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Anthony est en train de mourir dans son refuge, une ancienne bergerie à la montagne.
De l'épilogue au prologue, en passant par les livres 3, 2 et 1, nous construisons le puzzle de sa vie en découvrant les personnes qui ont compté pour lui, ses traumatismes et tous les événements qui font que cet homme a décidé de finir sa vie ainsi.

Ce récit, construit à rebours, était énigmatique lors de l'épilogue.
Il se révèle par la suite en sortant progressivement du brouillard.

Le procédé de la construction antichronologique ne fait pas artificiel, il laisse découvrir avec finesse Anthony, homme plein de bosses et d'autant de meurtrissures, devenu un quasi ermite.

Le reclus semble inspiré par Henry David Thoreau qui a tourné le dos à la civilisation pour s'installer dans les bois et l'a raconté dans son livre : “Walden ou la vie dans les bois”, daté de 1854.

L'écriture file, elle sait poser avec finesse l'ambiance et les paysages et rendre attachante cette histoire prenante et humaine.
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Anthony Malo est mal en point. Couvert de cicatrices, souffrant de terribles douleurs post-opératoires à l'épaule, il s'enfonce dans la neige et s'apprête à en finir, laissant sur le seuil de sa porte une couverture brodée offerte par une femme qu'il a aimée.

Ce roman commence par l'épilogue et s'achève par le prologue. Comme pour «La horde du Contrevent», les pages auraient pu être numérotées à l'envers. Christian Carayon se propose de remonter le temps et de nous faire découvrir la vie d'Anthony à rebours, afin de comprendre d'où lui viennent ces marques sur son corps et son caractère sombre et taciturne.

C'est un texte qui prend son temps, plutôt exigeant. Mais cela permet de développer des personnages à la psychologie complexe et au parcours cabossé. A travers les femmes de sa vie, nous comprenons mieux les actions de Malo et son choix d'aller se couper du monde dans ce village de Savoie.

L'écriture est souvent poétique, c'est un texte authentique et vrai. On sent que l'auteur aime ses protagonistes, même s'ils n'ont pas toujours la vie facile. Les liens entre eux sont forts et les dialogues sonnent très juste.

Ce texte, à la construction originale, est convaincant !

Et si tu te demandes de quelle oeuvre célèbre est tiré le titre «Comment va la nuit? », lis-le !
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Après son opération, Anthony retourne chez lui, dans son refuge, une ancienne bergerie à la montagne.
Les jours passent et il ne guérit pas, bien au contraire. Son état empire et il sait que c'est la fin.
Anthony sort dans la nuit noire et s'écroule dans la neige.

Voilà comment démarre cette étrange histoire. Etrange non par les faits mais par la forme.
En général, quand on commence un livre, on fait d'abord connaissance avec les personnages qui font leur entrée au fur et à mesure. Des évènements surviennent, s'enchaînent et petit à petit se tissent les liens. Tout se met en place progressivement et on finit par recoller tous les morceaux du puzzle avant le chapitre final.

Ici, et c'est la première fois que je vois ce type de construction, on démarre par la fin, l'épilogue et on remonte doucement jusqu'au début, jusqu'au prologue.
Concrètement, au début, on fait brièvement connaissance avec un homme mystérieux qui sent sa fin proche.
Et ensuite, on remonte le fil de sa vie pour découvrir les personnes qui ont compté pour lui, ses traumatismes et tous les évènements qui ont marqué sa vie d'enfant, d'adolescent et qui ont fait de lui cet homme solitaire qu'on nous décrit. Cela crée une espèce de suspense et on a envie de voir où cela va nous mener.
Arrive la fin du livre qui est aussi le prologue, et là j'ai été très surprise. J'ai lu une seconde fois les dernières lignes car je n'étais pas certaine de comprendre.

C'est donc un livre surprenant et également un livre touchant. Les personnages sont attachants et il y a beaucoup de souffrances mais aussi d'amour, notamment un amour fusionnel entre une mère et son fils unique.
Certains passages m'ont beaucoup émue et je suis contente d'avoir découvert cette plume.
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N°1809 – Décembre 2023.

Comment va la nuit ? - Christian Carayon – Éditions Hervé Chopin.

