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Ce discours est celui d'un homme politique qui dénonce avec force une idéologie qui a préfiguré celle de la barbarie totalitaire du XXè siècle, ses atrocités commises par une race prétendue supérieure.
Les massacres, déportations, humiliations, sévices, enfermement et esclavagisme infligés par des Blancs convaincus de leur supériorité "de race" à des individus qualifiés de primitifs, cela relève d'une idéologie qui fut défendue pendant des siècles pour justifier l'exploitation de millions d'êtres humains. Tous se sont entendus pour rabâcher les mêmes âneries: militaires, politiciens, membres du clergé, académiciens, intellectuels, scientifiques. L'homme Blanc est le seul qui sache allumer le flambeau de la Civilisation et il a le devoir d'aller éduquer, évangéliser, instruire, "pacifier" les sauvages qui vivent comme des bêtes.
Cette idéologie a servi à justifier les pillages et la quasi destruction de nombreuses cultures, à effacer des langues, des coutumes, à imposer le joug colonial.
Ce n'est pas dans Mein Kampf qu'on trouve la phrase suivante: "Nous aspirons, non pas à l'égalité, mais à la domination. le pays de race étrangère devra redevenir un pays de serfs, de journaliers agricoles ou de travailleurs industriels. Il ne s'agit pas de supprimer les inégalités parmi les hommes, mais de les amplifier et d'en faire une loi." Renan, dans La Réforme intellectuelle et morale.
Déjà, tout était là, prêt à servir les intérêts de la dictature nazie.
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La plume d'Aimé Césaire a ceci d'incroyable qu'elle dit précisémment les actes les plus barbares sant jamais les décrire. Ode à la vie, puissant chant aux tonalités africaines, appel à la compassion et recherche de sa propre identité, c'est ce Discours sur le colonialisme qui permet à certains aujourd'hui de relever la tête et d'affirmer son droit à la différence.

Cultivé à faire rougir bien des blancs, fin observateur d'une culture dans laquelle il a étudié et qu'il aime profondément, Césaire a su comme aucun autre manier et sublimer la langue française.
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Suivi du Discours sur la négritude.
Véritable acte d'accusation du colonialisme sous toutes ses formes. Dénonçant point par point la colonisation occidentale : ses motivations, ses effets, ses justifications , et l'idéologie qui en découle. Un texte majeur.

26/08/2009
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Aimé Césaire dénonce dans ce pamphlet écrit en 1950 la violence et la barbarie coloniale. Cette violence extrême, toute entière au service de la bourgeoisie française (et dont le point culminant furent les massacres de Sétif, en Algérie, et de Madagascar, en 1945) permettait d'imposer aux peuples colonisés une exploitation féroce, et la ré-orientation de toute leur économie au profit de l'industrie coloniale. Les impérialistes européens n'ont apporté ni civilisation, ni droits, ni libertés, comme l'auto-proclame les colonisateurs, mais l'oppression et la haine, le racisme, et une forme de fascisme.
Césaire oppose donc, à cette légende qui cherchait à se donner bonne conscience, des territoires aux économies naturelles, coopératives et à la mesure de l'homme, détruites par l'impérialisme ; des peuples brutalisés et méprisés ; « des sociétés vidées d'elles-mêmes, des cultures piétinées, des formes originales d'institutions minées, des terres confisquées, des religions assassinées, des magnificences artistiques anéanties, d'extraordinaires possibilités supprimées ».
L'auteur s'insurge particulièrement contre la torture infligée par l'armée française aux malgaches, aux vietnamiens et aux algériens.
Il critique ainsi objectivement la classe bourgeoise qu'il qualifie de décadente, car ne connaissant plus de limites dans les crimes et les préjudices qu'elle commet au travers du système économique capitaliste.
C'est un excellent petit livre, qui dénonce avec justesse les rapports entre colonisateurs et colonisés, et résume à lui seul toute la morgue que constituait la colonisation.
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Aimé Césaire nous offre ici une critique incisive et volcanique du colonialisme et de ses maux. C'est un de ces courts, "dangereux" tracts qui devrait non seulement être sur la bibliothèque de chaque personne pensante, mais aussi qu'il faudrait lire et relire jusqu'à ce que son message soit enraciné. Nous vivons encore dans un monde où trop de gens ne sont pas disposés à faire face aux réalités du passé colonial, permettant aux dirigeants de rétablir les empires.

Les travaux de Césaire jettent non seulement les bases des théories critiques postérieures de la race et du postcolonialisme, mais ils ajoutent aussi à l'importante conversation critique sur l'aveuglement racial dans la philosophie marxiste. Césaire croyait que « la révolution à venir ne se posait pas en termes de capitalisme contre socialisme… mais en termes de renversement complet et total d'un système raciste et colonialiste qui ouvrirait la voie à un monde tout à fait nouveau » (9). Il affirme de façon essentielle que le racisme ne doit pas être éclipsé par la lutte des classes, parce que les blancs de la classe ouvrière se rangent toujours du côté de leur race contre le prolétariat noir (23). En conséquence, il envisage la révolution venant d'un tiers monde unifié au lieu d'un prolétariat unifié, et que cette unification du tiers monde serait construite sur l'expérience partagée de la colonisation blanche (27). Aimé Césaire a également eu une influence notable sur le travail de son élève et collaborateur, Frantz Fanon.
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Brève et éclatante, une énorme claque imparable sur cinquante-deux pages. Ce discours dit tout, et le dit bien. Sur l'Occident impardonnable. Sur le capitalisme cause affichée de cette abomination. Sur le racisme de classe, d'Etat, d'institution. Sur les préjugés bourgeois, les horreurs dont ils se réjouirent, la vision de l'Autre comme une bête. Sur la soif de sang, de profit, indissociables, et sur l'état moribond de telles sociétés.

