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EAN : 9782849505236
157 pages
Syllepse (03/10/2016)
3.5/5   2 notes
Résumé :
L’effondrement du système de santé est certainement une des conséquences les plus tragiques de la crise économique et sociale qui secoue la Grèce. Selon Médecins du monde, 25 à 30 % des personnes qui se présentent aujourd’hui à l’hôpital sont refusées. Fermeture de dizaines d’hôpitaux, réduction drastique des effectifs, multiplication des suicides et des maladies mentales, pénurie de médicaments, pourcentage croissant de la population privé d’accès aux soins&#... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Face à l'austérité mortifère, les grecs s'organisent pour défendre le droit à la santé.

Cet essai est le fruit d'observations réalisées en Grèce par les membres du collectif Solidarité France-Grèce pour la santé (SFGS qui a visité des dispensaires autogérés de l'Attique (où se trouvent 40% de la cinquantaine des dispensaires du pays), des hôpitaux de Sotiria, de Geniko, ou l'hôpital psychiatrique de Dafni où les travailleurs sont en lutte permanente contre la casse du système de santé.

Lessivée par les mémorandums imposés par l'Union européenne, la Grèce est ravagée par une crise sanitaire sans précédent. En plus du chômage de masse, les coupures budgétaires réalisées par les différents gouvernements dans les politiques sociales et sanitaires (entre autres) ont impacté toutes les couches de la population. Aujourd'hui, 30 à 40% des Grec·ques sont exclus du système de santé qui est lui-même pratiquement en ruine. le constat est digne d'un pays en crise humanitaire : explosion des maladies psychiatriques et du taux de suicide, sous-alimentation des enfants, augmentation du taux de personnes atteintes du VIH, résurgence significative du paludisme et de la tuberculose. Si on en doutait encore, l'austérité tue.

Les pharmacies et les dispensaires sociaux solidaires sont la réponse militante de la population grecque face au désengagement de l'État sur la santé. Les consultations et l'obtention de médicaments sont gratuits pour les Grec·ques comme pour les réfugié·es. Les professionnels de santé (qui ont souvent perdu leur poste à cause des coupures budgétaires) y interviennent bénévolement. L'indépendance complète vis-à-vis des acteurs publics, privés ou politiques est un principe clé du fonctionnement de ces dispensaires.

La défiance vis-à-vis du politique (Syriza inclus) est totale. Les acteurs des dispensaires ne comptent que sur l'auto-organisation et la culture de la solidarité, loin de l'action humanitaire des ONG, ou de la charité de l'Église orthodoxe. Dégagée de la relation marchande, la relation soignant-soigné se base sur des échanges égaux, enrichie d'un débat sur les enjeux de société et la formation d'un esprit critique du patient, qui peut participer tant à l'organisation qu'au fonctionnement du dispensaire. le lieu de soin devient ainsi lieu d'émancipation. Femmes et réfugié·es y voient un cadre favorable pour s'exprimer librement et agir sur un pied d'égalité par rapport au reste du groupe.

Ces dispensaires participent à la réorganisation sociale du pays par la base. S'il n'y a pas de réelle volonté de remplacer l'État, perçu par les militants comme la seule structure pouvant garantir un droit universel à la santé, la crise sanitaire actuelle du pays les poussent à ne plus lui abandonner l'organisation des services publics. Cette réappropriation collective des conditions d'existence et de santé nous questionne sur la situation du système français, attaqué de toutes parts par l'idéologie marchande et nous donne des pistes d'actions pour faire de la santé un bien commun.

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Dans l'introduction, les auteur-e-s abordent la solidarité, les revendications des droits humains, la création de structures horizontales innovantes, de nouvelles pratiques sociales et solidaires, « Les dispensaires autogérés sont force motrice et espoir pour ceux qui ne renoncent pas à la lutte pour l'émancipation humaine et pour une société plus juste ».
Christine Chalier, Eliane Mandine, Danielle Montel, Bruno Percebois, Jean Vignes exposent la création et les actions du collectif Solidarité France-Grece pour la santé, les rencontres avec la coordination des dispensaires de l'Attique, l'aide aux dispensaires, les délégations en Grèce, les conditions socio-économiques de l'émergences des structures autogérées…

Après avoir rappelé les modes de fonctionnement et les évolutions du système de santé en Grèce, le désengagement financier de l'Etat, les processus de marchandisation de la santé favorisés par l'Europe et plus généralement par les néo-libéraux, elles et ils détaillent les modalités d'action et les relations internes aux dispensaires.

