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Profitant d'un cours séjour en France pour faire le plein de lecture, j'ai déniché "La controverse de Valladolid" sur une étagère poussiéreuse d'Emmaus. Je ne connaissais ni la pièce, ni cet événement de l'Histoire.
J'en ressors extrêmement contente car la pièce est bien construite et très bien écrites mais aussi profondément marqué par la description de toutes les horreurs décrites. Alors bien sur tout le monde sait comment les colons ont traités les indiens d'Amérique, mais, il n'empêche que de mettre des mots sur ces atrocités rend les choses encore pires.
On ne peut qu'être profondément choqué par tout ça : cette incompréhension entre les colons et les indiens, ce choc ou deux cultures s'affrontent, cette cruauté.....
Ce texte est en tout cas un bel exemple de tolérance, une belle leçon de vie. J'aurai beaucoup aimé l'étudier pendant ma scolarité mais ça n'a pas été le cas alors je suis heureuse d'avoir fait cette découverte maintenant.
Pour finir, j'ai vu que cette pièce avait fait l'objet d'une adaptation à la télévision, je suis curieuse de voir comment cela a été adapté mais je pense que je vais avoir besoin de temps avant de regarder le téléfilm car j'ai encore trop en tête les horreurs et crimes commis.
Lien : http://missmolko1.blogspot.f..
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Je ne sais pas si vous avez vu un téléfilm intitulé La controverse de Valladolid, avec Jean-Pierre Marielle dans le rôle De Las Casas, Jean-Louis Trintignant dans celui de Sepúlveda et Jean Carmet dans celui du légat du pape (que des Jean).
C'est un téléfilm qui m'a marqué. Et quand j'ai appris qu'il en existait une version théâtrale, j'ai sauté sur l'occasion. le téléfilm, et le roman, datent de 1992 ; la pièce a été montée en 1999. le livre relate comment il a fallu resserrer l'action dans le temps et l'espace pour lui apporter du dynamisme.
Cette dispute a réellement eu lieu, et Jean-Claude Carrière propose ici de nous montrer ce qui a pu s'y dire. L'objet était de décider, dixit le légat dans la pièce, « si ces indigènes sont des êtres humains achevés et véritables, des créatures de Dieu et nos frères dans la descendance d'Adam, ou si au contraire ils sont des êtres d'une catégorie distincte, ou même les sujets de l'empire du diable ».

La controverse oppose deux hommes, deux ecclésiastiques, forts différents d'histoire et de personnalité. Las Casas est un dominicain qui a vécu sur le terrain, qui a vu les massacres odieux qu'il n'en finit pas de décrire. C'est ignoble et à mettre au niveau des exactions de la shoah. Il défend bien entendu la thèse que les Indiens sont humains fils de Dieu. Il les idéalise même, les présentant comme doux, amicaux, en aucun cas soumis à des passions violentes. Ce sont des arguments qui finissent par se retourner contre lui car l'homme est un être de passion, un pêcheur qui est violent de nature (Sepúlveda a beau jeu de le rappeler). Las Casas a d'ailleurs essayé par deux fois de créer des communautés égalitaires qui ont échoué ; on ne sait pas pourquoi malheureusement mais on se doute que les indigènes ne sont pas les agneaux présentés. Son tempérament excessif, emporté, joue aussi contre lui. Il est souvent rappelé à l'ordre par le légat.

Sepúlveda est un chanoine intellectuel qui théorise, qui n'a presque jamais quitté son bureau. Il est le produit d'une Espagne maîtresse du monde, arrogante, qui regarde de haut le reste des peuples (hormis la papauté). Il considère la conquête comme naturelle, voulue par Dieu – ce dernier n'a-t-il pas déjà béni l'Espagne en lui permettant d'éliminer le dernier royaume maure d'Europe ? – il n'y a aucune passion, aucune cruauté particulière chez lui quand il affirme que le massacre des Indiens est aussi voulu par Dieu, une race qui n'est pas du sérail humain. Il la montre barbare, cruelle, idolâtre. A son tour cet argument se retourne contre lui, car ce sont des passions humaines qu'il décrit-là, le légat ne se prive pas de le lui faire remarquer.

