J'ai apprécié le fait que le livre soit présenté comme une pièce de théâtre. Il y a cinq actes. Les deux personnages principaux,
Romy et Julius, sont tous deux narrateurs de l'histoire. D'autres personnages ajoutent par moments leur avis subjectif. En revanche, je n'ai pas apprécié les passages dans lesquels le choeur des villageois s'exprime car cela casse le rythme de ces narrations personnelles.
De plus, j'ai aimé avoir ces deux points de vue car cela montre que deux personnes qui vivent le même moment dans la même pièce peuvent ressentir des émotions très différentes ou les mêmes sans le savoir. Par exemple, quand Julius et Romy se regardent : Romy « Ses iris sont vertes. » , « Les regarder me donne l'impression de plonger dans la rivière » ; Julius « Elle a des yeux sombres et brûlants comme un gouffre ».
La façon dont Romy s'exprime est directe et franche :« Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi empoté. Manifestement, si on compte sur lui, on sera encore là dans
dix ans. ».
Par ailleurs, j'ai trouvé intéressant qu'ils tombent amoureux alors qu'ils sont à l'opposé l'un de l'autre. Elle est dans l'ancien collège catholique, lui dans le collège récent public ; elle et sa famille honorent les traditions, lui fait partie de « ceux de la ville » ; elle mange de la viande et son père est même boucher, lui est végétarien et son meilleur ami vegan et révolté. Comme dans
Roméo et Juliette, il s'agit d'un amour impossible.
D'ailleurs , il y a plusieurs références à
Roméo et Juliette. Romy fait penser à Roméo et Julius à Juliette. Je pense que ce n'est pas fait au hasard car l'auteur a en quelque sorte détourné la pièce de
Shakespeare en faisant endosser à Romy le personnage de Roméo et à Julius celui de Juliette.
On a l'impression d'une pièce dans une pièce : le livre est présenté comme dans une pièce de théatre et, en même temps, l'
histoire se déroule autour du fait qu'en fin d'année ils vont jouer
Roméo et Juliette.
Enfin, je trouve décevant la façon dont Lucie a traité Romy avec ses nouveaux amis. En revanche, je trouve que Romy l'a très bien décrit : « Je me sens trahie, comme si Lucie avait piétiné notre amitié en décidant tout à coup d'en faire un paillasson pour essuyer les pieds de ses nouveaux amis. »
N.G.