Noces est la deuxième oeuvre d'
Albert Camus, écrite entre 1936 et 1938, et publiée en 1939, alors qu'il n'a que 26 ans. l'été rassemble des essais qui ont été écrits entre 1939 et 1952.
Ces deux recueils ont en commun de comporter de courts essais, dont une partie a pour cadre l'Algérie.
Ce sont des textes, surtout ceux de Noces, qui sont d'une extraordinaire beauté, que l'on pourrait qualifier de solaire, qui célèbrent la fusion de l'être humain et du monde, et s'accompagnent d'une profonde réflexion sur les questions de la vie et de la mort, de l'art, du divin.
Le plus admirable est l'essai Noces à Tipasa, qui célèbre, dans un élan lyrique magnifique et dans une prose volontairement contenue, presque aride, les Noces des humains avec cet endroit écrasé de soleil, riche de ses ruines antiques et de sa végétation, avec, en fond de décor, la montagne du Mont Chenoua.
Dans tous les essais de Noces, ce n'est que célébration de la vie, et parce que le bonheur se heurte à l'absurdité de la mort, c'est le refus de l'espoir d'une vie posthume, et un sentiment de désespoir que Camus trouve fécond.
Il écrit notamment « une certaine continuité dans le désespoir peut engendrer la joie ».
Et encore « l'espoir, au contraire de ce que l'on croit, équivaut à la résignation. Or, vivre, c'est ne pas se résigner. »
Et le bonheur vient de la présence consciente au monde, car « le monde est beau, et hors de lui, pas de salut ». Et encore « Qu'est-ce que le bonheur sinon l'accord vrai entre un homme et l'existence qu'il mène ».
On pourrait reprocher, et certains, je crois, l'ont fait, de ne voir dans l'eté à Alger, qu'une vision idéale des hommes de l'Algérie, de leur bonheur malgré leur pauvreté, sans voir les inégalités qu'il y avait entre colons et autochtones. Mais c'est mal juger, je trouve, de l'empathie pour les humains quelle que soit leur origine, qui est à l'esprit chez
Albert Camus.
D'ailleurs lui-même a défini la partialité de son rapport à l'Algérie: « j'ai ainsi avec l'Algérie une longue liaison qui sans doute n'en finira jamais et m'empêche d'être tout à fait clairvoyant à son égard. »
Le recueil l'eté est plus hétéroclite, comportant des essais encore consacrés à l'Algérie, mais aussi à l'antiquité grecque (Prométhée, L'exil d'Hélène), et se termine par un texte éminemment poétique, La mer au plus près, qui mêle sensations d'un voyage en mer vers l'Amérique du Sud, et réflexions personnelles, parfois ironiques, de l'auteur sur sa vie.
Il y a dans l'ensemble plus de gravité, de nostalgie, mais aussi plus de
profondeur philosophique.
Je constate, pour terminer, qu'il est difficile pour moi de traduire en quelques mots la richesse extraordinaire de ces textes que je lis pour la première fois, et que je voudrais bien relire et relire.
J'espère néanmoins vous avoir fait partager, comme d'autres babeliotes l'ont fait bien mieux que moi, ma gratitude pour ce que Camus nous apporte par sa « volonté de vivre sans rien refuser de la vie ».