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4

sur 3292 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Livre trouvé dans une boîte à livres, ne jamais sous estimer ce qui peut s'y cacher !

Je l'ai commencé avec beaucoup de curiosité. L'histoire était connu bien sûr, pas énormément de suspense. Ce n'était pas le but de la lecture. le but était d'essayer de comprendre, de comprendre comment il est possible d'en arriver là mais aussi comment il est possible de continuer à vivre en pleine conscience après ce qu'il a fait.

On commence le livre en étant forcément un peu horrifié par ce Jean-Claude Romand qui a décimé sa famille mais Emmanuel Carrère a su produire un texte neutre, sans parti pris. On ne ressort pas indemne de la lecture parce que il est finalement difficile de n'éprouver aucune empathie avec Jean-Claude Romand malgré ses actions puisqu'on le suit pendant plusieurs années à mesure qu'il s'enfonce dans son mensonge.

Comme tous les livres bien écris basés sur des histoires vraies connaître la fin n'est pas un problème. C'est le chemin jusqu'à la fin qui est intéressant et, ici, glaçant.
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La lecture de ce livre au moment de sa sortie a été un choc. Je lis toujours Carrère depuis qu'il a pris le virage de la non-fiction avec "L'Adversaire", mais ce livre-là me semble bien plus abouti que les suivants ("Un roman russe" ou son tout dernier, "Yoga"). Dans "L'Adversaire" la voix de Carrère est là, son regard sur l'histoire de Jean-Claude Roman. Mai dans ce livre l'auteur sait tenir son ego à distance (ce n'est pas toujours le cas dans les titres suivants...).
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1993 : Jean-Claude Romand pris au piège de ses mensonges assasine ses parents, sa femme et ses enfants et tente de se suicider. Jean-Claude Romand n'est pas médecin comme il le prétend depuis des années, dix-huit ans, une vie bâtie sur un mensonge. Jean-Claude ne se rendait pas au travail, il roulait, attendait des heures sur des parkings, marchait dans les forêts du Jura… Son mensonge ne recouvrait rien. Plutôt que d'affronter la vérité, la réalité et supporter le regard, l'incompréhension de ses proches, Romand a préféré les supprimer. 


Son suicide ayant échoué, Romand doit affronter la vérité et est ocnfronté à la justice : il sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assorti d'une période de sûreté de vingt-deux ans. 


Emmanuel Carrère est entré en relation avec Romand pour essayer de raconter précisément cette vie de solitude, d'imposture et d'absence. Ce qu'il pensait pendant toutes ces heures vides, à rien faire, sans projet ni témoin lorsqu'il était supposé être au travail. L'auteur retrace le parcours de Romand. Carrère tente de comprendre l'incompréhensible. Pourquoi, comment Romand s'est-il enfermé dans une vie de mensonges ? Carrère n'excuse rien, ne défend rien, il tente juste de réfléchir sur la mythomanie. 


Roman très intéressant qui se lit très bien ! L'auteur reste objectif et nous apporte des éclairages très intéressants : les origines et raisons des mensonges de Romand, sa façon dont il a vécu ses mensonges, ces fois où il aurait voulu dire la vérité mais qu'il n'a pas pu, et on se demande si lui-même croyait en ses mensonges. 

https://www.instagram.com/ludialu/
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le roman reprend l'histoire vraie de Jean-Claude Romand qui tua toute sa famille (femme, enfants, parents) et qui demeure un des plus grands mythomanes vivants. Il a réussi à faire croire aux siens qu'il était médecin à l'OMS alors qu'il vivait d'expédients, d'escroqueries aux uns et aux autres et passait ses journées dans les forêts du Jura ou les parkings d'autoroute, et ce, pendant 18 ans.
L'originalité du livre tient au fait qu'il n'est pas une fiction mais un fait divers bien réel, avec une personne vivante avec qui l'auteur correspond et qu'il rencontre en prison. C'est l'histoire à la fois d'une fascination – le mensonge, postulat d'une oeuvre de fiction – et d'une méfiance, voire d'une crainte, « l'adversaire » étant ici ce que la Bible appelle le Satan, donc l'ennemi par excellence. Monstre ou génie ? Emmanuel Carrère étudie le dossier sans complaisance avec ce qu'il faut de distance –nécessaire – et d'humanité : il commence le livre par établir un parallèle entre sa propre vie et celle de Romand au moment de son meurtre, et donne parfois un point de vue en demi-teinte, suffisant pour faire avancer le récit.
C'est aussi l'histoire d'un monde – les bourgeois du pays de Gex, près de la frontière suisse – qui s'écroule où le culte des apparences aide beaucoup Romand à constituer son statut et son personnage, car tout repose sur la valeur sociale accordée à un médecin de l'OMS dont personne ne doute puisqu'il vit dans la même aisance que ses voisins et amis. C'est aussi une trahison, un regard que Romand ne peut supporter à un moment donné et qui le fait basculer. le roman de Romand est tout construit et constitue une fiction complète avec ses tensions et ses répits.
Converti et croyant fervent depuis la rencontre de visiteurs de prison (Bernard, Marie-France), Romand fait partie des intercesseurs qui ne cessent de prier. Carrère émet un doute, à la fin de son récit, sur l'origine de cette ferveur et l'on songe au mot de Baudelaire qui disait qu'une des plus grandes ruses du diable était de faire croire qu'il n'existe pas :

