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3,19

sur 197 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Après une petite conversation littéraire un peu alcoolisée, un compère canadien me conseillait un auteur qui joue avec diverses conventions littéraires, entre autre dans un recueil d'essais sur des livres de "genres" littéraires pas nécessairement considérés comme de la "vraie" littérature, par exemple polar, fantasy, etc. Il se trouve que l'un des ouvrages de fiction de cet auteur se trouvait dans ma looooongue liste de livres à lire.
Une belle entrée dans l'oeuvre de Michael Chabon! Un bon polar dans le genre classique "hard-boiled" qui s'ouvre avec des dialogues et une atmosphère digne du Grand Sommeil de Chandler, et un grain de SF qui ne rend le livre que plus intéressant.
Une uchronie géniale basée sur une proposition obscure d'accueil de réfugiés européens persécutés par le régime nazi, proposition qui n'a jamais vu le jour, étouffée dans l'oeuf par le sectarisme et l'intolérance des politiques de l'époque.
La base géographique choisie me motive toujours à la lecture des bouquins les plus surréalistes. Oui, l'Alaska me fait rêver, pour des raisons que j'ai moi-même bien du mal à comprendre. Ajoutez à ceci un fond culturel et religieux qui m'est inconnu, outre les guerres israélo-palestiniennes, non par mauvaise volonté mais simplement par manque de suggestions ou quatrièmes de couv' accrocheurs. le texte est pavé d'expressions et termes yiddish ajoutant non seulement à la crédibilité de l'auteur et du texte, l'intrigue, mais une richesses ahurissante qui va de pair avec la découverte, du moins pour moi, d'une culture surprenante et bourrée de contradiction.
Des héros fascinants, que ce soit Landsman ou son cousin John Bear alias "Berko", des morts qui deviennent les héros ou plutôt les anti-héros tragiques d'un complot surréaliste effrayant et tellement fou qu'on peut presque s'attendre à le voir demain à la une des journaux internationaux.
Le négatif, pour moi, ne tient qu'à mon inculture: je regrette (pour la énième fois) de n'y connaître rien aux échecs. Toujours l'impression de manquer quelque chose, bien que la simple métaphore des échecs donne suffisamment de sens à chaque repli de l'intrigue.

En somme, un polar génial et audacieux, fin et qui vous pousse irrémédiablement à tourner les pages en vous étonnant et vous émerveillant de chaque nouvelle épaisseur d'un monde complexe où rien n'est finalement ce qu'il semble.
Un bon livre qui va rejoindre ma liste de bouquins à offrir, liste qui s'allonge, et c'est bien !
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Dans le nouvel Israël, à Sitka, en Alaska, vivent deux millions de Juifs. Un junkie est retrouvé dans un hôtel minable, assassiné. Landsman découvre qu'il s'agit du fils du plus puissant rabbin de la région, le chef des verbovers, des Juifs ultra-orthodoxes. Mais des ordres venant de l'étranger exigent la clôture de l'enquête. Landsman, indépendant et têtu, veut en savoir plus...
Drôle de temps pour être juif. Drôle de temps pour être flic. Ça tombe mal pour Meyer Landsman ! À Sitka en Alaska, devenu la patrie glaciale et désolée des Juifs, il est l'inspecteur le plus décoré de la police yiddish. Chargé de faire régner la paix dans cette communauté encline aux mystères, l'homme a pourtant sombré dans l'alcool, ruinant son mariage au passage. Exilé à l'hôtel, il découvre un matin le corps d'un junkie assassiné dans le hall. Mais pourquoi ces pressions pour abandonner l'enquête ? Landsman s'obstine : ce mort lui plaît et il refuse de laisser son assassinat impuni... Dans ce monde où religieux et criminels ont échangé leurs compétences, jamais la Terre promise ne lui aura paru plus lointaine...
Dans une tradition typiquement américaine, Michael Chabon emprunte à tous les genres avec allégresse : légendes des émigrés juifs d' Europe de l' Est, roman noir, roman d' anticipation, critique politique de l'après - 11 Septembre et réflexion morale sur les dérives religieuses. Hommage à Chandler et à Charyn, le Club des policiers yiddish, lauréat du prix Hugo 2008 va être adapté au cinéma par les frères Coen (The Big Lebowski, Fargo, No Country for Old Men...) et a reçu un accueil enthousiaste aux États-Unis et ...
C'est le New York Review of Books. qui ont parle le mieux : « Une réussite, comme si Raymond Chandler et Philip K. Dick avaient fumé un joint en compagnie d Isaac Bashevis Singer... »
Car voilà une uchronie franchement jouissive.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Meyer Landsman est un flic au bout du rouleau. Contre la volonté de sa hiérarchie, il enquête sur le meurtre de l'un de ses voisins d'immeuble, Emmanuel Lasker, un joueur d'échec héroïnomane. Était-il le messie tant attendu par le peuple juif ?