Le légat se veut neutre, et se faisant paraît cruel quand il ne montre aucune émotion pour « tester » les indigènes qu'il a fait venir d'Amérique. Certain tests sont moralement acceptables : peuvent-ils rire aux pitreries d'un bouffon, le rire étant propre à l'homme ? D'autres sont borderline : menacer de tuer un enfant pour voir si les parents vont chercher à le sauver.
J'ai senti que Las Casas n'allait pas sortir vainqueur de ce débat. Et pourtant le légat reste effectivement assez neutre, tant que l'argument économique : la main d'oeuvre gratuite pour l'exploitation des terres et des mines, n'est pas mis en avant. Cet argument est finalement annihilé, mais d'une manière que je n'évoquerai pas ici, vous laissant le loisir d'aller voir vous-même.

C'est un texte fort, aux répliques percutantes, que je recommande à tous. de manière anecdotique, j'ai tout de même été perpétuellement agacé de voir écrire le nom de Sepúlveda avec des accents aigus « à la française » : Sépulvéda. Agaçant car on perd l'intonation forte à donner à la syllabe ‘pú'. Mes origines espagnoles en révolte, que voulez-vous.
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Une très bonne pièce qui tire son inspiration d'un évènement historique.
Il est intéressant de préciser que ce sujet à d'abords été traité dans un roman du même nom avant d'être adapté au théâtre.

On assiste ici a un débat passionné entre deux religieux catholiques et qui doit permettre à l'église de statuer sur l'égalité ou non des indigènes avec les européens.

Est-il justifiable qu'au nom de l'église, on les ait traité en esclave, exterminé, torturé.....

Durant la lecture j'ai vraiment aimé la façon dont les deux intervenants prenait la parole, se coupait celle-ci et la passion avec laquelle il défendait leur opinion. le légat qui sert de juge joue vraiment bien son rôle. La pièce prend vie lorsqu'on l'a lit et c'est bien ce qu'on attend justement. Les arguments sont pertinents de chaque côté, mais c'est bien sûre Las Casas, défenseur des indigènes qui régulièrement invalide les arguments de Sépulvéda qui considère que les indigènes sont une race inférieure.

Même si on a une idée quand à la position finale du Légat, l'auteur ne nous donne aucune certitude, bien au contraire, sur sa décision finale.

J'ai vraiment apprécié cette lecture qui est d'une grande qualité.
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La question: Les races sont elles égales?
L'enjeu: le traitement a réserver aux indiens des colonies.
Le dilemne: Si les Indiens sont nos égaux, l'on doit arrêter les massacres et ne plus les réduire en esclavage. Dans ce cas, l'essor des colons est compromis ainsi que l'enrichissement de la couronne et de l'église.
La solution: O combien vicieuse !!
Le prétexte: Dieu!

A lire, ne serait ce que pour ne pas oublier de qu'elle hypocrisie sont capable les hommes.
Le style ne m'a pas marqué.
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J'avoue avoir eu du mal avec les premiers chapitres de ce livre, qui ressemblent davantage à un manuel d'histoire qu'à un roman. Mais quelle suite ! Je ne regrette pas d'avoir persévéré, car le reste de ce roman est une vraie claque, avec une fin magistrale.

Jean-Claude Carrière réussit à nous passionner pour un débat rhétorique, et à nous sensibiliser à un événement historique qui, bien que méconnu avant la publication de ce petit classique, est à l'origine d'une des grandes tragédies de l'histoire : la controverse de Valladolid. C'est en effet à l'issue de ces réflexions, menées en 1550-1551 pour savoir si "les Indiens avaient une âme", que s'est décidé le sort des habitants d'Amérique du Sud, mais aussi d'Afrique, puisque c'est suite à cela que le commerce triangulaire et l'esclavage ont pris un véritable essor.

L'auteur, qui s'est énormément documenté pour écrire ce roman, réussit à créer une sorte de suspense quant à l'issue de la controverse (présentée sous forme de débat pour les besoins de la narration), et à nous présenter des personnages avec une véritable profondeur : Sepulveda et ses horribles positions racistes mais son art implacable de la logique, Las Casas le défenseur des droits de l'homme mais au passé trouble et au caractère spontané, le cardinal au point de vue ambigu... Quelques pointes d'ironie et d'humour cynique nous arrachent même un sourire de temps à autre, malgré la dureté du sujet et les horreurs décrites.

