s'il pense non, il dit non ; s'il ne sait pas, il ne cherche pas à inventer une réponse qui ferait plaisir. Il est un homme à qui on aurait enlevé le verni de la politesse, de la bienséance et du politiquement correct - tout ce qui fait que vivre ensemble est agréable, mais parfois un peu faux et hypocrite. En quelque sorte, le style était le personnage : pas moche mais brut de décoffrage et sans artifice.


Alors quand la justice lui posera des questions, il n’embellira pas la vérité pour se faire acquitter : Quand on lui demande pourquoi il a tiré cinq fois sur un homme déjà à terre, il répond qu’il ne sait pas.
Selon Albert Camus, c'est « l'histoire d'un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité ».
Risquer de se faire condamner pour ne pas trahir ses idéaux, ça peut paraître à la fois stupide dans ce contexte et beau dans un autre contexte (pour un enjeu national, par exemple).
On peut admirer la quête d’absolu de l’auteur et de son personnage : Meursault disait la vérité à tout va lorsque ça l’arrangeait, et il ne change pas d’attitude même lorsque sa mort est en jeu.
A vrai dire, le miroir est même intéressant entre les habituelles excuses arrangées des accusés qui en font des tonnes pour se disculper, et Meursault qui semble demeurer fidèle à ses principes face à la menace de la peine de mort. Ca ferait presque du bien de ne pas entendre de mensonges. Presque. Parce que je ne suis pas sûre que Meursault n’arrange pas la vérité quand il dit ne pas savoir. N’est-ce pas un peu facile pour un puriste qui recherche la vérité ?


Il semble tellement à nu, sans mensonge apparent, que certains lecteurs ont pu y voir une sorte d’acharnement de la justice (et par extension de la société) à vouloir condamner Meursault uniquement parce qu’il est différent et que ça dérange : il ne pleure pas sa mère comme tout le monde parce qu’il a digéré sa mort, il ne cherche pas à se justifier de son crime, etc…
Chacun trouvera probablement sa « vérité » dans ce livre, c’est sûrement le but. Mais pour moi la « vérité » est toute autre (d’ailleurs tout au long du roman la société l’accueille plutôt bien je trouve, pour voir la personnalité !).
La société ne condamne pas Meursault pour sa différence, mais parce qu’il n’est pas capable d’expliquer pourquoi il s’est acharné sur un être humain. : Il est jugé pour son crime, à la lumière de sa personnalité. On cherche à savoir par exemple si c’est le stress des jours passés qui aurait pu causer sa réaction, s’il s’en fout vraiment (il déclare qu’il ne regrette pas mais est simplement « ennuyé »), en gros s’il a des circonstances atténuantes ou si c’est vrai psychopathe (je schématise comme l’auteur).


Mais surtout, cette histoire sonne faux pour moi : Je peux comprendre que pour décrire un genre de puriste qui ne ment pas, l’auteur ne le fasse pas se confondre en excuses bidons. Ce que je ne comprends pas en revanche, c’est pourquoi Meursault s’obstine à répondre qu’il ne sait pas pourquoi il a tiré ces cinq balles sur la victime. Admettons que sur le moment il n’ait pas eu le temps de se poser la question en ces termes et d’y répondre ; admettons que la première fois qu’on lui a demandé, il ait été surpris. Mais au bout d’un moment, « ne pas mentir » ne signifie pas « s’abstenir de réfléchir à toutes les questions que tout le monde nous pose dans la vie ».
Pour moi, Meursault aurait forcément pu donner les raisons de son acte, qu’il exprime d’ailleurs en partie en lui-même dans la scène du passage à l’acte. Ce qu’il dit à ce moment-là pourrait peut-être nous rapprocher de la vérité.


Mais éluder la réponse à chaque fois, c’est mentir ; et comme on veut nous faire croire que ce n'est pas de manière volontaire, on va dire que c'est par flemme. Alors, la vérité serait que Meursault meurt non pas pour avoir dit la vérité ("je ne sais pas") mais par paresse intellectuelle, bref, qu’il meurt de sa propre indifférence envers lui-même, la vie, et les gens qui l’entourent.
Et ça colle assez bien aussi avec le personnage qu’on nous inflige depuis le début : un Meursault qui se laisser porter par la vie, sans chercher à réfléchir à ce qu’il veut vraiment, au sens de ce qu’il fait. Ce qui en ferait plutôt une morale sur le fait de prendre sa vie en main.


Quoi qu'il en soit, ça n'enlève pas le côté artificiel que l'on doit subir pour parvenir au côté absurde voulu probablement par l'auteur. Comme si le l'auteur le retenait de nous dire toute sa vérité. Or, cette sensation à mes yeux décrédibilise Meursault et donc l'histoire entière, qui repose intégralement sur lui. Car empêcher artificiellement le personnage de répondre à la question, en l'empêchant d'y réfléchir, n'est-ce pas se mettre dans le rôle de l'avocat qui fait taire son client face aux questions compromettantes ? Et donc au final, cela ne fait-il pas de Meursaut un personnage très banal qui se ment à lui même et/ou aux autres, comme cela peut arriver à tout le monde, accusés compris ?