Même s'il est bien réel, l'argument science-fictif (l'uchronie en question) n'est qu'un prétexte pour nous servir une enquête policière qui, elle-même, n'est qu'une sorte de décor pour nous exposer une réflexion sur ce qu'est (ou pourrait être ? Personnellement, je n'ai pas su trancher, étant malgré tout assez limité en culture sémite) le peuple juif : un mélange de croyances, de superstitions et de légendes bibliques, matinées d'exode perpétuel et d'humour du désespoir. Un récit vertigineux porté par une écriture magnifique truffée de mots yiddish. Malgré parfois une certaine complexité (que, malheureusement, le glossaire lacunaire en fin d'ouvrage n'éclaire pas toujours), ce vocabulaire apporte tout de même à l'ensemble une poésie assez splendide.

Pour l'anecdote, en allant acheter ce livre en librairie, je l'ai bien sûr d'abord cherché en rayon SF. Eh oui, naïvement, en plus d'être une uchronie, le fait d'avoir eu en 2008 le fameux prix Hugo (ce qui lui conférait une certaine légitimité science-fictionnesque) me laissa penser que ce livre pouvait s'y trouver. Chou blanc.

Ensuite, je me suis dit qu'il s'agissait plutôt d'un roman policier. Dans le rayon, après presque un quart d'heure d'infructueuses recherches, je me résigne à aller me renseigner auprès du vendeur qui m'envoie... vers la littérature générale !

A.C. de Haenne
Lien : http://les-murmures.blogspot..
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L'Alaska, c'est complètement "loup phoque"...!!

D'APRES L'AUTEUR, l'anglo-américain est presque une langue étrangère à Sitka (Alaska). Dans cette enclave juive, les flingues qui pendent dans les holsters s'appellent donc des "Sholem", les téléphones portables sont des "Shoyfer", les indics sont des "Shtinker".
On ne s'étonnera pas alors que les "Shammès"(inspecteurs de police) traquent parfois des "Shtarker"(gangsters) avec des chapeaux noirs de religieux. Cette traque étant réversible...
Pas d'inquiétude, c'est très lisible et un petit glossaire de Yiddish local se trouve à la fin du livre.
A Sitka, on peut vous menacer de mort mais ponctuer cet avertissement en vous souhaitant un fraternel "bon shabbat !", parce que tout de même un vendredi soir, il y a des principes à respecter...

Les personnages principaux du roman ont des personnalités originales et attachantes; l'inspecteur franc-tireur Landsman et son collègue juif-indien (hé oui), la rigoureuse Bina "et ses seins, ses jambes, ses fesses, ses yeux" (Landsman traverse une période d'abstinence propice à la déconcentration...). Les autres protagonistes, les seconds rôles, sont formidables aussi, à leur façon.
La solennité, la rigidité des divers rituels et usages juifs (même quand ils sont festifs) ou des codes en cours dans la population de Sitka, donnent à la moindre anicroche l'occasion d'une scène burlesque et inattendue. Or l'inspecteur Landsman est une transgression permanente!

Un petit coup d'oeil dans une encyclopédie à l'article Alaska peut s'avérer profitable à la compréhension de ce livre. Personnellement, j'ai apprécié entreprendre cette simple et rapide démarche (mes lacunes étaient abyssales), parallèlement à la lecture du roman de Chabon. L'Alaska est un territoire étonnant, fascinant, parfois surréaliste; je le considère presque comme un des "personnages" du roman.
Ceci permet aussi de discerner la part de réalité de ce roman. L'éditeur nous dit que "le district de Sitka, en Alaska, est le nouvel Israël. Y vivent deux millions de Juifs...". En réalité, l'Alaska, en 2007, comptait moins de 700 000 habitants, et Sitka, qui est la 5ème plus grande ville comptait...moins de 9 000 habitants! A moins que les loutres autochtones ne se soient massivement converties au judaïsme, le compte n'y est pas du tout.
Les descriptions de Sitka délivrées par la plume de Chabon évoquent une grosse ville-refuge dense et surpeuplée (sans l'ombre d'un goy), un ghetto communautaire souhaité par ses habitants. Pour l'urbanisme aussi, une vue aérienne sur l'Internet suffit à constater à quel point cette oeuvre littéraire est UNE FICTION.

