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4,29

sur 1735 notes
Voyage au bout de l'enfance...

Préquel de "Voyage au bout de la nuit", ce roman traite de l'enfance affreuse de Louis-Ferdinand Céline au sein de sa pitoyable famille de petits bourgeois plus que médiocres. La médiocrité, associée à la vilenie des comportements, est partout présente dans cet échantillon parisien d'une classe moyenne difficilement émergeante. La veulerie morale semble avoir gangrénée cette société des années trente où notre petit Céline semble bien empêtré et en mal de se faire une place...!
Une famille désargentée, où un père petit employé d'assurance est malmené et du coup malmène les siens; où une mère, tenant boutiques à articles à bourgeois se démène à en perdre la santé...
Transbahuté de petits boulots en turbins foireux parmi les requins d'un capitalisme encore sauvage...
Envoyé en séjour "linguistique "dans une Angleterre à la société tout aussi décadente... Puis placé auprès d'un inventeur loufoque, le menant d'aventures rocambolesques à la faillite totale...
Quelle enfance aux tournures infernales !
Le tout porté par un langage des plus expressifs, tout aussi infâme que l'enfer décrit...!
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À ne pas lire en mangeant... quelle bonne idée d'avoir lu la scène du ferry vers l'Angleterre en mangeant un bol de céréales! Bref pour ma part c'était un éblouissement, un sacré écrivain. J'ai même préféré au Voyage. Pour des raisons tout à fait subjectives. En 600 pages, rien de bien extraordinaire n'est raconté, et pourtant j'arrivais pas à décrocher. Des personnages merveilleusement presentés, il a su transmettre la tendresse qu'on ressent souvent pour les petits magouilleurs comme Courtial, l'espece de charme qu'ils opèrent. de même, la relation à son père, un homme faible et désespéré. C'est un livre profond, mesuré. Et puis comme j'habite non loin du Passage, j'etais obligée d'apprécier, j'adore les petites histoires du Paris ordinaire. J'ai trouvé ce Céline d'une honnêté foudroyante. Bref il m'a conquise!
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Mort à crédit ou l'anti-gloire de mon père

Lors des quelques jours qu'a duré la lecture de Mort à crédit, je suis tombé sur une vignette de Snoopy à qui Charlie Brown dit : “un jour nous allons tous mourir, Snoopy”, ce à quoi Snoopy répond : “oui, mais tous les autres jours, nous allons vivre!”.

Bon ben Céline, c'est pas ça…Pour lui, vivre, cela veut signifie tellement en chier, que vivre c'est payer sa mort à crédit.

Au-delà du titre, il en faut du courage pour s'attaquer à ce roman, surtout dans sa collection folio, avec une couverture illustrée en noir et blanc par Tardi, qui ferait fuir, à elle seule, un régiment d'abonnés de Babelio.

Mais alors pourquoi lire ce roman?

D'abord parce que Céline, c'est l'éléphant dans la pièce. Il est à la littérature française ce que Dostoïevski est à la littérature russe et Faulkner à la littérature américaine ; égalant le premier dans sa déprimante noirceur, et le second dans l'utilisation expérimentale de la langue. Ils sont d'ailleurs tous deux contemporains et ont tous deux laissé des plumes lors de la première guerre mondiale dont ils sont revenus blessés dans leur chair et dans leur âme.

Ensuite parce que le Voyage au bout de la nuit ne suffit pas à cerner les contours de l'oeuvre de Céline…Souvent cité parmi les romans incontournables du 20ème siècle, voire-même listé parmi les ouvrages préférés de lecteurs ou d'écrivains, la lecture de la Mort à crédit semble donc logique en deuxième intention.