De même que le rêve du Celte, que j'ai découvert quelques mois plus tôt, La controverse de Valladolid fait partie de ces lectures indispensables par leur difficile sujet ; au-delà de leurs qualités littéraires, ces livres abordent de manière accessible des épisodes à connaître de notre histoire.
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Les Indiens (d'Amérique du Sud) sont-ils des hommes comme les Espagnols ? le dominicain Las Casas, homme de terrain, plaide leur cause. le philosophe Sepulveda pense que certains peuples sont destinés à être dominés. Soixante ans après la découverte du Nouveau-Monde et après les atrocités commises par les conquérants espagnols, la question est importante.
Je me demande si en presque 2022, la controverse ne pourrait pas être de mise tant le texte tout entier m'a paru actuel. Tout est transposable.
Quelques soient les motifs, religion, argent, pouvoir, il y aura toujours des hommes qui considéreront que d'autres leur sont inférieurs. Quand en plus, il s'agit d'étrangers et de culture étrangère, les loups se déchaînent.
Ici les protagonistes risquent bien d'arriver à un semblant d'accord sur le dos de plus faibles encore. Que d'hypocrisie !
Un texte essentiel.
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Au départ, c'est un simple récit, écrit en 1992, adapté la même année pour la télévision, dans un téléfilm mémorable signé Jean-Daniel Verhaeghe. Pour les rôles principaux, Jean Carmet (le légat du pape), Jean-Pierre Marielle (Las Casas) et Jean-Louis Trintignant (Sépulveda), excusez du peu ! En 1999, Jean-Claude Carrière décide d'en faire une adaptation théâtrale, dont la mise en scène est confiée à Jacques Lassalle, avec entre autres Jacques Weber (Las Casas) et Lambert Wilson (Sépulveda).
Le sujet est historique : En 1550, à Valladolid (Espagne) une conférence doit statuer sur les Indiens du Nouveau-Monde. Sont-ils des êtres humains ou pas ? ou si vous préférez, en langage théologique, ont-ils une âme ou pas ? Deux thèses s'opposent : le dominicain Las Casas, défenseur des Indiens, pointe du doigt les excès de la Conquête et le massacre des indigènes. En face de lui le philosophe Sépulvéda justifie ces mêmes massacres en arguant que les Indiens, nés d'une race inférieure, sont destinés à être dominés. le légat du pape a été désigné pour être l'arbitre des débats.
La pièce est donc ordonnancée comme un procès. Il y a l'accusation, la défense, l'écoute des témoins et le verdict. Tout l'intérêt vient de la force de conviction que les avocats mettent dans leur plaidoirie.
La fin de la pièce est tragique. Dans un premier temps, le légat conclut que les Indiens ont une âme et qu'un conséquence il faut les traiter avec humanité. Mais Sépulveda fait observer que l'observance de ce décret mènerait à la ruine les colons espagnols. le Supérieur du couvent propose alors de remplacer les indiens dans les plantations par des esclaves africains "beaucoup plus proches de l'animal"...
Dans la réalité, la controverse a bien eu lieu, mais le sort des Indiens n'a pas changé pour autant. le verdict, tel qu'il est prononcé par le légat dans la pièce, n' a pas eu lieu et les participants à la conférence se sont séparés sans avoir rien décidé. Il semble même que le thème même de la réunion portait moins sur la possible humanité des Indiens que sur leur évangélisation.

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Livre lu au lycée. le début est un peu long à se mettre en place mais la suite est très intéressante. On voit le poids de la religion à cette époque, et on voit les jugements que l'homme peut porter face à une civilisation inconnue.
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La pièce de théâtre se lit vite mais difficilement par les atrocités décrites. Il n'y a pas de suspens sur l'issue du débat, d'ailleurs il n'y a même pas réellement de débat parce que la position de ne pas reconnaitre les autochtones d'Amérique comme des humains est intenable.

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