Ceci étant mis au point et admis, c'est un livre hilarant, loufoque. Les "bons", les "méchants", et les autres, trouvent avec leurs religions, coutumes ou principes, des accommodements assez tordus et tordants. Mais c'est aussi un bon polar remarquablement écrit.
Je concède toutefois que le dernier quart du livre a de quoi décontenancer ou refroidir l'enthousiasme. L'intrigue prend une tournure dans laquelle j'ai moi-même eu du mal à me laisser engager (ce qui explique ma notation).
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Sitka est un district de l'Alaska qui, dans l'imagination de Michael Chabon, a été cédé à la population juive dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale. Lorsque l'histoire démarre, nous sommes quelques semaines seulement avant que ledit district ne soit rétrocéder aux Etats-Unis, ne garantissant au passage à aucun de ses habitants le droit d'y demeurer à l'avenir et forçant la plupart d'entre eux à changer de pays… et de vie.

Dans cette atmosphère de « fin de cycle », l'inspecteur Landsman n'est lui non plus sûr de rien quant à l'avenir de sa place dans la police et n'a pas encore vraiment pris de dispositions pour la suite ; une situation déjà délicate, ébranlée encore par le retour de son ex-femme qui, en plus de lui rappeler le douloureux souvenir du fils qu'ils n'ont pas eu, devient sa supérieure hiérarchique. Et lui demande de boucler au plus vite les affaires non élucidées laissées en suspens par le binôme de choc que Landsman forme avec Berko, son énorme cousin à la fois juif et tlingit (l'ethnie indigène). Premier problème. le second étant que l'unique affaire tenant au coeur de l'inspecteur est celle, toute récente, du mystérieux joueur d'échec assassiné dans sa chambre d'hôtel, le même hôtel, bien sûr, que celui où Landsman lui-même habite. Ici, le problème réside dans le fait qu'il s'agit bien de la seule affaire qu'on semble s'efforcer à lui faire abandonner. Classée. Sans importance. Plus le droit d'enquêter. Et quand Landsman et Berko apprendront la véritable identité de ce joueur d'échec, il ne sera plus question de lâcher l'enquête.

Un inspecteur talentueux avec un vrai instinct de flic, ultra cynique, porté sur la bouteille et dissimulant les cicatrices encore douloureuses de son passé : pour moi, il n'y a pas plus cliché. C'est exactement ce qu'est Landsman et pourtant, Landsman est unique, Landsman ne ressemble à personne. Landsman est absolument génial. J'ai adoré ce personnage franchement torturé, avec une légère tendance à s'apitoyer sur son sort et à vouloir tout laisser tomber avant de trouver au fond de lui la force de s'y remettre, puisqu'après tout, il ne vit que pour ça. Et il ne constitue d'ailleurs pas une exception car tous les personnages sont finement travaillés, complexes, intéressants, ainsi que les liens qui les unissent les uns aux autres. On trouve là un véritable travail d'écrivain, magnifiquement bien réalisé.

J'ai aussi énormément aimé le ton employé, à la fois cynique et tendre, cru mais désopilant. L'humour s'insinue l'air de rien entre les lignes et les dialogues font mouche à tous les coups. Je dirais que l'écriture est nerveuse, rythmée, elle sait tenir en haleine et donner envie de continuer.
L'argot yiddish utilisé plonge immédiatement le lecteur dans l'ambiance et le décor, parfaitement planté, instaure d'emblée le cadre glacial et dépaysant de Sitka, mêlé de traditions juives tenaces – on s'y croirait.

Alors oui, il y a quelques petits défauts, c'est inévitable. le style m'a parfois paru un peu ardu, surtout en début de lecture (j'imagine qu'on s'y habitue) où il faut parfois s'accrocher pour suivre des phrases à rallonges, ponctuées de dizaines de virgules, qui perdent finalement un peu le sens du texte. Dans ce cas, il faut relire le passage pour être certain d'avoir bien compris qui s'adresse à qui ou qui fait quoi. On y trouve également quelques enchaînements un peu faciles, des événements qui surviennent trop opportunément et des personnages qui déboulent toujours à point nommé, comme par hasard, pour sauver la peau du héros. Mais je ne suis pas forcément impartiale et autant ce genre de petits défauts est capable de me pourrir une lecture, autant je m'en rends à peine compte s'ils ponctuent un livre que j'ai déjà décidé d'adorer.