En tout état de cause, c’est vrai, Meursault a l'air presque étranger à lui-même (il ne semble pas si bien se connaître lui-même en ne cherchant jamais d’explication sur rien) et semble traverser sa propre vie en étranger au lieu de chercher à se l’approprier, comme s’il ne voulait pas à la contrôler, comme si ce qui lui arrivait ne le concernait pas vraiment.
En refermant ce livre, il demeure du même coup un étranger pour nous - ce qui nous met un peu dans la position des jurés, qui ne peuvent jamais connaître les véritables pensées et sentiments des êtres qu'ils jugent, mais n'en perçoivent que la surface qu'on veut bien leur montrer.


Alors, comment jugerez-vous Meursault, comment jugerez-vous ce roman? « Je ne sais pas » !
En ce qui me concerne, une lecture très artificielle dans laquelle je n'ai pas trouvé de grand plaisir immédiat sur la forme et, au surplus, une démonstration qui ne m'a pas réellement convaincue sur le fond. C'est une expérience de lecture pas inintéressante, mais un peu ratée en ce qui me concerne car elle fraude l’absurde, un concept que j’ai visiblement du mal à apprécier. Peut-être plus tard ? Cela dit, j'ai aimé Les Justes, et j’ai encore La Chute et La Peste à découvrir… To be continued !
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Justice est rendue. On n'abat pas un arabe de cinq coups de feu en invoquant la légitime défense, encore moins un coup de soleil, sans en outre en exprimer le moindre remord. Même au temps de l'Algérie française.

Meursault, narrateur-acteur de ce récit nous relate la tranche de sa vie, de sa fin de vie, qui l'a conduit au pied de celle que l'homme rejoint "comme on marche à la rencontre d'une personne" : la guillotine. Quand a contrario la personne qui réside en tout être humain le laisse de marbre.

Les juges ont estimé que la froideur de son tempérament était propice à la préméditation du crime qu'il a commis. Meursault fait preuve de la même insensibilité à l'énoncé du verdict qui le condamne que celle qui l'a engourdi dans ses relations avec son entourage, les femmes de sa vie en particulier : sa mère, qu'il a placée à l'asile puis enterrée sans verser la moindre larme, la douce Marie qui s'est éprise de lui et ne deviendra son épouse que si elle insiste. Côté sentiment, c'est un peu chiche.

Point de révolte chez ce "coeur aveugle". Il ne remet pas en cause la justice des hommes. Il ne peut toutefois se résoudre à la "certitude Insolente" d'une fin décidée. Il s'interroge sur l'utilité d'abréger une vie qui, de toute façon, est promise à s'éteindre d'elle-même. Pourquoi interférer dans le cours des choses ?

Raisonner en pareille circonstance est encore faire preuve de distance avec le cours des choses. C'est être étranger à soi-même. Etranger au monde, étranger à la vie.
Voilà un ouvrage dans lequel le verbe est dépouillé, comme le décor dans lequel se noue le drame, comme la palette sentimentale de ce héros qui n'inspire pas l'empathie. Les phrases sont courtes et sèches. Il en est ainsi de tout le roman. le style est direct et froid comme l'austère mécanique qui enchaîne les événements de la vie. Comme la justice qui condamne.

Meursault n'aura pas su se réchauffer au coeur des hommes, il n'attend rien non plus du secours de l'ambassadeur d'un dieu qu'il ne veut pas connaître. Plus que le drame qui se déroule sous les yeux du lecteur, c'est la part d'inhumain qui habite tout homme, lorsqu'elle le domine, qui surprend. Certains l'évacuent dans la sauvagerie, lui, c'est dans l'indifférence.

Encore Meursault se dit-il à lui-même, puisque personne ne recueille ses confidences, que l'essentiel est de donner une chance au condamné. C'est le peu que l'on percevra de son ressenti. Encore répond-t'il plus à une logique qu'à un trait d'humanité. Aussi, plus qu'un ultime sursaut d'intérêt pour la vie, ne s'agit-il pas de la crainte de l'inconnu ? Au-delà de l'oeuvre du couperet.

Albert Camus lui en a t'il donné une de chance pour qu'il nous relate son histoire, ou le fait-il intervenir d'outre-tombe, pour nous parler de la vie ?
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Court roman écrit à la première personne qui place le lecteur dans une intimité étroite avec Meursault, un homme dont il ignorera à peu près tout du début à la fin de l'oeuvre.

