L'habit de lumière

Je m'interrogeais sur la façon dont l'auteur allait aborder le sujet de la corrida. Ce fut une énorme surprise de découvrir que le thème n'était pas la cruauté dans l'arène mais l'image physique du toréador.
Didier Lévy a détourné ce jeu violent en portant le regard sur le côté narcissique du toréador imbu par les bravos des spectateurs.
Pour appuyer cet aspect clinquant, Anne Laure Cantone a pioché dans la boîte à couture pour habiller le toréro de mille feux. Un album plein d'humour où les animaux ne sont pas le jouet des hommes; enfin un peu d'humanité dans l'arène.

Un rutilant torero s'avance dans l'arène, sous les ovations du public. Il va montrer sa bravoure en se mesurant à celle du taureau. Mais la grosse bête ne se montrant pas, l'homme s'en va la chercher. Or, c'est une charmante biquette qu'il trouve à sa place. Faute de mieux, il lui propose de jouer le rôle du taureau. Mais rien ne va se dérouler comme prévu. le public s'est impatienté, il a quitté l'arène. L'habit du torero perd de son éclat. Ce n'est que le début d'une nouvelle vie, finalement bien plus lumineuse que la gloire des paillettes.

L'histoire commence en utilisant les codes de la corrida : bravos, applaudissements, musique, air de fête. La tradition est respectée, le torero admiré par la foule. Sa gloire fait son bonheur, le combat contre l 'animal lui donne une raison d'exister. Cependant, c'est par l'intervention d'une humble chevrette qu'il découvre un art de vivre qu'il n'aurait jamais soupçonné. Au lieu de chercher à dominer, à vaincre et à détruire taureau et autres êtres vivants, il aspire à vivre en paix avec eux. L'idée de la lumière émanant de l'habit, symbole de gloire factice qui se transforme en félicité profonde est très judicieusement utilisée et magnifiquement illustrée par un dessin joyeusement satirique. Une belle et réjouissante réussite !

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