Et puis il y a le fait, mais ceci transparait surtout vers la fin, que tous les éléments ne nous sont pas toujours donnés. Il peut arriver à Landsman de comprendre certaines choses (untel se cache chez untel, par exemple) sans que l'auteur juge bon de nous expliquer d'où lui vient cette fine intuition… Parfois, on nous décrit une scène et, en y revenant quelques dizaines ou centaines de pages plus loin, on nous parle soudain d'individus qui étaient visiblement déjà présents sans que, sur le moment, cela ait été explicité. Disons, d'une manière générale, que Chabon a une légère tendance à nous prendre pour des lecteurs absolument omniscients. Voilà pourquoi j'ai tout de même trouvé la dernière partie du livre un peu déroutante.

Sur fond de jeu d'échecs, de pseudo-miracles, de traquenards politiques et à travers l'attente désespérée de la venue du Messie, le Club des policiers yiddish est un excellent roman policier, costaud, solide et aussi savoureux qu'un lokshen kugel. C'était mon premier Chabon, mais certainement pas le dernier !
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l'ambiance est froide, il y un côté mystique, et cette petite pincée d'humour noire absurde que du bonheur !!
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Le Club des policiers yiddish est un polar uchronique juif. Oui, les trois mots collés ensemble, ça semble un peu étrange, j'en conviens. Et pourtant...

Meyer Landsman est flic. Dépressif, alcoolique, hanté par la mort de différents proches, il est l'incarnation du héros de polar. Jusqu'au-boutiste, récalcitrant à l'autorité, son chef direct n'est autre que son ex-femme. C'est un flic issu d'une famille juive intimement liée au malheur. Heureusement, son partenaire est son cousin, un métisse juif-autochtone ni juif ni autochtone. Tout commence avec un mort dans une chambre d'hôtel, un junkie qui joue aux échecs. La routine, en apparence. L'enquête va les obliger à mettre le nez dans une communauté juive orthodoxe très particulière.

Uchronie donc. Tout juste après la seconde guerre mondiale, les israéliens se sont fait expulser de la Terre promise par les palestiniens. Les USA ont donc proposé une solution de replis à la diaspora : l'Alaska. Certes, le climat n'est pas le même que sur le plateau du Golan, mais au moins il y a de la place pour vivre paisiblement. Mais l'hébergement ne devra pas durer plus de 60 ans. Et justement, le roman commence à la veille de la rétrocession du territoire. Une fois de plus, les juifs sont obligés de partir, trouver asile ailleurs. C'est pas que l'Alaska soit le paradis sur Terre, mais les immigrants avaient fini par s'y faire, malgré quelques bisbilles avec les autochtones. Étranger chez soi.

Un décor juif tout en relief, avec des personnages pétris de tradition, des orthodoxes sortis tout droit d'une autre époque. Il y a comme une addiction au malheur chez les protagonistes, cette sourde angoisse de la perpétuelle tragédie juive. On se lamente, on ironise, on tente de trouver des raisons d'y croire encore. le texte est saupoudré d'argot yiddish qui ne gène en rien la compréhension, bien au contraire. Au début, on va systématiquement voir dans le lexique à la fin du livre, mais rapidement, on se laisse volontiers déborder par les expressions.

C'est mon premier contact avec Michael Chabon (enfin non, il parait qu'il a co-scénarisé Spiderman 2, ce dont je ne le félicite pas) et je dois avouer que son écriture est très plaisante. L'humour et le cynisme qu'il développe collent parfaitement avec l'ambiance du polar. Son uchronie est originale, même si je trouve dommage que la sphère politique de cet Alaska yiddish soit occultée. Il y aurait bien des choses à raconter sur ce bout de terre donné puis repris. Peut être Chabon y reviendra-t-il avec une suite ?

Du coup, je passe directement aux Extraordinaires aventures de Kavalier et Clay du même auteur car ça fait des mois que Munin m'en fait l'éloge.

Je termine avec une phrase leitmotiv du Club des policiers yiddish : "Drôle d'époque pour être juif."
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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