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3,86

sur 617 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Mon troisième Sorj Chalandon, après Mon traitre et Retour à Killybegs lus respectivement en 2013 et 2014. (ma première claque littéraire pour l'année 2016). L'auteur confirme ici son génie... une écriture fluide et limpide où les mots reflètent à merveille les émotions humaines, un récit riche d'enseignements tant par la complexité des personnages que par le contexte dans lequel ils évoluent... Je manque sans doute d'objectivité et mon sens critique s'en trouve peut être altéré, mais rarement un auteur ne m'a procuré autant de plaisir et n'a suscité chez moi autant d'admiration...
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Un biographe enterre son père, résistant taciturne qui n'a jamais vraiment parlé de ses faits d'arme à son fils.
Une jeune femme fait appel aux services de l'auteur pour coucher sur papier, les mémoires de son père, lui aussi ancien résistant. Au cours des témoignages qu'il recueille, le biographe s'interroge sur la réelle identité du vieillard qui se raconte, le renvoyant à la figure de son propre père.
Très beau texte sur la vérité, le courage et la transmission, porté par une écriture limpide.
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Ancien journaliste, Marcel Fremiaux, le narrateur est désormais biographe familial ; il rédige la mémoire des autres, après les avoir longuement écoutés.
Vingt ans après avoir enterré son père, résistant, le narrateur reçoit la visite d'une femme qui aimerait, en ultime cadeau à Beuzaboc son père, lui offrir le roman de sa vie, une vie de résistant…
Après hésitation, le père et le narrateur s'entendent sur une série d'entretiens qui devront aboutir sur un récit. Entre eux s'instaure un genre de rituel, une forme de complicité doublée d'une certaine méfiance qui va amener le narrateur vers un certains nombre de recherches, alors que cela ne fait pas partie de ses habitudes.
La vie de Beuzaboc fait largement échos à celle du propre père du narrateur avec lequel ce dernier n'a jamais vraiment pu établir de vrai dialogue.
Frémiaux est assez vite confronté aux mensonges de son interlocuteur ; et c'est tout l'enjeu ce court récit.
Je l'ai trouvé touchant sans forcément être pleinement impliquée dans cette lecture. Bien écrit, et assez décharné, ce premier opus consacré au père est pour Chalandon une première étape jusqu'à la vérité ultime autour de son propre père.
C'est avec talent que Chalandon aborde les non-dits, les légendes familiales et ce que l'on construit autour.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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"Cette légende où vérité et mensonges se répondent", voilà en quels termes ce livre m'a été dédicacé par l'auteur.

Tout est dit.
Ce court roman sur la mémoire, celle qu'un père laisse en héritage à ses enfants, ce qu'on dit et ce qu'on tait est rédigé dans un style sobre et efficace qui donne si bien à ressentir. Un très beau roman.
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La légende de nos pères de Sorj CHALANDON est un récit prenant est bien construit qui confronte deux attitudes: celle de l'humble qui a su oser, s'engager et souffrir pour une cause qu'il pensait juste et celle de celui qui paraît, s'affiche et dissimule son rendez-vous manqué avec L Histoire mais aussi avec lui-même. Etre, oui. Mais qui être ? quel regard portent les fabricants de légende portent-ils sur eux-même ? Peut-on impunément mentir aux autres et à soi ?

Grâce à un style simple et des mots juste Sorj CHALANDON nous permet de pénétrer le mal être de personnalités torturées par L Histoire, tan,t dans le sens induit par une majuscule que dans celui de désignation de destins individuels. Un récit plein de pudeur mais également de tendresse face à l'image idéalisée du père que chacun rêve d'avoir. Rêve souvent différent de la réalité intime de ce père que l'on veut héro car un rêve comporte toujours une part d'imaginaire, d'inatteignable.

Un moment de lecture très agréable.
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La légende de nos pères - de Sorj Chalandon

Un roman convainquant et court, qui nous porte pendant quelques heures de lecture dans une réflexion autour de la mémoire familiale et collective. L'auteur travaille la douloureuse question de l'héritage - pas en termes de biens ou d'argent, mais sur le plan des actions, des souvenirs et des remords.

C'est l'histoire d'un fils de résistant, devenu écrivain public, ou biographe de vies inintéressantes, à qui l'on demande de réaliser le roman de vie d'un ancien héros de la guerre. La fille de ce dernier lui commande cette tâche afin de rassembler ses contes d'enfant, ses légendes familiales…, dans un livre pour l'anniversaire de son père idolâtré et vieillissant. C'est d'autant plus troublant pour le biographe, qu'il a lui-même refoulé son histoire familiale et négligé cette passation mémorielle de fils de résistant (« J'étais devant la tombe et j'avais les mains vides de lui, les poches sans aucun ticket de notre vie à deux. »).

