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Découvrez un récit entre rêve et réalité, espoir et désillusion !

Qui n'a jamais rêver de voir si c'était mieux ailleurs ? de tout abandonner pour tout recommencer ? D'oublier pour renaître ? D'espérer une vie meilleure ?

La découverte de nouvelles terres et la création des colonies a permis dans le passé, à des milliers de gens, de recommencer. Petit Blanc nous emmène en 1895, alors que les vagues de colonisation continuent de se succéder et que des milliers d'émigrés rêvent d'une vie meilleure dans un nouvel Eldorado.

C'est le cas de notre héros, Albert Villeneuve, qui décide de quitter la France pour une destination lointaine.Tellement loin, qu'il espère que son passé restera sur le quai du port qui le verra partir avec sa famille.
Albert est porté par l'espoir dès le début du roman et malgré sa déchéance, il n'abandonnera jamais d'essayer de trouver sa place.

(A savoir que les Petits Blancs des Hauts étaient les premiers habitants des Hauts de l'île de la Réunion, dont la peau était claire et dont le statut social était peu élevé. Leurs descendants, qui portent toujours cette appellation, ont aujourd'hui un statut social plus hétérogène. Cette communauté est principalement d'origine européenne.)

Mais il est bien difficile de tout recommencer quand le sort s'acharne...
Et Albert accumule les pertes : proches, travail, conscience...

(suite sur mon site !)
Lien : http://lecomptoirdelecureuil..
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C'est l'histoire d'un homme, Albert Villeneuve, qui va quitter la France avec sa femme et sa fille pour les colonies en espérant y faire fortune. Dès le départ, lors de la traversée, un drame se produit. Ce qui n'arrête pas Albert Villeneuve dans sa quête, mais il va peu à peu se retrouver happé dans un tourbillon de malheur qui comme un cyclone va tout détruire sur son passage.
Cette histoire triste nous montre une autre facette des colons, celle des « petits blancs », des perdants ou des malchanceux. C'est la distinction entre les riches et les pauvres où le rêve n'est accessible qu'à une poignée de personnes, laissant les autres avec leurs désillusions.
J'ai bien apprécié l'univers un peu conte fantastique avec de la magie et du surnaturel que j'ai pu lire dans certains passages. de plus, l'auteur a une écriture qui nous met facilement dans l'ambiance du roman. Un roman surprenant à découvrir !
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1896, Marseille, une famille de trois personnes quitte le port vers un avenir meilleur, enfin c'est du moins ce qu'ils espèrent. Enserrées à bord d'un vétuste navire, de nombreuses familles ont également eu cettte idée, devrais-je dire, cet espoir, d'avoir une vie décente et heureuse, une vie tout simplement. Il ne faut pas bien longtemps avant que les conditions d'hygiène viennent à se rappeler à eux, ces familles pleines d'envie, maladies, morts, faim, viennent peu à peu ternir les regards et vider les listes humaines dans ce voyage maritime sans fin. Un médecin à bord accompagné d'un religieux passent chaque jour dans les rangs pour un éternel constat, des âmes perdues à travers les flots, des vies toujours plus essaimées, des visages fatigués, abîmés par la tristesse des pertes. Albert Villeneuve est l'un d'eux. En quête des plaines exploitant le café, il débarque sur l'île se Sainte Madeleine, à Fort – Djaba, sans femme, sans fille, Marthe et Louise ne sont plus. L'espoir est devenu un objectif. Accompagné des fantômes de celles qu'il aimait, il se présente chaque jour au bureau d'administration dans le vain espoir d'obtenir un bout de terre pour devenir fermier, exploiter la terre et cultiver le café.
« Et puis, comme Fort-Djaba s'offrait à moi, toute une journée rien qu'à moi, pour la première fois sans que je l'aie décidé, il me prit soudain une sorte de furieux optimisme. Peut-être bien que c'était un signe, ce jour chômé ! Symboliquement je quittais la mine, pas le choix, je m'ouvrais à quelque chose de nouveau ; ce vide laissé par le refus de l'intendant allait nécessairement se remplir, c'était physiquement indiscutable. Il allait se remplir par quelque chose de nouveau. Une ferme ? Un champ par-delà la brousse ? Des rangs de caféiers, des caféiers par milliers ? Ça me semblait tout à fait certain, oui. Les espoirs fumaient par mes oreilles. Je retournerais à l'Administration, ce midi-là, et cette fois tout aurait changé : on me tendrait les bras, on me chanterait la Marseillaise, on m'attribuerait la plus riche des terres de toute Sainte-Madeleine. En six mois je produirais bien davantage que tous les autres seigneurs réunis : le seigneur des temps modernes ce serait moi. Je retournerais à l'Administration, oui, à midi ou bien dans l'après-midi, peut-être. Tout se passerait comme j'avais dit, exactement. Mon bonheur, c'était pour maintenant ou pour jamais, alors je pris le chemin de la ville, le pas certes titubant mais tout à fait décidé, dans l'intention. »

