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Recueil de vingt-et-une nouvelles dont les titres sont des reprises de motifs ou de phrases qui apparaissent dans chacune d'elle, çà vous a un petit côté ludique. Hormis cela, ce n'est guère un tableau réjouissant qui nous est fait ici de la médiocrité ordinaire de vies sous le boisseau des contingences journalières. Difficile de plonger dans ces petits textes qui par leurs sujets et leurs personnages n'ont pas vocation à ressortir d'une banalité commune, même pour ceux, enclins à la lecture du format spécifique des nouvelles, assez peu couru des lecteurs d'aujourd'hui, il faut l'avouer. Sans allez jusqu'à prétendre qu'il faille lire d'urgence cet opus et qu'il ne vous laissera pas indemne comme l'affirme pompeusement la quatrième de couverture, on peut mettre en avant la réussite de certains de ces textes, et concéder que la certaine homogénéité thématique du volume apporte une image très évocatrice du quotidien pas toujours enthousiasmant, que l'on a, de quelque manière, en partage.
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En allant à Dublin, j'avais apporté avec moi "Tais-toi je t'en prie" de Raymond Carver. Ce n'était pas une découverte, mais j'en ai fait une lecture complètement différente de "Les débutants". C'est peut-être le lieu, ou peut-être le film d'Altman qui en dévoilait l'intrigue, reste que l'expérience de "Tais-toi je t'en prie" m'a fait considérer Carver comme l'un des très grands. En fait, c'est plus ou moins toujours la même intrigue, comment s'en sortir malgré tout, sachant qu'il n'y a aucune issue possible. Il ne se passe presque jamais rien dans les nouvelles de Carver, mais ce «presque» est composée d'une matière très étrange. Ce n'est pas véritablement des rêves ou de l'espoir, mais un possible changement qui, par contre, n'est jamais ressenti comme tel. En fait, il ne se réalise jamais. le changement est toujours dissipé dans l'attente qu'il faut subir afin d'y arriver. L'attente, l'engourdissement et les contraintes qu'imposent la vie font que peu importe si le changement advient, ou pas, le cheminement pour s'y rendre à tellement perturbé l'attente initiale, qu'on finit par se lasser du résultat, avant même sa résolution. Les personnages arrivent à destination en ayant oublié les intentions de départ.
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Une vingtaine de nouvelles dont plusieurs mettent en scène un couple usé. Mais, contrairement à ce que peut laisser croire la photo en couverture de mon édition, les époux sont encore jeunes. Ils ont rarement plus de 35 ans.

Carver croque sur le vif des épisodes charnières, des moments en suspens, pendant lesquels la vie de ses protagonistes peut basculer d'un côté comme de l'autre. Mais, possèdent-ils vraiment les moyens d'influer sur le cours de leur existence ? D'une grande justesse, même si ça donne le bourdon.
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Chaque nouvelle est une sorte d'iceberg : il y a ce qui est dit, ce qu'on lit sur le papier, ces histoires apparemment insignifiantes, et sous chacune d'elle, le gigantesque continent du non-dit, qui rend l'ecriture de Carver pour moi si unique.
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Et donc, je commence à lire les nouvelles de Raymond Carver sans connaître l'auteur, sans en avoir lu la moindre critique. C'est d'ailleurs très souvent comme cela que je commence la lecture d'un nouveau livre. Et bien, ce fut un exercice assez déroutant. J'avais l'habitude de lire des nouvelles dont l'élément central était la chute. Evidemment, à la lecture de la première nouvelle de cet auteur, je suis resté sur ma faim. A la seconde, je me suis demandé s'il ne se foutait pas de ma tête. Il en a fallu quatre ou cinq avant de comprendre que je devais les lire avec un regard nouveau, non plus le regard d'un lecteur de romans mais plutôt celui d'un ethnologue ou d'un sociologue qui étudie et décortique avec précision des épisodes de la vie quotidienne de la classe moyenne américaine. Et ce n'est pas toujours drôle, tout en étant pas triste non plus. On rentre dans des quotidiens fait d'ennuis, de routines, d'événements à priori anodins mais qui prennent une autre dimension sous la plume de Raymond Carver. A découvrir donc!
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Selon Schopenhauer, « l'existence est un pendule qui oscille entre la souffrance et l'ennui ». Une tournure que J.K Huysmans reprend dans A vau-l'eau pour qualifier son monsieur Folantin, antihéros naturaliste par excellence, et qui s'appliquerait parfaitement à l'esthétique de Raymond Carver. Tais-toi, je t'en prie, ce sont des personnages qui tournent en rond, et qui pensent, et qui ruminent, et qui s'allument une cigarette, et qui ne s'arrêtent pas de tourner en rond, de penser, de ruminer, et qui fument encore. Tais-toi, je t'en prie c'est une boursoufflure de la vie. Tais-toi, je t'en prie, c'est un souffle rance dans l'oreille. C'est un rot dans une brasserie.