Outre la difficulté de cet héritage, le roman pose également la poignante question de comment trouver sa place a posteriori dans une histoire binaire qui ne retient que les bons et les méchants - comment exister, aux yeux des suivants, lorsque l'on ne rentre ni dans la case du grand résistant héroïque (saboteur de train, évadé de camp, …), ni dans celle de l'affreux collaborateur, mais qu'on fut simplement un citoyen comme un autre voulant survivre à cette horreur.

L'écriture est très directe et vivante, très efficace. Les chapitres sont souvent brefs, ce qui donne un bon rythme au livre. Encore un excellent roman de Sorj Chalandon.
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Marcel Frémaux est un biographe familial, "Toute vie mérite d'être racontée" dit ses publicités. Il écoute ses clients se confier à lui et il rédige leurs souvenirs puis fait imprimer un livre pour offrir à leurs proches. En novembre 2002, il est contacté par Lupuline Beuzaboc, elle « voulait faire un cadeau à son père, lui offrir le récit de sa vie d'homme. »
Après plusieurs rendez-vous avec la fille, Marcel Frémaux rencontre le père, Tescelin Beuzaboc, pour la première fois le 21 juin 2003. Son premier souvenir, son « premier acte de résistance », c'est avec deux camarades, le 11 novembre 1940, le dépôt de fleurs sur la tombe d'Albert Osborne un soldat britannique mort au combat en 1915 pendant la Grande Guerre. Puis de rendez-vous en rendez-vous, deux fois par semaine, Tescelin raconte ses souvenirs, Marcel Frémaux les met en forme. Les souvenirs de Tescelin rappellent à Marcel ceux de son père Pierre Frémaux. Discret et pudique il n'a jamais parlé de son passé de Résistant à son fils et il est mort en gardant pour lui ses souvenirs.
[...]
C'est une histoire magnifique et touchante sur la mémoire, sur relation d'un père et d'une fille, sur l'image qu'un enfant peut avoir de son père.

J'aime beaucoup le style tout en retenue de Sorj Chalandon, une écriture simple, juste, des phrases finement ciselées. Les descriptions des lieux, des personnages, de l'atmosphère sont tellement évocatrices que je peux m'imaginer Lupuline et ses nombreux souliers rouges ou l'appartement de Tescelin en ces jours de canicule...
Lien : http://aproposdelivres.canal..
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Fils de résistant, le narrateur a laissé disparaitre son père sans lui faire raconter son histoire... Lorsqu'il est contacté par une femme qui veut lui faire rédiger l'histoire de son père, héros de la résistance, il voit l'occasion d'éclaircir ses propres rapports avec le passé paternel. Mais rapidement, il doute des récits de Beuzaboc... Plus qu'un roman sur la Résistance, ce beau texte à l'écriture limpide installe, sans prétentions ni contradictions une réflexion sur le mensonge et sur la mémoire du père, de nos pères. Faut-il, au nom de la vérité historique, du respect des véritables héros et martyrs, dénoncer un homme dont la faute a été de vouloir faire rêver sa petite fille ? Faut-il au contraire accepter le mensonge pour ne pas faire déchoir un vieillard dans l'estime de son enfant ? La réponse apportée est bien belle et touchante ! Je retiendrai également - dans un cycle de lectures sur la Résistance - que ce roman raconte aussi la fin d'une époque pour laquelle les luttes des années 40 étaient un absolu intangible.
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Mon père s'appelait Pierre Frémaux. Il était dans la Résistance : il s'appelait Brumaire.
Faute d'avoir pu retrouver les traces de son passé « héroïque » - car il refusait de se confier à moi ; car il disait qu' « il était trop tard pour l'Histoire » ; car pour lui « l'honneur avait perdu patience »… Mais aussi, à cause de son regard de myope, de son corps frêle et cassant, de sa voix terne, de ses gestes murmurés, … Mais encore, parce qu'autour de moi personne ne s'était jamais douté de sa vaillance, ni même évoqué son arrestation et sa déportation,… - j'ai cherché à découvrir la vérité pour tenter de comprendre.

Je suis le fils de Pierre Frémaux. J'exerce le métier de « prête-plume ».

Eté 2003. La chaleur est compacte. Elle pèse sur nos épaules le jour comme la nuit.
En cet été caniculaire, Lupuline est venue me solliciter afin d'écrire la guerre de son père, - prénommé Beuzaboc - et rendre à ses « souvenirs leur parfum de mémoire ».

Lors de notre premier entretien, je trouvais Beuzaboc impressionnant, fort, beau et attachant. Je décidais alors de partir sur ses traces comme si c'était MON père. « Ce parallèle, ce double, cette envie de fierté pour un père comme pour l'autre ». Moi, son biographe et lui, mon illusion.