Les politiques imposées par la Troïka, baisse des salaires et des pensions de retraites, augmentation du chômage, restrictions budgétaires, ont un impact directs sur le système de santé : fermetures d'hôpitaux, suppressions de postes, baisses de l'accès aux soins, augmentation des coûts de maternité, conditions de travail et d'accès aux soins dégradés et… progression du secteur privé lucratif.

Les auteur-e-s parlent de catastrophe sanitaire et sociale, de crise d'approvisionnement en médicaments, de désorganisation des soins, de l'augmentation des suicides, des hôpitaux publics « au bord de l'effondrement », de santé mentale, de crise humanitaire…

Les formes prises par les résistances dans le domaine de la santé, mais pas seulement (voir l'entreprise autogérée Vio.Me) sont particulièrement enrichissantes. Des pharmacies et des dispensaires sociaux et solidaires, « Les dispensaires se sont auto-organisés sur trois principes fondateurs : 1) le travail y est totalement bénévole, personne ne pouvant recevoir d'argent dans le cadre de cette activité ; 2) les soins fournis ne sont pas payés par les patients : 3) l'indépendance complète en refusant tout sponsoring ou financement provenant de l'Etat, des organismes privés, d'ONG ou de partis politiques (aucun financement pérenne garantissant des projets à long terme) », des structures se multipliant et s'élargissant aux soins dentaires, aux consultations gynécologiques à la petite chirurgie, une coordination de médecins, un travail de réception et de redistribution de médicaments…

Les auteur-e-s insistent, entre autres, sur les relations patient-e-s – personnels soignants, la différence entre solidarité et la charité-philanthropie, le fonctionnement horizontal des dispensaires, la défense des intérêts de toutes et tous comme affaire de chacun-e, l'exigence d'un système de santé public et gratuit… Elles et ils présentent les nouvelles pratiques et les nouvelles pensées, l'action humanitaire et les mobilisations populaires, les rapports basés sur l'égalité, les pratiques favorisant la mobilisation du plus grand nombre pour défendre le droit aux soins pour toutes et tous, les dynamiques de transformation sociale et d'autogestion, le rôle des comités de quartier, les mises en commun et l'universalité d'usage, les formes de désobéissance citoyenne, les coordinations internationales, les droits humains inaliénables, les réappropriations collectives des conditions d'existence, la gratuité de la santé…

Il s'agit de construire, ici et là-bas, d'ici à là-bas, la solidarité concrète, de développer les convois solidaires et militants, d'organiser un réseau européen, de faire connaître et d'échanger, « Contribuer à les faire connaître, c'est participer à « contaminer le système », à irriguer un projet commun d'intérêt général ».

Et cet ouvrage est une très utile contribution.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Les premiers dispensaires sociaux solidaires sont apparus en Grèce pour venir en aide aux réfugiés du Moyen-Orient. Puis, avec les mémorandums qui ont provoqués l'effondrement du système de soins et de protection sociale, la population grecque, avec une croissance vertigineuse de besoins, à son tour se tourna vers eux.

Article complet en suivant le lien.
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les dispensaires se sont auto-organisés sur trois principes fondateurs : 1) le travail y est totalement bénévole, personne ne pouvant recevoir d’argent dans le cadre de cette activité ; 2) les soins fournis ne sont pas payés par les patients : 3) l’indépendance complète en refusant tout sponsoring ou financement provenant de l’Etat, des organismes privés, d’ONG ou de partis politiques (aucun financement pérenne garantissant des projets à long terme)
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Les dispensaires autogérés sont force motrice et espoir pour ceux qui ne renoncent pas à la lutte pour l’émancipation humaine et pour une société plus juste
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Contribuer à les faire connaître, c’est participer à « contaminer le système », à irriguer un projet commun d’intérêt général
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