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EAN : 9782849506417
184 pages
Syllepse (12/12/2017)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Toujours rebelle, l'Amérique latine?L'analyse pays par pays donne des clés pour répondre à cette question.Pour comprendre aussi, avec une distance critique, les ressorts de la contestation, les logiques des mobilisations, le renouvellement des revendications.Leurs formes oscillent entre singularités nationales et tendances continentales.La couleur des pouvoirs ? conservateurs ou progressistes ? et l'orientation des politiques ? libérales ou souverainistes ? surdéter... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Oppositions à la domination patriarcale et aux effets socio-environnementaux de la dépendance et de la division internationale du travail

Dans son éditorial, « Amérique latine : des pouvoirs et des luttes », Bernard Duterme soulignent des contradictions à l'oeuvre dans les pays de l'Amérique centrale et du sud, comme par exemple sur l'extractivisme, les « appels à la redistribution des bénéfices d'un côté, au respect de l'environnement et des territoires de l'autre ».

Cet éditorial montre qu'il est possible de mettre à jour les réalités, les mobilisations et leurs difficultés, les contradictions dans les politiques menées et les hésitations dans les alternatives… sans réduire les oppositions à une vision campiste, avec d'un coté le méchant impérialisme et de l'autre les bons gouvernements progressistes. le penchant réducteur de bien des courants tournés vers l'émancipation, les visions en noir et blanc, les impasses sur les effets matériels des différents rapports sociaux et leurs inscriptions toujours historiquement situées, ne permettent pas de penser les possibles unificateurs pour lesquels il convient de mobiliser. L'éditorialiste, quant à lui, indique bien « l'échange d'expériences et la mise en commun des revendications tendent à leur donner, à cette échelle géographique, plus de poids et de visibilité »

Bernard Duterme aborde, entre autres, l'accroissement de la dépendance structurelle du continent, la faiblesse des institutions publiques et de la fiscalité, la corruption, les inégalités, l'extension des zones de non-droit, la double poussée de l'extractivisme et de l'agro-exportation, l'accroissement de la pression sur les terres, les économies de rente, la place du « secteur informel », les populations sans protection sociale, la malnutrition, les atteintes à l'environnement et… la multiplication des « conflits-environnementaux », la violence et les taux homicides et de féminicides…

L'auteur aborde l'intégration politique et économique continentale, les contestations, les luttes et les mouvements sociaux, « ces petits essais nationaux de sociologie condensée questionnent tant les identités mobilisées – qui passe à l'action et à quelles conditions ? – que les ressorts de la contestation, le renouvellement des aspirations, les logiques de protestation, les formes d'organisation, les répertoires d'action, l'aboutissement des revendications, et bien sûr les « structures d'opportunité politique », le rapport au contexte, ainsi qu'à l'adversaire – au pôle d'en face – dans les multiples conflits en cours ».

Il parle du caractère minoritaire des acteurs et des actrices mobilisé·e·s dans leur propre milieu, des effets anomiques des sociétés de consommation, des mécanismes d'individuation, de la désagrégation de collectifs, des manifestations « porteuses d'accents franchement conservateurs, réactionnaires ou exclusivistes », des visages multiples des actions défensives et offensives, des mises en cause du néolibéralisme, des communautés locales – « souvent indigènes » – et des conflits contre les méga-projets.

Bernard Duterme souligne les divergences d'action et de protestation autour de la « redistribution des gains » et du « buen vivir », la forte conflictualité « socio-environnementale » et les divisions des gauches sociales et politiques…

Il revient sur les contrastes dans certains pays, les effets ambivalents de la globalisation, la multiplication des ONG, le développement prédateur et certaines alternatives, dont la présentation de « Marichuy Patricio, la candidate nahua du Congrès national indigène et des rebelles zapatistes, aux élections présidentielles de juillet 2018 » au Mexique.
Je ne vais pas entrer dans le détail des textes. Mais juste souligner quelques éléments dans un choix très subjectif.

Les politiques d'ajustement structurel et les transferts direct en faveurs des secteurs privilégiés, la marchandisation de la nature et le développement de l'extractivisme, l'avancée du narcotrafic, les conversions libérales de partis dits progressistes…

Des luttes syndicales, des entreprises récupérées (en complément possible, Andrés Ruggeri : « Occuper, résister, produire ». Autogestion ouvrière et entreprises récupérées en Argentine), des organisations socio-territoriales, les revendications des peuples indigènes et les territoires ancestraux, la dénonciation des féminicides « Pas une de moins », des luttes étudiantes, des mobilisations de rue contre le néolibéralisme…

Des contradictions et des divisions, modèle néo-modernisateur et bien vivir, nouvelles constitutions et expropriations, résistances et institutionnalisation, « autonomie, collaboration et cooptation », proximité et corruption, tensions autour de l'eau, colonialité du pouvoir, partage de la rente et changement de modèle, processus de démocratisation et tendances autoritaires, des sujets qui fâchent (droit à l'avortement, mariage des personnes de même sexe)…

Entre les renoncements et les alignements des uns, les interventions des droites extrêmes et leurs soutiens étasuniens, la nouvelle place des courants religieux réactionnaires, les aspirations contrastées des communautés indiennes, de fortes luttes pour la préservation des territoires contre les dépossessions, la maitrise des cultures et la souveraineté alimentaire, les féminicides et les droits des femmes…

Je signale particulièrement l'article sur l'Uruguay.
Un numéro très riche. Je regrette cependant certaines caractérisations, le terme « gauche » appliqué à certains partis, ou celui de « socialisme » pour parler de Cuba – quelles que soient les opinions émises sur le régime socio-politique, il me semble impossible d'employer le terme « socialisme » (qui, sauf dans les légendes criminelles staliniennes ou associées, ne peut exister dans un seul pays et donc dans une île… sans oublier l'auto-organisation et l'autogestion, la démocratie élargie, le pluripartisme, etc.) Des traces de vision en noir et blanc, de campisme, bien présentes dans de rares articles (voir sur ce sujet les indications signalées plus haut à propos de l'éditorial).

Je termine par une question autour des frontières. Je ne connais pas les éventuelles élaborations dans le sous-continent sur ce sujet. La non-remise en question des découpages historiques coloniaux, de la partition en pays – voire en micro-pays – dans cette région du monde comme dans d'autres, me semble un frein considérable aux possibles émancipations. L'ordre capitaliste et néolibéral est aussi un ordre « nationalitaire » (qui a peu à voir avec le droit à autodétermination) devant être interrogé…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
ces petits essais nationaux de sociologie condensée questionnent tant les identités mobilisées – qui passe à l’action et à quelles conditions ? – que les ressorts de la contestation, le renouvellement des aspirations, les logiques de protestation, les formes d’organisation, les répertoires d’action, l’aboutissement des revendications, et bien sûr les « structures d’opportunité politique », le rapport au contexte, ainsi qu’à l’adversaire – au pôle d’en face – dans les multiples conflits en cours
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l’échange d’expériences et la mise en commun des revendications tendent à leur donner, à cette échelle géographique, plus de poids et de visibilité
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