Mais au final, quel désenchantement ! Car je m'aperçois que ce vieux « faussaire », qui avait accepté de se confier à un inconnu, s'est servi de moi pour meurtrir la vérité en voulant être un autre. Simplement pour que Lupuline - sa fille - se souvienne. Ainsi, « il avait recueilli des éclats de vaillance et choisi des bravoures qui n'étaient pas les siens. Il avait volé quelques hommes, s'était glissé dans la peau de l'un, le courage de l'autre, la douleur du troisième, pour les ramener tous les trois à la vie. Il n'était pas la somme de ses renoncements, mais l'addition de leurs courages. Il avait une vie en plus. »

La légende de nos pères est un roman où le lecteur, tout comme le narrateur, oscille en permanence entre vérité et mensonge. Cette « cérémonie des souvenirs » nous fait éprouver, des doutes, des scrupules, de la colère ; le tout dans une atmosphère caniculaire où chacun se PROTEGE, comme il peut, par des gestes, des regards, des silences…

Une écriture précise, rythmée, intense, émouvante où l'essentiel est suggéré.

Un livre poignant, qui "vous prend par la manche et ne vous laisse plus respirer", pour tous ceux qui sont à la recherche de LEURS origines et d'une figure paternelle idéale.... et pour les autres bien sûr !
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Marcel Frémaux est le fils d'un ancien résistant. Modeste et très pudique, ce dernier n'a jamais voulu parler de son passé à son fils. Il mourra sans lui avoir laissé la clé.
Devenu adulte, Marcel est devenu biographe. Non pas biographe de personnes célèbres, non. Biographe familial. Biographe des petites gens qui souhaitent léguer leurs histoires à leur famille, à leurs amis.
"Toute vie mérite d'être contée" argue-t'il dans ses publicités.
Un jour, c'est une certaine Lupuline Beuzaboc qui se présente à lui. Elle souhaite mettre par écrit les mémoires de son père et toutes les grandes histoires qu'il lui racontait au bord du lit.
Marcel se souvient : Beuzaboc et sa fille était présent à l'enterrement de son père. Beuzaboc était résistant lui aussi mais c'est également un homme blessé qui refuse tout hommage et qui est réticent à se lancer dans cette biographie. Lupuline réussit à le convaincre et Marcel commence alors ses entretiens avec le vieil homme.
Cherchant son père à travers le père de Lupuline, Marcel va aller à la recherche de la vérité. Mais la vérité correspond-t'elle toujours à ce qu'on souhaiterait ?

"La légende de nos pères" est un roman formidable. Ce n'est pas un roman trépidant, l'histoire s'installe lentement. On suit les entretiens du biographe et du résistant, les recherches de Marcel concernant des points de détails de l'histoire ou quelques incohérences. Néanmoins la puissance de ce roman grandit inéxorablement au fil des pages. L'ambiance s'alourdit et va conduire vers la terrible tension finale.

On pourrait penser qu'il s'agit d'une livre sur la 2ème guerre mondiale mais il n'en est rien.
Il s'agit surtout ici de la question de la mémoire. La mémoire des vivants et des morts. de la façon dont elle est transmise et des éléments que l'on transmet. Sommes-nous ce que nous sommes ou seulement ce que nous racontons de nous-même ? Où est la part de vérité et d'imagination, d'interprétation de notre passé et de notre vie ?
Marcel n'a pas su entendre son père avant qu'il meure et il s'aperçoit qu'il ne sait pas qui est réellement son père. Lupuline, au contraire, a grandi avec les récits héroiques que ce dernier lui contait avec enthousiasme pour ne pas la décevoir mais connait-elle mieux pour autant son père ?

L'auteur ne se pose pas ici en juge et se contente de montrer toute la difficulté de la transmission familiale. Nos propos ne sont-ils pas faussés d'une certaine manière par notre manque de recul, d'objectivité sur nous-même. Ne racontons-nous pas aussi ce que nos interlocuteurs aimeraient entendre ? Les choses que nous choisissons de raconter ont été au préalable passées au prisme de notre propre sélection naturelle. Mais dès lors, peut-on malgré tout nous accuser de mensonges ?
Etre fidèle à quelqu'un peut signifie en trahir en autre alors où se trouve la juste position ?

Les mots justes peuvent être difficiles à trouver également, pour le personnage du biographe comme pour l'auteur lui-même. On découvre la difficulté de l'écriture, d'être au plus près de ce que l'on souhaite exprimer à travers nos mots.

" J'avais la première phrase de la biographie. “Novembre. C'était novembre, et il pleuvait sur nous.” Non. Trop solennel. Il fallait dépouiller chaque mot. “C'était novembre, et il pleuvait.” Les élaguer encore. “Il pleuvait. C'était novembre.” Les tailler d'avantage. “Novembre, et il pleuvait.” Voilà. C'était ça. Je me suis arrêté à un angle de rue. J'ai sorti mon carnet noir à élastique et écrit cette phrase avant de la souligner. “Novembre, et il pleuvait.” "

Pourtant que dire de l'écriture de Chalandon : si juste et d'une belle sobriété qui n'empêche pas un style poétique à la force poignante.

Il sera aussi question ici de choix, d'engagement, de notre culpabilité face à certains mais aussi de pardon et de renoncements. Pleins de choses très belles que je vous laisse de toute manière découvrir.

"La légende de nos pères" est un très très beau roman qu'il serait dommage d'oublier.
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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