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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce discours est celui d'un homme politique qui dénonce avec force une idéologie qui a préfiguré celle de la barbarie totalitaire du XXè siècle, ses atrocités commises par une race prétendue supérieure.
Les massacres, déportations, humiliations, sévices, enfermement et esclavagisme infligés par des Blancs convaincus de leur supériorité "de race" à des individus qualifiés de primitifs, cela relève d'une idéologie qui fut défendue pendant des siècles pour justifier l'exploitation de millions d'êtres humains. Tous se sont entendus pour rabâcher les mêmes âneries: militaires, politiciens, membres du clergé, académiciens, intellectuels, scientifiques. L'homme Blanc est le seul qui sache allumer le flambeau de la Civilisation et il a le devoir d'aller éduquer, évangéliser, instruire, "pacifier" les sauvages qui vivent comme des bêtes.
Cette idéologie a servi à justifier les pillages et la quasi destruction de nombreuses cultures, à effacer des langues, des coutumes, à imposer le joug colonial.
Ce n'est pas dans Mein Kampf qu'on trouve la phrase suivante: "Nous aspirons, non pas à l'égalité, mais à la domination. le pays de race étrangère devra redevenir un pays de serfs, de journaliers agricoles ou de travailleurs industriels. Il ne s'agit pas de supprimer les inégalités parmi les hommes, mais de les amplifier et d'en faire une loi." Renan, dans La Réforme intellectuelle et morale.
Déjà, tout était là, prêt à servir les intérêts de la dictature nazie.
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Aimé Césaire nous offre ici une critique incisive et volcanique du colonialisme et de ses maux. C'est un de ces courts, "dangereux" tracts qui devrait non seulement être sur la bibliothèque de chaque personne pensante, mais aussi qu'il faudrait lire et relire jusqu'à ce que son message soit enraciné. Nous vivons encore dans un monde où trop de gens ne sont pas disposés à faire face aux réalités du passé colonial, permettant aux dirigeants de rétablir les empires.

Les travaux de Césaire jettent non seulement les bases des théories critiques postérieures de la race et du postcolonialisme, mais ils ajoutent aussi à l'importante conversation critique sur l'aveuglement racial dans la philosophie marxiste. Césaire croyait que « la révolution à venir ne se posait pas en termes de capitalisme contre socialisme… mais en termes de renversement complet et total d'un système raciste et colonialiste qui ouvrirait la voie à un monde tout à fait nouveau » (9). Il affirme de façon essentielle que le racisme ne doit pas être éclipsé par la lutte des classes, parce que les blancs de la classe ouvrière se rangent toujours du côté de leur race contre le prolétariat noir (23). En conséquence, il envisage la révolution venant d'un tiers monde unifié au lieu d'un prolétariat unifié, et que cette unification du tiers monde serait construite sur l'expérience partagée de la colonisation blanche (27). Aimé Césaire a également eu une influence notable sur le travail de son élève et collaborateur, Frantz Fanon.
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Voici un autre écrit de Césaire, qui unit écriture, révolte et invective politique. Cet essai a été écrit dans un contexte difficile pour les possessions d'Outre mer .

Cet ouvrage étant un discours, il est structuré en arguments qui suivent un cheminement bien précis.

Dans un premier temps, Césaire interroge le lecteur sur ce qu'est la civilisation, et son apport du point de vue des colonisés. Puis il compare le colonialisme au nazisme, qui sont tous les deux des formes d'oppression et de barbarie. Il développe cette idée avec des exemples de répression dans les possessions françaises, à Madagascar ou en Indochine. Plus on avance dans le développement, plus le ton se fait polémique, contre la bonne conscience bourgeoise et républicaine, pour aboutir en conclusion qui annonce la fin des empires sous toute leur forme.

Texte riche en réflexions, il fait aussi appel à la culture du lecteur, celle de l'auteur étant très grande. Intertextualité importante, Césaire fait référence à Baudelaire, Rimbaud, Céline et tant d'autres.

