Le monarque des ombres de javier Cercas.
Longtemps
Javier Cercas a voulu ne pas écrire sur Manuel Mena, ce grand-oncle phalangiste mort à 19 ans dans la bataille de l'Ebre, resté le héros d'une famille dont Cercas ne partage pas les idées. C'était pour lui une honte, cet héritage familiale. Mais il s'est cependant attaché à réunir des témoignages, a compulsé des archives et peu à peu l'oncle a pris chair, et mené Cercas à une réflexion nouvelle sur sa famille et sur l'Espagne en général, sur les héros morts pour des idées, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, et sur la nécessité d'écrire dessus.
Cercas rapporte donc finalement l'histoire de cet oncle, alternativement historien objectif et écrivain en quête de sens. Et il se montre à l'oeuvre dans sa démarche jouant avec un humour, parfois lourdingue sur opposition, historien/littérateur.
Tout cela est a priori bien intéressant, Mais Cercas caricature ici sa propension à s'interroger et tourner en rond, tergiverser, y revenir et encore . Sans compter les fastidieux rapports de bataille, je me suis embourbée dans la prose pesante de Cercas, qui prend plaisir à se rouler dans les méandres complexes de ses interrogations, gavant le lecteur d'un propos répétitif et redondants.
C'est à regret car la réflexion, quoique tortueuse, pourrait être passionnante, et le personnage est, on s'en rend compte en même temps que l'auteur, plus complexe qu'il n'y paraît.