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3,95

sur 422 notes
Premier contact avec cet auteur dont je connaissais une partie de l'univers grâce à l'adaptation ciné que Robert Altman avait réalisé sous le titre "Short cuts" dans le milieu des années '90.
On retrouve d'ailleurs dans ce recueil, l'une des nouvelles utilisée pour ce film fleuve de 3h, intitulée "Une petite douceur" (à mon avis la meilleure de tout le livre et aussi la plus bouleversante du métrage).

Tranches de vies d'américaines et américains moyens, souvent au mitan de leurs chiches existences.
Récits de couples déchirés, familles recomposées, vies chaotiques prises en tenailles entre petits boulots mal payés, alcoolisme, platitude de l'existence (on regarde souvent la télé faute de mieux dans la plupart de ces nouvelles), déménagements d'un bout à l'autre du vaste territoire US.
Portions d'existences que l'on devine minées par la fatalité d'une condition moyenne aussi collante qu'un chewing-gum collé sous la semelle.

On dirait du Wim Wenders période "Paris, Texas" pur jus tant les univers se ressemblent, l'incommunicabilité en moins toutefois, car on échange abondamment chez Carver (qu'on soit chez une coiffeuse à domicile, ou autour de sujets aussi triviaux qu'un frigo qui tombe en panne et dont il faut rapidement cuire les aliments pour éviter le gaspillage).
Cet univers peut sembler de prime abord trivial, médiocre et inintéressant après les 3 ou 4 premières histoires - majoritairement courtes - mais la capacité de l'auteur à dresser les solides portraits psychologiques de cette myriades de personnages fait mouche pour chacune des nouvelles et l'on s'attache rapidement à ces caractères rapidement mais très finement brossés.

Belle découverte en ce qui me concerne, je lirai certainement d'autres recueils de nouvelles de cet auteur.
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La vie n'est pas une partie de plaisir pour les personnages de Carver. Les hommes sont pour la plupart taciturnes ou maussades, éreintés par une séparation, un travail alimentaire ou une dépendance à l'alcool. Souvent, tout ça à la fois. Les femmes sont plus combatives. Sans apitoiement, avec des touches d'humour, l'auteur les rend tous incroyablement humains, vrais. Et, par-ci par-là, percent des lueurs de beauté, d'espoir, de réconciliation ou d'acceptation. J'aime beaucoup les nouvelles de Carver !
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Les nouvelles de Raymond Carver ne se valent pas. Les plus courtes ne sont certainement pas les meilleures.
Par contre, les autres vont vous rester en tête bien plus longtemps comme les différents déboires de cet homme en cure de désintoxication, ou encore, cet enfant, qui a subi un malencontreux accident de voiture, et puis, il y a ce dîner, entre amis auquel madame ne veut pas venir. C'est ici que vous rencontrerez le fameux paon de cette sublime couverture. À ce niveau, c'est Maya Palma qui fera véritablement le bonheur des lecteurs avec les éditions de l'olivier.
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Les héros de CARVER sont «  des petites gens » simples, assaillis par les soucis, les problèmes, on est souvent proches de la tragédie. On est souvent dans l'état de Washington, ils sont ouvriers, elles sont secrétaires, coiffeuses, ils voient passer le rêve américain mais peu arriveront à l'attraper. Douze nouvelles illustrent ce milieu, la première étant peut-être la plus emblématique où un couple est invité chez des collègues et ils découvrent un bébé hideux et un paon qui hurle toute la soirée. . L'horreur tempérée heureusement par un aspect burlesque.
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« - Qu'est-ce que vous diriez ? Elle soupire et se renverse dans le fauteuil. Elle me laisse sa main. « Les rêves, vous savez, ça ne dure pas. Il y a toujours un moment où on se réveille. Voilà ce que je dirais » Elle lisse sa jupe sur ses genoux. « Si quelqu'un me demandait, voilà ce que je dirai. Mais on ne me demandera pas », citation p.218.
Ce recueil est fait de douze nouvelles, douze tranches de vie, douze histoires d'américain.e.s ordinaires, douze récits existentialistes. D'où émerge la précarité de l'américain moyen, ces « abimés » de la vie, l'ennui et l'effarement du quotidien, à la marge ... sombre. La mélancolie et le désespoir de gens simples qui ont des espoirs. L'universalité des rapports humains : la recherche du bonheur, de l'amour, ou plus simplement d'un sens à la vie, d'un équilibre …
p. 178 « … mais elle affirmait qu'elle était heureuse. Heureuse. Comme si, pensa Carlyle, le bonheur était tout dans la vie ».
Des phrases courtes, un style épuré, sec et précis. Une écriture efficace ; efficace dans le sens : simple, juste et compréhensible. Une langue où les ellipses tiennent lieu de suspens.
p. 128 « de toute façon, il faut tenter quelque chose. On va d'abord essayer ça. Si ça ne marche pas, on essayera autre chose. C'est ça la vie, non ? ».
Raymond Carver excelle dans ce genre-là, peut-être parce qu'une grande partie de sa vie, il a vécu précisément dans ce milieu ; il est donc également légitime, en plus d'avoir du talent, c'est important aussi, la légitimité. Allez, salut.
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Douze nouvelles qui posent un regard désabusé et compatissant sur les faiblesses et les errements de la classe moyenne ou ouvrière américaine.

