Souvent Zefirino chantait. Il chantait fort et faux. Mais c’était pour faire plaisir à sa mère, qui adorait la musique. Surtout l’opéra. Surtout Tosca. Alors Maria battant la mesure avec sa béquille reprenait le Vissi d’Arte en chœur avec son fils. Et tout le bidonville où ils étaient installés entonnait le même morceau en canon pour les faire taire. La composition de Puccini défilait sur une mise en scène à la Wagner, et rien ne pouvait perturber les Gianlupino, même pas l’afflux des figurants, choristes excédés. Maria beuglait dans le registre baryton, son fils couinait comme une mezzo-soprano asthmatique. Ils ne lâchaient l’affaire avant le mi bémol final.
Avec la prime d’assurance, Maria avait équipé son chiffonnier de fils d’un superbe triporteur Piaggio, déniché d’occasion mais qui avait fière allure. Le propriétaire précédent l’avait repeint en rose fuschia. Il avait passé deux couches. Son phare unique au milieu de la calandre lui donnait la même gueule un brin bornée que celle du cyclope des contes antiques. (…………….)
Poliferno faisait un bruit d’enfer, dégageait une fumée âcre d’un gris inquiétant et penchait avec obstination du côté passager. Toujours. Et c’est normal, Maria s’asseyait toujours du côté passager. Où qu’il aille, elle ne lâchait jamais son fils Zefirino, que le monde entier appelait Dzé. La conduite du véhicule n’était pas manœuvre très aisée. Maria prenait toute la place sur le siège, et Zefirino devait conduire en s’affalant sur sa mère, les fesses calées dans un coin de l’habitacle. Les lois de la gravitation étant incontournables, le triporteur penchait sur la droite, tout le temps.
-
La base de l’édifice a plié, quelques goupilles ont giclé, très loin. Deux cales ont glissé. Stupéfaits, ils n’ont poussé aucun cri pendant leur chute, qui leur a pourtant semblé interminable. Remus a compté les fenêtres qui défilaient devant ses yeux hagards. Romulus a croisé le regard d’une ancienne maîtresse à lui, la veuve Rapolano, celle du second. Elle n’en revenait pas. Deux hommes passaient devant sa fenêtre qu’elle avait ouverte en grand pour cause de canicule. La veuve était prête à faire un signe convivial, mais tout est allé trop vite.
Zefrino Gianlupino avait un problème avec sa mère. Un gros problème.
Sa mère elle-même était un gros problème, un problème officiellement déclaré à quatre-vingt-dix-sept kilos mais qui avoisinait le quintal les lendemains de fêtes religieuses. La surcharge pondérale de Maria Gianlupino n’était pas la préoccupation majeure de Zefirino, son fils. Même si pour une hauteur sous toise d’un mètre cinquante-six, les débordements de chair de sa génitrice pouvaient se révéler handicapants. Non, la cause principale de tous les soucis de Zefirino était l’omniprésence de la matrone dans sa vie. Depuis toujours.
La morue salée mimait le deuil profond avec application et une inventivité certaine. Il mimait mieux le profond que le deuil, quoique son jeté de tête en arrière les yeux mi-clos évoquât bien une mort subite. Merluzzo Salato s’est fait insistant sur la profondeur du profond. C’était vraiment très bas, le profond du profond. Ses doigts en touchaient la première marche du seuil de la Casa del Popolo alors que son cul frôlait les poignées de porte.
Les fidélités de Diane Brasseur aux éditions Points
Que ne dit-on pas contre les hommes infidèles... Salauds, lâches, hypocrites, égoïstes... L'ont-ils cherché ? Assurément. L'ont-ils tous mérités ? Ca reste à voir. Notre narrateur à 54 ans, un emploi, une famille. Ses semaines, il les passe à Paris en compagnie d'Alix, sa maîtresse, de 20 ans sa cadette. Ses week-ends, à Marseille, entouré de sa femme et de sa fille. La situation serait confortable, s'il n'était pas rongé par la culpabilité. A la veille de Noël, il décide qu'il doit faire un choix : sa femme ou sa maîtresse. Mais comment choisir quand on se sent tenu par des fidélités multiples ?
http://www.lagriffenoire.com/les-fidelites-209091.html
Virtuoso ostinato de Philippe Carrese aux éditions de L'Aube
Volturno Belonore, un homme dans la puissance de l'âge, règne sans conteste sur ses trois fils, sa jeune épouse et son village, San Catello, en Lombardie. Un soir de l'été 1911, une luxueuse voiture tombe en panne en bordure de son champ. Ses occupants lui demandent de l'aide. En échange de quoi, ils lui prédisent la fortune grâce au minerai enfoui dans son terrain. Hélas, la prédiction s'avère malédiction ; seul Marzio, le fils cadet, y échappera. du moins, à considérer que devenir virtuose au détriment de la passion amoureuse n'en fasse pas partie...
http://www.lagriffenoire.com/virtuoso-ostinato-268935.html
Dernier désir de Olivier Bordeçarre aux éditions le Livre de Poche
Mina et Jonathan Martin ont fui la ville et sa fureur consumériste pour une vie plus simple sur les bords du canal du Berry. Un jour, leur nouveau voisin frappe à la porte. Élégant, riche, spirituel, il se prénomme Vladimir et porte le même patronyme qu?eux. Une coïncidence qui amuse le couple. Seulement, Vladimir Martin a un comportement étrange : il copie le mode de vie des Martin, couvre leur fils et Mina de cadeaux, adopte l?allure de Jonathan, s?achète la même voiture, décore sa maison à l?identique? Jonathan se méfie, sa femme n'y voit que du feu. le nouveau venu ne leur veut-il que du bien ?
Avec un art maîtrisé du suspense, Dernier désir interroge nos aspirations secrètes dans une société de bonheurs factices.
http://www.lagriffenoire.com/dernier-desir.html
+ Lire la suite