Une faible mise en bouche d'une histoire qui surprend et recèle une profondeur incroyable. A travers l'histoire d'Albert Villeneuve, personnage ambigu et au coeur meurtri, l'auteur propose un conte tragique, où la réalité se mêle subrepticement au rêve voire même un peu au surnaturel. Une base coloniale du XIXème siècle, où des hordes de familles françaises, peuple appauvri, viennent tenter leur chance sur les terres caféines des noirs colonisées. Jusque là, on surfe sur un réalisme historique, misère, colonialisme, immigration, thèmes clé, et pourtant, la rencontre d'Albert Villeneuve avec un sergent pas comme les autres, rustre et violent, dominateur despotique, être assoiffé de vengeance et empreint d'une folie certaine, Arpagon, va venir bousculer tout ça et faire prendre au récit un tournant intéressant et inattendu. de là démarre, une sorte de conte fantasmagorique et philosophique, fait d'aventures et de réflexions riches et métaphores nombreuses. Une course – poursuite, une fuite, une quête, un objectif à atteindre, voilà ce qui va attendre Albert à travers une multitude d'étapes jusqu'à la conclusion finale, tout un rite initiatique du personnage à suivre avec beaucoup d'émotions.

On démarre donc dans une certaine réalité avant de sombrer peu à peu dans un onirisme presque chamanique, la rencontre d'Albert Villeneuve et du peuple noir colonisé, ouvre aux croyances de ces derniers, qui sont de plus en plus abîmés et pervertis par l'alcool et l'argent des blancs, un peuple aussi profondément simple et humain, l'amour de l'autre, le partage, la simplicité, la chaleur humaine, malgré tout toujours entachée dans notre conte, dualité sociale, perversion, violence, mort. On peut y voir un regard négatif sur la colonisation, un regard positif sur les croyances et le style de vie de tout un peuple peu à peu opprimé, tout en contant la quête de rédemption d'un personnage immigré, sombrant toujours plus et pourchassé par un être diabolisé, surréaliste et effrayant comme ces personnages sombres des contes noirs, reflet probable du désespoir et de la destruction de ce monde.
« — Tu sais, Albert, commença-t-il par m'expliquer, cela peut paraître étrange aujourd'hui, parce que nous n'avons connu que cette situation, mais les gens de ton peuple n'ont pas toujours vécu ici. Pendant trois cents vies d'hommes mes ancêtres étaient seuls, ils allaient librement de la brousse à la mer. Bien sûr ils se battaient déjà, il y avait des vainqueurs et puis des vaincus, des heureux et des malheureux. Mais tout ça arrivait entre eux ; entre frères et cousins. Lorsque la guerre cessait ils se réconciliaient, chacun rentrait chez soi et comptait son igname, chacun faisait la fête après la récolte. Parfois même les chefs de clans s'invitaient au festin, et alors tous les enfants de l'île échangeaient les présents, les danses et les histoires. En ce temps-là on ne détruisait rien, rien n'était jamais définitif : si un fils ou un frère venait à mourir au combat, aussitôt on sonnait la retraite, on déclamait la paix. Jamais lignée ne s'éteignait, jamais un ancêtre ne restait sans foyer pour honorer son nom. En ce temps-là tout perdurait, toujours. »

Émotions vous ai-je dit, parlons-en, sachez que ce roman est fort et qu'il retourne le coeur avec des choses les plus simples. L'auteur a ce quelque chose d'assez subtil pour amener un élément qui paraîtrait impromptu à prendre en force et à le rendre comme élément à part entière à son histoire, à tel point que le lecteur va complètement se faire prendre à cet art, notamment avec ce perroquet. Un simple animal et pourtant bien plus ici, certainement un des passages qui aura ma préférence, même si un autre, où il est question de boule à neige, est aussi complètement génial dans le délire de l'auteur. Il y a du contraste chez Nicolas Cartelet, si l'homme paraît sage et académique, il y a dans sa tête des choses complètement dingues, qui peuvent dérouter. Il n'en perd pas moins son discours et les réflexions qu'il souhaite amener au lecteur. C'est tellement bien fait et magnifiquement écrit.

