Gemina, capitale maritime aux quelques millions d'habitants, est une cité où de nombreuses maisons ducales, réparties au sein des différents quartiers de la ville, se disputent le pouvoir.
Lorsque Servaint, duc de la maison de la Caouane, dite aussi de la tortue, vainquit le duc Adelphes de la maison des dauphins, il trouva chez celui-ci, enfermés dans une geôle souterraine, deux enfants nus et affamés : Nox et Daphné, qu'on surnomma les suceurs d'os.
Une dizaine d'années plus tard, Nox est devenu commis et coursier pour l'épicier Eustaine, du magasin Saint Vincent. Il connaît la ville comme sa poche et s'y déplace facilement, n'hésitant pas à recourir à la voie des toits en sautant de l'un à l'autre, ce que sa petite taille et sa maigreur facilitent.
Daphné, quant à elle, est une soeur dont il se passerait volontiers, tant ses imprévisibles pulsions violentes s'avèrent dangereuses. L'une d'elles provoque un incident grave, qui compromet la sécurité de la maison de la tortue. le duc Servaint demande alors à Nox de se joindre à lui pour tenter de régler la question de manière diplomatique.
Ce sera la première participation du jeune homme aux menées de Servaint, obsédé par sa volonté de percer un canal traversant la ville du sud au nord, sans tenir compte de ce qui, aux yeux de Nox, s'avère le plus précieux dans la cité …
« La Tour de garde » (du nom d'un jeu de plateau pratiqué dans les deux capitales) est une construction littéraire ambitieuse, qui croise deux trilogies centrées pour l'une autour de la Capitale du Nord (Dehaven) et pour l'autre autour de la Capitale du Sud (Gemina), la première écrite par
Claire Duvivier (auteure de «
Un long voyage », pour lequel j'avais eu un coup de coeur) et la seconde par
Guillaume Chamanadjian. La publication alterne les tomes de chaque trilogie.
En 2021, j'avais lu à sa parution « Citadins de demain », premier volet de « Capitale du Nord » (bien aimé mais non chroniqué) et me voilà maintenant partie pour ce premier tome de l'autre trilogie, paru la même année (à ce jour, les deux premiers tomes de chaque trilogie sont sortis, j'espère que vous suivez 😉 ).
Dès les premières lignes du roman, j'en ai aimé l'écriture, parfaitement mise en valeur, dans cette version audio, par la voix jeune, tonique et fraîche de Maxime Baudoin, alias Nox, puisque c'est lui qui raconte. Moi qui suis très sensible à la voix choisie pour me lire un livre (ce qui restreint beaucoup mes envies d'audiolectures), j'ai apprécié le ton naturel et piquant du comédien et sa capacité à moduler judicieusement ses inflexions dans les dialogues, en fonction des protagonistes.
Le récit proprement dit, par le biais de Nox, jeune homme vif, débrouillard et attachant, nous permet d'appréhender les contours de Gemina, cité grouillante de gens et d'activités. Nox s'y fera un ami et découvrira aussi ce que cache ce « chant de la cité » auquel il est infiniment sensible. Et la plaisante routine de sa vie se verra dévastée par le projet pharaonique de Servaint de percement d'un canal…
« le Sang de la Cité » est un roman prenant, qui distille habilement sa part de fantasy (je ne vous l'ai pas révélée). Il s'achemine au fil des pages vers un déchaînement de violence et ce n'est pas son seul point de résonance avec le premier tome de l'autre trilogie, « Capitale du Nord ». Bref, un roman réussi, dont la version audio m'a conquise.
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