AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,84

sur 216 notes
5
20 avis
4
31 avis
3
9 avis
2
2 avis
1
0 avis
« le monarque des ombres » est un « roman » à plusieurs facettes et quelques entrées. Javier Cercas explore le passé familial, il veut éclairer l'histoire de son grand-oncle, Manuel Mena, phalangiste, mort à 18 ans pendant la guerre civile espagnole. Il expose sa méthode, les étapes de ses recherches, ses rencontres. C'est un retour aux sources qu'il entreprend, ses rapports au passé familial l'amènent à une introspection. L'enquête s'ouvre sur une réflexion personnelle : Javier Cercas veut dépasser ses réticences à présenter un parent qui a défendu la cause nationaliste. L'auteur, exilé en Catalogne, retourne en Extrémadure avec ses proches. Il y retrouve la maison familiale dans un village isolé, Ibahernando. Là, il s'agit de percer le mystère qui entoure ce jeune homme, auréolé de la gloire du héros mort pour ses idées. La recherche historique se mêle à une interrogation sur ses propres liens à une famille qui avait choisi la camp nationaliste, Manuel Mena étant le représentant local de la Phalange.. Les huit décennies qui séparent l'auteur de la guerre civile marquent la limite extrême des possibles. Et pourtant, les derniers survivants et une opiniâtre quête lui permettent de cerner le portrait de son grand-oncle, de retrouver les lieux où il a été blessé, la maison où il est mort. Ainsi, se bâtit un roman à plusieurs niveaux : l'histoire d'un combattant mort très jeune et auréolé du titre de héros, la réflexion de l'auteur sur ses difficultés à traiter du sujet, les relations avec sa mère qui lui a transmis ce « culte » du héros…Javier Cercas y retrace (par le menu), quelques épisodes de la guerre civile (la bataille de l'Ebre …) Au-delà du récit national, il cerne les séquelles et les divisions du pays, mais aussi les impasses de sa famille emportée dans le camp nationaliste où, au final, elle n'avait pas sa place. L'auteur rapproche la mort de Manuel Menas du destin d'Achille. Mort en guerrier, il erre dans le royaume des morts et avoue à Ulysse ses regrets de la vie. Il est « le monarque des ombres ».
La construction du roman est marquée par la narration des étapes de l'enquête, la reconstruction d'une histoire individuelle et collective, les interrogations de l'auteur …Le rythme est inégal, marqué par des propos aux objectifs divers et l'intérêt à la lecture m'est apparu sinueux. Reste une dernière partie qui ouvre à la réflexion.


Commenter  J’apprécie          60
L'auteur, journaliste et enseignant à l'université de Gérone en Catalogne à une sensibilité de gauche. Aussi nous explique-t-il qu'il a honte de sa famille qui était de droite et plus particulièrement d'un de ces grands oncles, phalangistes pendant la guerre d'Espagne et mort à 19 ans pendant la bataille de l'Ebre.
Après avoir longtemps hésité il part sur les traces de cet aïeul qui se révèle ne pas être le salaud qu'il avait cru mais tout simplement un homme avec ses convictions et ses doutes.
Les aller-retour entre les questionnements de l'auteur, l'histoire de la guerre civile et familiale évoluent entre le passionnant et le soporifique.
Ce livre me laisse donc un avis mitigé. Il reste néanmoins un témoignage toujours actuel d'une plaie douloureuse qui gratte toujours la société espagnole.
Commenter  J’apprécie          50
« Il s'appelait Manuel Mena » ainsi débute ce roman d'un roman de Javier Cercas où l'auteur explore la mémoire familiale à la recherche de la vérité sur la figure héroïsée (dans la tribu Cercas) de ce jeune phalangiste tué à 19 ans dans la bataille de l'Ebre . Avec beaucoup de finesse il raconte ses démarches d'enquêteur et ses dilemmes intimes autour d'une figure iconique d'un passé qu'il rejette . C'est aussi un coup de projecteur sur les complexités de cette guerre d'Espagne si propice au manichéisme et aux simplifications. Un livre d'une grande intelligence et d'une particulière profondeur.
Commenter  J’apprécie          50
Pas facile pour Javier CERCAS d'écrire ce récit consacré à l'un de ses ancêtres, un grand-oncle pour être tout à fait excat. Car cet aïeul est encombrant, il a en effet appartenu au mouvement de la Phalange en Espagne un peu avant le déclenchement de la guerre civile de 1936. C'est donc la courte vie de ce Manuel MENA que l'auteur va retracer. Courte car l'ancêtre s'est fait dessouder en 1938 en pleine guerre à 19 ans.

