Le Nicaragua subissait alors une campagne de guérilla menée par un mouvement de gauche, les sandinistes, contre le régime impopulaire du dictateur Anastasio Somoza (junior). Lorsque celui-ci s'enfuit en 1979, les sandinistes prirent le pouvoir et organisèrent des élections, qui attribuèrent la présidence à Daniel Ortega. Il démantela la Garde nationale et entreprit une série de réformes populaires. Mais alors s'opéra un mouvement de bascule habituel en Amérique latine : les partisans de la tendance de droite, appelés somozistes ou "contras", fidèles à l'ancien dictateur ou anticommunistes, effectuèrent à leur tour des attaques contre le gouvernement. Ils étaient soutenus plus ou moins ouvertement par les Etats-Unis, qui craignaient vivement une diffusion du communisme en Amérique latine, sur le modèle et à l'instigation des révolutionnaires cubains.
Cet affrontement Est-Ouest a causé les crises les plus dangereuses depuis 1945. Les Etats-Unis, toujours conscients de l'importance politique, stratégique et économique de leur "arrière-cour" latino-américaines, y sont intervenus de façon constante pour maintenir en place les gouvernements pro-occidentaux. Cela prit des formes diverses : de l'aide économique à l'invasion militaire. Pourtant, peu de ces crises furent vraiment résolues, et elles ont acquis un sens plus global à mesure qu'augmentait l'influence soviétique et cubaine.