Encore un texte difficile, mais néanmoins pour moi plus facile que son oeuvre poétique.
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Deouis tres longtemps la litterature joue un role considerable dans multiplication des livres.c'est en effet que le poete en ses jours impies doit etre comme dieu dans l'univers presnt partout et visible nulpart.c'esst ainsi que Cesaire nous dit que la poesie est recit,mais aussi regard,un regard jete dans la soufrance du peuple.
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Un texte puissant de Césaire datant de 1955 et toujours malheureusement d'une troublante actualité.
Ce petit livre est indispensable pour comprendre les sociétés antillaise post colonialiste et par extension les "outremers".
Une analyse qui résonne en moi, antillaise, guadeloupéenne, héritière de cette société colonialiste, qui me parle, ce qui me fait dire que ce texte est aujourd'hui encore, d'une troublante actualité.
Mes parents avaient 2 ans lorsque ce texte fut rédigé et pourtant 56 ans plus tard les rapports colonialiste/colonisé décrits, décortiqués, demeurent, plus subtils peut être, comme en filigrane.
C'est un texte froid, violent, implacable, imparable, indispensable.
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On a retenu la pirouette intellectuelle qui permet à Césaire de retourner l'image du colonisé dégradé physiquement en dégradation morale du colonisateur : à traiter leurs semblables comme des bêtes, ils en deviennent eux-mêmes des bêtes. Mais au-delà du tour de passe-passe intellectuel coup de poing, le plus intéressant dans ce discours demeure le travail de collecte d'archives, permettant à Césaire de faire entendre la voix même du colon qui, avec le décalage du temps, laisse voir en toute ingénuité, et pour l'effroi du lecteur, un objectif essentiel du projet colonial : satisfaire un besoin de domination, d'asservissement et de défoulement pour la population du pays colonisateur... Bien qu'alors déjà non assumable officiellement, cela semble parfaitement évident dans leurs discours. Ainsi, la colonisation ne serait pas seulement une source de richesses faciles à subtiliser à un peuple-main d'oeuvre quasi gratuite – point admis y compris par les grands conservateurs et que Montesquieu considérait comme la raison première de l'esclavage dans « De l'esclavage des nègres » –, mais elle serait aussi un terrain d'expérimentation et d'expression pour les pulsions ignobles de l'Homme, suivant une vision de l'Homme comme ayant une nature cruelle et trouvant son bonheur dans la domination de l'autre (chacun a besoin de son petit esclave à soi pour se donner de l'importance, dira quelques années plus tard l'incarnation cynique de la Chute, de Camus).

Transformer les colonisateurs en bête ne serait donc pas seulement un contrecoup de la colonisation mais peut-être son objectif même : comme si l'aptitude d'une population à dominer, maltraiter sans pitié, pouvait l'élever dans le jeu de concurrences entre les nations… La survie du plus fort au lieu de la survie des plus adaptés, suivant l'erreur de lecture catastrophique, et pourtant pleine de fortune jusqu'à nos jours, du "darwinisme social" développé par Herbert Spencer. Comme l'exprime bien Romain Gary dans sa « Lettre à un éléphant », l'homme, après avoir réussi à dominer toutes les espèces de la planète, continue inutilement sa quête de puissance, qu'il tourne inévitablement contre lui-même, se détruisant et se déshumanisant avec entrain. Peut-être parce qu'entre « nations » - ces coquilles vides (dont parle Simone Weil dans L'Enracinement) qui ne satisfont aucunement les besoins de fierté patriotique, d'attachement au lieu, des citoyens - les êtres ne se considèrent pas de la même espèce… Impossible fraternité ? ou bien désir secret de recréer des espèces pour continuer la guerre, pour pousser le rush collectif du sentiment de puissance jusqu'à l'orgie, pour extraire l'Homme de la Nature et ainsi repousser le décentrement qu'a imposé la révolution copernicienne, le rabaissement de l'espèce humaine à une composante contingente de l'écosystème…
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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Ce livre regroupe deux textes de Césaire. le premier est son discours sur le colonialisme, écrit en 1950, le second est son discours sur la Négritude, bien plus tardif, car composé en 1987. Ce rapprochement rend tangible tout le cheminement de l'écrivain en presque quarante ans. A la rage dénonciatrice de la jeunesse, succède une détermination calme et sereine. le jeune loup s'est transformé en vieux sage. Mais l'âge n'est certainement pas le facteur déterminant de ce changement de ton. Les totalitarismes communistes: URSS, Chine, Corée du Nord, Cuba, Vietnam, Cambodge, et les désillusions des indépendances africaines et asiatiques ont ébranlé les convictions de Césaire. La dénonciation furibonde de l'impérialisme américain n'est plus de mise. Paradoxalement, ce sont les Etats-Unis de Reagan qui rendent hommage à Césaire et à son combat universaliste lors de ce discours sur la Négritude prononcé à Miami. Mais ces espoirs déçus n'enlèvent rien à la croyance en la nécessité de la révolte du concept de négritude. Il a permis d'inscrire dans les esprits que l'universalisme ne peut se réduire à la culture partielle de quelques millions d'hommes, mais qu'il ne prend tout son sens qu'en portant les valeurs de toute l'humanité.
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Deux discours importants (1950 et 1987) pour comprendre l'ancrage de la colonisation dans les mentalités occidentales. Aimé Césaire dénonce haut et fort la barbarie de la colonisation, le racisme, les discriminations...dans une ère postcoloniale naissante.
70 ans plus tard, le sujet est toujours d'actualité (#blacklivesmatter). Il faut lire et relire le "Discours de la négritude" et peut être que nous réussirons, colonisés et colonisateurs, à guérir un jour de ces maux que nous traînons de ce passé inavoué.
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Un discours, et quel discours !

Aujourd'hui, on aurait pu dire que cela vient d'une personne un peu retard, mais quand on lit le livre te que l'on se plonge dans le contexte de la sortie du livre, c'est une autre histoire !

Aimé Césaire à écrit ce discours qui est d'une puissance, et d'une force !
On sent au fond de cette personne des blessures profondes et indélébile.
Des blessures personnelles, mais aussi de ces proches et vis-à-vis des gens de sa communauté.

J'ai vraiment apprécier la première partie du livre.
En revanche, j'ai moins apprécier le passage où il parle de Octave Mannoni car je trouve que cela à un peu vieillit avec le temps.
Mais cela n'enlève en rien sur la force de ce discours !
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