Enfin parce que Céline y revient sur son enfance. C'est donc l'occasion de pouvoir y déceler des indices de compréhension de sa personnalité, si torturée. Sur ce plan-là, on n'est pas déçus. Je n'échangerais en rien mon enfance contre la sienne, même si elle a contribué à forger un des plus grands écrivains de l'Histoire.
Suite d'échecs, d'humiliations et de brimades, il prend vraiment cher le petit Ferdinand pendant 600 pages!
Thème central de son oeuvre, le rapport de force du dominant (le gradé, le colonialiste) sur le dominé (le troufion, le blessé, l'indigène) s'exprime par la violence de l'adulte, et surtout du père, sur son fils, toujours à portée de main pour prendre une raclée.

Son père, il le déteste et ne cache pas son mépris à son égard : “Moi, je le trouvais con comme la lune…”. Cette figure paternelle a certainement participé à la construction d'une personnalité absolument dénuée de surmoi.

Toutefois, il n'est pas le seul raté que l'on croise dans ce qui s'apparente à un parcours initiatique. de cette belle brochette de losers, de voleurs et de délurés, émergent seulement deux personnages positifs : la grand-mère Caroline, qui lui donne le goût de la lecture à travers les revues illustrées qu'elle lui offre, et l'oncle Edouard qui le délivre de la violence paternelle en l'envoyant en séjour linguistique en Angleterre. Céline en fait d'ailleurs un personnage central du roman en clôturant la première partie un “Oui mon oncle”, qui lui fait traverser la Manche, alors que le roman s'achève par un “Non mon oncle” qui le propulse dans la première guerre mondiale.

Alors j'ai aimé ou pas? Je ne sais pas vraiment dire tellement l'ouvrage est dense ; rapidement, je me suis senti englué dans des sables mouvants…au milieu desquels j'ai dû me débattre avec les purs délires de Céline, cette logorrhée qui n'a parfois ni queue ni tête, et qui en rend la lecture difficile.
Et en même temps, oui en même temps, c'est toujours une sacrée aventure de lire Céline, qui évoque à Philippe Djian la figure de l'écrivain hors-la-loi, individu asocial et ombrageux par la force des choses, qui n'a de compte à rendre qu'à lui même et livre son combat en solitaire.
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J'ai moins aimé Mort à crédit que le Voyage, (Mais 4 étoiles quand même) et je me disais : "C'est bizarre, j'ai l'impression qu'il s'est caricaturé lui-même (Céline)(en parlant du style), mais caricaturé en cédant à la facilité, c'est à dire en supprimant toute poésie et profondeur qu'il y avait dans "Voyage au bout de la nuit". Un exemple, parmi 1000 autres, la phrase, dans le voyage : "C'était comme une plaie triste la rue qui n'en finissait plus, avec nous au fond, nous autres, d'un bord à l'autre, d'une peine à l'autre, vers le bout qu'on ne voit jamais, le bout de toutes les rues du monde." de la pure poésie, certes rude, ouvrière, les muscles fatigués et les yeux cernés, les poches vides aussi, mais dans une même phrase injecter ce mélange de concret et d'abstrait pour exprimer l'improbable destinée de tout être, avec cette perspective du vide et cet écrasement, chapeau bas ! Dans Mort à crédit, Céline ne semble pas être allé au bout de lui-même et aurait tranché sa belle phrase en plusieurs morceaux séparés de points de suspension...
Quant au Voyage, pour ma part, bien sûr j'ai plus aimé certaines parties que d'autres, mais toutes les péripéties et personnages plus ou moins lamentables de la partie "banlieue" valent aussi leur pesant d'or, malgré quelques longueurs. Mais c'est normal, quand le génie s'exprime, ça déborde forcément de partout.
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Dans son second roman, Céline dévoile la jeunesse de Bardamu... celle qui l'enverra s'engager dans l'armée.
Un livre qui emmène le lecteur dans l' avant-guerre de 14-18, où le jeune Bardamu découvre la vie et enchaîne les expériences souvent drôles et pittoresques.
Ce livre, mon père le préférait au Voyage, le trouvant moins halluciné que le précédent.
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d'une richesse et d'un achèvement littéraire à couper le souffle!
Lecture ardue, mais d'une puissance telle que ça en vaut la peine à chaque ligne.
Mort à Crédit m'a fait tout de même un peu moins d'effet que le Voyage... peut-être parce que le style n'était plus une découverte.

