Dans cette bande dessinée,
Christophe Chabouté s'attaque à un classique de la littérature américaine, en adaptant la célèbre nouvelle de Jack London
Construire un Feu.
En 1896, de riches gisements d'or furent découverts au nord du Canada dans la région du Klondike. Des milliers d'hommes en quête de fortune ou d'aventure sont allés se perdre et mourir dans ce désert de neige et de glace. C'est l'aventure simple mais tragique d'un de ces hommes que nous est racontée. Il est perdu en plein milieu du grand nord et tente de rejoindre ses compagnons. Dans ce désert de neige et de glace, rien d'autre que lui et un chien. Il lutte contre un froid effrayant de moins soixante degrés. Confronté aux forces de la nature, sa vie ne dépend que de quelques allumettes avec lesquelles il pourrait se faire un feu.
La mise en scène est épurée. le texte se résume à quelques mots en voix off incarnant une conscience que l'homme perdu dans le Grand Nord ; l'ambiance glaciale est très bien rendue grâce à l'utilisation de blancs, de gris et de noir ; il y a très peu de couleurs vives hormis le feu. (Transcrire une température en image n'est pas aisé).
Les cases, la plupart du temps muettes, traduisent le silence, le froid et les conditions extrêmes. La terrifiante et implacable nature prend ici toute la place et la petite flamme créée par l'homme semble bien précaire face à elle.
Le découpage amène le lecteur à se focaliser sur une simple geste comme celui d'allumer une allumette. Un simple geste qui peut prendre une dimension importante dans l'aventure de cet homme qui ira jusqu'au bout de ses limites pour tenter de survivre à l'environnement où il se trouve.
Le personnage principal n'est plus ici l'homme, qui prend le risque de marcher seul, mais l'élément naturel, en lutte contre tout agresseur, qui l'étreint douloureusement. Lui laissera-t-il
construire un feu pour se réchauffer, s'offrir un répit, espérer ? L'homme survivra-t-il à cet enfer blanc dont la température descend en dessous de 60 °C ?
Les dialogues sont inexistants, le peu de texte consiste à raconter au lecteur des pensées du chercheur, ses assurances et ses doutes, sa confiance et sa peur. Et je dois avouer que cela a particulièrement bien fonctionné avec moi : de plus de texte n'est pas nécessaire … tout est dit dans les quelques phrases et dans les dessins et l'imagination du lecteur fait le reste ! C'est percutant !