« Quand le Christ vient dans son coeur, quand la certitude d'être aimé malgré tout fait couler sur ses joues des larmes de joie, est-ce que ce n'est pas encore l'adversaire qui le trompe ? »
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Emmanuel Carrère avec « L'Adversaire » reprend un fait divers, celui de Jean-Claude Romand qui s'est trouvé embrigadé dans un mensonge de 18 ans, et a fini par tuer. L'oeuvre s'appuie sur des recherches, des rencontres, et cherche à comprendre le processus, l'homme, sans tomber dans une curiosité malsaine. Là est la difficulté de ce choix de sujet : comment parler de la monstruosité sans fasciner. Une écriture très efficace.
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Le récit a pour sujet l'affaire Jean-Claude Romand. le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand tue ses parents, sa femme et ses enfants avant de mettre en scène sa tentative de suicide en avalant une dose de barbiturique. On apprendra rapidement que cet homme, se disant docteur auprès de l'OMS, brillant chercheur, et amis de sommités médicales, a menti à sa famille pendant près de vingt ans. Manipulateur ? Pervers narcissique ? Mythomane ? Qui est donc Jean-Claude Romand ?
Découvrant ce fait divers dans le journal, Emmanuel Carrère décide de prendre contact avec le meurtrier afin de découvrir les raisons qui ont poussé un homme a priori normal et sans histoire à commettre un tel crime. Pour le lecteur, il s'agira alors de suivre l'écrivain dans l'exploration des méandres de l'esprit de Romand, et de découvrir le parcours de ce fils de bonne famille.
Et c'est une sacrée épreuve. Ici, point de fascination, ni de tentative de défendre l'indéfendable. Nous partageons avec l'auteur son incompréhension devant cette accumulation de mensonges et jusqu'où va aller cette escalade. L'auteur cherchera un point de rupture ayant pu faire basculer à un moment l'esprit du jeune Jean-Claude. Il fouillera dans les moindres recoins des histoires de famille. Il nous entraînera dans une étude psychologique et chronologique des faits.
Mais au-delà des faits, c'est bien le regard d'Emmanuel Carrère sur ce drame qui frappe le lecteur et, comme lui, nous sommes un peu décontenancés du nouveau rôle que se donne le manipulateur en fin d'ouvrage. Réfugié dans la religion catholique, se vautrant dans le soutien et l'attention des visiteurs de prisons – alimentant son besoin constant de gratification narcissique –, Jean-Claude Romand vit aujourd'hui dans une abbaye de l'Indre.
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Comment peut-on tuer sa femme, ses enfants et ses parents ?
Comment peut-on mentir à tous le monde pendant 17 ans ?
Comment peut-on vivre après avoir commis de tels crimes ?

Pendant plus de 220 pages, Emmanuel Carrère s'interroge et cherche des réponses à ces questions. Et au fur et à mesure que le récit progresse, on en vient à comprendre, et même à ressentir de la compassion envers le quintuple meurtrier. Ce qui nous rend la lecture difficile car notre première réaction est forcément de le haïr. Mais Jean-Claude Romand n'est pas un monstre. Il est bien pire. Il est humain. Et finalement, il nous ressemble plus qu'on ne le voudrait.

Sans jamais tomber dans le pathos ni dans la description journalistique, l'auteur danse sur le fil du rasoir pour nous livrer un récit poignant des ténèbres que recèle l'âme humaine. On ne ressort pas indemne de ce terrible voyage.

Un livre à lire mais qu'une seule fois.

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J'ai du mal à évaluer l'intérêt de ce livre. Il faut dire que l'histoire est un fait divers fascinant. Les faits divers me fascinent en général peu, mais cela s'est passé si près de chez moi, et je connais quelques personnes qui portent le même patronyme que ce triste personnage… Et puis, en général, j'aime lire Emmanuel Carrère… Bref, j'ai eu envie de lire ce livre un peu pour les mêmes raisons que l'auteur a eu envie de l'écrire, pour comprendre. Comprendre le personnage, qui à partir d'un banal mensonge d'étudiant, s'enfonce dans une double vie et finit par assassiner toute sa famille. Comprendre comment un tel mensonge a tenu si longtemps. Comprendre aussi pourquoi beaucoup de gens éprouvent de la compassion pour Jean-Claude Romand. Ces questions sont centrales dans ce livre, mais restent sans réponse, malgré la minutie de l'enquête de l'auteur et ses rencontres avec Jean-Claude Romand en prison, celui-ci reste une énigme. Il n'en reste pas moins que c'est très facile et très agréable à lire, comme un roman !
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L'enquête de l'auteur est très précise, il tente d'expliquer l'innommable.
Ce n'était pas gagné mais il faut dire que c est très bien fait, on le sent pleinement investi dans cette terrible histoire, le personnage le fascine comme il a fasciné la France entière et même le monde..
Je me suis facilement inséré dans ce livre qui explore les plus bas sentiments de l'âme humaine , le mensonge en première ligne, dans s'enfonce au fil des années le meurtrier
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Écrire un roman à partir d'un fait divers très médiatisé est une démarche qui peut sembler douteuse.
Que recherche l'auteur d'un tel ouvrage ?
La facilité, parce que l'histoire est déjà prête, les personnages déjà bâtis, la fin déjà trouvée ?
Le sensationnel, et ainsi l'assurance d'un succès commercial ?
Le besoin de comprendre ce qui pousse des individus a priori ordinaires à commettre l'inconcevable ?

