Un homme dont le père a été résistant pendant la 2ème guerre mondiale a "laissé mourir" ce dernier sans prendre les temps de recueillir ses souvenirs de héros de l'ombre. Même si son père ne voulait pas entendre parler d'honneurs, il le regrette d'autant plus qu'il a conscience de ne pas s'y être assez intéressé de son vivant.
"J'ai laissé partir mon père sans écouter ce qu'il avait à me dire, le combattant qu'il avait été, le Résistant, le héros. J'ai tardé à le questionner, à moissonner sa mémoire. Il est mort en inconnu dans son coin de silence." [...]
Son métier consiste à raconter les souvenirs des autres : il est biographe des gens ordinaires. Un jour, on lui demande d'être celui qui va écrire l'histoire d'un résistant qui lui rappelle son propre père...
Ce roman, écrit tout en finesse et en délicatesse, raconte le devoir de mémoire, la transmission, l'histoire et le regret, mais aussi l'envie d'appartenance et d'honneurs et la trahison.
L'écriture de
Sorj Chalandon que j'avais découverte avec "
Mon traître" et "
Une promesse" est tellement juste et belle, comme une musique : je suis sous le charme!
Comme pour les deux premiers romans que j'ai lu, j'avais sans cesse envie de noter des passages qui me semblaient si bien écrits que j'avais envie de les lire à voix haute (mais L'Homme n'était pas intéressé!). Je ne vais pas vous citer tout le livre et sans pour autant dévoiler l'intrigue, je ne résiste pas à l'envie de vous recopier un très beau passage sur le deuil :
"On fait son deuil. C'est effroyable, mais on le fait. Après avoir été au loin, au plus profond, creusé par l'absence et le silence, sans air, sans lumière, sans souffle, sans pensée, sans rêve, sans voix, après avoir perdu la faim, la foi, les nuits, après avoir tremblé à l'infini, après avoir eu froid tous ces jours sans l'autre, tous ces gestes sans l'autre, après avoir traversé seul les fêtes maudites, les saisons détestables, après tant de matins pour rien, on défroisse le linceul qui nous couvrait aussi. On caresse l'étoffe, on la regarde encore, on la plie avec soin, on la range dans un coin de sa vie en attendant la suite. On fait son deuil mais on ne revient pas d'un rendez-vous manqué." Page 22
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