Raymond Carver s'inscrit dans une grande tradition de la littérature américaine du vingtième siècle. Entre Fante et Bukowski, il nous jette dans le flot de ces existences perdues, celles de ces laissés pour compte de l'Oregon, ou d'ailleurs. C'est la vie sans artifice qu'il dépeint à travers ces vingt-et-unes nouvelles, par le biais d'une écriture sobre, humble, sans épanchement, ni ornement. Une prose qui semble écrasée par le poids de la vie et l'usure du temps. Une plume sans la prétention de l'écrivain, qui nous fait ressentir plus que jamais que c'est un homme qui parle, qui pense, qui rumine, et qui s'allume une cigarette, et qui écrit ce qu'il se passe sous ses yeux.

Dans « Voisins de palier », nouvelle qui figure dans les premières pages de ce recueil, Bill et Arlène Miller, employés de bureaux, doivent s'occuper de Minette, la chatte de leurs voisins de palier, Jim et Harriet Stone qui, comme très souvent, sont en déplacement. Les Miller envient les Stone, parce que tout leur réussit, parce qu'ils partent régulièrement en vacances, et dînent dans de grands restaurants. Mais à chaque fois que Bill et Arlène pénètrent dans l'appartement de leurs voisins afin de nourrir Minette, ils sont envahis par un sentiment de bien-être. Ils essayent leurs vêtements, fument leurs cigares, s'allongent dans leur lit. Si bien que, tout comme le lecteur, ils ne voient pas le temps passer, et y restent des heures entières sans même s'en apercevoir.

Là réside tout le génie de Carver : il parvient à saisir un instant, une situation, une anecdote, d'où découle tout un univers, une psychologie, un noeud social et culturel. Pas besoin de les expliquer, les choses apparaissent naturellement, comme dans « Ils t'ont pas épousée » par exemple. Earl Ober est au chômage, alors il se rend souvent à la cafétéria ouverte 24h/24 où travaille sa femme Doreen. Un soir, alors qu'elle se penche dans le bac à glace, deux hommes se pourlèchent devant sa jupe qui se relève, et qui laisse entrevoir une partie de ses cuisses. Earl, témoin de ce spectacle, oblige sa femme à faire un régime et revient tous les soirs à la cafétéria pour observer les réactions de ces messieurs. Une réflexion sur l'amour et le désir, tout en nuances : que représente notre bien-aimé(e) aux yeux des autres ? Peut-il encore la désirer comme une étrangère, après toutes ces années de mariage ?

Une esthétique minimaliste, où seules les émotions jaillissent de nouvelles souvent énigmatiques, à l'image de « le père », récit laconique (deux pages) d'une famille penchée au-dessus du berceau d'un nouveau-né. Mais à qui ressemble-t-il, ce gosse sans aucune expression ? Un ovni dans ce recueil, ou plutôt devrions-nous dire un « olni », dont il est difficile d'en dégager un sens précis, même si la dernière phrase éclaire le texte. C'est cela Tais-toi, je t'en prie, c'est la puissance d'un non-dit, c'est le cri d'un silence.

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Un écrivain qui écrit des nouvelles. Des nouvelles du quotidien, de l'ordinaire. Des personnages qui pourraient être nos voisins, notre famille. Rien d'exubérant, rien d'extraordinaire. Pourtant on accroche, on est happé. Raymond Carver c'est tout cela. Au début le fait qu'il n'y ait pas de chute dans ces nouvelles me dérangeait mais au fil des lectures on apprécie.
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Avec ce recueil de vingt-deux nouvelles, Raymond Carver nous plonge au coeur du quotidien. Un ordinaire, ni éclatant ni lumineux, mais bien construit autour d'une vérité crue.

Ouvriers, magasiniers, caissiers, facteurs, commerciaux ou chômeurs, tous portent les mêmes interrogations sur le monde ou sur leur vie de couple. Dans des pavillons américains, des familles sont confrontées aux aléas du quotidien entre le règlement des factures, l'éducation des enfants ou la médisance des voisins…

Face aux ravages de l'alcool ou de la pauvreté, Raymond Carver dresse le tableau de ces familles américaines. Ces nouvelles, d'une profonde sincérité, mettent de côté tous les faux semblants.

A travers ces scènes d'un quotidien ordinaire, Raymond Carver dessine des portraits violents, cruels ou tragiques. Sous le prisme de la banalité, ces écrits vont nous en dire bien plus sur la solitude grandissante des êtres.

Portées par une belle écriture, ces nouvelles content des instants ordinaires parfois emprunts d'une désespérance sans limite.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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De tous petits éclats de toutes petites vies , écrasées sur le pare-brise de la vie … des malheurs profonds ,profonds mais on s'accroche pour garder la tête hors de l'eau … Grand écrivain.
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Lu en 2021. J'avais eu plaisir à renouer avec l'auteur (ma 3e lecture).
Un recueil de nouvelles, dont attend avec impatience la chute à la fin de chaque histoire, fébrilement. Une écriture toujours aussi figurative et psychologique. Un vrai régal de lecture !!
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