peu importe le sujet (récit assez autobiographique de l'enfance de l'auteur)
"Des histoires, il y en a tous les matins dans les journaux, mais le style, ça c'est important le style!", disait L.F. Céline
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Première édition française :

1936

Temps de lecture :

un peu moins de 13 h 00 pour un lecteur moyen (300 m/m)

Un mot sur l'auteur :

Difficile de résumer qui est Céline en quelques mots. Auteur français né en 1894 et mort en 1961. Il est certainement l'un des auteurs les plus influents (et controversés) du XXème siècle. J'y reviendrai dans ma conclusion...

Synopsis :



Que faut-il en retenir ?

Ceux qui connaissent Céline savent à quel point il détestait Proust, l'auteur le plus influent juste avant lui. Céline reprochait à Proust de n'évoquer que la vie de la « haute », tous ces bourgeois, avec leurs problèmes de riches. Céline voulait parler de la vie de ceux d'en bas.
Pourquoi je parle de Proust ? Car étonnement, la structure de « mort à crédit » m'a fait penser à « du côté de chez Swan ».
Ferdinand est adulte, il est médecin dans sa banlieue, dans son quotidien merdeux. Il est, à peu de chose près, là où on l'a laissé à la fin du « voyage... », sauf qu'on ne l'appelle plus Bardamu, juste Ferdinand.
Il est alors « projeté » dans son enfance, où l'on va le suivre dans ses pérégrinations. Pour Proust, la machine à voyager dans le temps à la forme d'une madeleine. Pour Céline, c'est une grosse fièvre.
Nous voilà alors dans la prime enfance épouvantable, crasseuse, violente du petit Ferdinand. Il s'agit d'une autofiction, mais bien des traits de l'enfance de Céline transpirent dans ce récit.
Si le « voyage » était nihiliste, « mort à crédit » bascule dans l'épouvante de la cruauté humaine. le récit est violent, illustré par bien des anecdotes. Et puis, d'un point de vue stylistique, puisque Céline c'est avant tout ce style inimitable, il enfonce le clou du « voyage ». Les phrases sont de plus en plus courtes, comme parlées staccato. Les scènes de sexes sont très explicites (on est en 1936!) et Céline montre une certaine appétence pour le « vomi » et le « scato ». C'est une plongée profonde dans la pauvreté du début du XXeme siècle, sans chichi et sans flafla.


Pour conclure :

