Sordide, intriguant, extrêmement bien "recherché", avec un style très vif, ce livre s'avale en une fois. En partant des assassinats on remonte à l'enfance de JCR pour en revenir à la journée des meurtres, le tout aboutissant au procès qui est un calvaire pour les survivants, et peut-être une révélation pour JCR.
Le «crescendo» est mené avec une précision de scientifique, et le procès est décortiqué au scalpel. Pour l'auteur ça devait être très lourd.
C'était comme de rentrer dans la peau non pas d'un menteur mais d'une personne détachée. Son amourette extra-conjugale semble être le catalyseur de sa perception d'une réalité autre. le fait de «vraiment mentir» ou «mentir pour de vrai» l'abat, le fatigue, l'angoisse et le met en face de toute sa comédie.
JCR laisse l'impression d'un semi-robot, perpétuel réfugié dans des bons sentiments, amoureux, filiaux ou paternels et enfin, religieux «à 2 balles». Il est fort possible que la prière et la vie monacale (si on veut) lui aient été plus qu'un réconfort, un rail pour vivre «plus vrai» et finalement se replonger dans un amour «simplifié» puisque dorénavant il peut communiquer avec cette famille décimée. Sorti de prison, quelle sera sa «nouvelle réalité»? Son avocat et lui-même le savent. Pense-t-il vraiment obtenir un pardon, et surtout comment peut-il se projeter dans le futur?
L'histoire est connue mais l'auteur nous décortique l'âme de l'assassin. Et c'est passionnant.
C'est étrange comme ce genre d'affaires est lié à des familles bcbg, et pratiquant une religion de façon bien visible (comme Dupont de Ligonès). de plus ayant vécu longtemps dans la région, le fait de connaître les lieux donne une étoffe en relief au récit.
J'aime beaucoup les «enquêtes» d'
Emmanuel Carrère.
Limonov est aussi prenant. C'est tout un art d'écrire une histoire quand le dénouement est connu.