Dans ce coin perdu de Savoie, Anthony va mourir, seul. Lui, l'ex-avocat, brillant et idéaliste, volontiers défenseur des causes perdues, devenu dans ces montagnes un marginal taiseux, sauvage et parfois bagarreur qui a mis fin à une longue errance, est pour les gens d'ici un mystère. Un emploi dans le gîte voisin de Caroline lui permet de survivre et d'apprivoiser ses fantômes, surtout des femmes.. Arrive Victoria, une jeune infirmière et leur amitié met du temps à se tricoter, pourtant leurs parcours ont des points communs, cahoteux. Chacun vient vers l'autre et en parle, mais avec parcimonie, comme pour exorciser un mal, un échec. Dès lors la différence d'âge n'existe plus, seule persiste la crainte de voir l'autre souffrir et peut-être disparaître.
Pourtant, c'est plutôt la vie d'Anthony qui nous est offerte, difficile, pleine d'un idéal qui va finalement la détruire à petit feu, victime d'une enfance difficile, capable de vouloir retrouver un amour de jeunesse dans l'impossible espoir de le raviver. Adolescent, il a de l'amour une notion romantique, à cent lieues de celle des garçons de son âge et les rapports qu'il peut avoir avec ses semblables se transforment souvent en fiasco. Il va se muer en redresseur de torts, volontiers protecteur de Victoria, pour lui permettre d'échapper à l'injustice qui la menace, sans qu'elle ne lui demande rien et sans rien exiger d'elle en retour. Ce que je retiens au terme de ces trois cents pages, c'est la solitude de cet homme, perdu dans une société où il n'a pas sa place, dont la vraie nature lui échappe, où il tente, parfois maladroitement, d'imprimer sa marque et ses désillusions face à une espèce humaine qu'il ne comprends pas et qui le rejette. Avec au bout la mort comme une délivrance. Les citations de Henry David Thoreau viennent à propos inspirer ce livre.
Cela m'arrive rarement, mais parfois la lecture d'un roman évoque d'elle-même un tableau, un air de musique… Ici, au fur et à mesure de la découverte des différents chapitres, se sont imposées les notes de la symphonie du destin de Beethoven, cette sorte de certitude que notre vie est toute tracée sans qu'il nous soit possible, malgré toute notre bonne volontés, d'en modifier le cours et que les événements nous arrivent s'imposent à nous, sans que nous y puissions rien, chance ou malchance, au point ne voir en elle qu'une partition écrite à l'avance, incontournable. Je vois dans le titre qui s'inspire d'une réplique de Macbeth une confirmation de cette intuition.
J'ai eu plaisir à découvrir ce roman qui ne s'annonce pas ainsi, bien écrit et facile à lire, poétique et émouvant par moments. Mais pourquoi avoir commencé cette histoire par la fin ?

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Coup de coeur

Encore un superbe roman noir de Christian Carayon. Fidèle depuis ma découverte d'Un souffle, une ombre, je me réjouis à chaque parution de l'auteur. Les romans qu'il propose sont toujours aussi singuliers, tant par sa façon d'écrire que par les histoires racontées.

Mené de mains de maître Comment va la nuit ? est son sixième roman, sans doute un des plus terribles que j'ai eu à lire en ce début d'année 2023.

Le roman commence par l'épilogue, on remonte la vie d'Anthony Malo, nous faisons sa connaissance après une opération chirurgicale, il est reclus dans cette maison au fond des Alpes et se laisse mourir et trouve la force de se traîner dehors sous la neige afin de laisser à l'attention de Victoria, une couverture.

Une chronologie inversée, un personnage taciturne, et une subtile mélancolie.

La force de ce roman réside dans le caractère authentique de l'histoire, auquel nous mènent parfois, par petites touches, les réflexions et citations du livre Walden de Thoreau et surtout par la présence des femmes qui ont fait partie de la vie d' Anthony. Car Comment va la nuit ? c'est aussi et surtout rythmé par l'histoire de ces femmes qui ont une place très importante, que nous découvrons aussi à rebours à travers Anthony. L'histoire débute donc par l'épilogue et se termine par le prologue.

Entre ces deux parties il y a les livre 3, 2 et 1, qui concernent chacune d'elles ; Victoria, l'amie d'aujourd'hui, Katel Oberman son grand amour, et enfin celle qui la mit au monde alors qu'elle n'était qu'une adolescente, Maman.

Anthony, solitaire, taciturne, se dévoile et nous comprenons mieux que ce qui découle du passé a des conséquences sur ses agissements d'aujourd'hui. Entre cette véritable personnalité si secrète, ambivalente et sauvage, et un passage particulièrement difficile et éprouvant, ce roman m'a arraché quelques larmes, sans aucun doute grâce à la sensibilité de l'écriture de Christian Carayon toujours dans la suggestion et toujours aussi belle. Aussi cathartique qu'évocatrice, elle nous place au plus près des personnages et nous mène à l'imprévisible.

Entre Torrents et Un souffle, une ombre, Comment va la nuit est sans doute un de ses romans les plus sombres et intenses qui séduira ses lecteurs de la première heure grâce à sa construction habile et aux thématiques fortes, violentes et douloureuses.