C'est quand même, à mon sens, un peu en dessous du « voyage... », bien que cela reste du très grand art.
Mais je dois confesser que je ressens toujours le même malaise quand il s'agit de Céline.
J'ai lu, dans ma vie, un nombre assez important de livres. Très important même. Mais je m'étais toujours refusé de lire Céline, du fait de son histoire.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, il y a eu en France, des gens qui ont montré une certaine complaisance pour le nazisme. Ces gens, on les désigne sous le doux vocable de « collabos ». Céline n'était pas de ceux-là. Il était bien pire. Céline a été un fervent partisan du nazisme. Il se dit même qu'il aurait été un agent important de ce régime.
Céline était un antisémite. Pas un petit qui marmonne dans sa barbe quelques blagues racistes, non, lui c'était un véritable activiste, un pamphlétaire.
Il a fui avec les nazis lors du débarquement. Il a été condamné et « embastillé » au Danemark.
Céline c'est ça aussi.
Et donc, j'avais toujours refusé la lecture de cet homme ignoble.
C'est en lisant Kerouac, que j'aime beaucoup, que je me suis rapproché de Céline. Céline était, pour Kerouac, le plus grand auteur de tous les temps.
Alors que j'avais une discussion avec un ami prof de français, maintenant retraité, sur les auteurs de la « beat génération », celui-ci a fini par me convaincre de sauter le pas et d'ouvrir « le voyage au bout de la nuit ». J'avais 38 ans…
J'en ai maintenant 43 et je relis « le voyage... » au moins deux fois par an, tant ce roman a été une révélation pour moi. Un style unique et inimitable et une vision très sombre de ce que l'humain est capable.
Mais, comme je l'ai dit plus haut, je ressens toujours le même malaise. Et je crains qu'à l'avenir, Céline, l'auteur, ne soit crucifié pour les agissements de Céline le pamphlétaire. Je pense que cela serait dommage et dommageable.
Peut-on écouter la musique de Bertrand Cantat, alors qu'il a tué sa femme à coups de poing ? Doit-on brûler ses disques ? Peut-on regarder un film de Polanski alors qu'il a drogué puis violé une fillette de 14 ans ? Immoler ses bobines ?
L'artiste est-il dissociable de l'homme ?
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Après Voyage au bout de la nuit, on aurait pu croire que tout était dit, que ce n'était pas la peine d'y revenir : « qu'on en parle plus » signifiait le texte. Bardamu avait tout goûté de l'âme humaine sans laisser de résidus.
Erreur ! Il restait les bas-fonds originels de l'âme, là où elle trouve ses premières nourritures : l'enfance et sa suite, l'adolescence.
Mort à crédit c'est le Voyage sans les décors (front, Afrique, Amérique, etc.) et c'est encore plus désabusé. Dans ce second volet, chronologiquement qui précède le premier, la mort, le sexe, l'inadaptation au monde se mêlent en un amalgame effrayant. Céline plonge encore plus profondément dans « ses morceaux de bravoure où il affrontait l'irrémédiable ». (Yves Buin)
Dans ce roman, il fait gris : ni blanc, ni noir. Parce que la mort on ne la paie pas comptant : elle nous fait crédit de la vie. Alors, avant d'aller dans le néant du trou, il faudra attendre dans le gris de la vie. Exister au Passage Choiseul (rebaptisé « Passage des Bérésinas » !), en apprentissage, dans les pensions, au service d'un excentrique de la science, et quelques autres épisodes stupéfiants.
C'est la Belle Epoque mais on est loin des clichés proprets et rétrospectifs. Ici, c'est l'envers du décor, le monde des misères, la tragédie des déclassés.
Mort à crédit parachève en quelque sort le Voyage, et je suis convaincu – ce n'est que mon avis – que l'un et l'autre sont indissociables : ils sont un diptyque.
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Mort à Crédit… le début du style émotif Célinien. Un étrange mais excellent livre. Tout se met lentement en place. le héros d'abord : ce n'est plus Bardamu, ce n'est pas encore Céline, c'est Ferdinand. Un entre deux. A mi chemin entre le Voyage et la Féérie. Il décrit son enfance, de manière assez linéaire, mais avec un argot assez imposant et beaucoup d'insultes alambiquées et recherchées. Que de personnages mémorables dans ce livre ! Nora, les parents de Ferdinand, le cureton, l'oncle… et puis surtout, Courtial. Il me fait penser à l'essence même de la fin du XIXe siècle : une foi inébranlable dans le progrès technique, un savoir inépuisable, un esprit farfelu mais incapable de s'adapter à l'arrivée du nouveau siècle… Son suicide signe la mort de la Belle Epoque en fin de compte, d'ailleurs, on le voit bien dans ce livre, que la Belle Epoque n'est belle que de nom : les ouvriers galèrent, les enfants travaillent, la prostitution est partout, la misère universelle…
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Ce livre est un roman autobiographique de l'auteur. C'est même le premier volet car il précède "voyage au bout de la nuit". Il est sous le symbole des 3 "M": Misère, Malheur et Malchance. Nous suivons le parcours de ce jeune Ferdinand dans les méandres de ses aventures sordides et nauséabondes. Si je devais associer une couleur à ce récit, ce serait le gris, ce gris lourd des orages, pesant, occultant, parfois percé d'un rayon solaire mais vite restauré dans sa sombre et oppressante présence. Un intérêt toutefois: le style! ce fameux style "parlé", argotique, qui vous triture les méninges et vous atteint au plus profond de l'imagination.
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