Des brèves, qui retracent des moments et entrent dans des histoires de couple, de familles, de ruptures, d'accidents bêtes, d'alcoolisme et de destins qui partent de guingois. Des histoires de fidélité et d'infidélité aussi, qui tracent un univers gris, un peu triste, un monde de losers un peu perdus qui cherchent, à leur manière, à atteindre le rêve américain.

Un ton qui m'a un peu agacé de prime abord, par son « affectation populaire », genre : « l'autre il me dit que (…) et moi j'y réponds… ». Mais c'est surtout vrai dans la première nouvelle, la Maison de Chef, ou bien je m'y suis habitué au fil de la lecture. Finalement ce n'est pas si gênant en tout cas.
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J'ai déjà eu l'occasion de raconter ici ma découverte tardive du genre de la nouvelle, pratique devenu addictive depuis. Au point d'avoir toujours en parallèle de mes autres livres, un recueil en cours, généralement américain, distillant ces short-stories au rythme d'une chaque jour.

Autant attiré par la belle couverture de Maya Palma que par l'envie de combler une lacune classique, je me suis jeté dans Les Vitamines du bonheur de Raymond Carver – traduit par Simone Hilling – réédité récemment dans l'opportune Bibliothèque de l'Olivier.

Douze nouvelles. Douze histoires où il ne se passe rien. Enfin pas grand-chose. Mais où il se dit tant. Juste des petits fragments d'existence, insignifiants pour ceux qui n'y sont pas inclus, mais tellement impactants pour leurs protagonistes. Douze histoires banales d'individus de la middle-class américaine, dont l'apparente banalité masque souvent les dilemmes qui les rongent.

Les héros de Carver ont en commun leurs fragilités : sociales, financières, familiales ou amoureuses. Qui se cumulent bien souvent et dont ils rêvent de sortir un jour. L'alcool, les vitamines, une rupture, une rencontre ou un voyage peuvent sembler le début du rebond. Généralement illusoire.

Il y a chez Carver une ambiguïté formidable qui me fascine à chaque lecture : sa capacité à traiter de sujets humainement complexes, durs et souvent dramatiques, avec une distance assumée qu'aucun adjectif ou artifice de style ne vient amplifier. Comme s'il tenait à laisser le lecteur faire sa part de chemin vers l'empathie ou le jugement, la compassion ou l'émotion.

Chacun réagira ainsi différemment selon son degré de distance ou de proximité avec la galerie de personnages présentés. Mention spéciale pour ma part à l'improbable trio décrit dans le Train, personnages passant de rencontres tragiques nécessitant un minimum de compassion à l'anonymat subit et à l'indifférence.