Talent d'écriture parlons-en aussi, Nicolas Cartelet écrit de manière délicate et poétique des choses aussi triviales que pleines de beauté, les descriptions sont riches sans être alourdies, on a plusieurs fois ce sentiment d'être perdu dans la brousse, de sentir l'humidité des pluies diluviennes et la chaleur étouffante. On vibre aussi beaucoup émotionnellement avec Albert Villeneuve, on sombre dans son gouffre de solitude qui ne cesse de s'agrandir, dans sa déchéance, on subit ses deuils, ses coups, cette oppression qu'induit sa peur. Cette histoire est assez douce-amère. Douce parce que magnifique et écrite avec de jolies mots. Amère car elle est difficile parfois cruelle.
« Car je menais désormais la grande vie sur le port, et qui dit grande vie dit grands soucis. En triplant ou quadruplant ma consommation je forçai le respect des copains, mais je creusai aussi ma bourse. Plus j'étais au bistrot, moins j'étais à la mine, et moins j'étais à la mine moindre était mon pécule. Cependant je m'habituais au rhum, il me prenait des besoins impossibles à refréner, de véritables gouffres que même un bourgeois aurait eu du mal à combler : bientôt il me fallut trouver une solution à l'équation, la pauvreté d'un côté, le goût du rhum de l'autre, sous peine de voir surgir une nouvelle angoisse, que je pressentais presque aussi grosse que toutes les autres réunies. »

La couverture de Gilles Francescano est sublime et reflète parfaitement le contenu de l'ouvrage, des morts, nombreux, un personnage qui porte le poids de malheurs inconsolables, mais une petite touche d'espoir par la luminosité dans le dos du personnage et les touches de couleur à ses pieds.

En bref, couverture magnifique, conte magnifiquement sombre avec cette touche d'espoir, écriture magnifique. « Petit Blanc », est certes petit par son nombre de pages (moins de 200) mais grand par son contenu. Je n'ai qu'une seule chose à vous dire : lisez – le !
Lien : https://songesdunewalkyrie.w..
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Petit blanc est l'histoire d'Albert Villeneuve, un homme parti avec sa femme et sa fille sur l'ïle Ste Madeleine pour acquérir des terres et faire richesse avec le café. Mais son rêve va tourner au cauchemar, et ce, dès le voyage maritime.
le lecteur bascule en 1895, à l'époque des colonisations, on découvre ainsi la suprématie des blancs (ici des français) venus conquérir les terres des noirs, des nègres pour parler comme dans le livre. On vit leur assouvissement, leur esclavagisme, mais on découvre aussi quelques tribus indigènes plus sauvages, et qui sauront faire preuve d'une grande solidarité envers Albert.


Nicolas Cartelet est historien de formation, et cela se ressent dans son histoire. Il a aussi été très touché par Louis Ferdinand Céline et glisse donc quelques références qui parleront probablement aux connaisseurs.

Petit blanc, c'est le rêve d'un homme pour qui tout s'effondre. On découvre sa chute, son désespoir, sa dépression, sa culpabilité, mais avec au fond de lui ce rêve qui tente d'éclore, auquel il essaye de s'accrocher. C'est dur, c'est sombre, c'est très bien écrit.

C'est un conte percutant, qui ne laisse pas le lecteur indifférent. Personnellement, j'ai souffert avec Albert, j'ai sombré dans sa folie, j'ai eu peur pour ses amis, j'ai ressenti la différence entre riches et pauvres, entre les ouvriers et les gouverneurs, j'ai detesté l'antagoniste du livre.

Petit blanc, c'est un récit qui m'a emporté de la première à la dernière page, mais je préfère vous aviser : pour le lire, il faut être dans un bon état d'esprit car cette histoire est cruelle. C'est un récit court, moins de 200 pages, qui évoque beaucoup de thématiques propre à l'Homme et à cette époque de l'Histoire.
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