Paradoxalement le personnage principal de ce témoignage n'est peut-être pas le sieur Manuel mais bien un village planté et planqué près de la frontière portugaise : Ibahernando, resté figé au Moyen-âge. Car cette quête de la vérité (CERCAS ne sait pas grand-chose quand il commence son travail, et ne sait d'ailleurs pas à l'époque s'il utilisera un jour le résultat de ses recherches) va beaucoup s'arrêter dans ce bourg d'où est native la famille du romancier.

Contre toute attente, il va dénicher des survivants de l'avant-guerre. Encore mieux, il va pouvoir interviewer des personnes ayant plus ou côtoyé le Manuel en question. Des photos retrouvées – publiées dans le livre - en adresses données par des témoins, CERCAS va lentement reconstituer cette vie fantôme. Il va devoir extirper de vilains souvenirs de la guerre, reconnaître que sa famille était mouillée jusqu'au cou du côté des Phalangistes, voire carrément des Franquistes (CERCAS est un homme de gauche).

CERCAS entame un travail d'historien, mais bien sûr se retrouve indirectement impliqué en tant que descendant de MENA. Ainsi il tombe parfois dans le panneau de l'autobiographie partielle, se mettant lui-même en scène. Il a d'ailleurs du mal à entrer dans le sujet, par des hésitations, des supputations en rapport avec sa famille. Mais lorsqu'il commence véritablement son enquête, c'est du grand CERCAS qu'il livre, remontant avec brio à une période qu'il n'a pas connue. Il nous rappelle ce CERCAS qui m'avait tant enthousiasmé avec son récit « L'imposteur », celui d'un anarchiste affabulateur, manipulateur et mythomane refaisant son parcours afin de passer pour un héros national.

Dans « le monarque des ombres », sorti en 2018 chez Actes Sud, il détaille la vie quotidienne et parfois sordide dans un village en temps de guerre civile, loin de Madrid ou de Barcelone, dans un temps ou un assassinat est appelé « promenade », où la délation est monnaie courante et où la population tient à se placer du côté du plus fort, du vainqueur, de Franco et ses troupes. Récit émouvant, passionnant, un récit historique qu'il étaye de fac-similés afin de le rendre encore plus authentique. Un bouquin nécessaire pour percevoir et explorer une facette méconnue de la guerre d'Espagne. Une quête qui va permettre à l'auteur une comparaison audacieuse avec « L'iliade » et « L'odyssée ».
https://deslivresrances.blogspot.fr/
Lien : https://deslivresrances.blog..
Commenter  J’apprécie          50
Dans cet intrigant roman-documentaire, Javier Cercas essaie de tirer de l'oubli le parcours de son grand-oncle Manuel, combattant franquiste pendant la guerre d'Espagne. Sur la forme, l'auteur nous entraine dans une réflexion sur cette impossible narration, sur le travail de fiction auquel il se refuse lorsque les sources historiques sont lacunaires, sur le poids de cet héritage dans une société espagnole où cette question n'est visiblement pas encore entièrement réglée. Sur le fond, on suit, parfois avec un peu de difficulté, le parcours de ce tout jeune homme, mort à 19 ans, qui ne fut pas, et loin de là, un combattant entièrement aveuglé et acquis au franquisme, mais un jeune homme pétri de doutes, lorsqu'il découvre l'horreur de la guerre.
Commenter  J’apprécie          40
Les guerres laissent des traces longtemps; les guerres civiles laissent des traces douloureuses toujours. Javier Cercas part, après des années d'hésitation, à la recherche d'un grand oncle mort en 1939 durant la guerre civile espagnole. Il n'avait que 19 ans. Il était promis à une belle carrière de juriste, jeune talentueux que ses professeurs voulaient envoyer à l'université y étudier le droit. La guerre en a décidé autrement. Il était sous-lieutenant, il est mort au combat. Longtemps il fut un héros, mais un héros tombé du mauvais coté du champ d'honneur. Il appartenait à l'armée de Franco. Pour la famille, aujourd'hui, c'est une souffrance d'avoir à porter cette histoire même si à 19 ans, l'on ne porte pas les memes responsabilités devant l'histoire qu'un adulte conscient des décisions qu'il prend.