Mais aussi cette maison de Chef, ou quand le toit du bonheur simple enfin trouvé, d'un seul coup vous échappe sans rien n'y pouvoir ; Conservation et les affres du chômage, qui voit la mort d'un frigo faire à nouveau espérer le retour à une vie normale ; le sublime le compartiment décrivant le rendez-vous manqué d'un père avec son fils et son passé ; et enfin La Bride et sa morale qui rappelle qu'une simple pression sur le mors te permet de redevenir maître de ta vie, capable en un instant de bifurquer dans un sens ou dans un autre.

Condensé de fulgurances heureuses et dramatiques à la fois, les nouvelles de Carver sont certes un brin fatalistes, mais tellement universelles qu'elles traversent parfaitement le temps et les époques.
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C'est mon père qui m'a conseillé ce Carver. Ou plutôt non, il m'a dit : « Tiens, j'ai lu un recueil de nouvelles d'un certain Raymond Carver. C'est peu banal. Ça ne parle pas toujours de grand-chose, mais c'est curieux. » J'ai jugé ça un compliment, alors j'ai acheté. J'aurais dû me méfier. Il y a cinq jours, quand j'ai eu papa au téléphone et que je lui ai dit que je m'apprêtais à lire ce livre, c'est à peine s'il se souvenait de quoi je parlais. Et puis, au bout d'un moment, il a répondu à peu près : « Oh ! tu sais, c'est juste que ça m'a paru original, sur le coup. »
Après ça, j'aurais dû me double-méfier. Mais c'était trop tard : le livre était acheté.
Pour être original, ça l'est ! Mais mon père, qui est un habitué des polars et qui semble au surplus y prendre un certain plaisir (malsain compte tenu de ce que sont la plupart des polars aujourd'hui), doit manquer quelquefois de sens critique, ou bien, mû par une sorte de naturelle bienveillance, il surévalue ce qui lui paraît simplement surprenant.
Ah ! pour être surprenant, ça l'est aussi !
Vraiment, si on ne m'avait pas dit que Raymond Carver était un alcoolique patenté, je crois que je l'aurais deviné, à force d'y songer : son recueil est originalement surprenamment anodin et fadasse. Certes, c'est même à peine si, dans un genre qui doit valoir par la consistance et par la chute, on peut ici parler d'intrigue ! En gros, tous les récits sont la resucée d'une seule et même idée : un personnage généralement masculin se situe à un moment de sa vie morne et problématique, et tandis qu'il est enferré dans une logique morbide et valétudinaire, il fait une rencontre plutôt banale, et il en ressort un peu moins morose sans plus – et voilà. Au risque de me répéter, d'être impitoyable, de ne pas me soucier des minorités, des victimes et des handicapés qu'il faut plaindre dans notre société, et d'être en somme de nouveau si cruellement « intempestif », je trouve vraiment que ce recueil pue à plein nez l'insuffisance alcoolique : j'y sens une forme de contentement de l'ordre de la mise à l'épreuve littéraire, et je n'en sors, moi, nullement transfiguré ! Que les auteurs, bon sang ! fassent leur thérapie d'autre façon qu'avec des bouquins ! Une cure de désintoxication, ça ne se fait une plume à la main qu'au détriment de l'esthète alors atterré !
le style est pauvre, sans souci de littérarité ou de minutie – phrases courtes, vocabulaire restreint, répétitions, pas une tournure étonnante ou neuve (c'est même cela qui est étonnant !) : une copie sur deux environ d'une classe de cinquième fait à peu près mieux (sincèrement, j'ai fait de la correction une heure cet après-midi, et je puis vous montrer, preuve à l'appui, que je n'exagère pas). La narration est piètre en dépit d'une habitude patente où se distinguent quand même tous les automatismes de l'écrivain, mal dosée, appesantie inutilement sur des actions désespéramment minuscules et vaines et puis passant juste après au récit du lendemain ou de la semaine suivante – cette manie de perdre son temps et celui des lecteurs avec des faits stupides, ridicules et pas même symboliques m'est personnellement insupportable. Les histoires sont médiocres, au point qu'on se demande s'il faut réfléchir pour les écrire ou seulement se laisser porter autant de fois qu'il y a de récits par le lointain souvenir d'un même rêve. Évidemment, comme mon père sans doute, on peut se laisser aller à croire qu'en l'absence de tout intérêt apparent, il doit à tout prix se trouver là quelque morale cachée, quelque leçon de vie, quelque nécessité première… C'est à mon sens tout le bluff de ce genre d'ouvrage de faire accroire en sa profondeur, parce que justement la profondeur y est indiscernable, parce qu'on serait censé tirer soi-même quelque enseignement essentiel de ce banal-superficiel-illusoire-et-captieux ! Et c'est aussi probablement ce qu'on appellerait : accorder à la réputation d'un homme célèbre son éternel « bénéfice du doute », mais cela ne prend pas avec moi : quand on a confiance en son jugement, on ne s'efforce pas d'être laudateur pour complaire à une rumeur ou à une multitude. Oser dire, par exemple, et sincèrement : « Molière était mauvais », voici quelque brillant indice d'indépendance et de grandeur.
Ici, c'est nul, vide, ça paraît écrit en série sur une terrasse de café avec trop de soucis en tête, en plein état dépressif et hypotonique. On tombe certes par hasard sur des passages éloquents, mais c'est à peu près inévitable et ça tient tout à fait des probabilités normales. Non seulement on espère une amélioration qui ne vient pas, mais on découvre que les récits sont tellement semblables qu'on ne les distingue plus : rarement suis-je revenu à un recueil en ayant oublié le début de la nouvelle en cours… et en peinant même à me le rappeler après coup ! Ce réalisme cru sans imagination qui passe on ne sait pourquoi pour du courage et du style m'importune particulièrement par le modernisme vantard qu'il semble suggérer : « Voyez, gueule l'auteur insipide, je parle du monde et de la vie contemporaine, c'est même si chiant que c'en paraît tout à fait vrai ! C'est bien la preuve que je suis un remarquable conteur de réalité ! »
Eh bien ! qu'il reste permis de ne pas adhérer à un pareil constat d'enthousiasme : si j'ai besoin, moi, de la narration d'un homme qui marche dans sa cuisine pour aller chercher un coca (avec tous les gestes par lesquels cet homme ouvre et saisir sa canette), j'ai mieux à faire que d'aller la lire ; suffit que j'aille dans ma cuisine et que je me serve effectivement un coca ! Pour l'interprétation littéraire, c'est autre chose, certes, et l'on sait depuis longtemps qu'on peut faire dire n'importe quoi à n'importe quel texte, mais s'il ne s'agit comme ici que de raconter et de décrire ce que fait tout le monde et d'une façon dont tout le monde est capable, je ne vois pas pour quel motif je perdrais mon temps à ouvrir tel livre : en ouvrir un autre, plutôt.