Mais, en réalité, peu importe à l'auteur de nous noyer dans le superficiel d'un environnement de vie, l'essentiel lui suffit ; cet essentiel commun à beaucoup d'individus ; un essentiel lambda : né d'une mère et d'un père, vivant une existence guère différente de celle des autres, pion sur l'échiquier d'une société bâtie par l'homme, menée par l'homme, érigée par l'homme en une pensée de morale et de justice, Meursault n'aura aucune possibilité d'en réchapper.

Nous sommes en Algérie, avant guerre (enfin le lecteur s'autorise à le penser car il n'y a pas de repères temporels et le monde semble en paix ; le roman, quant à lui, a été édité en 1942). Meursault est coupable d'un meurtre, il est donc jugé par ses pairs et condamné. Malaisé pour moi, lectrice, de ressentir de l'empathie pour un homme qui ne semble pas capable d'éprouver grand chose. Pragmatique jusqu'au stoïcisme, ce protagoniste m'a souvent fait une mauvaise impression, celle d'un grand bêta, handicapé du sentiment, quand l'auteur nous demande vraisemblablement de compatir à son sort. Ce même homme un peu niais et influençable, qui semble plus spectateur qu'acteur de sa vie, va acquérir, en prison, une profondeur de vue propre à refléter la philosophie de son père littéraire, Camus. Cette soudaine lucidité éclairée sur le monde qui l'entoure et l'analyse qui en découle ne m'ont pas vraiment semblé coller au personnage.

Je resterai humble, je ne suis pas une grande lectrice de Camus, je n'ai jamais été en prison ni, Dieu merci, dans la peau d'un condamné à mort donc je fais profil bas. Cependant, je ne peux m'ôter de l'esprit que Meursault l'a bel et bien tué cet homme ; Meursault a bel et bien aidé son voisin à violenter une femme... Alors, au-delà de la question de la peine de mort clairement dénoncée ici, y a-t-il réellement injustice ?

C'est assez décevant de me dire que j'oublierai sans doute cette oeuvre, résolument pessimiste, aussi vite que je l'ai lue.


Challenge NOBEL 2013 - 2014
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Un homme qui semble plus étrange qu'étranger, qui a beaucoup de mal à décoder les émotions humaines. (On pourrait le classer aujourd'hui dans les « troubles du spectre de l'autisme »?) Il raconte son histoire banale, puis un crime pour lequel il sera incarcéré.

On peut profiter du roman pour s'interroger sur le système judiciaire, plus pressé de trouver un coupable que de rendre justice ou sur le hasard qui peut faire d'un homme un meurtrier. On peut y trouver des réflexions sur la prison et sur la mort.

Un classique, qu'on trouve parmi « Les 100 plus grandes oeuvres littéraires ». Pas une lecture difficile cependant, un texte court et une écriture accessible. Je n'y ai pas remarqué de citations bouleversantes, c'est comme un simple polar, une histoire de meurtrier psychopathe.

Et puis, bof! Je n'ai pas été touchée par la grâce, je n'ai pas été éblouie. À l'instar du héros du roman, je suis restée indifférente, à me demander ce que peut-être je n'avais pas compris…
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Bon pour ceux qui ne l'auraient pas encore compris, je suis en train de compléter ma connaissance en guise de classiques, de ceux que l'on nomme "les incontournables" et qu'il faut avoir lu.

Pour cet ouvrage, je ne vais pas faire une description extrêmement précise de l'intrigue, qui a déjà été faite maintes et maintes fois mais situer tout de même le contexte. "Aujourd'hui, maman est morte", telle est la première phrase de cet ouvrage. Meursault, le protagoniste est un trentenaire habitant en Algérie française. Tout débute alors par l'enterrement de sa mère, dans une petite ville située à une vingtaine de kilomètres d'Alger. Mais ceci n'est qu'un détail qui prendra toute son importance dans la seconde partie du roman lorsque ce même Meursault sera accusé, et à juste titre, du meurtre d'un Arabe.

Toute l'intrigue de l'histoire est de savoir si cet homme, qui est intelligent, cela est indéniable, a eu des remords après avoir fait ce geste de sang-froid, lui qui n'a pas versé une larme lors de l'enterrement de sa mère. Est-il doté d'une âme ? Beaucoup de personnes en doutent mais lui, cet athée convaincu qui ne croit en rien, ne se pose même pas la question car la notion d'âme lui est étrangère, tout comme celle de l'amour ou de l'amitié d'ailleurs.

Un classique, certes, mais que l'on n'est pas nécessairement obligé d'adorer pour rentrer dans "la norme". J'avoue avoir une impression mitigée de cette lecture, fort instructive, certes, mais qui ne m'a pas apportée plus de plaisir que cela. Une écriture fluide et légère, propre à Camus, mais qui m'a néanmoins laissée, non pas de marbre, mais disons sans réel enthousiasme. A lire !
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