Cercas nous emmène dans cette recherche où il convoque sa mère, qui avait connu ce jeune oncle si affectueux, si tendre. Il convoque des témoins, il convoque l'histoire bien sûr. Cela fait un livre dense, lent, long au style incertain entre récit, documentaire, roman, scénario pour le cinéma. Il faut s'accrocher dans ce minutieux parcours, souvent bavard. On s'autorise à saturer quelques pages. Mais au moment où l'impensable se produit, la guerre revient en Europe, cette réflexion sur des choix funestes, ceux du pouvoir obsessionnel, de la violence, de l'absence de dialogue, donne à réfléchir.
Commenter  J’apprécie          40
Quelle chance d'emprunter sans le savoir un très beau livre! J'ai lu le Monarque des ombres après l'avoir pris au hasard dans un rayon de la médiathèque. J'y suis entrée peu à peu, tout de suite happée par le style de l'auteur, puis par l'histoire de Manuel Mena, mais enfin et surtout par la plongée personnelle qu'elle provoque chez son petit-neveu.
De quoi acceptons-nous d'hériter? que nous transmettent les membres de notre famille et le lieu de notre naissance? comment concilier l'admiration pour un destin tragique et idéaliste et le refus d'une histoire injuste et douloureuse, guerre, fascisme et dictature?
C'est profond, riche, très bien écrit, émouvant. Mon premier Cercas...
Commenter  J’apprécie          40
C'est mon premier Javier Cercas, j'ai eu du mal à y entrer, peut-être à cause de la réticence même de l'auteur à écrire sur cet oncle franquiste mort au front à 19 ans. Et puis l'écriture de Cercas, le thème de la « belle mort », m'ont embarquée...
Extraits :
« L'idée me vint que nous disposons tous d'une quantité limitée de larmes, que ce jour-là elle avait épuisé la sienne et qu'il ne lui restait depuis plus de larmes à verser. »
« Je pourrais imaginer tout cela. Mais je ne l'imaginerai pas ou du moins je ferai semblant de ne pas l'imaginer, car ceci n'est pas une fiction et moi je ne suis pas un littérateur, de sorte que je dois m'en tenir à la solidité des faits. Je ne le regrette pas, enfin pas trop : tout compte fait, si loin que je puisse aller dans mon affabulation, jamais je n'arriverai à imaginer l'essentiel, qui échappe toujours. »
« en fin de compte, si l'essentiel est d'habitude invisible, ce n'est pas parce qu'il est caché, mais parce qu'il est à la vue de tout un chacun. »
« « Savoir », dis-je. « Ne pas juger », ajoutai-je. « Comprendre », expliquai-je. Et je conclus avec ces mots : « C'est à ça qu'on s'emploie, nous, les écrivains. »
Commenter  J’apprécie          40
Est-ce ma fatigue qui me prive d'un plaisir qui, sinon, serait certain? Je ne sais. Je sais juste que je n'ai pas éprouvé un grand intérêt pour ce livre qui m'a beaucoup fatigué. Je l'ai trouvé long, incroyablement long, répétitif et inintéressant. Je n'ai jamais aimé les récits de guerre qui racontent le déroulé des opérations. C'est, pour moi, d'un ennui mortel. Alors quand Javier Cercas raconte où et comment son oncle est mort en luttant pour le misérable Franco, je n'arrive pas à suivre. Par manque d'intérêt. de même, les pérégrinations de l'auteur à la recherche de la vérité ne m'ont guère passionnées. Je comprends la démarche de l'auteur et l'intérêt qu'on peut porter à son livre mais, à titre personnel je n'y ai pas été sensible. Je trouve qu'il écrit beaucoup pour raconter peu. Que finit-il par savoir sur son oncle qu'il ne savait au départ ? Si peu, il me semble. L'auteur refuse de faire le littérateur comme il le dit, refuse la fiction pour ne pas extrapoler mais ne parvient pas à écrire la réalité car, il le sait, elle n'est pas atteignable, le temps s'étant écoulé dans un silence persistant. Alors? Que reste-t-il dans ce livre. Pas grand chose pour ma part.
Commenter  J’apprécie          42
javier cercas s 'tait jugé de ne jamais écrire l histoire de son grand oncle manuel Mena, franquiste fervent, tué à 19 ans, au cours de la bataille de l ebre, l une des plus terribles de la guerre d espagne. Pour la mere de cercas, tombé au combat, était un héros. elle raconte l histoire à son fils, dans le secret espoir qu il la réacontera à son tour.Ecrire sur cet aieul reviendrait à prendre en charge le passé politique de sa famille qui le faisait rougir de " honte" Et pourtant l auteur de " anatomies d un instant " finit par partir sur les traces de cet encombrant fantome pour tenter de comprendre pourquoi il s est engagé si jeune du coté des phalangistes et no,n aupres de républicains. Javier cercas ne fait le portrait ni d un salaud ni d 'un monarque des ombres regnant sur les enfers , tel achille , glorieux mort dans l iliadee. il se contente de ramener son oncle dans le royaume des hommes . et c est un petit miracle litteraire
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (459) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature espagnole au cinéma

Qui est le fameux Capitan Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte, dans un film d'Agustín Díaz Yanes sorti en 2006?

Vincent Perez
Olivier Martinez
Viggo Mortensen

10 questions
95 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , espagne , littérature espagnoleCréer un quiz sur ce livre

{* *}