P.-S. : Un éditeur a dû trouver plus chic d'intituler ce recueil Les Vitamines du bonheur que cathédrale, son titre d'origine. Je dis cela et je ne dis rien d'autre, de façon qu'on entende bien une fois de plus ce qu'est un éditeur.
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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Si vous avez le moral dans les chaussettes, évitez d'avaler ces vitamines du bonheur, c'est un conseil !

Voici en effet douze nouvelles mettant en scène des personnes ordinaires confrontées à des drames de diverses natures (des difficultés de couples, des addictions, la perte d'un enfant,...).

En dépit de cette relative noirceur, j'ai personnellement apprécié ce recueil, déniché  dans une boite à livres, et plus particulierement les nouvelles intitulées "C'est pas grand chose mais ça fait du bien" et "La bride". J'ai trouvé qu'il s'en degageait beaucoup d'humanité, avec des protagonistes très courageux malgré les épreuves traversées.
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C'est avec ce recueil de nouvelles que j'ai découvert Raymond Carver.
C'est avec lui que j'ai compris que l'on pouvait se montrer apparemment ( bis repetita) cynique et être empli d'espoirs et d'amour comme de désespoirs et de déceptions.
C'est avec ce recueil que la nouvelle est devenue un genre littéraire parmi mes favoris, vraiment.

C'est un grand classique, à lire avec curiosité, à relire, c'est un morceau de jubilation littéraire.
Ce bouquin est une pépite.
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