Sans doute qu'à l'époque ce fut un nécessaire cri de révolte et d'espoir en l'humain (sait-on jamais). Je ne sais pas s'il est encore question d'espoir aujourd'hui, et surtout si l'on a vraiment réalisé que la colonisation, le rapport colonial au reste-du-monde, ne se sont jamais, jamais arrêtés, mais en tout cas ce livre est indispensable. S'il n'en fallait qu'un...

(Des passages vraiment difficiles moralement, qui peuvent faire penser par leur dureté et leur caractère édifiant au "Code Noir", tout aussi bref et tout aussi nécessaire).
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Aimé Césaire a été un immense poète, un penseur martiniquais et un homme politique de premier plan. A la lecture de son oeuvre immense servi par une langue, un talent d'écriture, de réflexion sur le colonialisme et la négritude d'une profonde acuité. C'est dans son discours sur la Négritude, néologisme fruit de sa pensée sur cette question dont il fût l'un des principaux fondateurs. Ce discours sur la Négritude fût prononcé en 1987 à l'Université internationale de Floride (Miami). Ce discours sur la Négritude est l'antithèse des mots maladroits du "Discours de Dakar" écrit par Henri Guaino et prononcé par le président Nicolas Sarkozy en juillet 2007. Ce dernier affirma que "L'homme africain n'est pas assez rentré dans l'histoire." Une ineptie. le "Discours sur le colonialisme" est lui publié pour la première fois en 1950. Aimé Césaire y pourfend le colonialisme mené par "la bourgeoisie européenne" afin d'exploiter, pour les spolier, les peuples d'Afrique. La richesse de l'Afrique, les différentes cultures qui la composent, son histoire, creuset de l'humanité, la volonté légitime de reprendre en main ce dont l'Afrique a été spolier culturellement (avec le souhait des colonisateurs européens de rompre avec plusieurs millénaires d'histoire africaine afin d'y importer de force le modèle européen). Cette soi-disant "mission civilisatrice" a été menée pendant des siècles avec l'usage de la violence, le prix du sang, de l'esclavage, des massacres notamment perpétrés par la Belgique au Congo à la fin du XIXème siècle. Ces accès de violence sont monnaie courante alors. On souhaite effacer, on dédaigne les différentes cultures qui ont façonnés l'Afrique. le texte d'Aimé Césaire est un cri puissant, le souhait d'un prise de conscience, d'une prise de pouvoir de la destinée de l'Afrique par les Africains. Nous sommes dans les années 1950 et le mouvements de décolonisation est engagé et aboutira à l'indépendance de nombreux Etats africains. Une texte majeur d'Aimé Césaire qui m'amène à vouloir en lire d'autres.

Lien : https://thedude524.com/2022/..
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Les écrits d'Aimée Césaire ne lui ont pas attiré les sympathies de l'Académie française qui, globalement, est de cette droite revancharde forte de ses certitudes et qui ne renie pas la conception de la civilisation qu'elle a infligée aux colonies, et qu'Aimé Césaire n'a cessé de dénoncer avec élégance et pertinence. «...La France moutonnière aura préféré Senghor et ses mots fleuris, sa poésie de garçon-coiffeur, ses «versets», sa sotte imitation, pâlotte et ringarde, de Claudel, ses génuflexions d'acculturés et son culte imbécile d'une toute aussi imbécile civilisation de l'universelle et d'une bâtarde francophonie; au style de pur-sang, de révolté, d'écorché vif d'un Alioune Diop, d'un Gontran-Damas, d'un Césaire...Aimé Césaire restera la mauvaise conscience de ce XXe siècle, de ces générations qui donnèrent au monde le contraire de ce qu'elles espéraient. Il aura été de toutes les luttes progressistes de son temps. Il aura écrit, avec son Discours sur le colonialisme, le livre le plus concis, le plus fort sur ce thème. Il aura bâti la réfutation la plus solide de ce système. Il aura été un écrivain supérieurement doué, un humaniste sincère, généreux. (...) Césaire fut une leçon d'honnêteté, une leçon d'amour de la langue française, un maître en écriture, un traceur de route, une école de style -lui, si parfait pur-sang littéraire- un repère.
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Voici un autre écrit de Césaire, qui unit écriture, révolte et invective politique. Cet essai a été écrit dans un contexte difficile pour les possessions d'Outre mer .

Cet ouvrage étant un discours, il est structuré en arguments qui suivent un cheminement bien précis.

Dans un premier temps, Césaire interroge le lecteur sur ce qu'est la civilisation, et son apport du point de vue des colonisés. Puis il compare le colonialisme au nazisme, qui sont tous les deux des formes d'oppression et de barbarie. Il développe cette idée avec des exemples de répression dans les possessions françaises, à Madagascar ou en Indochine. Plus on avance dans le développement, plus le ton se fait polémique, contre la bonne conscience bourgeoise et républicaine, pour aboutir en conclusion qui annonce la fin des empires sous toute leur forme.

Texte riche en réflexions, il fait aussi appel à la culture du lecteur, celle de l'auteur étant très grande. Intertextualité importante, Césaire fait référence à Baudelaire, Rimbaud, Céline et tant d'autres.

Encore un texte difficile, mais néanmoins pour moi plus facile que son oeuvre poétique.
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La civilisation dite « européenne », la civilisation « occidentale » est moralement, spirituellement indéfendable, accuse Aimé Césaire. Il met à bas toutes les tentatives de justification du colonialisme, sans la moindre concession.
(...)
Il ne s'embarrasse pas de circonlocutions polies. Dans une langue violente, lucide et franche, il condamne définitivement la colonisation. Son discours vital et beau est à lire impérativement.

Article complet sur le blog de la Bibliothèque Fahrenheit 451.

Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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