C'est cette dernière motivation qui a poussé Emmanuel Carrère, obsédé par "l'affaire Jean-Claude Romand", à écrire "L'Adversaire", ainsi qu'il nous l'explique en introduction du roman qui revient sur cette sordide et incroyable histoire qui défraya la chronique en 1993.
Elle commence avec la découverte des cadavres de l'épouse, des deux enfants et des parents de Jean-Claude Romand. Elle continue avec la révélation de la double vie que mena durant plus de vingt ans ce dernier, rapidement reconnu comme le coupable de l'assassinat des membres de sa famille.

Emmanuel Carrère se place aux côtés de l'accusé, car ce qui l'intéresse, ce sont les mécanismes et les circonstances qui l'ont mené à cette issue fatale. Il le contacte, lui manifeste compassion et respect, le considérant comme quelqu'un à qui "quelque chose d'épouvantable est arrivé". Il ne peut en effet y avoir d'autre explication : Jean-Claude est la victime de forces en lui qu'il n'a pas pu, pas su maitriser.

L'écrivain part sur les traces de l'assassin, parcourt le hameau jurassien de son enfance, où il grandit comme fils unique d'un couple dont le mari, comme ses ascendants, est forestier. Il admire beaucoup ce père solide, courageux, qui ne laisse jamais paraître ses émotions, qui jamais ne se laisse abattre. Il a appris, de lui, à donner le change : la mère est dépressive, il ne faut surtout pas la tracasser, l'angoisser.
Très jeune, Jean-Claude a ainsi pris l'habitude de taire tous ses malheurs et ses petits ennuis, de feindre d'aller toujours bien. Il a appris à mentir, ou tout au moins à taire certaines vérités, y compris, sans doute, à lui-même.

Plus tard, un échec à son examen de première année de médecine fait l'objet du premier mensonge par lequel il pénètre dans un engrenage dont il restera prisonnier durant plus de vingt ans. Cela semble invraisemblable, mais Jean-Claude continue d'aller à la fac comme s'il avait réussi, et parvient à faire croire qu'il obtient son diplôme en fin de cursus. Ses amis étudiants de l'époque, dont Florence, qui deviendra sa femme, n'y voient que du feu.
Ils goberont tout à l'avenant : la prestigieuse prise de poste au sein de l'O.M.S, à Genève, les déplacements professionnels réguliers... alors que, pendant de longues journées, Jean-Claude se promène dans la forêt, fréquente des restaurants suffisamment éloignés de son lieu d'habitation pour ne pas croiser de connaissance, s'offre une liaison...
Pour subvenir aux besoins de sa famille et au train de vie qu'implique son éminent poste de chercheur, il escroque ses proches, gardant les sommes parfois faramineuses que ces derniers lui confient contre la promesse d'un placement fructueux... Entré dans le mensonge par circonstance (à moins que ses habitudes, acquises durant l'enfance évoquée ci-dessus, ne l'y condamnaient de toutes façons), il s'y maintient par nécessité. L'entretenir est devenu littéralement vital, quitte à devenir retors et cruel...

On a du mal à croire qu'aucun soupçon ne vienne effleurer, à un moment ou un autre, les membres de sa famille ou ses amis, on se demande comment il supporte ces longs tête-à-tête avec lui-même, au fil de ces journées de solitude...
On comprend, effectivement, l'obsession d'Emmanuel Carrère, car elle nous envahit aussi : qui est, en réalité, Jean-Claude Romand ? Qui se cache derrière la façade de l'homme respectable, posé, sérieux ?
Et y a-t-il, finalement, quelque chose à découvrir ? Ne serait-il pas, en somme, qu'une sorte de coquille vide ? Et avec quel autre lui-même, plus "réel", pourrait-il renouer, puisque hormis le Docteur Romand, il n'est rien ?

Le roman d'Emmanuel Carrère ne répond pas à ces questions. On devine qu'à aucun moment l'auteur n'est parvenu à percer la carapace que s'est forgée son sujet, à approcher, ne serait-ce qu'un peu, la nature de la folie qui l'habite. Et plutôt que de mentir à son tour, il préfère être honnête avec le lecteur, en avouant le constat de l'inaboutissement de sa recherche.
J'espère que ce récit lui aura au moins permis d'apaiser son obsession, en démythifiant le personnage de Jean-Claude Romand, pour le ramener à la simple stature d'un individu lâche et obnubilé par l'image qu'il renvoie aux autres...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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