-Je ne sais pas si le destin existe. Mais il arrive parfois que la chose qu’on désire le plus au monde soit bien décidée à nous éviter. Et d’une certaine manière ça nous permet de découvrir qui on est.
Trente-cinq paniers énormes m'attendaient dans le bureau, remplis de dizaines de milliers d'inscriptions, toutes dans leurs enveloppes afin de protéger l'identité des candidats. J'ai essayé d'afficher un air impatient pour la caméra, mais j'étais à deux doigts de vomir dans l'un des paniers.
Ce serait une bonne façon de réduire le nombre de participants.
- Votre Altesse.
- Pour vous, ce sera Chieuse Royale, ai-je rétorqué.
-Tu es insupportable. Pourquoi est-ce que j'essaie de te parler?
-Non, non, continue. Tu ne veux pas te comporter comme une crétine...
-Je ne suis pas certaine qu'on sache ce qu'on cherche avant de l'avoir trouvé.
Ahren savait pertinemment à quel point il avait de l'influence sur moi et combien je l'aimais. C'était pour cela que j'avais envie de l'étrangler.
-Je suis la prochaine reine d'Illéa. Je n'ai peur de rien.
Il a reculé.
-Continue à le répéter, Eadllyn. Tu verras bien si ça résout le problème.
Mais je n'étais ni lui, ni maman. Il trouvait ça romantique, alors que moi je savais que trente-cinq garçons bruyants, arrogants et puants allaient envahir mon foyer. Rien de tout ça n'était féerique.
C'était pour ça que l'amour était une mauvaise idée: ça vous rendait faible.
Or personne au monde n'était plus puissant que moi.
— Sérieusement ? Comment vous avez fini par vous marier ? C’est tellement ennuyeux !
Elle a éclaté de rire.
— On a eu le temps de bavarder, du coup. Et de nous disputer. Le temps passait vite.
J’ai plissé les yeux.
— Vous vous querelliez ?
— Tout le temps !
Pour une raison inconnue, cette pensée l’a fait sourire.