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Un roman introspectif où il s'agit de remonter le temps, de rencontre en rencontre, d'épisode en épisode. Tout ce qui a compté pour Atnhony Malo nous est livré sans fioriture par un homme dont on sait dès le début qu'il est en train de mourir, seul dans le froid et la neige. L'histoire d'une vie d'homme du crépuscule à l'aube pour un roman intime nous offrant une profonde compréhension du monde intérieur et des motivations de son personnage principal. Heureusement la vie d'Anthony est peuplée des femmes qui ont eu pour lui une importance capitale. Sa mère en premier lieu, un portrait magnifique d'amour inconditionnel. Les femmes qui auront traversé sa vie Caroline, Jeanne, Katel et enfin Victoria. L'amour toujours au centre du métier, la peur, les cicatrices, la violence et cet homme que l'on connaîtra enfant, adolescent, jeune avocat et ermite quinquagénaire. J'ai adoré cet ours taiseux qu'il est devenu car on comprend le cheminement des événements qui l'ont conduit à sa bergerie perchée dans la montagne. Une plume qui sait manier aussi bien la tendresse que la violence, les non-dits, la solitude et les regrets. Un éclairage sans concession du monde et des petites et grandes mochetés que l'on peut y trouver. Mais toujours en ligne de fond l'espoir, la lumière qui n'est jamais bien loin. Un coup de coeur pour ce sixième roman d'un auteur dont je guette toujours les sorties tant ces livres tiennent leurs promesses. Une écriture authentique, taillée au plus près de l'os. Parfois poétique souvent touchante tant on peut se reconnaître dans les facettes de l'âme humaine ainsi dévoilées. La chronologie inversée du roman, originale donne un angle différent, un peu comme ce qui se dit d'une personne en état de mort imminente qui peut voir défiler le film de sa vie avant de mourir. Je vous recommande cette lecture d'un parcours unique qui parlera cependant à tous. Bonne lecture.
Lien : http://latelierdelitote.cana..
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Un coup de coeur pour cette histoire à la fois difficile et pleine d'espoir.
La construction antéchronologique est un peu perturbante, j'avais peur qu'ayant la fin dès le début je ne me lasse, mais en fait on a envie de savoir comment Anthony en est arrivé là.
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J'ai été emportée dès le départ par le mystère de cet homme sombre. Tout part de lui, de sa relation aux quelques personnes qui l'entourent pour arriver aux fantômes du passé. J'avoue m'être essoufflée sur la dernière partie qui est en fait le début...oui, car la construction inversée est certes originale mais aussi déstabilisante au bout d'un moment.
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Anthony est vieux, c'est un homme marqué, solitaire à l'extrême, taiseux. Aujourd'hui, gavé de souffrances, il sort dans la neige, tombe et meurt.
Au troisième âge de sa vie, Anthony s'installe dans une bergerie isolée frôlant les montagnes. Un jour une jeune infirmière achète la ferme qui fait pendant à la bergerie, La joie ombrée de tristesse de la jeune femme fascine le vieil homme. Leurs passés de douleur les uniront d'amitié avant qu'il ne commette l'irréparable, brisant leur entente.
Le deuxième âge de sa vie est marqué par la terrible maladie et le suicide assisté de sa mère, une femme admirable dont il ne fera jamais le deuil. Il y rencontrera Katel, l'amour de sa vie qu'il aimera pourtant moins que lui-même 
Au premier âge de sa vie il est béni des dieux puisqu'il a une mère exceptionnelle de courage et d'inépuisable amour.

Il faut noter la plume magnifique de l'auteur, l'intelligence de ses dialogues, leur profondeur et cette sensibilité pudique qui me touche bien davantage que les hauts cris.
Anthony est un homme à qui tout a été donné, une mère aimante, des facilités intellectuelles et manuelles, un ami extraordinaire, un amour et des amies merveilleuses, mais il n'a jamais rien rendu, quand il n'a pas gâché ou détruit ces cadeaux de vie.
J'ai eu de la compassion en même que de l'irritation pour cet homme qui n'a jamais pu aimer réellement, s'est endurci, ensauvagé et qui, ayant beaucoup vécu, est néanmoins passé à côté de sa vie.

Lien : https://trancheslivres.wordp..
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Page Facebook: Pascale Bookine
Blog: pascalebookine.eklablog.com
« Il a connu d'autres disparitions, des séparations douloureuses, mais aucune ne le ravage comme celle-ci. Aucune ne lui a ôté son âme.
Il lui faut apprendre à vivre sans. Vivre n'est pas le mot juste. Car une vie sans âme n'est plus une vie, c'est un désert. Elle doit être appelée autrement. Ce qui reste, par exemple. » *****

Ce qui reste d'Anthony Malo au début de ce roman, c'est un homme qui se prépare à mourir seul dans la neige, près de la bergerie dans laquelle il vit dans une solitude presque totale. le lecteur découvre alors progressivement, au moyen d'une judicieuse construction à rebours, ce qui l'a mené là, à travers différents épisodes de sa vie et surtout, à travers les femmes qui ont traversé celle-ci : Victoria, l'infirmière, Jeanne, Katel, son grand amour, et sa mère. C'est le prologue qui parachève cet éclairage par petites touches d'une vie placée à la fois sous le signe de l'amour, de la douceur et de la violence.

J'ai beaucoup aimé ce livre, tant pour l'originalité de sa trame inversée et pour son style littéraire élégant que pour la beauté qui se dégage des descriptions de la nature. A l'image du Walden de Thoreau, auquel il est fait explicitement allusion, Anthony s'est retiré du monde, peut-être pour tenter d'échapper à cette nuit omniprésente :
« La citation d'une pièce de Shakespeare que Katel s'est appropriée lui revient, « Comment va la nuit ? ». « Elle va mal, répond-il à voix haute dans ce désert nocturne. Elle va très mal. »

Un magnifique roman, empreint de violence et de poésie, que je vous recommande sans hésiter.

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